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11/10/2005

Vatican : trois semaines pour l’essentiel

Les médias n'ont accordé qu'une attention distraite au synode des évêques du monde, réunis à Rome pour trois semaines de travail autour de Benoît XVI. Pourtant ils ont planché sur l'essentiel, aux yeux de la foi : l'eucharistie. Et la messe...  Cette obligation "ennuyeuse et désertée" - d'après ce qu'on dit - dissimule un rendez-vous inouï et même une "fission nucléaire" : la réalité du catholicisme est un continent inconnu à ré-explorer.


 252 évêques venus du monde entier  planchent au Vatican jusqu’au 23 octobre.

L’événement est assez visible pour que les grands médias se jugent obligés d’en parler un peu : c’est pourtant un sujet qui les rebute, dans la mesure où les questions religieuses n’éveillent pas chez eux beaucoup de vibrations... Dans la religion, le religieux est ce qui les intéresse le moins. (Note du 23 octobre - Ce que les médias voudraient, c'est que l'Eglise s'aligne sur les "nouvelles moeurs" : qu'elle marie les prêtres, ordonne des prêtresses, etc. Claire Chazal s'étonnait hier soir que cette "révolution" n'ait pas eu lieu au synode).

En réalité, de quoi le synode avait-il à débattre ? D'un sujet qui n'intéresse pas la presse, mais qui est vital pour l’Eglise catholique : l’eucharistie .

- sujet vital, parce que (selon la foi catholique)  l’eucharistie est le corps du Christ lui-même, se rendant réellement présent à chaque fidèle durant la messe ;
- et cependant débat : parce que la signification de la messe  et de l’eucharistie s’est banalisée, donc brouillée, dans la pratique de nombreuses communautés chrétiennes depuis les années 1970.


Le débat d’aujourd’hui porte sur ce brouillage, et sur la façon de le dissiper.


Que s’est-il passé il y a trente ans ? Pourquoi s’est-on mis  à prendre l’eucharistie pour un simple geste de solidarité entre les participants ? Pourquoi a-t-on perdu de vue ce qu’est ce « sacrement » pour les chrétiens catholiques (et les chrétiens orthodoxes) : le corps, l’âme et  la divinité   du Christ, sous l’apparence du pain et du vin, après que le prêtre ait prononcé sur eux les paroles de Jésus à la Cène ?  


« Faites ceci en mémoire de moi », a dit Jésus.  Dans le langage de la Bible hébraïque, « faire mémoire » n’est pas seulement « se souvenir » d’un événement : c’est le « rendre présent », à l’intime de nos vies. L’eucharistie réalise cela d’une façon concrète, d’après la foi catholique. Selon celle-ci, la messe est beaucoup plus qu’une réunion : c’est un événement. Autant qu’une tradition, c’est une révolution : elle peut changer les hommes et même le monde (comme une « fission nucléaire », a dit Benoît XVI, le 21 août 2205,  devant un million de jeunes : exemple du nouveau langage auquel ce pape nous appelle).


Jean-Marc Bot, curé-théologien français d’aujourd’hui, emploie une autre image : il compare la messe à l’effet papillon des scientifiques. « D’après eux, le battement d’ailes d’un papillon pourrait déclencher, de l’autre côté de la planète, par une infinité de petites interactions, des effets aussi énormes qu’un ouragan. Chaque messe, même limitée à un très petit nombre de participants, rayonne sur le monde entier la grâce du salut apportée par Jésus-Christ. Elle émet en quelque sorte les ondes du salut qui peuvent être captées en n’importe quel endroit de la terre consciemment ou non, par l’âme d’un homme de bonne volonté, ou d’un pécheur endurci qui revient sur le droit chemin… »


Vue sous cet angle, la  messe catholique ne peut pas être une routine : c’est un événement planétaire, une aube perpétuelle pour chaque individu.


Et c’est une « mission » pour chacun de ceux qui viennent à cette messe : « Selon la profondeur de son engagement, il agit pour le salut de ses frères les hommes, dans la communion des saints. Il n’y vient pas seulement pour lui-même et pour ses proches, mais pour le bien commun universel. Il occupe un poste de responsabilité qu’il ne doit pas déserter. »


Cette façon de voir, qui est celle de la nouvelle génération des théologiens, s’enracine dans une tradition catholique immémoriale.

Cette façon de voir, qui est celle de la nouvelle génération des théologiens, s’enracine dans une tradition catholique immémoriale.


Evidemment l’air du temps l’ignore : chose normale puisqu’il ignore l’essentiel du christianisme. (Les causes économiques et sociales de cette ignorance méritent d’être étudiées*). Mais beaucoup de catholiques contemporains l’ignorent aussi : une  panne de transmission semble les avoir coupés de leurs sources d’énergies spirituelles, durant le dernier tiers du XXe siècle.  Le moyen  de « rétablir le courant »  fait partie des sujets de réflexion du synode des évêques à Rome, en ce mois d’octobre.

P.P.

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(*)  Cf. Benoît XVI et le plan de Dieu, seconde partie.
 

Commentaires

Ne pensez-vous pas qu'il y a un problème entre les journalistes en général et le catholicisme ? Etes-vous plus journaliste ou plus catholique ?

Écrit par : Louis | 12/10/2005

Distribué dans toutes les boîtes aux lettres de ma commune en septembre 2005, le bulletin de la paroisse donne cette définition de la messe : "Les prêtres célèbrent face à l'assemblée des fidèles, mais c'est en fait toute la conception de la messe qui a évolué : toute l'assemblée célèbre et le prêtre préside." Cette évolution est (dit le bulletin) voulue par le concile Vatican II, qui a "apporté des idées nouvelles sur la façon de concevoir l'Eglise dans son rapport au monde". Je ne sais que penser de ces affirmations, sachant que le cardinal Ratzinger est d'un autre avis dans ses livres ?

Écrit par : Giancarlo | 13/10/2005

entendu naguère sur les ondes ce commentaire "inspiré" d'un journaliste :
"Mais quand l'église catholique épousera-telle enfin le monde ?". Il arrive parfois au malin de faire de drôles de lapsus révélateurs ...

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 25/10/2005

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