18/04/2019
La Cène : révolution de l'eucharistie
Jésus change radicalement le sens du vieux rite de la Pâque :
Le repas institué par Jésus est une transfiguration et une transposition du sacrifice du Temple : Jésus lui-même devient le Temple et le sacrifice, rompant ainsi avec le repas ritualisé du mouvement-caste des “pharisiens" (perouschîm : les “séparés”) qui se présentait comme une simple extension-multiplication de la sacralité du Temple.
Les pharisiens avaient donc raison, à leur manière, d’incriminer la façon inouïe dont Jésus pratiquait la recherche des aspects nouveaux et insoupçonnés de la Torah ; façon dont ils redoutaient qu’elle n’annonce une révolution dans la religion. D’autant qu’ils avaient entendu, horrifiés, le discours du “pain de vie” (Jean 6, 44-51) tenu par Jésus à Capharnaüm.
À la Cène, Jésus réinterprète et transfigure le rituel du repas de la Pâque. En lavant, lui, les pieds des disciples, il fait le contraire du vieux rite (lavement des mains du célébrant par ses invités). En consacrant le pain, il s’identifie lui-même au pain du rituel, qui représentait le peuple. En consacrant le vin, il change le sens du vieux rite de la “quatrième coupe” (colère divine contre les nations) pour en faire la Nouvelle Alliance : la miséricorde pour tous. Schalom Ben-Chorin [*] souligne que chacun des éléments du séder , le rituel de la Pâque, subit ainsi “une transformation dans le séder de Jésus de Nazareth : on se trouve là à la racine du concept de transsubstantiation des espèces de l’eucharistie future.” On voit par là aussi comment Jésus est venu non pour abolir mais pour accomplir l’Ecriture : en conduisant la Pâque à son accomplissement par le rite du Serviteur dans le lavement des pieds et par le rite essentiel de l’eucharistie. Cet accomplissement est un dépassement radical : manger et boire l’eucharistie équivaudra à s’incorporer, physiquement et spirituellement, les prémices du Royaume.
Méditons également ceci. À la fin du Ier siècle, le judaïsme ayant perdu le Temple conserva le rite du pain et du vin. Le pain et le vin étaient déjà devenus la matière du sacrement chrétien de l’eucharistie apparu vers l’an 30 : Jésus se substituant au sacrifice et devenant à la fois le Temple, la victime et le prêtre sacrificateur (Lettre aux Hébreux)... Dans les deux cas, le rite de l’agneau laissait place à celui du pain et du vin. Ces deux versions d’une "alternative au Temple" ont pris naissance en une quarantaine d’années. Et l’évolution chrétienne précéda l’évolution judaïque...
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[*] Mon frère Jésus : perspectives juives sur le Nazaréen, Seuil 1983.
19:15 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jésus-christ
Commentaires
LE LIEU ET L'ÉPOQUE
> Merci d'avoir mis cette illustration sans doute plus proche de la réalité que les représentations à la Dürer d'un Christ blond aux yeux bleus. Jésus et ses disciples étaient juifs, habitaient en Palestine, et ressemblaient donc probablement aux habitants actuels de cette région. Nos catho-identitaires n'aimeront sans doute pas la représentation proposée sur ce dessin : le Christ ne saurait ressembler à Yasser Arafat jeune.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/04/2019
AMEN
> Merci Seigneur pour l'Eucharistie, merci pour ce sacrement qui rassemble réellement le Ciel et la Terre, dans la communion des Saints.. Ayant perdu mon Papa il y a un an et ayant vécu sa dernière communion et son dernier mot prononcé sur cette terre "AMEN" en la reçevant, l'ayant vécu comme une conversion personnelle, je ne cesse de redécouvrir la puissance et l'amour contenus dans cette hostie.. Ou comment "comprendre" le sens des paroles "Humblement, nous te demandons qu'en ayant part au Corps du Christ, nous soyons tous rassemblés par l'Esprit Saint en un seul Corps", oui merci Seigneur !
Un très beau chant d'adoration...
https://www.youtube.com/watch?v=1E1KzFfydT4
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Écrit par : Marie-Do / | 19/04/2019
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