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28/04/2006

"Réformer l'Eglise" ?

Une petite scène symptomatique...


 

 

La scène se passe lors d'un salon du livre, il y a quelques jours. La ville qui nous accueille fait partie d'un diocèse en effervescence depuis que le "synode" local a pondu des textes que l'évêque n'a pu désavouer  - et qui ont blessé, apparemment, une partie de la population. Etant invité par une librairie religieuse, je vois défiler, le samedi après-midi, des dizaines de gens très remontés contre "ceux qui ont manipulé le synode" (phrase qui revient sur toutes les lèvres). Peu au courant des problèmes du département, je me garde d'entrer dans ce débat. D'autant qu'une certaine irritation vibre dans la voix des visiteurs, et qu'il ne faut pas se mêler des colères d'autrui. Surtout lorsqu'on est un Parisien en déplacement...

 

Mais le samedi après-midi, voici enfin des représentants de l'autre tendance : celle qui se félicite des textes en question. Il sont deux : le mari et la femme. La soixantaine. Ils regardent les livres du stand, d'abord sans dire un mot :   un ouvrage sur le Linceul de Turin, une enquête sur les chrétiens d'Orient, un livre sur le curé d'Ars. Puis le couple avise mon livre sur Benoît XVI. La femme dit alors, sèchement : " Ce n'est pas un pape pour moi."

 

Suit ce dialogue :

Moi -  " C'est un pape pour toute la planète catholique, Madame..."

Elle -   " Il n'a pas été élu par les catholiques !"

Moi -  " Il a été élu par les cardinaux du monde entier..."

Elle -  "  Pff... des évêques..."

Moi -  " Vous n'êtes pas en communion avec les évêques ?"

Elle -  " S'ils ne font rien pour que ça change, ils ne sont pas dans le coup."

Moi -   " Quel coup ?  Ce que voudraient les médias ?"

Elle -  "  Les médias nous informent."

Moi -  "  Avez-vous lu l'encyclique de Benoît XVI ?"

Elle (tranchante) : " Non ! "

Moi - " Alors vous n'êtes pas informée. Et si vous ne voulez pas être informée, pourquoi dites-vous que ce pape n'est pas pour vous ?"

Le mari (intervenant) - " Parce que le pape, il fait rien du tout. Aucune réforme."

Moi - " Qu'en savez-vous ?"

Le mari -  " Rien pour l'ordination des femmes !  Il ne parle que de dogmes."

Moi -  " Vous êtes contre les dogmes ?"

Le mari -  " Alors vous êtes comme les gens d'ici, quand on vote des textes pour les réformes, ils nous engueulent ?"

Elle -  " Laisse, on s'en va."   (Ils partent, l'air offensé).

Fin de la petite scène.

 

Qui était ce couple, impérieux et polémiste ? Avait-il eu des responsabilités dans ce fameux synode ? Je n'ai pu le savoir. Donc je ne tire pas trop de conclusions. Sinon celle-ci :  dans son livre d'entretien Le sel de la terre, Josef Ratzinger appelle "coquilles vides" certaines structures (mentales et institutionnelles) héritées des années 1970. Les nostalgiques de ces années-là n'ont pas encore admis que la page était tournée et que nous étions au XXIe siècle, face à l'urgence de la nouvelle évangélisation :  une évangélisation avec de nouvelles méthodes, de nouveaux mots, un nouvel élan, pour communiquer une foi plénière  - non une minicroyance en libre-service. Eux en sont restés à ce qu'ils appellent "réformer l'Eglise" : c'est-à-dire remplacer le Credo par les slogans de l'époque, et bricoler une pseudo-religion complaisante, une "spiritualité" cosmétique pour magazines féminins. Mais leur temps est passé. Aux yeux des jeunes, ils sont incompréhensibles et inintéressants. Et ils sont les seuls à ne pas le savoir ! 

 

Ne soyons pas violents envers cette arrière-garde. Mais comment dialoguer avec ceux qui rejettent tout ce qui n'est pas leur idée fixe ?

P.P.

 

16:20 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

> Oh que c'est vrai ce que vous dites. Dans mon diocèse (celui de Belley-Ars) ce genre de scène est très fréquent. En effet, des personnes se disant "progressistes" (alors qu'elles sont enfermées dans les années 70) attaquent régulièrement notre évêque et le séminaire qu'il a institué à Ars. Ces attaques répétées, venant de laïcs mais aussi de prêtres (quelle tristesse) ont créé une atmosphère de malaise. On a même vu des prêtres s'en prendre à l'évêque par presse interposée... Alors que ceux qui s'en prennent à Mgr Bagnard se disent oecuméniques... un comble pour des gens créant la division au sein de l'Eglise.

Il faut vraiment prier pour ces gens là.

Cordialement

CV

Écrit par : Charles Vaugirard | 28/04/2006

> Symptomatique de voir qu'ils sont allés jusqu'à refuser de lire l'encyclique de Benoît XVI...

Écrit par : koz | 29/04/2006

> Vendredi Saint j'ai apreçu sur un banc d'église un missel (...) La couverture était un dériveur aux voiles fluorescentes sur un lac quelconque. J'ai d'abord pensé que c'était un vieux missel de l'année B qui avait été recyclé. Mais non. C'était un missel hebdomadaire. J'ai alors compris que certains chrétiens pensaient encore transmettre la Bonne Nouvelle par des activités socio-culturelles.

Écrit par : Raboliot | 02/05/2006

> Prenez un livre de chants (souvent avec une couverture rouge et un épi de blé et une grappe de raisin dessinés dessus) bien souvent disponible au fond des églises. Il n'y est question que de festin, de banquet, de repas... Par exemple, le chant "Nous allons manger ensemble" (écrit par J. Servel) dit: "Le repas que Dieu prépare,/ prenons-le tous en commun,/ afin que rien ne sépare/ les chrétiens qui ne font qu’un." et "Aujourd’hui prenons ensemble/ le repas des pèlerins,/ car Dieu nous appelle ensemble/ à la gloire du festin."

Dans un premier temps, D. Rimaud pouvait écrire que "Seigneur, venez, le pain nous manque et nos âmes ont faim" (notez le vouvoiement) pour le chant "Seigneur, venez". Cela restait orthodoxe. Seulement, progressivement, l'Eglise en est arrivée à faire chanter le texte de J.P. Lécot "En marchant vers toi Seigneur" où l'hostie n'est plus une nourriture de l'âme, mais une nourriture du corps. Ce qui compte, ce n'est plus la grâce salvatrice du sacrement, c'est le symbole unitaire qui rassemble tous les chrétiens.

Si vous ajoutez à cela que le péché est présenté désormais, dans les feuillets sur le sacrement de réconciliation, comme une pulsion dont l'homme n'est pas responsable (par exemple, plus aucun acte de contrition ne propose de ferme résolution..., un examen "triste" de conscience n'est pas conseillé...), voilà ce que l'Eglise professe au niveau des paroisses... encore au XXIe siècle: communier est un acte social par lequel chacun montre sa solidarité aux autres.

Les conséquences sont logiques: un divorcé-remarié ne comprend pas la communion spirituelle car seule compte la réception physique de l'hostie; refuser la communion à un chrétien non catholique devient un acte intolérant car la communion est justement la marque de l'union des chrétiens, de la recherche de la paix; comme les curés sont heureux du nombre de communiants, même si personne ne vient se confesser, la religion devient l'occasion d'une fête joyeuse de préférence 3 ou 4 fois par ans (Noël, Pâques..).

L'attitude de ces gens est donc tout à fait compréhensible. L'enseignement catéchétique tend à cela depuis quelques décennies! Sa Sainteté le Pape, en rappelant les fondements de la Foi (dogmes..), se met de fait en contradiction avec la réalité connue du catholicisme. Cette incompréhension sera difficile à éclaircir comme le montre la réaction de ce couple. Mais nul n'est impossible à Dieu

Écrit par : Marc | 03/05/2006

> Vous ne croyez pas si bien dire : Dans mon diocèse, il m'arrive de rencontrer des gens (et même parfois des prêtres) de ce style. Par exemple, lors de la parution de Dominus Iesus, des personnes pourtant engagées dans la nouvelle évangélisation au niveau de leur paroisse, me citait le groupe oecuménique des Dombes comme référence et critiquait ce texte ! Je ne comprend pas comment on peut être catholique sans être en plein accord avec le Saint-Père.


[P.P. à B.M. - D'autant que la pensée de "Dominus Jesus" est purement et simplement celle de... Vatican II ! Mais ont sait que les thuriféraires de "l'esprit-du-Concile" n'ont jamais lu les TEXTES du Concile.]

Écrit par : BM | 03/05/2006

> Les néo-progressistes sont une arrière garde nombreuse et active. Ils ont vécu les réformes du Concile dans leur paroisse, à l'écoute de leurs prêtres successifs. Ils ont vieilli, certains ont disparu, les plus jeunes brillent par leur absence dominicale. Mais si vous les questionnez sur leur foi, ils vous répondent calmement que le Bon Dieu, Il a bien changé et c'est beaucoup mieux ainsi : on est plus libre aujourd'hui, on ne va plus en enfer, c'est moins contraignant et notre Curé, on l'embrasse, on l'appelle par son prénom et on le tutoie. C'est beaucoup mieux qu'avant et on pourrait aller plus loin : les femmes prêtres, le mariage des prêtres, ...
Ce n'est pas une caricature, c'est la réalité d'une certaine campagne profonde et sans doute abandonnée.
Il nous reste donc à prier et à nous former pour témoigner que l'Eglise agit sans cesse.
Pour ceux qui en douteraient encore, voici un site d'informations sur les activités du Pape et de l'Eglise : ZENIT.org

Écrit par : Charles-Alain | 03/05/2006

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