Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/12/2005

Djihadiste français, kamikaze belge : pourquoi

Muriel Degauque. Lionel Dumont. Double énigme à déchiffrer... 


 

5 décembre : deux papiers dans le même numéro de Libération, l'un sur le procès du djihadiste français Lionel Dumont (cf ma note du même jour), l'autre sur la kamikaze islamiste belge Muriel Degauque (première Européenne morte dans un attentat-suicide en Irak).

Libé n'arrive pas à comprendre que le néant spirituel et moral de notre société explique ces deux trajectoires folles : celles de deux enfants perdus, rejetons d'ouvriers du nord de l'Europe.

 

- Le journal ne voit pas ce qui manquait à Dumont ! Ce jeune avait grandi dans le relativisme le plus recommandable, avec  "une mère catholique qui n'impose plus [à ses huit enfants] la messe après la première communion"   :  une si belle indifférence au spirituel aurait dû suffire à Lionel, semble penser Libé.  (Mais voilà : le garçon s'est converti au Coran... A vingt ans, expliquera-t-il, "on s'aperçoit que le monde n'est pas rose. L'islam m'a évité la drogue et toutes ces conneries et a donné un sens à ma vie." On sait la suite.)

 

- A propos de Muriel Degauque, Libé est plus gêné : elle a tout de même tué cinq personnes en se faisant exploser. Pourquoi ce fanatisme religieux, alors que (dit l'article) les parents Degauque* "ne sont pas des catholiques pratiquants" ?  Une anthropologue de Charleroi fournit la réponse bobo : Muriel avait quitté la drogue pour la religion islamique, or toutes les religions sont dangereuses pour ceux qui s'y réfugient : ils y rencontrent "un tiers spirituel qui leur permet d'établir  un lien avec Dieu et avec un groupe" ("l'Eglise, d'où qu'elle vienne", précise l'experte belge, comme pour dire qu'il n'y a pas de différence entre le christianisme et al-Qaeda). Dans quelle situation, ajoute-t-elle, seront les ex-drogués qui ont "trouvé du sens" dans une religion ? Ils ne voudront pas risquer de s'en éloigner ensuite et de se retrouver "à leur point de départ". Donc "Muriel est allée jusqu'au bout", conclut l'article. Suggérant à demi-mot que toute religion est plus ou moins mortifère.

 

Les deux récits de Libération tournent ainsi autour de la même aporie : d'une part, Lionel et Muriel ont témoigné, l'un et l'autre, avoir trouvé dans l'islam une dimension qui leur manquait dans leur milieu d'origine ; mais d'autre part (selon Libé) il ne pouvait rien leur manquer, puisqu'ils avaient reçu la bonne programmation familiale au départ : celle de l'indifférence religieuse !  Conclusion :  ce qui est arrivé à Muriel et Lionel est inexplicable. Les religions sont un Alien, un péril extérieur, un danger anormal qui rôde autour de nos jeunes. (Toutes les religions, bien entendu).

 

On pourrait quand même noter un fait, présent dans les deux cas.  Lionel Dumont avait choisi l'islam pour ne pas tomber dans la drogue. Muriel Degauque avait échappé à la drogue en adoptant l'islam.

D'où deux questions :

- La drogue ne serait-elle pas une tentative (même sans issue) pour combler le vide mental de notre époque ? 

- Ce vide n'a-t-il pas a été creusé par l'oubli d'une religion : le christianisme ? Cela expliquerait qu'une autre religion (l'islam) serve ensuite de produit de substitution. Des jeunes à qui leurs parents n'ont pas transmis la foi de l'Evangile, croient sortir du tunnel en adoptant le Coran.

Toutes les religions ne sont pas comparables ; mais on ne peut pas priver l'individu de toute dimension religieuse.

Et ça, vous ne le lirez pas dans le journal. 

___

(*) comme les parents Dumont...

Les commentaires sont fermés.