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15/01/2023

La réforme des retraites, exemple objectif du "tout est lié"

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Ma chronique du 10/01 à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne : une chose est frappante dans cette réforme  des retraites : c’est à quel point – comme dit l’encyclique – "tout est lié", par quelque bout qu’on prenne le problème...


Une chose est frappante dans cette histoire de réforme des retraites : c’est à quel point, comme dit l’encyclique, tout est lié. Par quelque bout qu’on prenne le problème...  Par exemple : dans les retraites par répartition, les cotisations des actifs au titre de l'assurance vieillesse servent à payer les pensions des retraités. C’est la solidarité entre générations. Mais quand la natalité chute, ce qui est le cas dans quasiment toute l’Europe, la pyramide des âges voit diminuer le nombre des actifs et augmenter celui des retraités : ce qui compromettra l’ensemble du système.  Pourquoi la natalité chute-t-elle ? Parce que la société fait pression dans ce sens, pour de multiples raisons, parmi lesquelles le poids d’un système économique qui, d’une part, pousse toujours plus à l’individualisme sans liens ; et, d’autre part, interdit les projets à long terme puisque désormais tout emploi est éphémère et fragile.  La Sécurité sociale des années 1950 avait été pensée par rapport à une société en explosion démographique : ce fameux “baby boom” qui aujourd’hui, dans le vocabulaire des prescripteurs d’opinion, a pris un sens péjoratif... Pour imposer silence à quelqu’un on le traite de “boomer”, ce qui montre le formatage des populations par ce que le livre mémorable de Boltanski et Chiapello appelait “le nouvel esprit du capitalisme”.

Maintenant, un autre exemple du tout-est-lié : la raison profonde de la réforme des retraites. Elle est transnationale et tient dans cette phrase de Macron en conseil des ministres le 4 janvier : “ll y a quelques jours, la France a emprunté au-dessus de 3 %. J'avais parlé de fin de l'abondance sur les ressources naturelles, c'est aussi le cas sur les ressources financières..." En clair : les groupes qu’on appelle “les investisseurs” classent les Etats en fonction de ce qu’ils appellent, eux, “la qualité de leur dette”. A leurs yeux un abandon de la réforme des retraites amoindrirait cette qualité de la dette, et les  investisseurs pénaliseraient la France en lui faisant des conditions d'emprunt encore plus ruineuses !  On mesure ainsi sous quelle tutelle sont tombés les Etats en se rendant dépendants de la sphère financière. Et à quel point cette tutelle conditionne leur politique…  

Mais ces considérations paraissent secondaires par rapport à des sujets médiatiques de première importance, comme le livre du prince Harry qui fait des millions en conchiant sa propre famille. Ou comme l’infernal suspense du retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée nationale…

 

 

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Commentaires

NOUS POURRIONS EN SORTIR

> La France de 2023 n'a quasiment plus de marge de manœuvre : nous vivons à crédit depuis Giscard. Avant lui, le pays pouvait encore se dire indépendant ; ce n'est plus le cas puisque nos emprunts conditionnent la vie même de la nation. En réalité, c'est là une gigantesque pyramide de Ponzi de laquelle nous pourrions sortir, comme le suggérait G. Giraud, en faisant acheter par la Banque centrale européenne des pans entiers de dette publique. Très improbable dans le contexte actuel d'une Commission germanophile.
Concernant l'ouvrage du prince Harry, il est un exemple de cet individualisme que vous citez. Se mettre en valeur tout en se victimisant au maximum : les millions de dollars pleuvent sur les Sussex. La seule chose positive dans cette pathétique sortie, ce sont ces Anglais pas dupes devant les lamentations de ce couple richissime alors que beaucoup de Britanniques doivent choisir entre manger et se chauffer. Les souvenirs d'Harry qui se tartine "la bite" (sic) de crème cicatrisante, ça n'intéresse personne.

P.S. L'ouvrage du George Clooney de la Forêt-Noire, ancien secrétaire du feu pape émérite, n'est pas mal non plus dans le genre individualisme. L'archevêque allemand chez son éditeur alors que la dépouille du pape Ratzinger était encore tiède, n'est-ce pas un peu choquant ?

PV


[ PP à PV – Dieser Gänswein ist ein erbärmlicher Skandal. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 15/01/2023

LE MACRONISME DÉMASQUÉ

> Sur le sujet des boomers, le génération-Y que je suis s'abstiendra bien volontiers de porter un jugement sur les dizaines de millions de personnes qui composent toute une génération. Certains "boomers" ont connu le burn-out, le chômage longue durée... surtout en fin de carrière.
Par contre, je vis comme une vraie blessure de voir que mes aînés qui ont profité d'un système social très salutaire, le passent aujourd'hui à l'as comme si c'était un privilège indu. Je ne nommerai pas ce proche qui, dans les années 80, avait défoncé son patron aux prud'hommes ; et qui aujourd'hui, se réjouit que Macron ait anéanti le droit social en France, grâce au barème d'indemnités de licenciement de 2017. Moi, avec mes 13 ans d'études, j'enchaîne les situations précaires et dois chercher du boulot tous les 6 mois parce que je ne sais jamais si je vais être prolongé ou pas. Vingt ans plus tôt, j'aurais été protégé par un droit social plus ferme ou des postes plus ouverts dans la fonction publique. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que Macron épargne sa réforme à ceux qui sont nés avant 1975.
Et sur cette réforme proprement dite, pour savoir quel objectif elle poursuit, il suffit de regarder qui en est le fomenteur : Jean-Paul Delevoye. Depuis 2002, il pilote toutes les réformes des retraites successives. Ce n'est qu'en 2019 qu'on a découvert qu'il était... un pion de l'assurance privée. On l'a écarté mais pas son projet de loi. Il a été remplacé par... une ancienne de chez McKinsey. Sans commentaire.
Et qu'on ne nous fasse pas le coup de la dette publique à rembourser. Un Paul Jorion a très bien démontré que l'enrichissement par l'emprunt est un moyen très sûr de maintenir les nations et les individus en état de soumission grâce au chantage du remboursement de la dette (publique ou privée). Même si ça provoque des crises comme en 2008.
L'Eglise ne se mêle pas de politique, mais elle choisit l'option préférentielle pour les faibles. Pester contre l'euthanasie, c'est bien. Mais les statistiques démontrent que faire travailler des pauvres jusqu'à un âge avancé porte atteinte jusqu'à leur espérance de vie. Tout est lié comme vous dites.
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Écrit par : Cyril B / | 16/01/2023

DÉBAT

> Tous les pays du monde ont toujours vécu à crédit, depuis toujours, ça n'a jamais empêché les investissements publics de masse, et donc les "marges de manœuvre". Les Trente Glorieuses ont été financées par l'emprunt, bien avant Giscard. Mais emprunt auprès de qui ? C'est là qu'est la question véritable. Non, le problème, c'est la défiscalisation des activités financières et des nantis, le dumping économique, social et fiscal - et bien sûr l'emprunt non à la banque de France, mais aux banques privées.
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Écrit par : Lucas Pommat / | 17/01/2023

ÉLECTORALISME FINANCIER ET PERTE DE LA SOUVERAINETÉ

> Autrefois l'Etat Français empruntait aux Français. Cela voulait dire que les Français ayant un peu d'argent devant eux faisaient globalement confiance à l'Etat, à la fois pour être remboursés de leur prêt et pour l'usage qui serait fait de l'argent prêté. Les deux choses sont d'ailleurs liées : c'est uniquement si l'argent est utilisé intelligemment que l'emprunteur est en mesure de rembourser sa dette.
Maintenant, les dépenses et les emprunts sont faits de manière électoraliste. On pourrait même dire que les choses se dégradent : avant on arrosait directement l'électeur pour se le rendre plus favorable, maintenant on essaie d'acheter la paix sociale en s'accommodant si nécessaire de certains systèmes de type mafieux car "qui veut la fin veut les moyens". Ce slogan est un guide d'action dans la droite ligne de Machiavel.
Et effectivement, nous ne sommes plus souverains car tributaires des puissances qui nous prêtent.
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Écrit par : Bernadette / | 18/01/2023

SALAIRE UNIVERSEL ?

> Sur le site : https://www.vie-publique.fr/eclairage/19237-les-reformes-des-regimes-de-retraite-depuis-1982-chronologie.
on lit :
"2017
Dans son programme électoral, le président de la République Emmanuel Macron a proposé une vaste réforme des retraites visant à la mise en place d’un système universel de retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits à tous les cotisants."
La version II est présentée différemment mais le problème des deux versions c'est que ce n'est pas sur les euros cotisés que se fondent les paramètres de la retraite mais sur le nombre de trimestre de cotisation validés (par un revenu minimal) et sur l'âge. En toute logique un système universel de retraite existe déjà au sein de la fonction publique qui connaît une régime universel de salaire (les grilles indiciaires !). Donc il faut que M. Macron envisage de proposer un système universel de salaire...
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Écrit par : JL Leroy / | 19/01/2023

@ Cyril B.

> Bien d'accord avec vous mais tous les boomers ne sont pas égoïstes et beaucoup déplorent la fin de la protection sociale. J'ai moi-même connu la même précarité que vous après des années d'études. J'ai très peu touché d'aides sociales alors que certains en profitait bien, c'est vrai, et je reconnais que la situation est de plus en plus dure pour vous. J'ai frappé au bureau du RMI, ancêtre du RSA, vers la fin des années 1980 et j'ai été très bien accueilli, comme une victime qu'on veut secourir ; 25 ans plus tard j'ai dû demander un RSA et j'ai été reçu comme un parasite, un paresseux dont on doit se méfier et auquel on doit faire la morale. À chaque fois j'ai touché un peu mais très peu de temps, la première fois parce que j'avais trouvé un travail, la seconde parce que je ne supportais pas la situation extrêmement humiliante dans laquelle on me mettait.
C'est tout un esprit chrétien qui s'imposait à la Libération et qui a disparu aujourd'hui. La protection sociale n'est pas détruite tout à fait encore, mais l'esprit qui l'a fait naître l'est semble-t-il. Individualisme et concurrence ont eu raison de solidarité et charité.
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Écrit par : Albert / | 20/01/2023

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