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18/04/2006

La foi chrétienne : une " explosion "

Paroles cruciales de Benoît XVI lors de la veillée pascale : voilà le nouveau langage catholique !


 

 

 

Homélie de Benoît XVI lors de la veillée pascale



<<  Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité: il n’est pas ici  (Mc 16, 6). Ainsi parle le messager de Dieu, vêtu de lumière, aux femmes qui cherchent le corps de Jésus dans le tombeau.

 

En cette nuit sainte, l’évangéliste nous dit, à nous aussi, la même chose: Jésus n’est pas un personnage du passé. Il vit et, vivant, il marche devant nous; il nous appelle à le suivre, Lui, le vivant, et à trouver ainsi, nous aussi, le chemin de la vie. […]


En quoi consiste précisément le fait de ressusciter ?

Qu’est ce que cela signifie pour nous ?  Pour le monde et pour l’histoire dans leur ensemble ?

Un théologien allemand a dit une fois, de manière ironique, que le miracle d’un cadavre réanimé – si toutefois cela s’était réellement produit, ce à quoi d’ailleurs il ne croyait pas –, serait en fin de compte sans importance puisque, précisément, nous ne serions pas concernés. En effet, si une fois quelqu’un avait été réanimé, et rien d’autre, en quoi cela devrait-il nous concerner ?


Mais, précisément, la résurrection du Christ est bien plus : il s’agit d’une réalité différente. Elle est – si nous pouvons pour une fois utiliser le langage de la théorie de l’évolution – la plus grande «mutation», le saut absolument le plus décisif dans une dimension totalement nouvelle qui soit jamais advenue dans la longue histoire de la vie et de ses développements: un saut d’un ordre complètement nouveau, qui nous concerne et qui concerne toute l’histoire.


[...]
- Que Lui est-il arrivé ?
- Qu'est-ce que cela  veut dire pour nous, pour l’ensemble du monde, pour moi personnellement ?
- Avant tout:  que s’est-il passé ?


Jésus n’est plus dans le tombeau. Il est dans une vie totalement nouvelle. Mais comment cela a-t-il pu se produire ? Quelles forces ont agi là ?


Il est décisif que cet homme Jésus n’ait pas été seul, n’ait PAS été un "moi" renfermé sur lui-même. Il était UN avec le Dieu vivant :  tellement uni à Lui qu’il formait avec Lui une unique personne. Il se trouvait, pour ainsi dire, dans une union affectueuse avec Celui qui est la vie même, union affectueuse non seulement basée sur l’émotion, mais saisissant et pénétrant son être. Sa vie n’était pas seulement la sienne, elle était une communion existentielle avec Dieu et un être incorporé en Dieu, et c’est pourquoi cette vie ne pouvait pas lui être véritablement enlevée.


Par amour, il pouvait se laisser tuer : mais c’est précisément ainsi qu’il a rompu le caractère définitif de la mort, parce qu’en lui était présent le caractère définitif de la vie. Il était UN avec la vie indestructible : de telle manière que celle-là, à travers la mort, jaillisse d’une manière nouvelle.


Nous pouvons exprimer encore une fois la même chose en partant d’un autre point de vue. Sa mort fut un acte d’amour. Au cours de la dernière Cène, Il a anticipé sa mort et Il l’a transformée en don de soi. Sa communion existentielle avec Dieu était concrètement une communion existentielle avec l’amour de Dieu, et cet amour est la vraie puissance contre la mort, il est plus fort que la mort.


La résurrection fut comme une explosion de lumière, une explosion de l’amour, qui a délié le lien jusqu’alors indissoluble du «meurs et deviens». Elle a inauguré une nouvelle dimension de l’être, de la vie, dans laquelle la matière a aussi été intégrée, d’une manière transformée, et à travers laquelle surgit un monde nouveau.


Il est clair que cet événement n’est pas un quelconque miracle du passé, dont l’existence pourrait nous être, en définitive, indifférente. Il s’agit d’un saut qualitatif dans l’histoire de l’évolution et de la vie en général, vers une vie future nouvelle, vers un monde nouveau qui, en partant du Christ, pénètre déjà continuellement dans notre monde, le transforme et l’attire à lui.


Mais comment cela se produit-il ?

Comment cet événement peut-il effectivement m’arriver et attirer ma vie vers lui et vers le haut ?

Dans un premier temps, la réponse pourrait sembler surprenante, mais elle est tout à fait réelle: un tel événement me rejoint à travers la foi et le baptême. C’est pourquoi le baptême fait partie de la Veillée pascale, comme le souligne aussi, au cours de cette célébration, le fait que soient conférés les sacrements de l’initiation chrétienne à quelques adultes provenant de différents pays. Le baptême signifie précisément ceci, qu’il ne s’agit pas d’un événement du passé, mais qu’un saut qualitatif de l’histoire universelle vient à moi, me saisissant pour m’attirer.

 

Le baptême est quelque chose de tout autre qu’un [...] rite un peu démodé et compliqué pour accueillir les personnes dans l’Église. Il est bien plus [...] qu’une sorte de purification et d’embellissement de l’âme. Il est vraiment mort et résurrection, renaissance, transformation en une vie nouvelle.


Comment pouvons-nous le comprendre ?
Je pense que ce qui advient au baptême s’éclaire plus facilement pour nous si nous regardons la partie finale de la petite autobiographie spirituelle que saint Paul nous a laissée dans sa Lettre aux Galates. Elle se conclut par les mots qui contiennent aussi le noyau de cette biographie: «Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Je vis, mais ce n’est plus moi. Le moi lui-même, l’identité essentielle de l’homme – de cet homme, Paul – a été changé.  Il existe encore  et il n’existe  plus.  Il a traversé une négation et il se trouve continuellement dans cette négation: c’est moi, mais ce n’est plus moi. Par ces mots, Paul ne décrit pas une quelconque expérience mystique, qui pouvait peut-être lui avoir été donnée et qui pourrait sans doute nous intéresser du point de vue historique. Non, cette phrase exprime ce qui s’est passé au baptême. Mon propre moi m’est enlevé et il s’incorpore à un sujet nouveau, plus grand.


Alors mon moi existe de nouveau, mais précisément transformé, renouvelé, ouvert par l’incorporation dans l’autre, dans lequel il acquiert son nouvel espace d’existence.


De nouveau, Paul nous explique la même chose, sous un autre aspect, quand, dans le troisième chapitre de la Lettre aux Galates, il  parle  de  la  « promesse », disant qu’elle a été donnée au singulier – à un seul: au Christ. C’est lui seul qui porte en lui toute la «promesse». Mais alors qu’advient-il pour nous ? Paul répond: «  Vous ne faites plus qu’un dans le Christ » (Ga 3, 28). Non pas une seule chose, mais UN, un UNIQUE, un unique sujet nouveau.

 

Cette libération de notre moi de son isolement, le fait de se trouver dans un nouveau sujet, revient à se trouver dans l’immensité de Dieu et à être entraînés dans une vie qui est dès maintenant sortie du contexte du «meurs et deviens».


La grande explosion de la résurrection nous a saisis dans le baptême pour nous attirer.


Ainsi nous sommes associés à une nouvelle dimension de la vie dans laquelle nous sommes déjà en quelque sorte introduits, au milieu des tribulations de notre temps.


Vivre sa vie comme une entrée continuelle dans cet espace ouvert : telle est la signification essentielle de l’être baptisé, de l’être chrétien. Telle est la joie de la Veillée pascale.

 

La résurrection n’est pas passée, la résurrection nous a rejoints et saisis. Nous nous accrochons à elle, c’est-à-dire au Christ ressuscité, et nous savons que Lui nous tient solidement, même quand nos mains faiblissent. Nous nous accrochons à sa main, et ainsi nous nous tenons la main les uns des autres, nous devenons un unique sujet, et pas seulement une seule chose.


C’est moi, mais ce n’est plus moi: voilà la formule de l’existence chrétienne fondée sur le Baptême, la formule de la résurrection à l’intérieur du temps.


C’est moi, mais ce n’est plus moi: si nous vivons de cette manière, nous transformons le monde. C’est la formule qui contredit toutes les idéologies de la violence, et c’est le programme qui s’oppose à la corruption et à l’aspiration au pouvoir et à l’avoir.


«Je vis et, vous aussi, vous vivrez», dit Jésus à ses disciples, c’est-à-dire à nous, dans l’Évangile de Jean (14, 19). Nous vivrons par la communion existentielle avec Lui, par le fait d’être incorporés en Lui qui est la vie même. La vie éternelle, l’immortalité bienheureuse, nous ne l’avons pas de nous-mêmes et nous ne l’avons pas en nous-mêmes, mais au contraire par une relation – par la communion existentielle avec Celui qui est la Vérité et l’Amour, et qui est donc éternel, qui est Dieu lui-même. Par elle-même, la simple indestructibilité de l’âme ne pourrait pas donner un sens à une vie éternelle, elle ne pourrait pas en faire une vraie vie. La vie nous vient du fait d’être aimés par Celui qui est la Vie ;  elle nous vient du fait de vivre-avec-Lui  et d’aimer-avec-Lui.


C’est moi, mais ce n’est plus moi: tel est le chemin de la croix, le chemin qui crucifie une existence renfermée seulement sur le moi, ouvrant par là la route à la joie véritable et durable.


Ainsi nous pouvons, pleins de joie, chanter avec l’Église dans l’Exsultet : « Exultez de joie, multitude des anges, sois heureuse aussi, notre terre ». La résurrection est un avènement cosmique, qui comprend le ciel et la terre, et qui les lie l’un à l’autre. Et nous pouvons encore proclamer avec l’Exsultet : « Le Christ, ton Fils... ressuscité des morts, répand sur les humains sa lumière et sa paix, Lui qui règne pour les siècles des siècles ».  >>

Commentaires

> Merci de nous permettre de lire ce texte lumineux !

Écrit par : cristiana | 18/04/2006

De JCGB :

> Oui mais rien ne prouve la résurrection du Christ ! On ne peut pas obliger nos contemporains à croire en l'absence de preuve, surtout à notre époque scientifique...

De toutes les façons, la foi serait une rencontre à double sens : la divinité ferait le premier pas et nous, pauvres humains, on répondrait ou non à cet appel. Ce serait donc à Dieu à prendre l'initiative. Ai-je bien compris ?



[P.P. à JCGB - La foi chrétienne est (par définition) "une adhésion libre de l'intelligence et du coeur". Elle s'exprime dès l'origine du christianisme, par le témoignage de contemporains du Christ et de sa résurrection (les apôtres, les évangélistes, les premiers chrétiens). Question : avez-vous une "preuve scientifique" de l'existence de Jules César ? Non : vous avez "foi" dans le témoignage des écrits antiques qui parlent de César. Pourquoi des indices de même sorte seraient-ils probants en ce qui concerne César, et non probants en ce qui concerne la naissance du christianisme ? Tout porte à croire que César a existé ; tout porte à croire que le christianisme naît d'un événement bien précis, survenu vers l'an 30 de notre ère, et que ses témoins appellent "la résurrection de Jésus le Nazôréen". A partir de là, vous décidez si cet événement (avec sa conséquence : la naissance du christianisme) vous dit quelque chose dans votre propre vie... Si c'est oui, vous êtes en train de vous convertir ! Librement ! Sans qu'on vous ait fourni une preuve biotechnologique de la résurrection...
Dernier point : si "Dieu a ressuscité Jésus" (comme écrivent les Actes des Apôtres), c'est donc effectivement Dieu qui a fait le premier pas ; les "pauvres humains" ont-ils à s'en plaindre ?]

Écrit par : JCGB | 19/04/2006

> @JCGB :
Le Christ pré-existe à la rencontre entre lui et l'homme. Seulement il a créé l'homme libre de vouloir cette relation ou de la refuser. C'est très justement une rencontre à double sens mais il faut la comprendre comme étant une perpétuelle volonté de Dieu de rencontrer l'homme tandis que l'homme n'a pas une perpétuelle envie de rencontrer Dieu.

Quant aux preuves scientifiques, c'est bien cela qui tuera le monde : vouloir tout trouver et tout prouver ! Rien que l'existence du monde nous dépasse, pourquoi nous somme sur terre... toute la réflexion philosophique depuis des sciècles prouve que l'homme ne peut appréhender avec sa raison et sa science le monde dans lequel nous vivons et ce qu'est l'homme. Lorsqu'il s'agit de FOI on ne peut opposer le mot preuve, ils sont par essence en contradiction.

Cependant on a quand même un écrit dans la Bible qui fait appel à la preuve : Saint Thomas après la résurrection du Christ. Je vous livre ici une méditation de frères dominicains proposée pendant le temps du Carëme (www.retraitedanslaville.org) :


Bon courage pour vos recherches spirituelles !

Écrit par : Bertrand | 19/04/2006

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