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12/08/2023

Ravages de l'idéologie : quand George Weigel déraille

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Emporté par l'idéologie et l'hostilité personnelle, l'essayiste américain accuse le pape François d'avoir organisé des JMJ "manquant de christocentrisme". Grief insane. Mais aussitôt repris sur Facebook par un lobby politico-religieux transatlantique :


C’est sans honnêteté intellectuelle que les “conservateurs” (1) attaquent le pape sur les réseaux sociaux : les uns de façon grossière, les autres en pontifiant.

Dans la première catégorie, il y a – par exemple – les trolls Facebook qui surinterprètent la photo des JMJ où l’on voit François à genoux devant la statue de la Vierge de Fatima… Sur cette photo le visage du pape montre une apparence renfrognée. On la lui voit souvent – elle est involontaire – depuis qu’il souffre de graves infirmités. Mais ses censeurs veulent y voir l'expression d'une indifférence morose. Bourde de gens aveuglés par le parti-pris ! Pour connaître l’intense piété mariale du pape il leur aurait suffi de lire ses textes, qui sont faciles à trouver ; mais ces gens ne daignent pas s’informer. (2)

Dans la seconde catégorie, on trouve des intellectuels passant pour sérieux mais que l’idéologie transforme en franciscophobes. Par exemple l’essayiste américain George Weigel… Les conservateurs encensent ce catho (US-model) depuis qu’il juge François incompatible avec Jean-Paul II et Benoît XVI. Ne pouvant étayer cet avis personnel dans la réalité des faits, Weigel n’hésite pas à inventer – à la façon de Trump – des “faits alternatifs”. Et tant qu’à faire, il les invente énormes... Sur le site conservateur First Things, il lance l’idée selon laquelle François aurait privé les JMJ de “christocentrisme” ! La fausseté de ce grief est massive jusqu’à l’absurde, mais il est adopté aussitôt par les activistes conservateurs : des deux côtés de l’Atlantique (cf encore Facebook), les admirateurs de Weigel – je ne dis pas “lecteurs” car ces gens lisent peu de livres – se mettent à dire en boucle que lorsque le pape dit “Dieu” c’est pour ne pas dire “le Christ” ; ils n’osent pas l’accuser ouvertement d’être monophysite ou musulman, mais ils y incitent. Suggérer que le successeur de saint Pierre “n’est pas christocentré” est insane. La chose ne mérite pas que l’on perde du temps à rappeler pourquoi elle est insane ; c’est pourtant ce que fait (avec une ironie méritée) un compatriote de Weigel, l’éditorialiste du National Catholic Reporter Michael ZBcjCd_C_400x400.jpegSean Winters (photo) citant des exemples de paroles pastorales du pape aux JMJistes : “Le Seigneur ne pointe pas du doigt, il ouvre largement les bras, Jésus nous l’a montré sur la croix…”“Sans l’Incarnation, le christianisme devient idéologie ; l’Incarnation nous rend capable d’émerveillement devant la beauté du Christ révélé à travers chaque frère et sœur, chaque homme et femme…” ; etc. S’il y a des gens que gêne l’Incarnation avec sa portée universelle, ce ne sont pas le pape et les fidèles : ce sont plutôt les idéologues se disant (par abus de langage) conservateurs ! Et de deux choses l’une : ou bien Weigel n’a pas lu les encycliques, homélies et catéchèses du pape François, et ne mérite donc pas sa réputation d’expert ; ou bien il les a lues mais les enjambe – et il entre ainsi au club des propagateurs de fausses nouvelles, avec Vigano, Burke, Schneider, Gänswein et quelques autres. Quant au journaliste Winters, il cite en conclusion l’archevêque de Porto-Rico Roberto Gonzalez Nieves : “Le pape François, comme Jean-Paul II maintenant canonisé, a dynamisé les jeunes en leur donnant des raisons de croire en une façon de vivre évangélique dans notre culture globale hautement individualiste et sécularisée. Ces JMJ, comme les précédentes, ont été fondamentalement une rencontre vivante avec la Personne du Christ dont témoigne le successeur de Pierre.”

 

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(1) J’emploie ici le terme “conservateurs” dans le sens dévié (partisan) que lui donne le lobby politico-religieux qui s’en pare aujourd’hui. Rien à voir donc avec son sens catholique classique : celui de la “conservation” du dépôt de la foi.

(2) On les trouve notamment sur le site du Saint-Siège, dans les textes du pape édités en français, dans les périodiques de spiritualité tout public comme Parole et prière, etc.

 

 

 

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Commentaires

LES TROIS THÈSES

> 3 thèses sont toujours en conflit:
- Jésus n'a pas voulu l'Eglise, il était un utopiste messianique qui annonçait une nouvelle société; thèse des modernistes au début du XXe siècle.
- Jésus a voulu l'Eglise mais n'a rien voulu pour l'Eglise (il n'y a que des baptisés sans hiérarchie), thèse protestante.
- Jésus a voulu l'Eglise et a voulu en son sein un "collège apostolique et sacerdotal" distinct des autres baptisés, thèse catholique et orthodoxe. C'est bien dans ce cadre que se situe le pape François. On se souvient aussi de la réponse de Jeanne d'Arc à l'inquisiteur: "pour moi Jésus et l'Eglise c'est tout un"; C'était aussi la conviction profonde et explicite de Madeleine Delbrêl au coeur même des crises ecclésiales des années 1950.
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Écrit par : B.H./ | 13/08/2023

TENDANCES

> C'est vrai qu'il peut y avoir une tendance dans l'Eglise en Occident à considérer qu'au sein de la trinité, le Père et le Saint-Esprit sont plus "vendables" sur le plan missionnaire que Jésus-Christ. Avec les musulmans on parle de Dieu sans préciser (c'est-à-dire du Père) mais pas du Christ vrai Dieu et vrai homme, et avec les modernes "libéraux-libertaires" on peut parler de l'Esprit (cf "en quête d'Esprit" comme on dit sur Cnews), sans parler du Père trop castrateur, ni du Fils trop idéologue.

BH


[ PP à BH - Ces tendances existent incontestablement. Mais les imputer au pape est contraire à la réalité... ]

réponse au commentaire

Écrit par : B.H. / | 13/08/2023

NOUVELLE DÉSINFORMATION DU 'FIGARO'

> https://www.lefigaro.fr/actualite-france/ordination-d-hommes-maries-diaconat-feminin-la-revolution-voulue-par-le-pape-francois-jette-le-trouble-dans-l-eglise-20230813

Weigel aux États-Unis, Guénois en France. La semaine dernière, j’ai trouvé le pape fort courtois dans le vol Lisbonne-Rome : se tenait devant lui un journaliste qui, il y a cinq ans, répandit dans une certaine presse écrite française des tombereaux d’inexactitudes sinon d’insultes à son égard. Ce même journaliste, tout sourire devant le pontife dans l’avion, sortit sa plume acerbe à son retour : l’article publié par le ‘Figaro’ ce matin n’a rien à envier aux torchons sortis de presse il y a cinq ans. « Ordination d’hommes mariés, diaconat féminin... La révolution voulue par le pape François jette le trouble dans l’Église » : rien de plus faux ! Le pape François l’a dit et redit, il ne « veut » pas d’une « révolution ». Le pape n’est pas Kim Jung-en ; s’il l’était, il n’aurait pas convié un synode, dont la préparation consiste précisément à se mettre à l’écoute de l’Esprit saint. Si François « voulait » l’ordination d’hommes mariés, il l’aurait décidée à l’issue du précédent synode sur l’Amazonie. Le pape est suffisamment expérimenté pour savoir que l’Église évolue lentement, par petites touches, jamais par « révolutions ».
Guénois, fidèle à lui-même, devient donc chauffeur de salle : par un choix de termes volontairement forts, il fait croire à son lectorat que « l’Église vit dans la confusion » (il suffit de voir les images des JMJ pour constater le contraire). Le pape n’entend évidemment pas « imposer dès la rentrée à l’institution » une quelconque orientation. Et le journaliste d’enfoncer le clou pour apeurer la galerie : « La douce consolation estivale de Lisbonne pourrait se transformer en un véritable choc automnal. » Version catho du dramatique quoique ridicule « La France a peur » déclamé par Roger Gicquel en 1976.
On aimerait que ce soit de la mauvaise foi ; c’est malheureusement sciemment que Jean-Marie Guénois agite ce chiffon rouge. Si le pape n’était pas une personne publique, de tels commentaires seraient susceptibles de procès en diffamation. Car ils font des ravages ces propos : une parente âgée, abonnée au ‘Figaro’ depuis des lustres est à présent persuadée que le pape nuit à l’Église. Elle ignore tout du « vrai » François : le miroir déformant prisé par une certaine presse est une grave entorse à la probité journalistique. Quand ils viennent de journalistes dûment estampillés catho, de tels agissements inspirent le dégoût.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/08/2023

LES TRADIS SONT-ILS TRINITAIRES ?

> D'habitude, les tradis anti-François sont plutôt déistes : ils croient au Père mais ont du mal avec le Fils et l'Esprit. Je les étonne quand je leur dis que Jésus est mon maître et que c'est par le Fils et par l'Esprit que j'ai foi en Dieu le Père. Beaucoup en restent à un niveau enfantin et ne comprennent pas en quoi le Christ est essentiel pour nous mener vers le vrai Dieu. Il est bien-sûr idiot de reprocher ça au pape, lui qui nous ramène toujours à une Église incarnée.
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Écrit par : Albert / | 14/08/2023

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