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Brocéliande, le mythe arthurien, le paganisme et le christianisme, vus par Louis Bouyer
...l'un des théologiens majeurs du XXe siècle
"On peut s'attendre à y rencontrer la Chasse spirituelle..."
<< Il n'y a pas de doute, après que Joseph Bédier m'eut inoculé la "matière de Bretagne", Arthur et ses preux me firent basculer définitivement dans ce que mes ancêtres celtes appelaient "l'autre monde". Mais cet autre monde possède la particularité, inquiétante ou ravissante selon le point de vue où l'on se place, d'être toujours prêt à envahir celui-ci. Désormais ma vraie patrie se situerait dans ce continent immuable, et cependant si fluide qu'on va et revient de la forêt de Brocéliande à l'île d'Avalon, comme si la mer, selon la promesse de l'Apocalypse, n'existait déjà plus... Le monde autre des Celtes, en effet, n'est pas tellement un autre monde que le nôtre, mais un aspect de celui-ci (et le plus vrai !) qui se découvre à l'improviste en certains lieux, pourvu qu'on y soit accordé.
[…] Ce qui est la grande originalité de Tolkien, c'est d'avoir su montrer en outre que, non seulement le mythe, mais l'exercice même de la faculté mythopoétique, loin d'être dépassés et rendus comme désuets du fait de la révélation juive et chrétienne, en reçoivent, en plus de ce sens renouvelé, une stimulation toute neuve. Et c'est là, a-t-il montré lumineusement dans son livre Tree and Leaf, ce qui devait se manifester dans la littérature féerique des chrétiens : préparant, anticipant en quelque mesure cette transfiguration de toutes choses qui constitue l'objet suprême de l'espérance chrétienne. Encore ne le fera-t-elle pas en tentant stupidement de déraciner de la terre humaine cet espoir, de l'arracher à notre terroir originel, mais bien au contraire en l'y replongeant jusqu'à des profondeurs encore inconnues.
[…] La forêt intacte reste pour l'homme dont une civilisation urbaine n'est pas encore parvenue à bout de tuer la sensibilité, le symbole de la vitalité primordiale, de son exubérante profusion, de son mystère enveloppant, de sa communauté – ou mieux communion – originelle. Au centre de la forêt, cependant, la source atteste la présence vivifiante, aux racines de tout être et de l'existence même, d'un monde labile et cristallin, où tout ce qui sera jamais préexiste dans l'unité d'une insurpassable, inentamable perfection. Tout la multiplicité des choses ne fera que déployer cette unité latente de la source, comme l'arc-en-ciel la lumière blanche traversant le prisme des eaux... En ce monde cristallin de la pensée divine, l'être touffu, palpitant, progressif où nous naissons et nous mouvons, où nous mourrons et nous résorberons, cependant qu'il ne cessera pas pour cela de frémir et de craquer sous la pousse de vies toujours neuves, a son modèle inexprimable... Cet autre monde, incorruptible, insécable, de pure et radieuse beauté, rayonnement immédiat de la divinité transcendante, est la fontaine inexhaustible de toute la multiple et chatoyante beauté de la vie maternellement inépuisable.
[…] Les talismans royaux vont se transmuer dans les sacrements chrétiens, tendant eux-mêmes à la vision, à la réalisation eschatologique de leur res tantum, de leur réalité ultime. Cette métamorphose entraînera celle des grands symboles primitifs de la forêt, de la source, du lac, dont la constellation se concentrait sur la figure de Merlin. Ils en viendront à signifier non plus les renaissances perpétuelles d'une vie qui ne se renouvelle dans la mort que pour y trendre à nouveau, mais l'espoir d'une vie, déchue dès son origine, d'atteindre enfin à travers cette mort l'immortalité perdue. Car l'amour divin, christique, immolé, seul plus fort que la mort, se saisit alors de cet autre amour qui, par la convoitise, ne tendait qu'à la mort, pour le rectifier, le refondre, dans la mort même... A la place du cycle, de l'éternel retour de la mort incluse dans la vie naturelle et de ses sempiternelles renaissances, voici l'une fois pour toutes de l'intervention divine. Par la descente de la grâce de l'éternel dans notre temporalité enclose s'accomplit notre passage définitif à l'immortalité, à une participation à la propre vie du Dieu transcendant.
[…] Comme Tolkien l'a très bien vu et dit,il devait s'ensuivre une reprise et une réanimation des figures mythiques. C'est ce que nous voyons par excellence dans la Quête du Graal. S'emparant de personnalités humaines, de leurs destins jugés exemplaires, dans le roman chrétien le mythe refait surface. Mais ce n'est plus pour figurer l'éternel retour, l'Odyssée de ces dieux naturels, dieux tombés qui ne se relèvent que pour retomber à nouveau. Il narre maintenant notre Enéide spirituelle : la transplantation finale de l'homme déchu en ce foyer surnaturel de la maison céleste, où le Père à jamais l'attend, d'où le Fils est venu le chercher et où l'Esprit, avec le Fils, dans le Fils, le ramènera. S'il en est ainsi, on doit s'attendre à une individualisation du mythe humanisé, pour dire maintenant une divinisation de l'humain qui n'abolit pas mais parfait son existence distincte. C'est ce qui se vérifiera dans la concrétisation de ses figures. Loin de les généraliser en les dépersonnalisant, comme c'était la tendance du mythe originel, on ne leur confère, en effet, une nouvelle universalité qu'en les douant d'une capacité inépuisable de se personnaliser en chaque destin particulier. D'où la tendance du mythe ainsi renouvelé à s'enraciner au terroir propre de ceux qui le remanient dans un tel esprit. Brocéliande avec Merlin s'implante en l'Argoat, et l'Avalon d'Arthur devient l'île lacustre de Glastonbury.
[…] C'est à parcourir les sentiers de la forêt bretonne, d'où l'on émerge à l'improviste pour découvrir, à perte de vue, jusqu'aux confins de la mer lointaine, les vallonnements feuillus où s'accrochent et se déchirent des écharpes de brume, même sous le soleil estival, qu'on peut le mieux ressentir au dond de soi, encore aujourd'hui, cette remontée des plus anciens archétypes de l'âme humaine qui devaient prendre les visages de Merlin et de Viviane, d'Arthur, de Guinevère et Lancelot, sans parler de leurs compagnons. Que les chemins de Brocéliande nous mènent vers de Pont du secret où Guinevère et Lancelot échangèrent l'aveu de leur coupable mais inévitable amour, ou qu'ils nous replongent dans l'indicible mystère de ses futaies, propres à décourager jusqu'aux questions de l'innocent Perceval, on peut s'attendre à tout instant à y rencontrer la chasse spirituelle : non plus celle où un Arthur encore païen poursuivra sans fin, à travers monts et vaux et jusque par delà les flots de la mer, le sanglier Torc'h ou la Bête glatissante qu'on ne rejoint jamais, mais bien celle où le cerf immaculé qu'accompagnent les quatre animaux apocalyptiques vous affronte soudain à sa Croix, pour vous prosterner dans le rayonnement de sa Gloire... >>
Louis Bouyer, Les lieux magiques de la légende du Graal (de Brocéliande en Avalon - l'imaginaire médiéval), OEIL 1986.
Autres ouvrages de Louis Bouyer
- La Bible et l'Évangile : Le sens de l'Écriture, Cerf, 1945 (1ere édition)
Le Mystère pascal : Méditation sur la liturgie des trois derniers jours de la Semaine Sainte, Cerf, 1945 (1ere édition)
Le Sens de la vie monastique, Cerf, 1950
Newman : Sa vie – Sa spiritualité, Cerf, 1952
La Vie de la liturgie : Une critique constructive du mouvement liturgique, Cerf, 1956 (1ere édition)
Le Trône de la Sagesse : Essai sur la signification du culte marial, Cerf, 1957 (1ere édition)
Initiation chrétienne, éditions Plon, 1958 (1ere édition)
Histoire de la spiritualité chrétienne, tome I "La spiritualité du Nouveau Testament et des Pères", Aubier, 1960 (1ere édition)
avec Dom Jean Leclercq et François Vandenbroucke, Histoire de la spiritualité chrétienne, tome II "La spiritualité du Moyen Âge", Aubier, 1961
Le Rite et l'homme : Sacralité naturelle et liturgie, Cerf, 1962 (1ere édition)
Dom Lambert Beauduin, Un homme d'Église, Casterman, 1964 (1ere édition)
Histoire de la spiritualité chrétienne, tome III "La spiritualié orthodoxe et la spiritualité protestante et anglicane", Aubier, 1965
Le Mystère pascal, Cerf, 1965
Eucharistie, Cerf, 1966 (1ere édition)
Architecture et liturgie, Cerf, 1967 - traduit de l'anglais par G. Lecourt
Le métier de théologien - Entretiens avec Georges Daix, Éditions France-Empire, 1979
Figures mystiques féminines, Cerf, 1989
Livres sur Louis Bouyer
- « Trois liturgistes. Héritage et actualité. Louis Bouyer, Pierre Jounel, Pierre-Marie Gy », revue La Maison-Dieu, no 246, 2006, 183 p.
Davide Zordan, Connaissance et mystère. L'itinéraire théologique de Louis Bouyer, Éditions du Cerf, 2008, 807 p.
Guillaume Bruté de Rémur, La théologie trinitaire de Louis Bouyer, Editrice Pontificia Università Gregoriana, Rome, 2010, 378 p.
Jean Duchesne, Louis Bouyer, éd. Artège, coll. « Spiritualité », Perpignan, 2011, 127 p.
Wikipedia :
<< Ayant subi dans sa jeunesse l'influence d'Oscar Cullmann et de l'école formelle-historique(Formgeschichtliche Methode) dans l'interprétation des Écritures, Louis Bouyer se montra réceptif aux apports scientifiques quant à la compréhension des écritures tout en refusant des interprétations imagées ou symboliques se distanciant avec le texte, jusqu'au relativisme. Il appartient à ce titre au courant biblique mais avec un éclairage sur la et les T(t)radition(s). Pendant et suite au concile Vatican II, Louis Bouyer a toujours maintenu la pertinence d'une « troisième voie » lors des déchirements entre progressistes et traditionalistes grâce à la redécouverte d'une Tradition vivante paradoxalement pleinement catholique et œcuménique. La théologie de Louis Bouyer est marquée en ceci par une perception historique et spirituelle en décalage certain, mais pas en contradiction, avec une vision cartésienne, juridique ou thomiste de la foi. Il est aujourd'hui, pour l'Église catholique, un des théologiens les plus complets, féconds et reconnus au même titre que Henri de Lubac, Jean Daniélou et Hans Urs von Balthasar. Le contact avec la pensée de Louis Bouyer est un moyen efficace de comprendre le message avec ses nuances, ses tensions et sa cohérence des derniers pontifes Jean-Paul II et Benoît XVI. >>
05/03/2013 | Lien permanent | Commentaires (2)
En lisant le nouveau livre du père Olivier-Thomas Venard – 1/3 : une terre pour deux peuples
Première note sur Terre de Dieu et des hommes (éd. Artège) :
Agrégé de lettres et docteur en théologie, le dominicain Olivier-Thomas Venard vit en Israël où il enseigne à la célèbre Ecole biblique et archéologique de Jérusalem [1]. Il est déjà l'auteur de sept ouvrages [2]. Voici le huitième, qui fait notamment écho, souligne-t-il, "aux interrogations des membres du petit groupe biblique que j'ai eu la joie d'accompagner toutes ces années. Journalistes, juristes, séminaristes, religieux, diplomates, chercheurs dans des instituts scientifiques israéliens, volontaires internationaux..." De la vie quotidienne dans Jérusalem à la réflexion politique et à la méditation théologique, Terre de Dieu et des hommes est un recueil de choses vues et d'analyses – très vivantes – qui sondent tous les aspects de la question d'Israël : la politique israélienne et le problème palestinien (c'est notre note d'aujourd'hui), les relations judéo-chrétiennes (ce sera la note 2), la place de la Terre Sainte dans la théologie catholique (note 3)...
1. Une terre pour deux peuples
Jeune dominicain à Jérusalem, le P. Venard fut proche d'un octogénaire hors du commun : Marcel-Jacques Dubois. Dominicain, citoyen israélien, prix d'Israël, ancien chef du département de philosophie à l'université hébraïque, le P. Dubois (qui allait mourir en 2007) était "praticien et théologien de la rencontre inter-religieuse et principalement judéo-chrétienne": apportant "une contribution décisive au progrès des relations judéo-chrétiennes par ses publications, ses conférences, ses émissions de radio et de télévision", il insistait "sur deux grande réalités théologiques : l'élection d'Israël et la vocation d'Israël à l'exemplarité morale". "Il souligna d'emblée, magistralement, les paradoxes que le peuple juif doit résoudre dès lors qu'il se dote d'un Etat, et ne cessa d'appeler les commentateurs de son histoire contemporaine à la plus grande bienveillance et délicatesse face à ces équilibres instables..." Mais avec la seconde Intifada, le P. Dubois constate "la dégradation morale de l'élite politique et militaire" à la source de "la violence croissante d'Israël dans les Territoires". Il s'inquiète de l'injustice faite aux Palestiniens, de l'étranglement spatial et économique des Territoires, et de l'évolution d'un sionisme religieux "où le culte moderne de la force rejoint une certaine sacralisation de la terre" : "équation territoire-Bible-nationalisme" qui justifie la colonisation violente [3]. En 2006, toujours admirateur du judaïsme, le P. Dubois (86 ans) publie un livre retentissant : intitulé Nostalgie d'Israël, il y redit son amour pour ce pays devenu le sien – mais un amour déçu par la politique israélienne qui fait de la Terre Sainte le "théâtre d'un terrible conflit des justices". Et il constate, non sans euphémisme, que si l'establishment politique israélien a accepté son soutien de religieux chrétien, "il n'est pas sûr qu'il ait été intéressé par les positions théologiques qui le motivaient"...[4]
Avec sa très fine compréhension – et son empathie – envers le judaïsme moderne, le P. Venard précise et développe ce constat. Respectueux de ses partenaires intellectuels israéliens, qu'il nomme "les juifs réels" (par contraste avec les juifs imaginaires que s'inventent les chrétiens), il est également proche des chrétiens palestiniens. Il invite ses lecteurs "à la solidarité avec tous les habitants de Terre Sainte pour qu'y rayonne l'espérance"... Dans ce pays, en effet, l'espérance surnaturelle est le refuge du réaliste : elle vient à son secours, face à une situation qui pousse à "abandonner (dit le P. Venard) les espoirs humains trop limités".
Ces espoirs, dit-il, se heurtent à trois idoles qui ont pris pied en Israël : le culte occidental du matérialisme, le culte de la force, et le culte du territoire avec la politique d'occupation ; le total de ces trois facteurs aboutissant à mépriser comme "misérabilisme" le simple souci de justice envers les Palestiniens.
Les catholiques n'ont pas de leçons à donner, mais ils doivent – en tant que chrétiens – se mettre au clair vis-à-vis de ce problème. Autant est évident le droit à l'existence d'Israël (après soixante ans et avec près de huit millions de citoyens), autant le chrétien a le droit, souligne le P. Venard, d'éprouver un malaise devant des groupes qui s'affichent eux aussi comme chrétiens et qui collectent des fonds pour "soutenir l'entreprise de colonisation comme une oeuvre divinement inspirée" ; et un malaise encore plus grand devant le fantasme du "combat d'Armageddon" que dénonçait, il y a quelques jours, le géopolitologue Yves Lacoste à France Culture : fantasme construit par des protestants américains, selon lesquels le retour du Christ dépendrait de la réalisation territoriale du Grand Israël, suivie d'une bataille ultime d'Israël contre tous ses voisins. Non seulement cette eschatologie a été fabriquée sans fondements bibliques (ineptie de la part de "fondamentalistes" !), mais elle contredit les évangiles (ineptie de la part de chrétiens [5] !). "Certains responsables juifs influents croient devoir accepter (pour des raisons tactiques ?) le soutien de chrétiens fondamentalistes sionistes, et entretenir leurs espérances, en dépit de l'eschatologie que ceux-ci professent (horrifiante, puisque pour les juifs tout s'y termine dans le massacre ou la conversion) et de l'anti-catholicisme souvent virulent qui les caractérise", écrit le P. Venard.
Canada : Netanyahou reçu en triomphe par le groupe CUFI (chrétiens ultra-sionistes).
Des intellectuels israéliens mettent en garde contre ce super-sionisme de chrétiens : ainsi Avshalom Vilan dans Ha'aretz, 23 février 2005 : "A Pernicious, Dangerous Alliance". Ou le philosophe Yossi Schwarz : si "toute critique de la politique israélienne risque d'être prise pour une critique du judaïsme", écrit celui-ci, "le grand danger est qu'on finit alors par exiger du chrétien qu'il accepte sans aucune condition la position sioniste. C'est cette grave ambiguïté que recouvre aujourd'hui l'alliance politique entre Israël et certains courants politiques occidentaux se prétendant d'inspiration chrétienne, surtout aux Etats-Unis. La position du P. Dubois échappe à ce piège. Tout entière, elle jaillit de l'intimité du regard, d'un regard aimant qui n'a rien d'extérieur sur le plan humain et qui, sur le plan religieux, sauvegarde l'unicité théologique du regard chrétien sur le judaïsme."
Ce regard lucide parce qu'aimant [6], est aussi celui du P. Venard : "La réalité sociale que vous découvrez dans l'Israël d'aujourd'hui, avec ses restrictions administratives larvées – plus ou moins programmées par tel parti juif intégriste – contre la présence chrétienne dans le pays, et l'apartheid de fait sinon de droit imposé aux Palestiniens, est un démenti formel aux paroles de Lévinas" [qui voyait Israël comme '' un chef d'oeuvre de justice'' dans l'abstrait], constate-t-il. D'où son appel à l'espérance...
Jérusalem : le complexe immobilier de luxe Holyland Tower (32 étages). En avril 2010 a éclaté un scandale de corruption autour de cette construction pharaonique, si peu en accord avec le site.
En étudiant le livre du P. Venard qui raconte si bien la vie à Jérusalem, je repensais à mon séjour là-bas au printemps dernier. Le moment était paisible, sans alertes militaires : ni missiles du Hamas, ni check-points fermés, ni price tags arabophobes ni tags christophobes de l'ultra-droite ; gamins et gamines de Tsahal, très peu martiaux, flânant sur le mont des Oliviers ; à Nazareth ou Bethléem, pas ou peu de crispation islamique... Aucune tension sauf dans Hébron. Mais six mois plus tard c'était la nouvelle crise de Gaza. Et le 22 janvier 2013, les élections législatives israéliennes se disputeront entre la droite (alliée à l'extrême droite "laïque" d'Avigdor Lieberman), et d'autre part l'extrême droite "religieuse" des colons (Naftali Bennett) dont le programme est d'annexer les territoires palestiniens déjà sous contrôle israélien. Israël est-il condamné à être gouverné par la droite et l'extrême droite ? C'est le sujet de la conférence que l'historien Ze'ev Sternhell vient faire à Paris ce 8 janvier 2013.
Demain, deuxième note sur le livre du P. Venard :
2/3 – Terre Sainte : judaïsme et christianisme
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[1] le plus ancien centre de recherche biblique et archéologique de Terre Sainte, fondée en 1890 par le P. Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), sur le terrain du couvent dominicain de St-Étienne à Jérusalem. S'inspirant du nom de la récente École pratique des hautes-études (Paris, 1868), le P. Lagrange l'appela « École Pratique d'Études Bibliques », afin d'en souligner la spécificité méthodologique : étudier la Bible dans le contexte physique et culturel où elle a été écrite (« l'union du monument et du document », disait le P. Lagrange : l'archéologie et l'exégèse des textes). On modifia son nom en 1920, lorsque l'Académie des Belles-Lettres (Paris) reconnut l'École biblique comme École archéologique française de Jérusalem, en raison de la qualité de ses réalisations dans ce domaine. Elle est la seule école archéologique nationale à Jérusalem qui propose un programme de cours, et décerne un doctorat en sciences bibliques.
[2] dont : La Bible en ses Traditions, définitions suivies de douze études, dir., Revue biblique 2010) ; Le sens littéral de l'Ecriture, dir., Cerf 2009 ; Thomas d'Aquin poète théologien, 3 tomes, Ad Solem-Cerf 2009 ; Radical Orthodoxy : pour une révolution théologique, Ad Solem 2005...
[3] « Rouleaux de la Tora, ornements liturgiques et prières rituelles ont été instrumentalisés par les tenants d'une cause pour le moins douteuse aux yeux de la conscience mondiale. Devant l'espèce de régression ethnique des symboles les plus vénérables du judaïsme à laquelle on a pu assister en direct, nombre de juifs pieux ouverts aux valeurs universelles, se sont sentis désemparés. Si profonde est la crise qu'elle atteint même chez certains le sentiment de l'élection. Avraham Burg, par exemple, va jusqu'à écrire : ''Même le choix du peuple juif par Dieu n'est pas garanti s'il ne s'accompagne pas d'un engagement moral et d'un effort constant pour s'améliorer et se comporter humainement ''... »
[4] Les chrétiens hyper-sionistes auraient intérêt à lire le livre du P. Venard et celui du P. Dubois, qui leur ouvriraient les yeux.
[5] ...fort méprisants envers les autres confessions, qui plus est.
[6] « L'expérience et une certaine connaturalité née de la sympathie et même de l'amour, permettent de voir plus clair. » (Patrick de Laubier, à propos du livre du P. Dubois et de celui de Jimmy Carter, Palestine : Peace, not Apartheid).
Olivier-Thomas Venard, Terre de Dieu et des hommes, www.editionsartege.fr