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28/11/2020

Avent : l'attente revécue de l'Événement inconcevable

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Noël ne devrait pas être une fête marchande. Noël ne devrait être que par surcroît une fête de la famille. Noël en soi devrait être une fête sidérante, celle du visage humain que prend le Créateur infini :


Dans ce récit de conversion (comme dans toute conversion), la quête du Visage est un Avent dans la nuit de l'existence : 

<< Sa première expérience d'une fissure pointant vers l'Eternel fut la rencontre réelle avec des visages. Le visage est l'irruption dans la matière de quelque chose de plus grand qu'elle. "Tout visage est une croix où s'enfante la personne". Les visages furent pour lui une première révélation. Pas encore la conversion au Christ, mais la découverte de l'âme et de l'infini. Par ailleurs, cette gradualité ne pouvait être que providentielle car "pour un homme grandi dans l'athéisme, il faut d'abord la révélation de l'invisible, du spirituel, de l'Esprit encore anonyme. Sinon, il ne peut même pas entendre ce que Jésus dit de lui-même".

Cette découverte du visage, de l'infiltration d'une dimension plus qu'immanente, l'entraîna à faire des recherches impressionnantes dans diverses religions comme le bouddhisme, l'hindouisme et l'islam. Et comme il arrive à tant de personnes de pays d'ancienne chrétienté, les notions de l'Evangile et du Christ sont supposées à tort connues et sont donc négligées ou du moins considérées avec suspicion et perçues comme entourées d'une fausse aura de déjà exploré, et par conséquent abandonnées... Ce qui le heurtait dans le Christ, c'était la prétention d'unir le divin et l'humain, de maintenir un équilibre qu'il était plus facile de contourner par des choix radicaux et partiaux – soit le divin, soit l'humain – qui ne vont pas jusqu'à la racine de la conjonction entre ces deux dimensions...

Mais dans le sables mouvants de ses inquiétudes, de ses incertitudes, de ses colères, du néant, il y avait une icône du Christ bénissant ("Venez, les bénis de mon Père..."), acquise auprès d'un antiquaire du boulevard Saint-Germain, et dont l'inscription grecque Ho Ôn, "Celui qui est", sapait son néant. Ce visage était là, énigmatique,mémoire d'une nostalgie qu'aucun nihilisme ne peut suffoquer : la nostalgie de l'être, d'être, et de ne pas être seul. Face à ce visage, il ne pouvait que constater le contraste entre Bouddha et Jésus. "le visage de Bouddha est lourd d'éternité et clos sur lui-même, les yeux fermés. Comme dissous dans sa propre sphéricité... Le visage de Jésus est léger d'éternité. Toujours ouvert : une différence, mais dans l'identité. Et ce visage était là, accueil absolu de ces yeux [...] depuis qu'ils se sont fermés sur la croix et rouverts à l'aube de Pâques."

Ce qui caractérise cette conversion, c'est qu'elle n'a pas été motivée "par des instances de caractères moral [...] mais plutôt par la nécessité absolue de sortir vivant du naufrage de toutes ses certitudes et connaissances acquises. Du marais dans lequel il s'enlisait, il a inconsciemment appelé à l'aide. Quelqu'un a entendu ce cri et est venu à son secours. Et à partir de ce moment, sa vie, qui n'était plus abandonnée à la solitude de l'angoisse et du néant, s'est ouverte pour accueillir la présence d'un Visage..." >>

 

Robert Cheaib, Au-delà de la mort de Dieu (Salvator 2019)

Robert Cheaib enseigne à la Grégorienne à Rome. La conversion dont il parle ici (et les citations intérieures entre guillemets) sont celles d'Olivier Clément – sauf la dernière citation qui est de Giorgio Garonne (Dal buio la luce, Edizioni Paoline 2015)

 

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17:03 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Tags : avent, noël, christ