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17/10/2019

Cacophonie officielle dans l'affaire du voile

islamisme

Les déclarations de la "maman voilée" (au Collectif contre l'islamophobie) montrent comment les militants islamistes exploitent les âneries de leurs prétendus opposants... pendant que la classe politique sombre dans la confusion :


https://www.islamophobie.net/2019/10/15/entretien-exclusif-avec-fatima-e-je-ne-voulais-pas-craquer-devant-les-enfants/ : lamaman voilée” parle... au “Collectif contre l’islamophobie”, qui est un groupe de pression idéologique.

Des déclarations de cette dame, deux phrases se détachent :

L’une, “ils ont détruit ma vie”, est un élément de langage propre à toutes les victimisations. Mais ici la dame s’exprime comme si la grossièreté incompétente de M. Odoul (pourtant critiquée par tout le monde) produisait le même effet qu’un meurtre ! Cette victimisation abusive blessera les victimes de véritables attentats.

L’autre phrase est celle-ci : “Aujourd’hui j’ai une opinion négative de ce qu’on appelle la République”. La phrase a deux sens possibles : celui que lui donne le “Collectif contre l’islamophobie“, et celui que lui donneront beaucoup d’autres citoyens.

– Pour le “Collectif contre l’islamophobie“ dont l’idéologie ultralibérale cartonne du centre-gauche aux salles de rédaction, la République ferait une impression moins “négative” si elle devenait un puzzle communautariste… C’est ce que prônent les partisans d’un Etat-minimum, sous couleur de faire “éclater” on ne sait quels “discours monolithiques”.  Exemple hier matin, sous la plume du directeur d’études à l’EHESS Farhad Khoroskhavar : “Pourquoi la France est-elle davantage la cible [d’attentats individuels] que d’autres pays européens ? L’une des raisons est qu’elle promet trop dans l’intégration, alors que depuis plusieurs décennies la capacité de l’Etat de faire des citoyens à partir des individus en marge est de plus en plus affaiblie, compte tenu du recul de l’Etat-providence… Dans le reste de l’Europe, le projet de société n’est pas républicain, c’est à l’individu de faire ses preuves, il peut être marginalisé mais alors il peut vivre dans une ‘communauté’ qui n’est pas discréditée comme en France et qui donne sens à son existence”, etc [*]… Ainsi soutenue par l’Université, la maman-voilée pourra encore élever le ton sur le plan politique : “je trouve que le ministre de l’Éducation a dit quelque chose de honteux, lorsqu’il a parlé du voile”, déclarait-elle déjà au Collectif.

– Beaucoup de citoyens, en revanche, jugent que les réactions officielles à cette affaire donnent une autre sorte d’impression négative. Exemples : l’Elysée émet une vieille banalité sur “la stigmatisation”, comme si la proposition LR (étendre aux sorties de classes l’interdiction scolaire du voile) revenait à s’en prendre aux musulmans dans leur ensemble – alors que seule une petite minorité de musulmanes portent le voile wahhabite… Les ministres se contredisent, du laxisme de Mme N’Diaye à l’attitude "républicaine" de M. Blanquer (mais il ne veut pas de nouvelle loi)… Et les députés partent dans tous les sens : du communautarisme intense de M. Taché (qui incendie M. Blanquer !) à l'amendement anti-voile soutenu par Mme Bergé, aussitôt attaquée par cinq de ses collègues...  Cacophonie totale.

La réalité est pourtant facile à saisir :  parmi les musulmans de l’Hexagone, citoyens français ou non, la plupart souhaitent travailler en paix et n’ont pas de problème avec la République. Une forte minorité (environ 20 % selon les enquêtes) préfèrent la charia et le disent. Et un petit nombre de militants islamistes poussent cette minorité sur la scène publique dans l’espoir d’incidents comme celui du conseil régional de Bourgogne [*].  Objectif : prendre en main la majorité des musulmans en les persuadant que la République française est structurellement “islamophobe”…

D’où au moins la nécessité de contre-mesures républicaines, comme l’extension aux sorties scolaires de l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans les établissements : amendement nullement discriminatoire, que l’Elysée et Matignon n’ont pourtant pas osé décider jusqu’à présent.

Mais les problèmes liés à l’islam débouchent sur ceux de l'immigration, qui sont autrement vastes et complexes que les affaires de voile. Ces problèmes appelleraient un changement profond dans la conception et la conduite des affaires de la France ; changement dont est visiblement incapable la classe politique, et surtout les petits DRH cost-killers qui composent la Macronie.

__________

[*] Libération, 16/10.

[**] Incident apporté sur un plateau aux islamistes par le bourrin du RN, exigeant de la présidente qu’elle fasse ôter le voile… alors qu’aucun texte légal ne permet une telle chose : ce qu’il devrait savoir en tant qu'élu.  Il est vrai que M. Bardella, chef de file des eurodéputés RN, réclame quant à lui l’interdiction du voile partout “au nom de la laïcité qui restreint les signes religieux à la sphère privée” : ce que ne dit aucunement la loi de 1905 !  (Elle organise au contraire l’expression publique des religions).

 

 

Le bourrin de service

odoul.jpg

 

00:56 Publié dans Religions, Société | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : islamisme

Commentaires

ÉGARÉS

> Cacophonie officielle qui répond (ou qui correspond) aux réflexions égarées, tiraillées et dispersées des idéologues officieux et de la vox populi...
Ça n'est pas près de se terminer.
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Écrit par : Fondudaviation / | 16/10/2019

NON-SENS GÉNÉRALISÉ

> Ne laissons pas la société française prendre modèle sur le communautarisme nord-américain. Il n’a échappé à personne que la chambre des Représentants états-unienne a récemment autorisé l’une de ses membres de confession musulmane, Mme Ilhan Omar, à porter le voile en séance ; démocrate, elle s’est engagée sans surprise à « se battre pour les droits des LGBTQIA+ à Washington ».
Au Canada voisin, les Sikhs portent le turban à la chambre des Communes et jusqu’au sein du gouvernement de M. Trudeau.
La France n’a pas à se morceler en communautés plus ou moins claniques et refermées sur elles-mêmes, comme c’est le cas outre-Atlantique ; il n’y a qu’une seule communauté : la communauté nationale.

PV


[ PP à PV – A Londres, les Sikhs portent aussi le turban en séance à la Chambre des communes... Chaque représentation nationale est sommée de devenir internationale : contre-sens radical. Comment y aura-t-il un concert des nations quand il n'y aura plus de nations ? (stade suprême du Global Market)]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 17/10/2019

LA LOI

> Merci d'avoir dit ces choses claires. Le principe absolu de non-discrimination, et la loi de 1905 qui ignore d'ailleurs le mot "laïcité", n'autorisent pas à demander l'interdiction du voile (même dans la version grande silhouette noire) sur la scène publique c'est-à-dire dans la rue ou le métro. Tout ce que peut faire la loi républicaine actuellement est d'interdire le masque facial.
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Écrit par : Léa Pesquié / | 17/10/2019

AU MOINS

> Le gouvernement pourrait rappeler que la plupart des femmes de famille musulmane vivant et travaillant en France ne portent pas la tenue iranienne arborée par Mme Fatima pour accompagner des écoliers au conseil régional de Bourgogne.
Donc la plainte de Mme Fatima pour "incitation à la haine raciale" ne tient pas debout. Déjà parce que la République ne reconnaît pas les races. Ensuite parce que le wahhabisme ou le chiisme ou Daech ne sont pas une "race" !
Dire ça, au moins... remettrait un peu de calme...
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Écrit par : Eglantine / | 17/10/2019

UN PRÉCÉDENT ?

> Au moment de la séparation des Eglises et de l'Etat en France, certains voulaient interdire le port de l'habit religieux (comme le fit le Mexique quelques années plus tard). Finalement le gouvernement y a renoncé car la situation politique devenait de plus en plus convulsive: les inventaires tournaient à la guerre civile dans les bastions du catholicisme et l'insurrection des vignerons du midi (pour d'autres raisons) plaçait d'autres départements en quasi rébellion (l'un des préfets du Languedoc a été chassé de sa préfecture et de son département).

BH

[ PP à BH – Autre ressemblance avec la situation actuelle : en 1905, une très petite minorité d'opposants à la République (Drumont, l'Action française et d'autres groupes) ont tenté d'instrumentaliser la colère des catholiques en la détournant vers une idéologie... Mais cette tentative politique de prendre le catholicisme en otage a été mise en échec par les cardinaux et évêques, qui se sont accommodés de la loi Briand. La même chose est impossible dans l'islam sunnite qui n'a ni clergé, ni véritable organisation. ]

réponse au commentaire

Écrit par : B.H. / | 17/10/2019

"IDIOTS UTILES"

> à Rome, on fait comme les Romains.
Si l'on veut vivre comme en Arabie séoudite, on va en Arabie séoudite.
Les islamistes sont de redoutables manipulateurs, il faut être plus rusés qu'eux et ne pas leur servir d'idiots utiles comme l'a fait cet élu.
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Écrit par : E Levavasseur / | 17/10/2019

UTILE VOILE

> C'est bien utile l'affaire du voile. Voilà qui évite de parler de sujets nettement plus dérangeants, tels que l'augmentation de la pauvreté en 2018 grâce aux mesures prises par Macron, son gouvernement, et sa majorité.
Non, décidément, on ne voit pas comment on peut soutenir des gens comme ceux-là et être chrétien, sauf à fermer plus ou moins volontairement les yeux.
C'est à lire là: https://www.lefigaro.fr/conjoncture/le-taux-de-pauvrete-a-augmente-en-france-en-2018-20191016
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Écrit par : ND / | 17/10/2019

"NOS CONCITOYENS"

> Indépendamment de cette question du port de signes religieux (et singulièrement du voile) dans les sorties scolaires, je trouve que ce climat délétère de suspiçion généralisée a quelque chose d'absolument terrifiant.
S'il n'y avait que l'affaire de cet élu RN mais il y a E.Z , il y a cette affaire du questionnaire dans une université (certes retiré depuis), il y a ce journaliste Yves Thréard (directeur adjoint du Figaro) sur le plateau de LCI : "Je déteste la religion musulmane" , qui dit descendre du bus quand il voit une femme voilée.....
Non il y a des limites à ce qu'on peut tolérer.
Petit à petit on sent que ce type de paroles se libère, s'insinue dans les discours, et y compris dans des bords politiques qui ne sont pas uniquement ceux du RN, y compris , et aussi dans la tête des citoyens si on en croit les "sondages".
C'est la soçiété de "vigilance" paraît-il...
Terriblement inefficace car il est impossible juridiquement de prouver une radicalisation sur la bases de pratiques qui ne sont pas illégales ; mais en plus terrible aveu d'impuissance sur une fonction régalienne (c'est à l'Etat d'assurer la sécurité des citoyens et non aux citoyens d'assurer la sécurité de l'Etat), terrible aussi dans la libération de propos pour le pire et l'instrumentalisation que certains en font...
Ça fait peur, cette violence (soçiale, soçiétale, internationale) est très inquiétante.
Il me semble qu'il nous appartient à nous catholiques d'être des bâtisseurs de ponts et des facteurs d'apaisement. Il ne s'agit pas là de naiveté ou d'être des idiots utiles de l'islamisme comme on l'entend trop souvent dans certains milieux mais simplement de répondre à la question "Qu'as-tu fait de ton frère" et que nous ne transformions pas en Pilate qui se lavent les mains comme s'il était normal d'entendre des discours de haine et de stigmatisation.
Les musulmans sont nos concitoyens et nos frères en humanité, il n'est pas permis de dire n'importe quoi contre eux. De la même manière que tous les curés ne sont pas des pédophiles, tous les musulmans ne sont pas de dangereux islamistes ni non assimilés. Et c'est un peu ce qu'on entend en toile de fond.
Entendons-nous bien, cela ne dédouane en rien les musulmans, l'islam en général d'un travail et d'une réflexion sur la violence en son sein, tout comme cela n'en dédouane pas l'Eglise sur la question de la pédophilie.
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Écrit par : Marie-Do / | 17/10/2019

"LE TABOU"

'' Non, je vous rassure, il ne s’agit pas d’intervenir dans le débat du port du voile qui agite depuis trente ans notre pays et qui est en fait un moyen un peu névrotique, en s’attachant à un symbole, de ne pas aborder la question de fond que cette étoffe manifeste : voulons-nous vivre ensemble ou refusons-nous cette possibilité ? C’est cette question qui mérite le détour, ce choix sur lequel se joue notre vie …
Ce qui ne facilite pas la réflexion c’est évidemment le tabou qui est tombé depuis à peu près le même nombre d’années sur notre pays, tabou de la question religieuse. Aujourd’hui le simple fait de dire qu’on a la foi devient suspect. Je ne parle pas de prier, là on est pris au mieux pour un fou et au pire pour un radicalisé…
Nous sommes dans un pays formidable où n’importe qui peut à peu près dire n’importe quoi à la tribune du Parlement, comme ce député qui appelait l’autre jour de « traquer, je cite, oui je dis bien traquer les embryons porteurs d’anomalie chromosomique ». Vous avez bien entendu. Traquer, en français, cela veut dire « poursuivre le gibier en resserrant toujours le cercle que l’on fait autour de lui ».
Donc, il est loisible de dire ceci dans le lieu même de l’expression démocratique, le lieu le plus sacré du pays, et dans le même temps il devient chaque jour plus difficile d’inviter l’homme à descendre en lui-même et à chercher à rencontrer son Créateur et Père.
Il faut donc lever le voile : il nous appartient d’une manière particulière à nous, chrétiens, d’être dans la société ceux qui manifestent la paternité de Dieu en reconnaissant qu’en tout homme il y a un frère et que chaque visage, qu’il soit barbu, voilé, glabre ou décoiffé, est porteur du visage du Christ. Nous avons un devoir de recherche de la Vérité. Nous avons la vocation à nous attacher plus que tout à Celui qui est la Vérité. Non pas en y choisissant ce qui nous arrange ou nous conforte dans nos positions. Sans peur, car elle est le chemin du Salut.
C’est ainsi que nous déconstruirons les discours du méchant qui se glisse parfois dans la parole des hommes. Ce que nous voulons exprimer par la pratique de notre foi et ce que nos clochers rappellent au cœur de chaque quartier ou de chaque village, ce n’est pas d’abord pour notre propre confort ou la satisfaction de nos seuls appétits spirituels. Tout cela est vain si cette pratique, si ces églises, ne nourrissent pas le désir d’aimer davantage, quels qu’en soient les risques. C’est dans le témoignage de ce que nous sommes prêts à donner de nous-mêmes que se manifeste la vérité de notre foi. "
Mgr Benoist de Sinety (edito de la Matinale sur RCF: https://rcf.fr/la-matinale/levons-le-voile)
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Écrit par : Raphaël R. / | 17/10/2019

ISLAM

> Vous nous avez habitué à mieux sur votre blog.
Rapidement :
- Comparaison n'est pas raison : sûrement la vie de la mère a été moins détruite que celle d'autres, mais je ne pense pas que se faire humilier en public soit agréable. Que doivent penser alors les femmes voilées ayant perdu leur proche voilée lors de l'attentat de Nice et qui se sont faite stigmatiser lors de leur recueillement ? Double peine ! On se demande après qui fait de la compétition victimaire ?
- Sur le "voile wahhabite" : le voile est explicitement mentionné dans les textes des quatre écoles de droit sunnite, pratiquée tant par des soufis que par des wahhabites en effet. Toute femme voilée n'est pas wahhabite. Historiquement le voile a toujours été porté en terre d'Islam, avant la colonisation en tout cas.
On entend aussi des idioties sur la couleur du voile : il serait l'apanage des wahhabites, car saoudien. Même erreur : si le wahhabisme a bel et bien une origine saoudienne, la mode du voile noir lui est antérieure.
Comme je vous aime bien je vous en narre l'origine : un vendeur de voile en Arabie, qui n'arrivait pas à écouler son stock de voiles noirs, avait un ami doué en poésie. Il lui parla de son problème. L'ami lui rédigea un poème, faisant l'éloge d'une femme au voile noir, qui eu tellement de succès que le marchand vendit tout son stock.
Le poème chanté par un cador de la musique arabe : https://m.youtube.com/watch?fbclid=IwAR39Y3iwYVh3bFm4TUYjRUOR7PDV5iA1y6pZyZk4sGC255eb7-lv8Cagxls&feature=youtu.be&v=3okA2uORbes
- Vous semblez avoir une dent contre les universitaires. Pourtant leurs travaux font l'objet de remises en question (c'est leur métier) et empêche tout dogmatisme "ultralibéral". Cela fait quelque temps que je remarque une imperméabilité de votre part aux études sociologiques (notamment le terme " racisé", qui fait consensus, tout comme le réchauffement climatique d'ailleurs ;-)) : pourtant la notion de système montre des résultats. Bien sûr il existe des excès. Mais l'homme est un "animal social". Dommage de vous priver d'un tel angle d'analyse.
- Vous dites que la France n'est pas " islamophobe". Je trouve intéressant de remarquer qu'elle a été volontiers "islamophile", se revendiquant par le passé comme la première puissance islamique mondiale. Le divorce entre la France et l'islam semble difficile...
Bien à vous.

AB


[ PP à AB – Je n'ai aucune "dent contre les universitaires", bien au contraire ! (N'avez-vous rien lu ici sur les travaux, par exemple, de Chapoutot sur le IIIe Reich ou de Salamito sur le christianisme ancien) ?
Mais un concept militant (le "racisé") n'est PAS un terme de sociologie scientifique universitaire. Même si des militant(e)s armé(e)s de ce concept prennent pied dans l'université... ]

réponse au commentaire

Écrit par : AB / | 17/10/2019

LES IMAMS ET LES HÂBLEURS

> Est-ce que cependant il serait possible d'introduire une attention particulière aux femmes, aux enfants et aux plus pauvres ? Doit-on s'étonner qu'une femme, simple citoyenne, n'a pas la parole publique facile, le verbe haut comme le conseiller régional en question ou bien les commentateurs publiques (à la télé et sur ce blog par ex)?
Évidemment que sa "parole" est récupérée...
Pendant ce temps des imams fanatisés continuent leur discours, pendant ce temps, nous continuons à vendre des armes à l'Arabie Saoudite...
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Écrit par : Antoine R. / | 17/10/2019

MESSAGE VIOLENT

> D'accord avec vous. Et pourtant, ces grandes silhouettes voilées de la tête au pied sont vraiment inquiétantes. Chez nous, ce sont de toutes jeunes filles de 14 ou 15 ans qu'on voit ainsi, dès la sortie du collège, se voiler jusqu'à l'os, tout en noir ou tout en grisouille ou en beigeâtre. On sent bien qu'il faut faire quelque chose, qu'on ne peut pas laisser le fanatisme s'installer ainsi.
À titre personnel, je refuse que mes enfants (filles et garçons) puissent croire une seule seconde qu'une femme doive s'attifer ainsi pour être respectée, et je crois que je refuserais que mes enfants participent à une sortie scolaire dans ce cas.
Le message de ce vêtement est d'une incroyable violence pour nous toutes. Cette photo fait passer cette femme endoctrinée et violente symboliquement vis-à-vis des autres femmes pour une Madone, c'est accablant (mais c'était prévisible). Par ailleurs le gamin doit vraiment être triste, et fait peine (il sera sans doute aussi fanatisé que ses parents, autre point d'inquiétude, et ce indépendamment de l'événement qui nous occupe).
La situation ne devient pas explosive cependant, contrairement à ce qui est dit partout. Je n'ai jamais vu de propos ou d'acte islamophobe dans les transports en commun. Pas même des interpellations citoyennes comme "mais comment pouvez-vous vous habiller ainsi ?".
______

Écrit par : Maud / | 18/10/2019

RÉFLEXIONS

> Mais de quoi le voile est-il le signe ? Se déclarant "islamique" ce voile fait directement référence à une pratique cultuelle (il s'agit donc d'un habit ou d'un accessoire vestimentaire religieux) qui opère en tout premier lieu une séparation (une démarcation) claire et ostentatoire entre l'homme musulman et la femme musulmane sous le regard du dieu unique de l'Islam (j'emploie volontairement cette expression car je ne confond pas dans un syncrétisme bonhomme la révélation islamique et la révélation judéo-chrétienne même si les musulmans se réclament d'une "tradition abrahamique").
Il ne m'appartient pas de juger s'il s'agit effectivement d'une pratique cultuelle ou bien simplement culturelle, c'est aux instances représentatives de l'Islam en France de se prononcer solennellement sur cette question, faisant là un acte fondateur de leur légitimité à pouvoir parler au nom de tous les musulmans, français ou non, et souhaitant exercer leur culte sur le territoire français (une compétence territoriale autoproclamée mais qui serait hautement souhaitable !).
En opérant dans l'espace public de la citoyenneté et des civilités, le port de cet habit religieux (déclaré comme tel jusqu'à preuve du contraire par celles qui le portent) concerne également l'état républicain au titre de la loi de 1905 en son article 1er : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après (les articles suivants) dans l'intérêt de l'ordre public".
En indiquant cela, la question évidente est : le port du voile comme habit religieux est-il susceptible (objectivement) de porter atteinte à l'ordre public par exemple en contravention ou infraction à la loi ? Consiste-il en une tentative de porter atteinte à un ordre public dans un registre d'opposition manifeste et de rejet culturel radical de règles (établies par les us, coutumes et les mœurs) régissant ce qui sera considéré décent ou inconvenant dans les rapports entre les personnes ou pour elles-mêmes (identitaire) et cela bien en amont de toute règle juridique, de lois ou de normes morales, ou bien d'injonctions religieuses ?
On entend beaucoup parler de "culture" ou bien de "civilisation" (pour évoquer de manière chic les éventuels chocs ou les dialogues) mais je crois que cela se situe à un niveau bien plus trivial : celui des mœurs et des "lieux communs" qui constituent le "tissu" même de ce "vivre ensemble" dont on nous rabâche les oreilles sans chercher à vouloir le nommer pour ce qu'il est vraiment.
Alain Bihr indique (http://www.revue-interrogations.org/La-civilisation-des-moeurs-selon) "Les exigences de la civilité se fondent évidemment sur la nécessité pour les individus, dans leurs différents milieux d’appartenance, de se conformer aux règles qui y ont cours pour s’y faire reconnaître et apprécier, plus fondamentalement pour y conserver droit de cité [...]leur non respect suscitant au contraire ordinairement malaise, de l’embarras au dégoût, honte et culpabilité, peur et angoisse". Il s'agit donc bien là d'une pratique cultuelle qui, n'enfreignant directement aucune loi, provoque une réaction de phobie envers quiconque s'affranchirait de ces "règles" de civilité (de civilisation ?) qui prévalent en un lieu, en un temps et dans une communauté à savoir ici la communauté nationale sur le territoire métropolitain français au début du XXIème siècle.
À la vérité, la question qui fâche et que personne ne veut vraiment poser (en se plaçant sciemment au niveau du dialogue des cultures et des civilisations) est : sommes-nous légitimement fondés à imposer nos mœurs, us et coutumes à toute personne souhaitant s'établir durablement sur le territoire français ? On ne la pose pas car la réponse (qui serait disqualifiée de phobique) est déjà connue et que nos élites (mondialisées par le capitalisme néolibéral) qui ont d'autres mœurs, us et coutumes que le commun, n'en veulent pas. Et pourtant le vieil adage dit "à Rome, fait comme les romains".
Dans sa Constitution, la Ve République précise que "la France est une République laïque" et son Conseil constitutionnel en a précisé le sens en déclarant que cela "interdit à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers." Dans l'affaire qui suscite autant de débat (de dialogues de sourds en fait), je suis fondé à croire qu'il s'agit bien de cela : d'une relation entre un particulier (cette mère de famille voilée) et l'école de la République.
Il n'y a donc pour moi aucun empêchement légal et même moral à ce qu'une charte, ou bien un règlement intérieur, précise que pour un accompagnateur scolaire (qui accompagne non pas son seul enfant mais bien un groupe sous l'autorité d'un enseignant) une exigence de neutralité s'impose à lui comme à tout agent d'un service public et que le fait de mentionner que "de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses" n'est pas un outrage ou une violation de leur liberté de conscience ou bien d'une discrimination (ce qui est un comble s'agissant d'un voile !).
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Écrit par : J-Luc / | 18/10/2019

À L'AMÉRICAINE

> https://www.nouvelobs.com/societe/20191018.OBS19977/l-argument-surprenant-de-brune-poirson-pour-defendre-les-merites-du-zero-dechet.html

Dans le même chapitre du 'politiquement correct', cet article de 'L'Obs' qu'il faudra m'expliquer. Je n'ai aucune sympathie particulière pour Mme Poirson, mais en quoi affirmer qu'une « mère de famille fabrique sa lessive, des éponges et beaucoup de choses avec ses enfants » est-il maladroit car, selon certaines personnes, de nature misogyne ?
Glisse-t-on progressivement vers une société à l'américaine où toute parole publique doit être savamment calibrée pour ne heurter personne ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/10/2019

à AB :

> https://youtu.be/a5156UIcGKI
À propos du voile, cette vidéo dans laquelle Claude Hagège rappelle que, dans le Coran, "le Prophète ne parle que de façon très modérée du voile : il dit 'les femmes doivent porter un voile pour cacher leurs atours sauf aux gens de leur famille'. C'est tout ce qu'il dit. Ensuite, ça a été naturellement glosé."
Le Coran n'appelle pas les femmes à se voiler de la tête aux pieds ; pour ce qui est du droit musulman, c'est autre chose mais, comme le précise Hagège, ce droit n'est pas strictement d'ordre coranique.
J'ajoute que la reine Rania de Jordanie, quoique musulmane, ne porte pas le voile, ou plutôt elle ne le porte que devant... le pape ! Elle affirmait en 2007 que "l’islam n’impose ni d’être pratiquant, ni de s’habiller d’une manière ou d’une autre. Imposer le voile à une femme est donc contraire aux principes de l’islam.” La shahbanou Sarah Pahlavi, musulmane chiite, ne portait pas le voile du temps du shah ; elle ne le porte pas davantage aujourd'hui.
Voilà qui relativise certaines choses, me semble-t-il.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/10/2019

LE VOILE ET LES LIBÉRAUX

> Le problème posé par le voile se voit en particulier par la réaction de l'enfant de cette dame. Pour lui, habitué à voir sa mère voilée, c'est le port du voile qui est normal et son rejet qui est anormal. Toute critique du voile lui paraît comme une agression injuste. Cela le marquera pour toujours, même s'il prend des distances, et empêchera son intégration sociale. Le voile ne pose donc pas seulement problème pour la femme qui le porte.
De plus, l'instrumentalisation de cet enfant par sa mère et pas le CCIF est terrible. Personne n'ose le dire. Il ne s'agit pas seulement d'un problème de "vivre ensemble" ou d'ouverture à l'autre. Il s'agit de vouloir ou non faire société. C'est pourquoi les ultra-libéraux sont peu gênés par le voile.

Guadet


[ PP à Guadet – En effet : pour ceux qui ne veulent voir que "l'individu et le marché" (dixit Margaret Thatcher), le comportement asocial des uns ou des autres n'est pas un problème.]

réponse au commentaire

Écrit par : Guadet / | 19/10/2019

à Philippe de Visieux

> Merci pour cette vidéo.
J'ai une petite divergence avec vous quant à son interprétation : M. Hagège ne dit pas que le voile n'est pas coranique, puisqu'il cite le verset à l'origine du voile. Le voile n'est donc pas le fait du fiqh, du droit musulman.
Ceci dit il est peu clair sur le fiqh justement : on pourrait penser qu'il aboutisse à des horreurs. Ce que je ne pense pas : daesh par exemple, ou al qaïda, ne respectent pas le fiqh des 4 écoles, ils sont salafistes.
Il est vrai que certains de ceux qu'on appelle islamistes, terme qu'il faudrait déconstruire scientifiquement, font du voile un étendard. Mais le problème est-il le voile ou l'étendard ? Quand le sage montre la lune, L'Idiot regarde le doigt ! Comme vous dites, il faut relativiser les choses, et peut-être que ces débats n'auront plus lieu d'être, inchallah !
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Écrit par : AB / | 20/10/2019

à AB :

> En effet : mon propos était que le voile "de la tête aux pieds" n'est pas d'ordre coranique ; l'obligation de porter le voile l'est mais, selon Hagège, le Prophète ne s'est pas étendu sur la question puisque le Coran l'évoque de manière "très modérée" (je cite à nouveau Claude Hagège).
L'émira Moza du Qatar, en photo ci-dessous avec le prince Charles, porte ainsi un voile qui n'en a plus que le nom et ressemble même davantage à un bandana... Cette ancienne souveraine n'a pas, à ma connaissance, fait l'objet d'une fatwa pour port d'une tenue non conforme au Coran. Si notre "accompagnante" (l'Éducation nationale a vraisemblablement remisé le terme d'accompagnatrice) avait porté le même attache-cheveux que l'émira, elle n'aurait sans doute pas fait les gros titres !
https://i2.wp.com/emirateswoman.com/wp-content/uploads/2016/01/Sheikha-Mozah-3.jpg

Quant à la princesse Haya, épouse de l'émir de Dubaï, elle ne porte carrément rien sur la tête. Pourquoi le bon peuple ne pourrait-il pas se permettre ce que s'autorisent les reines jordaniennes et les princesses émiraties ?
https://ichef.bbci.co.uk/news/375/cpsprodpb/B275/production/_107758654_gettyimages-93525349.jpg
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/10/2019

POLITIQUE

> La confusion dans cette affaire c'est de parler de laïcité.
Ce voile noir islamiste n'a rien à voir avec la laïcité, car il n'a rien à voir avec la religion. C'est un symbole de conquête politique. Ni Odoul connu pour son laïcisme intransigeant, ni les défenseurs de cette femme ne l'ont compris.
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Écrit par : Ludovic / | 20/10/2019

IDÉE

> Mon idée sur la question est que les femmes portaient chez elles des tenues affriolantes, donc pour sortir et ne pas donner de mauvaises idées aux hommes qu'elles risquaient de croiser quand elles sortaient de chez elles, elles devaient se couvrir d'un voile. Simple question de bon sens qui expliquerait que Mohammed ne se soit pas étendu davantage sur la question.
Par ailleurs, je me demande quelles auraient été les réactions si une des accompagnatrices avait été une religieuse en habit, tante d'un des enfants, venue en remplacement de la mère, retenue à la dernière minute par son travail.
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Écrit par : Bernadette / | 21/10/2019

EN INDONÉSIE

> L'Indonésie est un exemple intéressant (pays qui rassemble la plus grande communauté musulmane au monde). Comparons deux articles de journaux à quinze ans d'intervalle :
Courrier international : https://www.courrierinternational.com/article/2002/05/30/en-indonesie-le-voile-se-porte-au-pluriel
France-Soir : http://www.francesoir.fr/actualites-monde/indonesie-port-du-voile-obligatoire-pour-les-hotesses-de-lair-aceh
Comparaison n'est pas raison et les deux journaux n'ont pas la même ligne éditoriale (et ce n'est pas la même époque non plus) mais si on essaie de s'attacher aux faits relatés : depuis les années 80 de plus en plus de jeunes femmes choisissent de se voiler pour se conformer à ce qu'elle pense être une prescription de l'Islam, et l'une des raisons de ce choix serait selon la journaliste qu' "avec le développement du Net, de plus en plus de femmes ont accès aux idées religieuses du Moyen-Orient. Les protestations en faveur du hijab sont désormais une affaire du passé. Les Indonésiennes aujourd’hui ont le droit de porter des vêtements musulmans ans les institutions publiques."
Le port du voile est ainsi présenté comme la conquête d'un droit individuel contre une tradition et des us et coutumes bien trop éloignés de ce qui se vit au moyen-orient (il y a donc bien propagation d'une pratique de l'Islam - et d'une lecture de ses prescriptions - complètement exogène mais qui devient une référence).
On pourrait se réjouir de ce que les libertés individuelles aient progressé (face à l'oppression de communautés traditionnelles rétives à tout changement !) mais voilà que quinze ans plus tard, le morcellement de la société indonésienne, sous les coups de boutoir des revendications communautaires et séparatistes mêlées, devient un morcellement politique (autonomie d'une province en matière de source du droit et d'application d'une loi qui n'est plus commune) et ce qui était une liberté (un droit) devient une obligation (un devoir) : "Si une membre d'équipage (musulmane) ne se conforme pas à la réglementation, nous allons la réprimander. Si les infractions sont répétées, j'ordonnerai à la police de la charia de l'interpeller" et c'est sans compter avec l'ironie du retournement des valeurs : "Des défenseurs des droits humains s'inquiètent du regain de conservatisme dans cette province", le conservatisme ne désignant pas la culture traditionnelle indonésienne mais l'apport récent et exogène d'une culture étrangère.
Encore une fois le mécanisme d'ouverture à de nouveaux droits individuels (qualifiés d'humains pour faire "universel") passe sous silence la création de nouveaux devoirs (et obligations voire contraintes) s'imposant au collectif au premier rang desquels celui de ne plus pouvoir contester ce nouveau droit ou de le remettre en question par un processus démocratique ou même d'en évaluer le bénéfice réel pour la communauté politique et son avenir.
"Le commandement des anciens despotismes était: «Tu ne dois pas.» Le commandement des totalitaires était : «Tu dois.» Notre commandement est : «Tu es» (George Orwell - 1984)
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Écrit par : J-Luc / | 21/10/2019

@ J-Luc

> Merci pour cette excellente analyse qui montre bien que présenter le port du voile comme une liberté est une folie et que le laisser se développer est dangereux.
Faudrait-il alors l'interdire ? Ce serait rester dans la même polémique. Je pense plutôt qu'il faudrait réhabiliter la discrimination : si les gens sont propres, s'ils ne crachent pas par terre, s'ils sont polis, c'est pour ne pas être discriminés et s'intégrer dans la société. Dans le Coran, il est prévu que certaines prescription ne seront pas possibles dans des pays étrangers et que ne pas les suivre ne sera pas retenu comme un péché. On peut donc discriminer le voile et d'autres coutumes qu'on nous impose sans discriminer l'Islam.
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Écrit par : Guadet / | 21/10/2019

SOUAD AYADA

> Une conférence très intéressante à voir ou à revoir : Conférence de Souad Ayada "Les divisions de l’islam : sur la question du voile et du jihâd" donnée en 2015 (!) encore disponible sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=yJnBNmaiw88.
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Écrit par : J-Luc / | 23/10/2019

LA JURISPRUDENCE

> Quand vous dites qu'il n’y a aucune loi pour interdire à cette musulmane de porter le voile, il y a un arrêt de cassation concernant une affaire de la région Rhône-Alpes. Cet arrêt a considéré qu'une sortie scolaire était le prolongement de l'école. Or jurisprudence fait loi.

Trapes


[ PP à Trapes – Chez les Américains ou les Britanniques, oui... Pas dans les pays latins ! Chez eux la jurisprudence complète la loi en cas de lacune ; ou elle l'interprète ; elle ne la remplace pas. Et surtout : les tribunaux sont libres ensuite de la suivre ou non. Quand elle vient de la Cour de cassation généralement ils la suivent, mais ce n'est pas obligatoire.
► Manuels d'études judiciaires :
« Le Code civil français interdit dans son article 5 les arrêts de règlement en disposant : "Il est défendu aux juges de prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur sont soumises". La décision d'un juge ne peut donc régler à l'avenir le sort d'une question de droit et ne s'applique en principe qu'à l'affaire jugée. C'est malgré tout le rôle des juridictions suprêmes d'uniformiser la jurisprudence afin d'éviter la disparité des jugements et des arrêts des juridictions inférieures dans une matière donnée. Mais en France, la solution adoptée par la Cour de cassation dans une affaire ne contraint pas les cours d'appel et les tribunaux à statuer d'une manière identique dans des affaires similaires.»

réponse au commentaire

Écrit par : Trapes / | 24/10/2019

LA PAIX

> Mais qu'on leur fiche la paix à ces femmes qui portent un voile ou un foulard (du moment qu'il ne couvre pas le visage) !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 25/10/2019

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