06/07/2021
Le théâtre d’ombres de la présidentielle française
2022 avec onze mois d'avance... Comment ne pas ironiser sur les gesticulations qui commencent, dans les partis et autour d’eux ?
LR voit les lepénistes lâchés par leurs électeurs... LR voit Macron gêné par son parti de nuls... LR se croit vainqueur des régionales, même si ses scores sont sapés par l’énorme abstention… LR se lance donc dans la présidentielle, en oubliant ses précédents échecs dus à trois défauts structurels : 1. le manque d’idées, 2. le manque de leader, 3. La concurrence suicidaire des seconds rôles persuadés d’avoir un destin national. Aujourd’hui trois politicien.ne.s* se ruent en lice pour 2022, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez : qu’il y ait des “primaires ouvertes” ou qu’un autre moyen soit trouvé, ces trois prétendances vont se lacérer mutuellement. Allusion sans doute à la vengeance des sarkozystes contre Fillon en 2017, Damien Abad, chef des députés LR, susurre : “"Ce qui nous a fait perdre, ce sont les conséquences de la primaire…" Et même sans primaire les dégâts internes commencent : rivé à l’espoir d’une candidature de Baroin (qui n’en a aucune envie), Christian Jacob vient par exemple de limoger le numéro 2 du parti, Guillaume Peltier, parce qu’il soutient Xavier Bertrand ! On en verra d’autres. Ce n'est qu'un début.
Et la vérité est ailleurs. Depuis la dérisoire invention du quinquennat sous Chirac, l’élection présidentielle ne désigne plus un président de la Cinquième mais une sorte de faiseur-de-pluie temporaire, emphatique en paroles, impalpable en actes et remercié au bout de cinq ans. Comment pourrait-il en être autrement, ces successifs “chefs de l’Etat” n’étant que les délégués d’un système économico-financier opposé par nature à la souveraineté du politique ? D’autant que ce système contrôle d’encore plus près la machinerie coercitive de Bruxelles, conçue par lui selon le programme néolibéral et chargée d’y assujettir les Etats… On mesure dans ces conditions le peu d’enjeux réels de la présidentielle française, et le peu de substance des postures électorales. Par où en sortir ? Et par quels moyens ?
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* gag, évidemment.
20:17 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : 2022
Commentaires
L'ANCIEN SYSTÈME
> "On mesure dans ces conditions le peu d’enjeux réels de la présidentielle française, et le peu de substance des postures électorales. Par où en sortir ? Et par quels moyens ?"
Pourquoi ne pas changer le système de désignation du Président de la République? Et revenir, si je ne me trompe, au système de désignation avant la décision de De Gaulle?
Qu'il soit élu par un certain nombre d'élus : Parlement, élus locaux par exemple.
Actuellement, dans ce système, le Président de la République est un super président à qui sont redevables tous les autres.
Nous avons deux têtes de l'exécutif, ce qui nous a valu le spectacle pitoyable du couple "Mitterand-Chirac" lors de réunions internationales.
Les prétendants à la fonction sont obligés de prendre des postures démagogiques.
On devrait de même clarifier le millefeuille administratif en supprimant un échelon, probablement le département.
Le système actuel génère trop d'élections qui freinent les possibilités d'adaptation du pays à la situation.
Les français sont t'ils les mieux placés pour savoir qui est le plus à même de remplir cette fonction?
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Écrit par : Le Pivain / | 06/07/2021
BARNIER
> Le meilleur, c'est celui d'on personne ne parle, et pour cause...
cet homme s'appelle Michel Barnier !
Évidemment, il ne fait pas de bruit... mais il agit !
Il a négocié le "brexit" comme tout le monde le sait ; cela prouve des qualités évidentes.
Sans doute, ces qualités n'ont plus cours dans la société "malade" actuelle !
Souhaitons qu'un heureux hasard fasse que certains s'en rendre compte...
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Écrit par : Michel / | 07/07/2021
UN SEPTENNAT UNIQUE
> Au lieu d'un quinqennat renouvelable, il aurait fallu choisir un septennat unique et non renouvelable, ni immédiatement, ni jamais. Le mandat du président dépasserait celui de l'assemblée nationale; il serait président jusqu'au bout, délivré des contraintes et des facilités d'une nouvelle candidature. Son mandat terminé, il serait définitivement éloigné de toute tentation de "retour" (tentation bien dérisoire quand on voit Sarkozy ou Hollande qui en rêvent encore !).
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Écrit par : B.H. / | 07/07/2021
FILM
> Le vide.
Je recommande, en antidote, le film des frères Podalydès, 'Les deux Alfred', en ce moment au cinéma : la start-up nation au vitriol, avec une belle tendresse et sans vulgarité.
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Écrit par : Alex | 07/07/2021
LE QUINQUENNAT
> L'invention du quinqennat ? Dans mon souvenir, l'invention du quinquennat est du PS de l'époque pour limiter la durée présidentielle de Chirac, justement.
Mais, même si mon souvenir est fiable, on peut tout à fait mettre en cause ma compréhension des évènements à l'époque en question.
Alors ?
(En tout cas je suis tristement fier d'avoir compris dès ce moment les dégâts qui allaient en découler. Tristement, parce que je préférerais largement avoir eu tort.)
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Écrit par : olivier / | 07/07/2021
LE PEU D'ENJEUX RÉELS
> D'accord avec votre analyse."On mesure dans ces conditions le peu d’enjeux réels de la présidentielle française, et le peu de substance des postures électorales. Par où en sortir ? Et par quels moyens ? "
Merci pour votre blog auquel je ne "contribue" pas, par trop de lenteur pour la frappe.
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Écrit par : Anne-Marie Durand / | 07/07/2021
LE BIEN COMMUN
> Par où en sortir ? Et par quels moyens ?…
Mais, cher PP, par la rédaction d'un programme axé sur le bien commun, sur la mise en œuvre de projets politiques, économiques et sociaux salvateurs.
Voici une adresse, un bon début pour réfléchir à ce bien commun et le servir : https://lanuitdubiencommun.com/
Il restera, au chapitre des moyens, à trouver le candidat capable d'incarner en 2022 ce programme du bien commun. A le faire sortir de la nuit…
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Écrit par : Denis / | 07/07/2021
BARNIER ?
> Par où en sortir ? Je donne volontiers raison à Michel : peut-être par Barnier, qui a certainement la carrure qu'aucun président n'a véritablement eue depuis Chirac sinon depuis Mitterrand. Sur le fond, rappelons que le Savoyard eut le courage, en 2014, de proposer un projet communautaire de règlement bancaire visant à séparer les activités commerciales des activités spéculatives ; projet qui fut évidemment tué dans l’œuf par de puissants groupes de pression qui n'avaient nullement envie de mettre fin au grand casino financier. En 2021, le risque systémique reste considérable, les grandes banques n'étant pas contraintes de séparer ce qui devrait l'être.
P.S. Sur ce sujet de régulation financière, je ne peux qu'encourager à écouter le remarquable exposé du P. Giraud et de Nicolas Dufrêne samedi dernier au Grand Orient de France. Le jésuite revint longuement et de manière pédagogique sur les enjeux de la séparation qu'envisageait le projet Barnier, indispensable à ses yeux. Il offrit par ailleurs un superbe exemple d'évangélisation, tout en doigté et en délicatesse, au sein même d'un temple maçonnique où ne figurait évidemment aucun crucifix mais, comme il se doit en pareil lieu, le soleil et la lune : le religieux ne lança aucun anathème mais rappela la position de l’Église, celle défendue dans les dernières encycliques du pape François. La franc-maçonnerie est une périphérie : elle doit être évangélisée, comme toutes les périphéries, mais de manière intelligente : la prestation du P. Giraud nous démontre avec brio que ce chemin certes ardu est néanmoins possible.
https://www.youtube.com/watch?v=uaG6zXkbDVk&t=8013s
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 07/07/2021
> La suppression du septennat au profit du quinquennat fut une grave erreur...
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Écrit par : Michel de Guibert / | 07/07/2021
@ Ph. de Visieux
> Merci infiniment pour ce lien pointant vers la conférence de G. Giraud et N. Dufrêne. C'est absolument remarquable.
Je vais en faire la "publicité" autour de moi ;-)
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Écrit par : PierreO. / | 09/07/2021
Vaste sujet!
> Si la mission d'un Chef d'Etat, quel que soit le régime, est de surplomber les différentes fonctions de souveraineté: légiférer, émettre la monnaie, rendre la justice, assurer la sécurité intérieure, défendre le territoire, conduire les relations extérieures, fonction auxquelles on peut ajouter la protection du patrimoine naturel et culturel, l'élection par le parlement était peu satisfaisante et, en théorie, le suffrage universel dégage le Président de l'emprise du seul législatif.
Mais le quinquennat qui couple les élections législatives à la présidentielle est funeste. C'est le législatif qui est devenu l'émanation des présidents frénétiques et incultes gesticulant dans ce qui reste de souveraineté: les protocoles administratifs.
Souveraineté? Justement, je m'inquiète de la présence de l'ombre talentueuse et menaçante de M. Barnier.
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Écrit par : PF. Huet / | 10/07/2021
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