22/11/2020
La vraie dimension de la royauté du Christ
Ne pas détourner de son sens la fête du Christ 'Roi de l'univers' :
Cette fête, qui clôt le cycle liturgique, vient cette année en pleine agitation identitaire parmi les catholiques français… Profitant du trouble créé par la suspension provisoire des messes du dimanche, un certain réseau politique cherche à dresser les fidèles contre l’épiscopat. Hier soir, M. Zemmour, star agnostique de l’ultradroite, accuse les évêques de trahir en ne prêchant pas de braver les mesures sanitaires, donc en “n’évangélisant pas” (dans le langage de ce milieu, “évangéliser” signifie montrer ses muscles). Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, des admirateurs cathos de M. Zemmour déclarent qu’il faut manifester devant les églises pour “ne pas se laisser évincer de l’espace public” (sic). Tout ça devient une affaire de communautarisme. Acharnés à exiger des privilèges, quitte à scandaliser le peuple des non-croyants parmi lequel ils vivent, de perpétuels agités mettent cette fois leur agitation sous le signe du Christ Roi dont ce dimanche est la célébration.
Mais cette fête en réalité n’est pas celle d’une tribu de “purs” et de “séparés” (perouschîm en hébreu : les “pharisiens”) rivés à la défense de leurs “droits” ! Ni la royauté du Christ ni les devoirs qu’elle nous donne n’ont rien à voir avec cela. C’est ce que proclame l’évangile de ce dimanche, en des termes clairs et formels, Matthieu 25.31-46 :
« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Et le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Alors il dira à ceux qui seront à gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. » Alors ils répondront, eux aussi : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? » Il leur répondra : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. » Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
C'est clair. Le Christ commande un dévouement concret immédiat. Il fixe à notre salut des critères “tous plus simples les uns que les autres”, dit un auteur spirituel : “donner à manger, à boire, offrir des vêtements ou une bonne parole, apporter du réconfort et du soulagement. Quoi de plus simple face à l’enjeu d’éternité ?”
Tout est lié : de la Trinité infinie créatrice au Fils en nous, qui est la Voie ; et à notre fraternité quotidienne avec autrui, par quoi nous suivons la Voie…
Ce qui s’écarte de ce devoir de fraternité est un contre-témoignage : donc le contraire de l’évangélisation. Il n’est pas difficile de comprendre que c’est le cas de l’arrogance récriminatrice, avec son exigence de passe-droit pour “nous autres” ! Mais les catholiques croyants savent que l’Evangile est à prendre plus au sérieux.
10:42 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jésus-christ, catholiques
Commentaires
NOTRE FOI
Oui cher Patrice :
Notre Foi n est pas coupé de nos frères
Nous serons jugés sur nos actes
Les uns seront sauvés grâce à leurs actes.
Les autres seront punis à cause de leurs actes.
C est la base de notre Foi
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Écrit par : Phil / | 22/11/2020
WALLABAG
> Merci beaucoup pour votre article.
Il vient de rejoindre le wallabag de mon smartphone:
https://wallabag.org/fr
fabriqué par un petit artisan informaticien français auprès duquel j'achète le service tous les ans.
Cela me permettra de le lire et de le relire pour m'en inspirer profondément pour répondre à ces "agitateurs".
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Écrit par : PierreO / | 22/11/2020
LES ARROGANTS
> M. Zemmour peut parfaitement dire ce qu'il veut en fonction de ses choix politiques et idéologiques ; ce qui est plus inquiétant c'est que des catholiques qui l'admirent pour son franc-parler se laissent aller à des revendications catégorielles arrogantes et à des positions idéologiques au nom de "Christus vincit" qui n'ont rien d'évangélique et qui sont des contre-témoignages.
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Écrit par : Michel de Guibert | 22/11/2020
ROI D'HUMILITÉ
> Comment ne pas voir, en relisant Mt 25,31-46, que Jésus se montre Roi d'humilité! Il est "dans sa gloire" et il parle des "plus petits". Non sur un ton protecteur, mais pour s'identifier à eux (ou les identifier à lui).
Cela fait près de deux millénaires que l'Eglise prend soin des malheureux: elle a inventé les orphelinats, les hospices, les hôpitaux. Et le texte qui fonde tout cela et qui revient sans relâche, de génération en génération, c'est toujours, justement, Mt 25,31-46.
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 22/11/2020
SERVITEURS DES PAUVRES
> Je me rappelle les tags délirants, il y a 20 ans, sur le mur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève dans le Quartier latin : "Oportet Illum regnare"... On pardonnait aux chartistes leur fougueuse jeunesse.
Plus sérieusement, en effet, le prêtre qui célébrait ce matin la messe en ligne depuis la Domus Emmanuel à Paris, a terminé en s'adressant aux jeunes, pour rappeler que 'nous ne sommes pas chrétiens pour aller à la messe, mais que c'est l'inverse : nous allons à la messe pour vivre en chrétiens pendant la semaine, dans le service de nos frères humains'. Nous devons être des serviteurs concrets des pauvres, comme le Roi de l'univers.
https://play.emmanuel.info/emissions/28583/
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Écrit par : Alex / | 22/11/2020
TOUJOURS LE SAPIN
> https://fr.aleteia.org/cp1/2020/12/17/creche-sapin-buche-quelles-sont-les-origines-des-traditions-de-noel/
Aleteia propose une lecture différente de l'arbre de Noël : "Au XIe siècle, pendant l’Avent, le sapin orne souvent les églises lorsque sont joués les mystères : scènes religieuses et populaires. Quand ces scènes ont pour thème la faute originelle, il est même décoré de pommes rouges et d’hosties (non consacrées). Les pommes symbolisent la faute d’Adam, les hosties le rachat par le Christ."
PV
[ PP à PV – "Ornent souvent les églises... dans les pays à sapins. Mais nullement dans les autres ! En France, l'identification "Noël = sapin" ne remonte pas plus haut que le XIXe siècle. Ce que reconnaît d'ailleurs la petite note d'Aleteia. Qui rappelle d'ailleurs qu'au XVIe siècle le culte du sapin a été répandu par les luthériens en haine de la crèche ("papiste") ! Et c'est par le sapin que le paganisme hitlérien a annexé la fête à la germanolâtrie d'Etat... Enfin la note d'Aleteia contient une sacrée bourde au sujet des arbres de Genèse 2-3 : cpnfondre "l'arbre de la connaissance du bien et du mal" et "l'arbre de vie" !
Invoquer la légende dorée (comme le font diverses publications catholiques françaises ces temps-ci) ne sert en tous domaines qu'à se rassurer. Et notamment à se dissimuler l'absurdité d'un culte du sapin découronné aujourd'hui de toute symbolique et devenu commercial, tandis que Noël devenait une grosse teuf comme les autres grosses teufs... Mais les notables cathos en France sont très forts pour refuser de voir ce genre de réalités. Les mêmes, il y a dix ans encore, nous expliquaient que l'UE était au-dessus de toute critique "puisque son drapeau était la couronne de la Vierge" ! Avec ça on pouvait fermer les yeux sur les réalités de la gouvernance bruxelloise. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/12/2020
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