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19/05/2024

Nouvelle-Calédonie : un exemple de nos contradictions

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Paris déboussolé, Nouméa dans la violence aveugle, les communautés laissées à elles-mêmes malgré les grands mots de l'Elysée et de Matignon – pendant qu'afflue sur le Caillou l'argent et "l'assistance technique" d'Etats alliés aux indépendantistes :


 

Comme le dit Mgr Calvet, archevêque de Nouméa, la situation ressurgie en Nouvelle-Calédonie est “préoccupante et très instable”.

Préoccupante sans aucun doute, dans la mesure où la violence des émeutiers (souvent très jeunes, comme dans les banlieues françaises) a ravagé notamment  les centres commerciaux où les familles venaient faire leurs courses : aujourd’hui les foules attendent, en, files interminables, que les supermarchés rouvrent – encore faut-il qu’il y ait des marchandises en rayons, ce qui n’est pas encore le cas !

L’archevêque dit aussi que la situation est “très instable”. Son inquiétude vise le risque d’affrontements entre les communautés insulaires : les autochtones ethniques et les autres. La guerre civile est le pire malheur qui puisse frapper une population. Les guerres civiles éclatent quand les différentes communautés perdent de vue l’idée du bien commun : ce bien qui est plus et autre chose que l’addition des désirs des différentes communautés.

Le bien commun de la Nouvelle-Calédonie en 2024 n’est pas une indépendance qu’on installerait au profit d’une seule des communautés vivant dans l’archipel – même si certains commentateurs parisiens semblent croire que les seuls habitants légitimes de l’archipel sont les Canaques (par droit du sang ! *) à l’exclusion des autres habitants – même si ces derniers sont enfants et petits-enfants de parents vivant là depuis dix ans, vingt ans, cinquante ans ou cent ans.

Le problème est celui-ci : pour voir où est le bien commun, il faut réussir à dépasser les points de vue communautaristes. Et pour réussir à les dépasser, il faut disposer d’une dimension civique, morale, voire spirituelle, capable de transcender les égocentrismes de groupe ou d’ethnie. Mais transcender les égocentrismes n’est pas à la mode… Aujourd’hui règne une idée radicalement fausse, selon laquelle l’opinion de mon groupe humain n’est partageable qu’entre les seuls membres du groupe. Cette idée fausse a pour conséquence de bloquer tout dialogue (ou simplement tout débat objectif) entre les groupes, surtout quand l’un se pose en opprimé et qualifie l’autre d’oppresseur.

Le pape a raison quand il dit que la plus profonde réponse à la haine, individuelle ou collective, est la prière. Mgr Calvet vient lui aussi de le rappeler aux Néo-Calédoniens.

 

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* DROIT DU SANG, DROIT DU SOL. Le “droit du sang“ réserve la citoyenneté aux enfants des citoyens. Le du “droit du sol” la donne à quiconque est né sur le territoire. En métropole, depuis Mitterrand, le droit du sol est vu comme le pilier moral de la République et prôner le droit du sang passe pour un délit. Mais à Nouméa, Paris admet la revendication du droit du sang par le FLNKS. Ne reconnaissant qu’aux Canaques la future citoyenneté insulaire, ce mouvement brandit le droit du sang pour rejeter toute actualisation (même justifiée) du corps électoral néocalédonien. Le tout-Paris accepte cela. Dans son esprit, Nouméa est d’avance la capitale d’une Nouvelle-Calédonie FLNKS épurée de la présence française… Il est permis de juger troublant que le droit du sol – théoriquement intangible et absolu en vertu de “l’universalisme républicain” – ne s’applique finalement qu’à l’intérieur de l’Hexagone. Rappelons aussi que les émeutes à Nouméa ont éclaté peu après la signature de l'accord "d'assistance technique" accordé aux indépendantistes extrémistes..par l'Azerbaïdjan, dictature d'épurations ethniques avide de punir Paris de son soutien à l'Arménie. Et n'oublions pas l'action opiniâtre de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, attachées depuis quarante ans à évincer la France du Pacifique.

 

 

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Commentaires

LES IRRESPONSABLES

> Merci pour cette analyse très juste d'une situation dramatique où ceux qui cohabitaient pacifiquement hier dont prêts à s'entretuer aujourd'hui. Tragédie dans cette partie du monde qui se dit elle-même "pacifique" mais où des jeunes chauffés à blanc détruisent les centres commerciaux et les zones d'activité. Destruction de biens matériels qui pénalisent l'ensemble de la communauté, tandis que déjà six morts sont à déplorer.
On notera dans cette crise une notion très relative de la responsabilité, les indépendantistes d'un côté et les autorités françaises de l'autre se rejetant son poids dans le déclenchement des émeutes.
Mais surtout, il y a cette manie de "vouloir aller vite" plutôt que de prendre le temps de la négociation. Ce mantra funeste n'est pas étranger à l'accélération de l'instabilité sur place qui a finalement conduit au basculement dans la violence ; sans oublier bien sûr l'action déstabilisatrice que vous identifiez bien, sans oublier la Chine qui avance ses pions avec patience.
En ce jour de Pentecôte, souhaitons que l'Esprit Saint touche les acteurs de ces évènements pour qu'ils touvent la voie du bien commun.
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Écrit par : Renaud Voyer / | 19/05/2024

TOUT S'EMBROUILLE

> Tout s'embrouille aujourd'hui.
- LFI qui défend le droit du sol (et donc le grand remplacement) en métropole, défend avec la même colère le droit du sang en Nouvelle-Calédonie au profit des seuls kanaks.
- Les tenants des valeurs de "l'universalisme républicain" qui ont fait, à la suite de Voltaire, du chevalier de la Barre un martyr de l'intolérance sont incapables de réagir vraiment contre les musulmans intégristes qui agressent leurs coreligionnaires qu'ils soupçonnent de ne pas respecter les préceptes publics et privés du Coran.
-Les libéro-libertaires-féministes détestent Israël, seul pays du Proche-Orient où il est possible d'organiser une gay pride ou des raves parties. Ils veulent vite oublier le 7 Octobre quand le Hamas a fait irruption en plein milieu d'une rave party dans le désert, en s'acharnant avec une sauvagerie inouïe sur les femmes.
Et l'inventaire va sûrement se poursuivre dans les prochains jours !
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Écrit par : B.H. / | 19/05/2024

PAS À UN AN PRÈS

> Macron n'aurait pas dû forcer la main du camp indépendantiste lors du 3e referendum. Les Kanaks demandaient un report motivé par des questions de rites funéraires post-covid ; quelles qu'aient été les raisons véritables d'un tel report, Paris - qui n'était pas à un an près - aurait dû laisser aux indépendantistes le choix de cette date. Or, seuls les loyalistes participèrent : le 3e referendum fut une véritable crise de confiance, mal vécue par les indépendantistes qui y virent l'abandon par l'État de sa neutralité. Le dégel du corps électoral, tout à fait légitime par ailleurs, fut vécu par certains indépendantistes comme un retour à la période coloniale. Il n'en est rien, bien entendu ; tout au contraire, il aurait fallu agir avec doigté, gardant à l'esprit que trois générations en arrière, les Kanaks, alors non pas citoyens français mais indigènes, étaient exhibés à Paris dans un véritable zoo humain. Rien de cela n'a été oublié, et peut-être même pas pardonné.
Ces émeutes étaient donc prévisibles. Étonnant que la DGSI n'ait pas alerté Beauvau, ce qui aurait évité ce pont aérien, ces morts et ces blessés. Oui, la République est plus belle avec la Nouvelle-Calédonie comme l'un de ses territoires, encore faut-il pour nos gouvernants lui accorder l'attention particulière que justifient une histoire et une démographie complexes.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/05/2024

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