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08/01/2020

Charlie Hebdo et "la censure" (l'imam et l'évêque ? les internautes ? la maire de Paris ?)

charlie hebdo

Cinq ans après l'attentat, le rédacteur en chef de Charlie incrimine "les censures". De quoi s'agit-il ? Réflexions dans ma chronique de Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Mayenne :


http://www.radiopresence.com/IMG/mp3/08012020_chroeco_airtemps.mp3

 

<<  Le 7 janvier 2015, deux jeunes islamistes massacraient la rédaction du journal polémiste Charlie Hebdo. Une émotion nationale se manifestait alors : mais au-delà de la compassion envers les morts et leurs familles, que nous avons tous ressentie, le sens de cette unanimité n’était pas évident.

Pas plus évident d’ailleurs que la philosophie de Charlie Hebdo, comme on le constate cinq ans après en écoutant son rédacteur en chef actuel, le dessinateur Riss, interviewé un peu partout pour l’anniversaire de l’attentat...

Riss nous explique que le combat de Charlie Hebdo n’est pas seulement contre l’islamisme mais "contre les censures". C’est l’argument de tous les satiristes et pamphlétaires depuis le XIXe siècle. Mais peut-on suivre Riss et son journal quand ils s’acharnent à dénoncer (en tant que "censeurs") l’imam islamiste et l’évêque catholique ? Cet amalgame ne tient pas debout : même islamiste, l’imam n’est pas un censeur puisqu’il n’est pas au pouvoir en France. Quant à l’évêque, l’idée qu’il ait le moindre pouvoir social, ici, aujourd’hui, est un anachronisme pathétique : informons Charlie Hebdo que le millésime est 2020, pas 1820.

Autre chose. Que Riss me pardonne, mais il n’est pas plus pertinent quand il se plaint – hier matin à France Info – d’une "nouvelle censure" : celle qu’exercent, selon lui, des milliers d’internautes à travers Twitter, Facebook etc, en insultant et en prétendant faire taire ceux qui ne pensent pas comme eux. Non, Riss, ça non plus ce n’est pas une censure : ça ne vient pas du pouvoir légal mais de personnes privées, qui ne supportent pas d’autres opinions que la leur ou celle de leur petit milieu.

Or cet enfermement dans des bulles d’opinion, que l’on appelle à tort "communautés", est un phénomène caractéristique de la société dans laquelle nous entrons : une société où chacun se croit menacé par ce qui ne lui ressemble pas.

Est-ce à force d’entendre la publicité commerciale nous répéter qu’il faut acheter ceci ou cela parce que « ça vous ressemble » ? On peut se le demander, mais n’insistons pas.

Donnons en tout cas raison à Riss sur un point : il admet que lorsque la maire de Paris prétend interdire des affiches célébrant la paternité et la maternité, c’est une censure. Précisons : une VRAIE censure. Parce que la mairie de Paris est une puissance publique, une autorité. Et qu’elle en abuse pour imposer une certaine idéologie : ce qui est illégitime. Bravo à Riss de l’avoir reconnu...  >>

 

 

charlie hebdo

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10:44 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : charlie hebdo

Commentaires

HIDALGO

> Toutes les voix étant bonnes à prendre, à deux mois des municipales… Quand elle ne joue pas les censeurs, Anne Hidalgo fait savoir aux autorités ecclésiastiques parisiennes combien elle serait heureuse d'être associée à la Sainte-Geneviève 2020 – qui célèbre les 1600 ans de la naissance de sainte Geneviève, patronne de Paris.
De fait, la prière officiellement retenue par l'archevêque pour ces 1600 ans parle de la maire de Paris (à défaut de mentionner les familles, ce qui est bien regrettable mais ne dérangera guère notre édile pourfendeuse de la campagne d'Alliance Vita)…
Prions donc avec sainte Geneviève pour la conversion d'Anne Hidalgo !
« Sainte Geneviève, écoute favorablement nos prières. En nous tournant vers toi, nous nous souvenons de tous les bienfaits que depuis seize siècles, tu n’as cessé d’obtenir de Dieu en faveur de ceux qui t’implorent. Aujourd’hui, de nouveau, nous en appelons à ta puissante intercession. Veille sur notre Ville Capitale et tous ses habitants. Conduis à Dieu tous ceux qui le cherchent sans le savoir. Soutiens les hommes et les femmes qui ont la belle mission de gérer les affaires publiques. Transmets-leur la lumière pour éclairer leur conscience, qu’ils soient de dignes serviteurs du bien commun. Penche-toi sur les hommes et les femmes désabusés par la vie, les malades et les mourants, qu’ils trouvent sur leur chemin aide et secours. Donne-nous ton regard généreux pour nourrir les affamés, protéger les faibles et secourir les exilés. Toi, la femme énergique qui n’a pas eu peur de t’engager, soutiens les nombreux jeunes et étudiants qui cherchent à bâtir leur vie durablement. Fais grandir en nous l’amour de l’Église dans laquelle tu as consacré ta vie et que tu ne cessas de servir. Que cette année anniversaire dans notre diocèse fasse rayonner dans Paris la joie de l’Évangile. Sainte Geneviève, nous t’en supplions, prie Dieu pour nous, par Jésus le Christ, dans l’Esprit. Amen ! »

Denis


[ PP à Denis – Où est la ligne de partage entre l'espérance chrétienne et le 'wishful thinking' ? Délicat problème de discernement qui se pose depuis deux mille ans, dans les rapports entre l'Eglise et les puissances publiques successives...
Reste que Mme Hidalgo s'est bien comportée lors de l'incendie de Notre-Dame.]

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Écrit par : Denis / | 08/01/2020

DISCUSSION

> D’accord à une nuance près : il y a une censure dans notre pays de la critique de l’islam. Elle n’est pas aussi visible que celle de la mairie de Paris sur les affiches Alliance Vita, mais elle existe, plus diffuse, et très efficace. Quelques exemples, parmi des centaines :
- le black-out dans tous les médias mainstream sur le résultat des recherches scientifiques sur les débuts de l’islam, qui invalident totalement la thèse musulmane qui est pourtant reprise dans les manuels scolaires (cf la réponse d’Olaf à votre publication sur le « Coran des historiens »)
- la violence des réactions au livre de S Gouguenheim : même si ce livre pouvait avoir ses limites , il invalide la thèse officielle farfelue de la transmission des écrits antiques « grâce à l’islam » et c’est pour cela qu’il était attaqué
- des qu’un attentat est commis par un islamiste, on parle de déséquilibré pour ne pas faire le lien avec l’islam
...
Du coup seules des critiques hystériques émergent dans les médias mainstream, celles de Charlie, celles aussi de Zemmour qui mélange musulmans et islam. Défaites successives de l’intelligence , car il ne faut plus rien discriminer, ce qui est précisément la base de tout raisonnement.

Ludovic


( PP à Ludovic – Le problème du livre de Gouguenheim, présenté comme une enquête historique, est justement la faiblesse (pour ne pas dire plus) de cette enquête.
Le livre pèche dès son titre :"Aristote au Mont Saint-Michel", alors que le traducteur Jacques de Venise n'a jamais mis les pieds au Mont ! Tous les spécialistes de l'histoire montoise, notamment les conservateurs de la bibliothèque des manuscrits à Avranches, vous le diront...
Ce qui est en revanche prouvé, ce sont les relations entre le scriptorium du Mont et les scientifiques de l'Espagne musulmane...
La réalité est toujours complexe.
A part ça vous avez raison sur le refoulement-réflexe qui sévit dans la classe politico-médiatique. Réflexe à base de peur et d'ignorance : ce milieu, allergique à ce qu'il appelle
"les dogmes et les grands mots", est incapable d'étudier le contenu d'une religion. ]

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Écrit par : Ludovic / | 08/01/2020

AUTOCENSURE ET... CENSURE

> L'autocensure est un autre versant, à mon sens beaucoup plus redoutable parce qu'intériorisé et parfois inconscientisé, du totalitarisme soft de nos libéralismes.
Or ses mécanismes sont à l'oeuvre autant chez certains qui hurlent à la censure pour Alliance Vita que chez les pro Hidalgo.
En effet j'en vois découvrir avec indignation que nous ne sommes plus au pays de la liberté, alors que de nombreux signaux sont au rouge depuis des années, et qu'avant celle-ci d'autres campagnes médiatiques ont été interdites.
Oui, mais ce n'étaient pas des thématiques catholiques conservatrices, ce n'était pas des marques de "cathophobie".
Or, tout comme bien d'autres lobbies, ces milieux catholiques ne voient que par la défense de leur pré carré, et tout autre leur parait concurrentiel: au mieux à ignorer, au pire à combattre. Quand il s'agit du même exercice de la liberté.
Dès lors on a beau leur donner des cas concrets, manifestes, de censures antérieures à celle-ci, ils n'en retiennent rien, l'autocensure intériorisée du milieu les faisant regarder ailleurs. "Ce qui n'est pas censure contre mon petit monde n'est pas censure."
Et certes c'est infiniment plus confortable de voir les choses avec de telles oeillères.
Mais ce faisant ils s'empêchent de voir ce qui se joue, et vont aller chercher comme dans la fable de La Fontaine du côté d'un Raminagrobis des Bernardins un soutien de préséance, au rebours de la plus élémentaire des prudences.
Et je ne parle même pas de la moralité de la démarche: chercher la protection du puissant au lieu de s'allier aux faibles est un choix dont ils auront à rendre compte au Ciel, peut-être même dès ici-bas.

AJ


[ PP à AJ – Vous avez raison en ce qui concerne un certain milieu libéral-conservateur doublement aveugle.
Mais, de l'autre côté, l'acte de Mme Hidalgo était objectivement un abus de pouvoir : une "censure", au sens le plus littéralement XIXe siècle du terme ! Les faits sont les faits, quelles que soient les psychologies et les intentions. Plus on occupe un poste d'autorité, plus lourde est la responsabilité envers la société. Sous cet angle objectif, les grands notables méritent plus de sévérité que les simples particuliers.
Penser cela ne fait pas de nous des amis des salons réacs : lisez par exemple cette sévère chronique de Sonia Devillers (France Inter) ;
https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-m/l-edito-m-06-janvier-2020?fbclid=IwAR0cIj3y0YHvOYDElGfH7KMtfoesQYhbyiZ1M7nCw9DXOY3nSPEiH5zuQyE
C'est significatif. ]

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Écrit par : Anne Josnin / | 09/01/2020

GOUGUENHEIM ET LE MONT

> Le livre de S Gouguenheim dit de nombreuses évidences, en particulier que la culture musulmane n'a pas intégré mais rejetté la culture grecque, que les traduction en arabe était faite par des chrétiens, que la transmission s'est faite aussi par les liens avec Byzance, et en particulier lorsque les chrétiens ont fui l'empire ottoman, que les carolingiens ont cherché à sauvé l'héritage grecque et romain...
Qu'il y ait dans cette somme une erreur dans cette synthèse, est peu d'importance. C'est seulement une erreur sur laquelle se précipitent tous ceux qui veulent discréditer la thèse globale, qui est très claire, et dont l'évidence même éclate aujourd'hui par la simple observation que la culture islamique n'a rien retenu du monde hellénique et romain.
On comprend les raisons de ceux qui ne veulent pas voir la réalité, celle d'honorer l'islam afin de contribuer à la bonne entente au sein du territoire. Malheureusement, on ne construira pas la bonne entente sur un tel mensonge, au contraire je pense que nous devons à nos frères musulmans autant l'annonce de la Vérité que la Charité.

Ludovic


[ PP à Ludovic – Entre 1. gonfler démesurément le rôle des savants et des lettrés musulmans, et 2. nier cette part de rôle pourtant avérée, il y a une sérieuse marge.
L'histoire des historiens est une discipline de la complexité. Elle est incompatible avec les déformations idéologiques quelles qu'elles soient.
Quant à "l'erreur" sur Jacques de Venise, ce n'est pas un point de détail : elle invalide le titre même de l'ouvrage... Ce titre aurait pu être celui d'un roman historicp-michaélien (un de plus) ; il est gênant de la part d'une enquête. ]

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Écrit par : Ludovic / | 09/01/2020

@ PP:

> "l'acte de Mme Hidalgo était objectivement un abus de pouvoir : une "censure", au sens le plus littéralement XIXe siècle du terme": je souscris complètement!
Hélas elle n'est ni la seule ni la première.
Dans un autre genre, chez nous un maire a fait interdire la distribution de tracts pendant le marché du samedi matin, sauf si après demande faite en mairie autorisation est donnée.
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/01/2020

SALAMÉ

> https://www.nouvelobs.com/medias/20200109.OBS23236/la-malle-pas-la-malle-les-internautes-raillent-l-interview-de-carlos-ghosn-par-lea-salame.html

Mme Salamé aurait peut-être dû pratiquer un peu d'autocensure en interrogeant un homme qui fait toujours l'objet d'une notice rouge d'Interpol et à qui la justice libanaise vient d'interdire de quitter le pays.
Je partage l'idée exprimée dans cet article : celle d'une connivence entre membres d'un même milieu. Non, les enfants du monde entier ne voient pas en M. Ghosn "l’homme qui a voyagé dans la malle" : toujours cette tentation de tout voir comme 'fun'.
Certes, la journaliste lui a également demandé si ça ne lui faisait rien d'être un "fugitif", mais que de politesse et de décontraction à son égard !
Peut-être la réponse est-elle à trouver dans le drapeau libanais posé à dessein entre les deux interlocuteurs : les amis de mes amis sont mes amis !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/01/2020

TOUJOURS LA QUESTION

> Sur la transmission des texte, je ne vois nulle preuve que les savants musulmans ait joué un rôle décisif. C'est bien là le sujet.
Quand on raisonne avec simplicité et bon sens, donc sans idéologie, on voit bien que le phénomène principal est que le pouvoir musulman s'est étendu sur des régions où la culture grecque était forte. Alors forcément que la culture grecque s'est transmise depuis ces régions. Personne ne le nie.
Mais l'idée reçue qui a été bâtie sur cette réalité est qu'elles se sont transmises via l'islam. Alors que c'est majoritairement via des lettrés non musulmans de ces régions. Si certains musulmans comme Averroes ont été influencés du coup par les penseurs grecs, il ne faut pas oublier non plus qu'il étaient en marge de leurs propres coreligionnaires et on finalement eu plus d'influence dans la sphère juive ou chrétienne.
Quel retournement vous avouerez !

Ludovic


[ PP àLudovic – Je n'avouerai rien de ce genre, parce que cette thèse est très excessive...
– Le politiquement-correct édicte : "Nous devons tout aux savants de l'islam médiéval". C'est une aberration.
– L'anti-correct contre-édicte : "Nous ne devons rien aux savants de l'islam, qui d'ailleurs n'ont pas existé." C'est une autre aberration !
Si les savants musulmans n'ont pas existé et si la culture de l'Occident médiéval ne leur doit rien – affirmation d'ailleurs contredite par les intellectuels médiévaux eux-mêmes –, veuillez me dire pourquoi le manuscrit 235 (milieu du XIIe siècle) du scriptorium bénédictin du Mont Saint-Michel rend nommément hommage à un astronome musulman, Halaf inbn al-Muad, dont il recopie la 'Table des Sept Climats' (= latitudes) : document traduit de l'arabe en latin à Tolède et transmis au Mont – via le réseau des abbayes – par l'archevêque de Tolède et primat de Castille qui est alors un bénédictin ?
Le même manuscrit 235 contient la descrption du "ghatika-yanta" (technique indienne de mesure du temps) et d'un procédé chinois de mesure de la hauteur venu du 'Livre des Calculs' de Lieou Houei : deux documents connus en Occident via les savants persans (musulmans par définition).
Il faut admettre que les intellectuels médiévaux étaient ouverts aux circuits de connaissance du reste du monde connu : c'est une justice à rendre au Moyen-Âge, et c'est simplement la vérité historique.
Cela n'enlève rien (dans un domaine non pas astronomique ou physique mais philosophique) aux mérites des Italiens Jacques de Venise, Anselme ou Lanfranc ; ni à l'information selon laquelle Aristote fut également traduit du grec au latin.
Information qui ne date d'ailleurs pas du livre récent de Gouguenheim, mais d'une publication de Lorenzo Minio-Paluello (1952).

PS - Tenir compte des travaux des historiens n'est contraire ni à la "simplicité", ni au "bon sens", cher ami. ]

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Écrit par : Ludovic / | 10/01/2020

à Ludovic

> Sur le très important apport arabo-persan en matière d'astronomie, il suffit de consulter Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Astronomie_arabe#Occident_m%C3%A9di%C3%A9val
Je ne vois pas ce qu'on gagnerait - à part une réputation d'obscurantistes – en niant des données aussi considérables... et aussi avérées.
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Écrit par : D. Mehrlicht / | 10/01/2020

VULGATE

> Ce que je dis est que la vulgate politiquement correcte ne tient pas. Nous sommes d'accord et c'est bien le point principal. Pourtant cette vulgate tient le haut du pavé et quasiment personne ne dit l'inverse.
Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas eu d'échange et encore moins qu'il n'y ait pas eu de savant dans la sphère islamique du moyen-âge. Seulement que l'apport des musulmans reste négligeable dans la transmission de la culture grecque et latine à l'occident.
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Écrit par : Ludovic | 10/01/2020

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