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Pétrole en Amazonie : malgré 90 % des Equatoriens, Rafael Correa cède aux pays riches

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La "révolution dans un seul pays" est-elle impossible ?

 

524891087[1].pngLe président Rafael Correa avait promis aux Equatoriens une "révolution citoyenne" associant : a) le changement social, b) la sauvegarde de l'environnement, sujet crucial ici puisqu'il s'agit d'une partie de l'Amazonie, poumon vert de la planète. En effet, la région de Yasuni abrite – outre 2 274 variétés d'arbres – une réserve de biosphère incomparable : 696 variétés d'oiseaux, 382 de poissons, 169 de mammifères, 121 de reptiles, des milliers d'espèces d'insectes... Classée par l'Unesco, elle a été érigée en parc national. Mais le sous-sol de Yasuni contient également le cinquième des ressources pétrolières de l'Equateur : trois sites dits "ITT" (Ishpingo-Tambococha-Tiputini), qui promettent 900 millions de barils de brut. Exploiter "ITT" serait désastreux pour ce patrimoine écologique mondial qu'est la forêt amazonienne de Yasuni, et rejetterait dans l'atmosphère 400 millions de tonnes de CO2 supplémentaires...

En 2007, donc, dans l'intérêt universel et avec l'appui massif de la population équatorienne, Correa avait annoncé à l'ONU la "sanctuarisation" de Yasuni. L'Equateur, membre de l'Opep, renonçait à exploiter "ITT" (qui lui aurait rapporté 7,2 milliards de dollars), à condition que les plus gros consommateurs de pétrole mondiaux versent à ce pays la moitié de son manque à gagner (soit 3,6 milliards de dollars sur douze ans). "L'initiative Yasuni est une proposition pionnière et innovante, une alternative aux discussions dominantes au niveau mondial" commentait alors le chercheur en sciences politiques Matthieu Le Quang à Quito [1]. En 2010, le PNUD (ONU/développement) avait ouvert un fonds spécial à cet effet.

Aujourd'hui c'est l'échec : les pays gros consommateurs n'ont versé au fonds spécial que... 13 millions de dollars en trois ans. "Le monde nous a lâchés", constate Correa. Il a donc annoncé cette semaine la fin de l'initiative Yasuni. Les trois sites vont être mis en exploitation dans les prochaines semaines. La catastrophe environnementale est en marche, réplique équatorienne du ravage opéré au Brésil par le régime Rousseff !

Rafael Correa a donc cédé aux pays riches et abandonné son programme ("largement inspiré des propositions du mouvement social, des Indiens et des écologistes", rappelait le militant Luis Saavedra).

Cet échec était prévisible, avait annoncé Le Quang, puisque les pays de l'hémisphère Nord n'allaient pas "soutenir une initiative qui revenait à remettre en cause la base des sociétés capitalistes" ! [2]

Mais un point doit être souligné. Selon ElComercio.com citant les sondages, plus de 90 % des Equatoriens persistent à s'opposer à l'exploitation du pétrole à Yasuni. Mieux : ce chiffre est en progression ! Paulina Recalde, de l'institut Perfiles de Opinión, souligne que le soutien populaire à l'initiative de sanctuarisation est passé de 83,7 % (en 2011) à 92,7 % (en 2013), et monte jusqu'à 93,9 % à Guayaquil, capitale économique du pays : une ville de quatre millions d'habitants qui se flatte d'avoir "l'aéroport le plus moderne d'Amérique du Sud". Du coup, le ministre de l'Energie, Alberto Acosta, déclare qu'une mise en exploitation du pétrole de Yasuni "ne pourrait être autorisée que par référendum".

L'expérience Yasuni poussait à regarder l'avenir en face : anticiper la raréfaction et le renchérissement du pétrole, et réorienter l'économie des pays riches. Ceux-ci ont donc rejeté l'expérience... La révolution dans un seul pays est-elle donc impossible ? Les Equatoriens n'ont pas l'air de le penser, puisqu'une si grande majorité d'entre eux demande qu'on laisse le pétrole de Yasuni là où il est. Dans l'un au moins des pays du monde, "dejar el crudo bajo tierra" est devenu un objectif populaire ; voilà un thème de réflexion.

 

2013 : http://www.yasuni-itt.gob.ec/inicio.aspx

 

2010 : http://plunkett.hautetfort.com/search/yasuni  (note 2) 

 


 __________

[1]   Le Monde, 12/08/2010.

[2]  id., 16/08/2013.

 

 

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L'Equateur renonce à son pétrole amazonien

Quito fait le choix du courage responsable, avec le soutien de la communauté internationale :

 

Coup de théâtre international : le gouvernement équatorien annonce qu'il n'exploitera pas les trois gisements pétroliers (846 millions de barils) du parc amazonien Yasuni.

Mobiles de cette décision courageuse :

- protéger Yasuni (950 000 hectares), l'une des réserves en biodiversité les plus riches du monde,

- montrer la voie de la lutte contre le réchauffement climatique,

- et tenir compte de la catastrophe BP dans le golfe du Mexique : « Ce drame montre que la technologie la plus perfectionnée ne supprime pas le danger potentiel de l'extraction pétrolière », explique la ministre équatorienne du patrimoine, Maria Fernandez Espinosa.

En échange de sa décision, l'Equateur recevra une aide de la communauté internationale : 3,6 milliards de dollars du PNUD, à investir dans les énergies renouvelables, le développement social de l'Amazonie, les sciences et la technologie.

La décision du gouvernement est soutenue par la population : 76 % des Equatoriens approuvent la non-exploitation du pétrole de Yasuni. « Un record dans ce pays peu porté sur le consensus », souligne la presse. Comme dit l'hymne national de l'Equateur : Dios miró y aceptó el holocausto, « Dieu a regardé et accepté le sacrifice !»

 

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Sans surprise, les pétroliers insultent le choix des Equatoriens : « absurde et irréaliste », tranche José-Luis Zirit, président des Industries hydrocarbonifères. Les pétroliers nord-américains avaient dit la même chose quand Obama avait promis de limiter les forages off-shore.


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