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05/04/2019

Mgr de Moulins-Beaufort à France Inter : "Je pense que le procès Barbarin a eu un effet très bénéfique"

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France Inter : "Le nouveau président de la Conférence des évêques de France, l'archevêque de Reims Eric de Moulins-Beaufort, qui prendra ses fonctions dans quelques mois, a réservé sa première parole radiophonique à France Inter. Il était ce vendredi l'invité du journal de 13h de Bruno Duvic" :


 

> Quelle est l'ambiance en ce moment au sein de l'Église de France ?

► Au sein de la Conférence des évêques de France, l'ambiance est bonne, nous sommes unis et déterminés dans ce que nous voulons faire. Dans l'Église de France, il est certain que les mois de février et de mars ont été difficiles. On a senti la confiance des chrétiens les plus fidèles être ébranlée, et non sans motif, il faut bien le reconnaître, sous l'accumulation de révélations, la sortie du livre 'Sodoma', ou encore la diffusion du reportage fait par Arte.

> La réputation qui vous précède est celle de vouloir affronter de face les scandales sexuels. Il y a eu beaucoup de mots ces derniers mois, au Vatican ou en France, pour les dénoncer. Ce que les fidèles, et pas seulement, attendent maintenant, ce sont des actes. Derrière cette expression de tolérance zéro, que mettez-vous, cela signifie-t-il que le moindre signalement d'un cas suspect doit désormais être transmis à la justice ?

► Personnellement, je n'aime pas beaucoup cette expression, c'est une sorte de slogan un peu facile qui permet de se donner bonne conscience. Ce qui est clair en revanche, c'est que si quelqu'un reçoit une dénonciation d'un prêtre qui aurait commis des actes à l'encontre de mineurs, il faut pouvoir aboutir à un signalement au procureur. J'emploie ces expressions, car ça dépend de chaque cas : ça dépend si la victime est mineure aujourd’hui, si on est en lien avec ses parents, etc. Ce n'est pas la même chose si c'est un adulte qui vient raconter une histoire qui s'est passée des années auparavant. Mais de toute façon, aujourd'hui, nous savons que nous ne pouvons pas laisser en place des gens qui représentent un danger potentiel pour d'autres en essayant de traiter ce cas nous-mêmes : il faut pouvoir s'appuyer sur la justice civile.

> Comment réagissez-vous face à la décision du pape François de refuser la démission du cardinal Barbarin ?

► Elle m'a étonné au sens où tout le monde s'attendait à ce que le pape accède à cette demande du cardinal Barbarin. Après, la position du pape s'explique. Donc, oui, cela nous a étonnés : mais cela ne veut pas dire qu'on la conteste d'une façon ou d'une autre. Ce qui est sûr, c'est que cela met le diocèse de Lyon et le cardinal Barbarin dans une position délicate.

> Il faut clarifier davantage les choses ?

► Je pense que le procès a eu un effet très bénéfique. D'une part, il a permis aux victimes de s'exprimer dans un lieu qui a une signification symbolique forte : une salle de tribunal, c'est une manière de s'adresser à la société tout entière et de se faire entendre, de faire entendre ce qu'elles ont vécu. Je me suis rendu compte que beaucoup de gens, qui avaient suivi ces affaires de très loin jusque-là, en écoutant le procès, ont réalisé ce que vivaient les victimes. Le film de François Ozon sert aussi à cela.
Et puis d'autre part cela a permis de faire entendre, de faire sentir, que le cardinal Barbarin et ses collaborateurs à Lyon ont pu commettre des erreurs d'appréciation, en particulier dans ce qu'attendaient les victimes, et dans ce que représentait le père Preynat. Maintenant, est-ce que c'est un délit ? C'est à la justice de l'apprécier.

> Il y a eu récemment une exhortation apostolique du pape dans laquelle il est question d'une large trame d'autoritarisme masculin dans l'histoire de l'Église. Comment faire plus de place aux femmes ?

► L'autoritarisme masculin ne concerne pas que l'Église, c'est une grande thématique qui vient sur le devant de la scène. On se rend compte que les rapports hommes-femmes sont des rapports complexes. Là où on pouvait penser qu'il y avait un certain équilibre, une certaine harmonie, un respect mutuel, il y a en fait de la violence, de la pression plus ou moins masquée. Dans l'Église, les femmes ont une bonne place : dans le conseil épiscopal de Reims, il y a maintenant deux femmes pour quatre hommes, on progresse, et elles savent se faire entendre. Dans beaucoup de nos instances, il y a même maintenant plus de femmes que d'hommes.
Cela dit, il reste la question plus large du travail des évêques et des prêtres, et du travail de l'ensemble des fidèles, parmi lesquels les femmes. C'est un point sur lequel nous pouvons avancer, c'est ce que recouvre le terme de 'synodalité', le fait de travailler ensemble, quels que soient les avis, les responsabilités, le fait d'être ordonné ou pas : et je pense que nous pouvons progresser. J'espère que nous allons pouvoir avancer assez vite là-dessus.

 

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Commentaires

DYNAMISME

> Mgr de Moulins-Beaufort est une personnalité intelligente et forte qui saura inculquer du dynamisme aux affaires en cours. L'Eglise, en ces temps troublés, comprend qu'elle a besoin de ces profils, qui sont une ressource nécessaire pour mener le navire. Dans le futur, il faudrait un pape qui ait, outre la même foi intense, la même énergie, le même discernement psychologique, le même savoir-faire dans le "management", afin de s'attaquer une bonne foi pour toutes à tout ce que François n'arrive pas à réformer au Vatican et à la Curie romaine. Mgr de Moulins-Beaufort serait parfait en prochain pape.
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Écrit par : Bégand / | 06/04/2019

LES TITRES

> https://www.liberation.fr/france/2019/04/04/eric-de-moulins-beaufort-signe-de-renouvellement-dans-l-eglise-catholique_1719331

Article de Mme Sauvaget sur le nouveau président de la conférence épiscopale. Une lecture attentive permet de constater que 'Libé' ne fait plus usage des titres ecclésiastiques : "Éric de Moulins-Beaufort" était collaborateur "d'André Vingt-Trois". Simple détail ? J'y vois volontiers une tentative de dé-cléricalisation. Le titre de "Monseigneur" n'est d'ailleurs pas aussi récent qu'on le croit (on disait sous Louis XIV "Monsieur de Bourges", "Monsieur de Rouen", etc.) et il n'existe ni en anglais ("Archbishop Nicols") ni en allemand ni même en italien où les "monsignori" désignent souvent les prélats d'honneur de Sa Sainteté, titre ronflant dont les titulaires ne sont cependant que de simples prêtres (Mgr de Sinéty, par exemple, n'est pas évêque mais a droit à l'appellation de Monseigneur).
'Libé' a-t-il raison de séculariser ainsi les titres ecclésiastiques ? La question est ouverte !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 06/04/2019

@ Philippe de Visieux

> Monsieur et Monseigneur veulent dire la même chose.
En revanche, évêque vient du grec επίσκοπος, episkopos (inspecteur, surveillant, superviseur).
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Écrit par : Michel de Guibert / | 06/04/2019

NOMS

> Ne plus dire Monseigneur, c'est je crois, outre l'obéissance au laïcisme galopant, surfer sur la mode actuelle qui veut changer partout les appellations.
On en voit tous les jours des exemples : toutes les sociétés qui avaient en nom qui disait bien leur rôle et qui ont été débaptisées, parfois plusieurs fois. Dernière en date, chez moi, Transpole (transports de la métropole) devenu Ilevia, à grand renfort de publicité, de nouveaux logos collés sur les bus etc.
Cela fait partie de l'entreprise que j'appelle de "mise en bouillie". La personne, réduite au statut de consommateur, doit être perpétuellement désorientée.
Cela dit, "monseigneur" est un titre honorifique et nullement religieux, même si à l'heure actuelle ce terme n'est plus employé que pour s'adresser à un évêque.
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Écrit par : Bernadette / | 06/04/2019

MONSIEUR

> j'imagine que PV voulait dire que le titre de "Monseigneur" n'est pas aussi "ancien" (et non "récent") qu'on le croit. Quant à Monseigneur pareil que Monsieur ... Le fait est que le premier terme est un titre ou une appellation honorifique (cf site de la cef) connotée et non le second. Je pense qu'il n'est plus temps d'ergoter sur la sémantique, de commencer à balayer résolument devant notre porte, de remettre en cause un certain cléricalisme, et de reconnaître la charge d'évêque pour ce qu'elle est, une charge. Honnêtement qui voudrait être évêque, surtout à notre époque. A les appeler "Monseigneur" on ne sert pas leur image. Or je perçois l'évêque comme un serviteur, et il n'y aurait rien de plus juste à l'appeler ainsi. Le risque alors serait de tomber dans la fausse modestie me direz-vous. Alors, on dit bien monsieur l'abbé chez les tradis, pourquoi pas monsieur l'évêque et basta.
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Écrit par : Bertrand / | 06/04/2019

RÉFORME DES TITRES

> Ce n'est pas de l'obéissance (aveugle) au laïcisme que de vouloir se débarrasser d'ornements superflus. "Monsieur" convient totalement pour montrer de la juste considération à son interlocuteur et son égale dignité, quant à rappeler la fonction (c'est-à-dire le service dans l'Église), "Monsieur l'abbé" ou "Monsieur l'évêque" devrait être amplement suffisant. Re-lisons comment nous nommons le pape ou l'évêque dans nos prières eucharistiques :
Prière eucharistique I : "Nous te les présentons avant tout pour ta sainte Église catho­lique : accorde-lui la paix et protège-la, daigne la rassembler dans l’unité et la gouverner par toute la terre ; nous les présentons en même temps pour ton serviteur le pape N., pour notre évêque N. et tous ceux qui veillent fidèlement sur la foi catholique reçue des Apôtres."
P.E. II : "Souviens-toi, Seigneur, de ton église répandue à travers le monde : fais-la grandir dans ta charité
avec le pape N., notre évêque N., et tous ceux qui ont la charge de ton peuple."
P.E III : "Affermis la foi et la charité de ton Église au long de son chemin sur la terre : veille sur ton serviteur le pape N. et notre évêque N., l'ensemble des évêques, les prêtres, les diacres, et tout le peuple des rachetés."
P.E. IV : "Et maintenant, Seigneur, rappelle-toi tous ceux pour qui nous offrons le sacrifice : le Pape N., notre évêque N. et tous les évêques, les prêtres et ceux qui les assistent,les fidèles qui présentent cette offrande(...)"
Il n'y a pas de "Sa Sainteté le pape..." ou bien de "Son Excellence Monseigneur...", tout cela c'est du langage de cour et de courtisan, ce sont des mondanités qui viennent enfler et boursoufler une simple et humble politesse.
C'est comme le fait de désigner par "prélat" une personne soi-disant "élevée en dignité" par rapport au reste du clergé (lui-même déjà élevé en dignité par rapport aux fidèles puisqu'il peut être "réduit" à l'état laïc)...
Quoiqu'on en dise, les mots expriment une pensée et un état d'esprit qui pour moi n'est pas dans l’Évangile et ne vient pas de l’Évangile. La nouvelle réforme catholique, dont notre Église a terriblement besoin, doit également envisager de réviser la manière dont nous nous adressons les uns aux autres.
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Écrit par : J-Luc / | 06/04/2019

à Bertrand :

> Oui, merci d'avoir rectifié mon propos. L'usage en langue allemande ou en langue anglaise ("l'évêque X.", "l'archevêque Y.") me semble être un bon compromis. De plus, il est parfaitement admis de dire "Monsieur le cardinal", pourquoi donc pas "Monsieur l'évêque" ? Quant à appeler les cardinaux "Éminence", cela n'est pas très pape François... "Monsieur le cardinal" est plus simple tout en étant respectueux.

https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Ne-nous-appelez-mon-pere-2019-03-27-1201011665

Je joins cet article d'un prêtre du diocèse de Créteil qui suggère lui aussi de remiser "Monseigneur" : nous n'avons qu'un seul Seigneur, le Christ. Il rejette également "mon Père" pour lui préférer "Frère X.", comme chez les dominicains ou les franciscains.
Rappelons qu'à Écône, c'est l'inverse : "Monseigneur" ne suffisant sans doute pas pour les évêques, on leur donne encore du "Votre Excellence" : peu probable que "Son Excellence Monseigneur Bernard Fellay" accepte de se faire appeler un jour Monsieur l'évêque...

PV


[ PP à PV – A Ecône - et chez des conservateurs prétendument 'mainstream' - on envisagerait plutôt de rétablir pour les évêques le traitement "Votre Grandeur"... Puisqu'il est bien connu que les églises se rempliraient de nouveau si l'on rétablissait la pompe du XIXe siècle ! ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 07/04/2019

UNE FORME

> Monsieur est la contraction de l’adjectif possessif mon et du nom commun sieur, qui est lui-même une contraction de seigneur. Il est donc une forme simplifiée de monseigneur !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 07/04/2019

à Patrice :

> "Votre Grandeur"... Ça aussi, ça pourrait être digne d'Audiard !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 08/04/2019

PARISIENS

> Je ne connaît pas Monsieur le président de la CEF, Mgr de Reims, par contre je voudrais faire remarquer la place importante du clergé parisien dans l'épiscopat français:
M le nouvel archevêque de Reims, et donc maintenant président de la CEF, est en effet issu de presbyterium de Paris où il a été évêque auxiliaire,
Son ex collègue mgr Beau vient d'être nommé archevêque de Bourges, un auxiliaire plus ancien de Paris est archevêque de Rennes, sans oublier l'archevêque Aupetit, après un passage à Nanterre, aujourd'hui archevêque de la capitale. Les auxiliaires en questions étaient prêtres du diocèse de Paris avant de devenir évêques.
Ces derniers temps des curés parisiens ont été promus évêques de Chartres et aux Armées.
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Écrit par : professeur Tournesol / | 08/04/2019

LUSTIGER

> Oui, tous ces évêques "parisiens" sont les fils spirituels du cardinal Lustiger dont l'épiscopat a été prodigieusement fécond.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 08/04/2019

ARTICLES

> Deux articles réagissant à la crise qui secoue actuelle l'Eglise de France peuvent être consultés sur le site du 'Point' : l'un est de Jacques Gaillot, ancien évêque d'Evreux, l'autre de François Sureau :

https://www.lepoint.fr/societe/mgr-jacques-gaillot-l-eglise-est-appelee-a-renaitre-12-03-2019-2300005_23.php

https://www.lepoint.fr/debats/francois-sureau-lettre-a-un-eveque-07-04-2019-2306305_2.php

À noter que Fr. Sureau a également fait publier un texte dans 'La Croix' dans lequel il affirme ne pas comprendre comment un évêque puisse se faire appeler "monseigneur".
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/04/2019

BIZARRE CHRÉTIEN

> à P. de Visieux – Gaillot fossilisé depuis vingt-cinq ans, incarnation de la pensée-zéro d'alignement sur le libéral-libertaire et de la complaisance bêlante envers tout et n'importe quoi au nom de la miséricorde ? pas une référence !

Quant à Sureau : écrivain sans aucun doute. Mais méfions-nous de ces glorieux qui prennent des postures pseudo-bernanosiennes à la faveur du drame de l'Eglise. N'est pas Bernanos qui veut. Ridiculiser la prière comme le fait Sureau dans son article n'est pas bon signe. Et jeter la honte sur tout le clergé, au risque d'insulter les innocents, bons et dévoués prêtres qui portent tout cela comme une croix ! Bizarre chrétien, celui qui joue de la harpe littéraire devant Rome en flammes. Encore un qui parle à Dieu "humblement, le poing sur la hanche"...
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Écrit par : Arnaud Bodin / | 09/04/2019

@ Ph de Visieux et Bodin

> Sureau dans "une posture pseudo-bernanosienne" est d'autant pus comique qu'il est un proche de Macron !
au point d'avoir rédigé les statuts de LREM !
Supprimer les Mgr etc , je m'en fous. C'est un héritage culturel donc relatif.
Cependant, parmi ceux qui réclament sa suppression, j'en vois beaucoup pour lesquels c'est moins pour le bien de l'Eglise dans laquelle ils ne voient pour eux qu'un tremplin vers la célébrité en s'y faisant une place pour y cracher dans la soupe et se faire bien voir des médias, une ONG parmi d'autres, mais bien parce qu'ils ont du mal à admettre qu'il existe une hiérarchie dont ils n'occupent pas le sommet.
Quelle est l'humilité de celui qui en réclame davantage pour les autres ?
Attaquer la vanité des autres c'est un bon moyen de paraître humble.
J'ai deux amis devenus évêques, ils portent ce titre (en fait ce n'est pas un "titre" mais un "appel" comme "sire") de Mgr comme une croix en ce sens que c'est un rappel de l'obligation de sainteté.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/04/2019

à Arnaud Bodin :

> Oui, je suis d'accord avec vous. Je mentionnais ces deux textes sans adhérer à toutes les thèses qu'ils défendent.
Comme vous, je trouve Sureau excessif dans son propos : son accusation ne tient que pour les clercs qui ont effectivement trahi. Quant au "protecteur de Maciel", là encore, il semble que saint Jean-Paul II n'ait pas été mis au courant durant les années de gloire des Légionnaires du Christ. Sodano, en revanche...
Pour ce qui est de Gaillot, il m'a semblé que l'homme avait acquis une certaine sagesse avec le temps ; comme lui, je suis persuadé que le printemps de l'Église est devant nous, en dépit des apparences. Le Christ est descendu aux enfers avant de ressusciter des morts !


PV


[ PP à PV – Et n'oublions pas, en 2009, l'affaire Williamson : les propos faurissoniens de l'évêque lefebvriste, soigneusement cachés à Benoît XVI par la commission Ecclesia Dei pour ne pas entraver la levée d'excommunication de l'ensemble des évêques lefebvristes nécessaire à un accord Rome-Ecône (alors prétendument "imminent" comme le clamaient avec bonheur 'Le Figaro', 'La Nef' etc, mais que Benoît XVI - très mécontent d'avoir été désinformé - allait ensuite refuser)... ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/04/2019

à E Levavasseur :

> Je comprends le sens de votre propos mais ne pensez-vous pas que tout ce qui pourrait suggérer la position "monarchique" de l'évêque en son diocèse, pour reprendre le terme d'un ami jésuite, est à éviter ? Parler de "père évêque", comme c'est déjà souvent le cas, me semble fort adéquat. Quant à "Monseigneur", il est sans doute bien plus admissible que les "Votre Grandeur", "Votre Grâce" (chez les anglicans) ou "Votre Excellence" (chez Lefebvre) ; la perle revient au grand-maître de l'ordre de Malte, "Son Altesse Éminentissime le Prince et Grand Maître", mais c'est là l'héritage d'une histoire pluriséculaire.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/04/2019

SIMPLICITÉ ET EXIGENCE

> Je crois qu'E.L. a bien résumé : toute pièce à 2 faces. Du titre on peut voir l'obligation de la charge ou une élévation honorifique. On devient évêque sans doute grâce aux vertus antérieures mais ce n'est pas une fin, c'est un appel à produire davantage.
Ceci étant si on se réfère à l'Eglise des débuts, je n'imagine pas qu'il y ait eu de titres particuliers pour les différents postes au sein de l'église.
Dans la tempête un retour à plus de simplicité, mais pas moins d'exigence, est probablement souhaitable.
______

Écrit par : franz / | 09/04/2019

à Patrice :

> Il se trouve qu'un de mes collègues, en 2009, était un juriste allemand, aujourd'hui juge à Francfort, ayant baigné en milieu catholique, etc. Il m'avait alors dit que le spectacle d'un pape allemand réhabilitant un évêque négationniste lui était insupportable. Le spectacle fut sans doute tout aussi douloureux pour Ratzinger lui-même, dupé par quelques prélats, lui qui a vécu la dernière guerre, qui en tant qu'Allemand a toujours ressenti une part de responsabilité, sinon de culpabilité, à l'égard de la Shoah (cf. sur ce point son discours du Bundestag).
Cet ami juge m'a ensuite rapporté que la rupture entre Benoît XVI et les Allemands remonte pour l'essentiel à cet épisode.

PV


[ PP à PV – Et n'oublions pas la scène d'octobre 1944 aux confins austro-tchèques où le jeune Ratzinger est posté avec son unité de la Flak, sous la férule obtuse de vieux nazis autrichiens : une nuit, les chefs tirent du lit ces gamins épuisés et les rassemblent en survêtement ; il s'agit de les enrôler dans la Waffen SS. Un officier les fait avancer un par un et leur ordonne de signer leur engagement "volontaire". Beaucoup cèdent. Peu résistent. Ce sont des séminaristes. Ils répondent qu'ils ne peuvent pas signer puisqu'ils sont de futurs prêtres catholiques. On les renvoie dans leurs baraquements en les traitant de "larbins du pape indignes de combattre pour la liberté allemande".
"Ces cris de mépris des SS et des vieux du Parti avaient un goût sublime", racontera le cardinal : "ils nous libéraient de la menace de cette 'liberté' et de ses conséquences." En avril 1945, Josef Ratzinger déserte ce qui reste de la Wehrmacht et rentre à pied chez ses parents en Bavière, en évitant les derniers SS qui pendent les déserteurs aux arbres sur le bord des routes. ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/04/2019

DIOCÉSAINS

> Je connais Moulins-Beaufort et sais qu'il sera un bon président de CEF parce qu'il y faut de l'autorité, un esprit de synthèse et de répartie, de communication.
Il est très bon pour ça.
Pour le reste, le rôle d'évêque, de grand frère, de père des prêtres d'un diocèse, le contact fraternels avec les paroissiens, ce n'est pas trop son truc, justement parce qu'il est plus monseigneur que père-évêque.
Navré si je jette un froid.
Il sera efficace à la CEF mais avec ses ouailles, il faudra qu'il fasse attention à être un peu moins frigo autoritaire.

EL

[ PP à EL – C'est indiscutablement un "homme d'autorité", comme l'était son mentor Jean-Marie Lustiger que j'ai un peu connu et qui n'était pas toujours commode.
Cependant parlez-en aux diocésains de Reims : ils l'aiment beaucoup alors qu'ils ne le connaissaient pas il y a huit mois. Il a fait preuve, une fois sur place, de beaucoup d'écoute
et d'attention. Eh oui, les expériences de la vie modifient les hommes ! ]

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Écrit par : E Levavasseur / | 10/04/2019

@ PP

> qui vous a dit qu'on ne pouvait aimer un homme d'autorité ? surtout s'il fait attention ?

EL


( PP à EL – Personne ne me l'a dit ; j'ai craint que vous ne le pensiez ! ("navré si je jette un froid", disiez-vous) ]

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Écrit par : E Levavasseur / | 10/04/2019

UNE VIDÉO DE Mgr de MOULINS-BEAUFORT FACE À DES PERTURBATEURS

> https://youtu.be/wQ_tLl-9XQQ

Cette vidéo me semble être assez révélatrice de la personnalité de l'archevêque Moulins-Beaufort. En l'occurrence, un groupe d'agitateurs (lefebvristes ?) opposés à l'œcuménisme avaient perturbé la venue à Notre-Dame du métropolite Emmanuel, invité à y chanter les vêpres dans le rite grec-orthodoxe en 2017. Moulins-Beaufort, hors de lui, prend la parole avec émotion mais aussi (et surtout) avec autorité. Lustiger n'aurait sans doute pas agi différemment.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/04/2019

@ EL et PP

> A propos de l’expression d’Eric, « frigo autoritaire » : Mgr de Moulins-Beaufort a surtout été à l’école de Mgr Vingt-Trois, qui fut lui-même le « ministre de l’Intérieur » de Mgr Lustiger, si vous me passez l’expression… A rude école donc !
Il reste que les nécessités de l’évangélisation et la grâce propre à certaines œuvres apostoliques méritent un regard qui ne soit pas que d’autorité, mais un regard qui témoigne avant tout d’une compréhension de ce que l’Esprit dit à l’Eglise, souvent via de simples laïcs.
Là est le principal défi pour le président de l’Eglise qui est en France : entendre ce que lui disent, pour le bien de la société française et de l’Eglise universelle, loin de tout cléricalisme et par-delà les « catholiques », ceux que j’ai parfois envie de nommer (ils se reconnaîtront) les « laïques pour Jésus ».
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Écrit par : Denis / | 10/04/2019

PRÉSIDENT

> L’élection d’un nouveau président de la Conférence des Evêques de France de cette qualité est assurément une bonne nouvelle, mais ne perdons pas de vue qu’il ne s’agit pas d’un « pape » de l’Eglise de France, qu’il n’est en rien le supérieur des autres évêques, mais qu’il s’agit seulement d’un rôle de coordination entre les évêques, et aussi un rôle médiatique non négligeable.
Mais, cela dit, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, comme tous ses confères, est d’abord l’évêque d’un lieu comme successeur des apôtres, en l’occurrence pour ce qui le concerne, archevêque de Reims.

MG


[ PP à MG - Mais personne n'en doutait... ]

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Écrit par : Michel de Guibert / | 10/04/2019

à Denis :

> Malheureusement, les "laïques pour Jésus" se ferment souvent dès qu'ils entendent le nom de Jésus, précisément. Pour citer le cas de ma famille, assez typique me semble-t-il, ma mère et moi-même sommes croyants tandis que mon père et ma sœur sont radicalement athées. Mon père a pourtant été scout, enfant de chœur, etc., mais ses études scientifiques l'ont conduit à ne croire qu'en l'exactitude des équations : s'il peut agir chrétiennement, il ne le fait pas pour le Christ ou dans une perspective évangélique mais par devoir moral, à la Comte-Sponville. Quant à ma sœur, également très dévouée auprès de personnes handicapées de par son métier, elle n'a plus souhaité entendre parler de religion après sa première communion : elle fait partie de la jeunesse qui n'est plus contre la foi mais, pire, qui y est totalement indifférente. J'essaie parfois de ramener père et sœur sur la voie de la Vérité mais sans guère de succès...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/04/2019

@ Denis et autres

> l'expression frigo autoritaire avait plus sa place dans une conversation privée plutôt que sur un blog, c'est une connerie de ma part.
D'ailleurs quand on voit comme sa main tremble, il n'est pas si frigo que cela, du moins en public.
Je me réjouis qu'il soit devenu "plus accessible" à Reims autant que je me réjouis qu'il soit homme d'autorité.
Comme dit précédemment et de nombreuses fois, nous n'avons pas besoin de curés-copains qui font des catés-youpi, mais de pères.
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Écrit par : E Levavasseur / | 11/04/2019

@ PV

> Les « laïques pour Jésus », tel que je les entends, sont plutôt ceux qui, après l’avoir servie de tout leur cœur, cultivent aujourd’hui un doute sur l’« Eglise experte en humanité », la « Sainte Eglise », du fait du cléricalisme et des abus de pouvoir. De la même façon qu’il existe des « juifs pour Jésus », nous aurons demain peut-être des « laïques pour Jésus », libérés du Temple qui meurtrissait leurs épaules. Prêts à souffrir pour Jésus, oui, comme baptisés configurés au Christ. Mais pas disposés à souffrir pour et par l’Eglise.
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Écrit par : Denis / | 11/04/2019

à Denis :

> Un "laïque pour Jésus", nous en avons entendu un sur RND il y a quelques jours : François Léotard, qui affirmait être croyant mais, ne pouvant adhérer "au dogme", s'intéressait du coup de près au... protestantisme (à supposer que celui-ci n'ait pas de "dogme", ce qui reste évidemment à démontrer, puisque nous lisons la même Bible !).
À noter que l'animateur en a profité pour interroger l'ancien ministre de Mitterrand sur la question des migrants, en forçant à nouveau le trait à propos du pape François, censé encourager l'Afrique à émigrer en Europe, etc. Sans commentaire !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 12/04/2019

à Philippe de Visieux

> Léotard : "laïque" si on veut, quand on sait qu'il fut novice bénédictin... Mais sa phrase sur le "dogme" traduit une ignorance religieuse surprenante de la part de qqn qui vouylut autrefois être moine.
Radio Notre-Dame : de 7h à 8h25 les émissions semblent faites par des amoureux transis de Marion Maréchal qui l'attendraient comme l'imam caché.
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Écrit par : Jean-Idriss / | 12/04/2019

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