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08/04/2019

Gilets jaunes : un "Appel de Saint-Nazaire"

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Réunie du 5 au 7 avril à Saint-Nazaire, l’Assemblée des assemblées des Gilets jaunes a adopté cet appel (relayé par Reporterre) :


<<  Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble. À la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrémisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron. Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire. Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.

Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux, ainsi que des services publics pour tous et toutes. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons, fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.

Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.

Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux. L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.

Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination. Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine Assemblée des assemblées en juin.

Afin de renforcer le rapport de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.

L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et de nouvelles. Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée. Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.

Nous lançons plusieurs appels, sur les européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement. Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.

Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires, un nouveau mouvement social, écologique, populaire. La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.

Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques. Conscients que nos avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme. Ainsi nous construirons collectivement le fameux « tous ensemble » que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons tous ensemble à tous les niveaux du territoire. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous. Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. >>

 

 

 

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Commentaires

CAPITALISME

Qu'est-ce qui est en cause dans le capitalisme ?
Et par quoi veut-on le remplacer ? Le communisme a échoué.
Cordialement,
Jérôme


[ PP à Jérôme – Deux excellentes questions. Eléments de réponse dans la doctrine sociale de l'Eglise, et particulièrement dans l'encyclique 'Laudato Si' et l'exhortation apostolique 'Evangelii gaudium'. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jérôme / | 08/04/2019

L'I.S.F., IMPÔT LE PLUS MORAL

> Pour le bien de tous, il me semble que cette « Assemblée des assemblées » doit surtout s’organiser, se trouver des cadres et se mettre en ordre de bataille pour le moment, inéluctable, où le peuple français sera convoqué aux urnes suite à la dissolution de l’Assemblée nationale ou à la démission du président de la République. Démission du chef de l’Etat qui – j’en suis convaincu – continuera d’être souhaitée par une majorité de Français tant que l’ISF ne sera pas rétabli.
Par parenthèse, sur cet impôt sur la fortune, supprimé/révisé comme l’on sait à la demande de M. Macron ; je ne sais pas si cela a été assez dit : cet impôt avait cette qualité de dernier témoignage rendu à l’esprit démocrate chrétien qui existât naguère – après guerre – dans notre beau pays. Il y avait dans l’impôt sur la fortune, l’ISF, un hommage spectaculaire rendu à l’option préférentielle pour les pauvres demandée et encouragée par l’Eglise ; où l’on voyait des ultra-riches, poussés par leur insatiable convoitise, participer à de multiples œuvres de soutiens aux plus démunis, tout simplement pour alléger leur impôt. Merveille, la convoitise des gredins de la finance devenait bénédiction pour de très nombreuses personnes en difficulté et en détresse – et pour le coup, l’ISF apparaissait comme l’un des rares champs dans lequel le capitalisme pouvait se targuer d’un certain « ruissellement », bénéfique pour toute la société et pas seulement les boursicoteurs !
Nous saurons bientôt si M. Macron – qui est allé la semaine dernière assister à la messe annuelle en mémoire de Georges Pompidou, cet autre célèbre banquier devenu président de la République –, a intégré le problème posé par la suppression de l’ISF… ou pas !
Pour ma part, je ne trouve toujours rien de mieux à lui dire que ce que clamait glorieusement le député François Rufin dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le 13 novembre 2018 : « Rends l’ISF d’abord ! »
______

Écrit par : Denis / | 08/04/2019

@ Jérôme

> ce qui est en cause dans le capitalisme ? 80% des ressources accaparées par 20 % de la population mondiale, probablement.
Les 1% plus riches que les 99% autres.
La crise écologique aussi, sans doute.
Ou encore la privatisation des profits et la mutualisation des pertes (dont cette crise écologique décidément insensée).
Etc...
Cela étant je suis d'accord, la fin du monde est plus réaliste que celle du capitalisme.
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Écrit par : Bertrand / | 08/04/2019

INHUMAIN

> J'ai pris conscience de la nature inhumaine du néolibéralisme lorsque, au cours d'une embauche à Taïwan il y a quelques années, j'appris à mon arrivée dans l'entreprise que mon salaire (pas très élevé) avait été abaissé d'un quart, cette portion restante ayant été rajoutée sous forme d'un forfait mensuel de quarante heures supplémentaires : une astuce pour forcer les salariés à faire des heures supp et surtout, pour le patron, à ne pas les payer puisqu'elles l'ont déjà été, en tout cas en théorie...
À cela s'ajoutaient sept jours de congés payés annuels et l'obligation de rejoindre un "fil de discussion" sur Skype où le patron pouvait donner ses instructions en fin de soirée comme le weekend, à charge pour le salarié de traiter tout cela le plus vite possible et... gracieusement puisque les heures supplémentaires étaient offertes au patron. Le droit à la déconnexion ? Impensable dans les pays d'Asie !
Battons-nous pour que ces abus ne deviennent pas la norme dans notre pays.
Si ce n'est pas de l'esclavagisme moderne...
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/04/2019

L'APPEL DES GILETS JAUNES

> La lecture de l'appel de Saint-Nazaire (je voulais y être, mais finalement je suis restée dans nos Hauts de France, symboliquement au Touquet vendredi soir devant chez Macron pour demander sa démission, et samedi à Lille pour les joies des gazages et arrestations toujours plus violentes, au point que les gendarmes nous ont expliqué en détail les erreurs des policiers en marge de la manif : ils n'en peuvent plus de voir impuissants ce qui se passe), cet appel m'a profondément réjouie et confortée dans ce que j'observe de la révolte de GJ.
Partie d'un ras-le-bol épidermique de consommateur individualiste, elle s'est instantanément muée, au vent fraternel revigorant des rond-points, par l'adhésion immédiate aussi de nombreux militants pour la justice sociale et l'écologie populaire (ATTAC, ANV COP 21, Appel des Coquelicots, bénévoles auprès des gens de la rue, syndicalistes de la base,... toutes ces personnes qui ont appris à travailler ensemble depuis NuitDebout), en révolte d'une âme française chrétienne rebelle trop longtemps méprisée par une institution ecclésiale mondanisée jusqu'à une vanité tragiquement grotesque (dont le scandale de la maison de Merville est une cynique illustration).
En quoi cette France est-elle chrétienne? Elle ne l'est peut-être pas par un Credo qu'on ne dit plus guère que dans des églises embourgeoisées, mais elle l'est par les Béatitudes.
Cette lecture jubilatoire du beau travail de l'Assemblée des Assemblées (on se réunit partout sur le territoire de France en assemblée toutes les semaines depuis des mois, même si les médias n'en parlent pas et nous font passer pour des casseurs écervelés), est entrée en choc spatio-temporel pour moi avec la lettre publique de répudiation de François Sureau, répudiation d'une Eglise de France qui s'est prostituée au système au point de laisser prospérer et de nourrir les loups au sein même de leurs propres paroisses et diocèses. Merci à lui de mettre des mots justes sur ce que vivent beaucoup de catholiques fidèles aujourd'hui, qui, blessés au plus profond, perdent la foi, non en Dieu, mais en son Eglise, et ne peuvent physiquement plus s'approcher de la communion. Eux ne trichaient pas, et les voici dans la grande épreuve de Gethsemani.
Une Eglise s'effondre, qui était toute d'apparence et d'officialité, de corruption privée aujourd'hui étalée sur la place publique, une autre se réveille où on ne l'attendait pas, canal mystérieux de la grâce qui passe par les saints oubliés d'une histoire qu'on n'enseigne plus, grâce qui a toujours su ruser par l'option préférentielle pour les pauvres, de Jeanne à Bernadette en passant par Benoît-Joseph.
Pour signe silencieux: lors de l'acte XIX, la Jeanne d'Arc de Lille au fier oriflamme se retrouvait portant en écharpe... un gilet jaune. Pas de discours récupérateur à ses pieds, pas d'appel à voter, ou la non!, mais un élan fraternel d'anonymes GJ.
Aussi mon voeu d'aujourd'hui, c'est que soient nombreux les chrétiens et non-chrétiens qui comprennent les signes des temps et s'engagent dans le combat qui nous attend tous, combat décisif qui, au nom de la vie, nous demande de faire tomber le système capitaliste qui détruit tout aujourd'hui. Que dans un même mouvement ils s'engagent à bâtir ce monde nouveau fondé sur une juste répartition des richesses et du pouvoir, avec au coeur cette belle et joyeuse loi de l'entraide retrouvée dans la nudité du dehors déshumanisé de nos rond-points et de nos rues.
Pour les sceptiques: ouvrez les yeux et les oreilles: cela fait 5 mois, 5 mois!, que des travailleurs pauvres, des retraités modestes, des personnes en invalidité, des mamans solo et des jeunes intérimaires, sans aucun soutien politique ni syndical, au contraire attaqués par toute la nomenklatura, sans aucun moyen financier, matériel, sans aucun soutien médiatique, là aussi cibles de tous les apparatchiks, samedi après samedi, sont en train de pousser un gouvernement à la démission, un système à l'éclatement, après avoir remis au coeur d'une politique réduite à des storytelling: la justice.
Ce qui se passe sous nos yeux est proprement inouï.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 09/04/2019

ATTENTION

> Je comprends votre enthousiasme, Anne mais attention a ne pas jeter l'annonce du Christ et sa rencontre. La générosité du mouvement, de ceux qui le composent, de leur soif de justice fait penser aux Béatitudes, certes mais ce fut l'erreur majeure des théologiens de la libération en Amérique du sud. Ils ont oublié le coeur de cela: le Christ et son Amour infini pour nous.
L'Eglise est le corps du Christ dont nous faisons partie. Il y a des corrompus et des choses à changer dans le fonctionnement, oui, mais cela ne change rien à ce que Jésus à dit à Pierre.
Ce n'est pas une Eglise qui s'effondre et une autre qui renait, c'est l'Eglise du Christ qui souffre et doit être purifiée.
Laissons l'Esprit nous guider, écoutons-le, c'est vital sinon on refera les même erreurs que les compagnons de route du PC ou les "progressistes" des années 70 ou autres gens sincères suivant l'esprit du siècle mais peu à peu oubliant le Christ et tombant dans une idéologie aussi mortifère que celle qu'ils voulaient combattre.
______

Écrit par : VF / | 09/04/2019

à Anne Josnin :

> Merci pour ce beau témoignage, profond et touchant. Si vous me permettez un bémol, je n'affirmerais pas que notre Église a été "toute d'apparence et d'officialité" ou qu'elle s'est "prostituée au système" : je retiendrais ces termes en les appliquant à "une partie de l'Église", celle des Preynat et de tous les clercs protecteurs d'abuseurs, qui a trahi le Christ.
Mais derrière cette macabre vitrine, on trouve des dizaines, des centaines de prêtres et d'évêques qui sont ou ont été mus du désir d'évangéliser sans porter aucunement atteinte aux plus petits.
Soutenons le pape dans sa volonté réformatrice : je suis d'accord avec vous pour souhaiter l'émergence d'une Église nouvelle.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/04/2019

RAVAGES DU LIBÉRALISME

> Si l'Histoire ne se répète pas, elle bégaye bien.
La faiblesse des états due à la lâcheté des gouvernants en arrive par abandonner progressivement tous ses pouvoirs régaliens (privatisation des services publics y compris de police dans certains cas, privatisation d'actions armées, privatisation des routes publiques, abandon du pouvoir de créer sa monnaie, tribunaux privés pour les contentieux commerciaux en attendant la suite) avec pour conséquences inéluctables la dérégulation de la protection sociale en commençant par le droit du travail ....
Au final ce que la puissance de l'Etat avait mis des siècles à élaborer en luttant contre la féodalité se retrouve détruit en quelques petites décennies, de la dépendance à l'asservissement, de l'asservissement à l'esclavage, la pente est savonneuse voire vertigineuse.
La révolte est matée dans la brutalité, seule la révolution résoudra la problème .... Sera-t-elle encore possible ?
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Écrit par : Abert E / | 09/04/2019

SAISISSANT

> Un prêtre parmi les GJ s'exprime dans cette vidéo, c'est saisissant.
Il évoque effectivement, Evangelii Gaudium , Laudato Si, et bien entendu la Doctrine Sociale de l'Eglise !
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Écrit par : TonyZ / | 09/04/2019

> https://www.youtube.com/watch?time_continue=208&v=Fpa6zEogU5w
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Écrit par : Anne Josnin / | 09/04/2019

> Oups, mon doigt à dû ripper, et j'ai omis de mettre le lien vidéo.
Merci à Anne Josnin !
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Écrit par : TonyZ / | 09/04/2019

LE DÉPEÇAGE CONTINUE

> https://www.liberation.fr/france/2019/04/10/une-centaine-de-deputes-refusent-de-donner-les-cles-des-barrages-francais-au-prive_1720499

Un nouvel exemple de la toxicité de la politique néolibérale exigée des Etats membres par la Commission de Bruxelles. Ainsi, le dépeçage continue : après les autoroutes, les aéroports, voici les barrages qui doivent être bradés.
Un article que je lisais récemment affirmait fort justement que les "marcheurs" qui se disent modernes et dans le vent sont en réalité sur la même ligne que les Barre et les Balladur qui ont commencé à vendre les bijoux de famille : ils croient en l'idéologie néolibérale comme fondement de l'économie, face à laquelle il n'y aurait pas d'alternative.
Les gilets jaunes ont raison de poursuivre leur combat car c'est le système dans son ensemble, comme le montre cet exemple des barrages, qui laisse l'Europe exsangue.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/04/2019

UNE FOIS

> petite blague du jour :
" Les propositions des gilets jaunes seront étudiées une fois la cathédrales reconstruite ! "
______

Écrit par : franz / | 17/04/2019

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