20/03/2019
Le crime de Jean Lassalle
Avoir défendu les petites maternités en rappelant que la ministre de la Santé est une femme, c’est "un outrage" ? pourquoi ? Ma chronique de ce matin à Radio Présence (Toulouse/Midi-Pyrénées) :
https://www.radiopresence.com/emissions/societe/actualite...
<< L’époque devient surréaliste. A l’Assemblée nationale, lundi 18 mars, débat – animé – sur le projet de loi Santé présenté par la ministre Agnès Buzyn. Intervention du célèbre Jean Lassalle : le député des Pyrénées-Atlantique fulmine contre les fermetures de maternités dans les départements. Soulevé par le lyrisme inclassable qui fait son charme, il s’exclame, je cite : “Et c’est des ministres femmes, les femmes qui portent l’enfant, nos mères, nos sœurs, nos filles qui sont capables de porter des textes pareils !”
Que n’a-t-il pas dit là ! M. Lassalle est aussitôt pris à partie par d’autres députés qui crient à l’outrage. Outrage pourquoi et envers qui ? Ce n’est pas clair. Gilles Le Gendre, chef de file des députés La République en marche, déclare : “Ce sont des propos ouvertement misogynes !” Sauf que l’on ne voit pas bien en quoi serait misogyne le fait de rappeler, même de façon rugueuse, que les femmes portent les enfants…
Mais la protestation la plus caractéristique vient d’Ericka Bareigts, élue socialiste, qui s’écrie : “En tant que femme je n’admets pas ce genre de remarques genrées !”
Que veut dire “genrées” ? Ça veut dire : “tenant compte du genre” ; le mot “genre” signifiant “identité sexuée”. La députée Ericka Bareigts reproche donc à Jean Lassalle d’avoir dit à la ministre qu’elle était une femme. Mme Bareigts ne reproche pas à M. Lassalle d’avoir dit ça avec rudesse : elle lui reproche de l’avoir dit, tout court. Dire à une femme qu’elle appartient au genre féminin, et que ce genre a (jusqu’à nouvel ordre) le monopole de la maternité, serait donc inadmissible.
Depuis quand est-ce inadmissible ? Depuis peu. Et même, très peu. Pour être précis, c’est depuis la prise du pouvoir culturel par l’idéologie biotechnologique, liée à l’industrie du même nom : il ne faut jamais négliger l’aspect financier des choses.
Depuis que les “conquêtes technologiques” – comme disent nos influenceurs – promettent l’abolition de la différence concrète entre homme et femme, on voit (comme par hasard) se répandre, parmi ce qu’il est convenu d’appeler les valeurs, une nouvelle norme. Selon cette norme, seules les femmes ont le droit de mentionner leur qualité de femme – et pour se déclarer victime de la masculinité (sinon elles se font accuser de soutenir l’ordre ancien). Si un homme fait allusion au fait qu’une femme est une femme, il se fait inculper de contravention au nouvel usage. Pour l’instant cette inculpation n’est que symbolique, encore que pas toujours ; mais les cabinets d’avocats travaillent vigoureusement à ce qu’elle entre dans le code pénal.
C’est l’influence des Etats-Unis où règnent tous les communautarismes, qui ont chacun leur police de la pensée. Pour savoir à quel degré de délire invivable ce règne mène par exemple les universités américaines, il faut lire deux livres parus chez Stock : celui de Mark Lilla sur l’Amérique en miettes, et celui d’une femme, justement, Géraldine Smith : Vu en Amérique, bientôt en France. C’est instructif et préoccupant. >>
10:41 Publié dans Ecologie intégrale, Idées | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : jean lassalle, maternités
Commentaires
BAREIGTS
> hypocrisie répugnante : sur Twitter E Bareigts raconte son exploit avec le mot-dièse #NousToutes
alors qu'elle soutient cet abandon des femmes que sont les fermetures des maternités !
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2019
MISOGYNIE ?
> Normalement, l'erreur mise à part, ce qu'on peut reprocher dans un discours, c'est qu'il soit blessant.
Dire qu'une femme est une femme, c'est la stricte vérité. Alors en quoi est-ce blessant de dire à une femme qu'elle est une femme ? Je ne vois qu'une réponse possible : c'est que être une femme implique qu'on est un humain de statut inférieur, le rappeler est donc blessant. Donc ceux qui refusent qu'on dise qu'une femme est une femme admettent implicitement ce statut inférieur et sont donc misogynes.
Ceci dit, c'est vrai qu'une femme devrait - normalement - être plus sensible aux problèmes rencontrés uniquement par des femmes. Exactement comme un homme devrait être plus sensible aux problèmes rencontrés uniquement par des hommes.
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Écrit par : Bernadette / | 20/03/2019
START UP
> La réaction de ces dames est dans la logique d’indifférenciation de notre milieu dirigeant: pas de patrie, pas de culture, pas de civilisation, pas d'esthétique, pas de filiation, pas de sexe. Juste du droit uniforme et de la finance.
Les gens, les nations et le monde sont des start-up.
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/03/2019
LES MÊMES
> les mêmes qui se fichent de la fermeture des maternités dans les zones rurales beuglent à longueur de journée pour un accès égal à l'avortement.
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2019
UN GENRE GENRÉ
> À la lutte des "Anywhere" contre les "Somewhere", on peut maintenant superposer celle des "Anybody" contre nous autres "Somebody" : nous voulons garder notre corps ("body") sexué, notre identité masculine ou féminine. Quant à Mme Bareigt qui parle de "ce GENRE de remarques GENRÉES", on ose à peine en sourire...
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Écrit par : Alex / | 20/03/2019
> Du grand délire !
Merci pour votre hommage à l'ami Yann-Fanch.
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Écrit par : Philippe S./ | 20/03/2019
Un tour de vis supplémentaire sur la cocotte-minute
> Il y a peu, en salle de pause, la conversation s'était conclue sur le fait que maintenant, si tu ne voulais pas te faire tirer dessus valait mieux fermer ta bouche.
Ceci dit, y'a pas de micros dans la salle de pause de l'entrepôt. Nous pouvons encore nous permettre d'être outrageants en toute normalité et tranquillité. Bien sûr y'a pas que des hommes, y'a aussi des fem... êtres non-hommes, et qui participent tout autant aux conversations.
En plus, à chaque nouveauté de ce genre, forcément on augmente le nombre de mal-pensants. C'est mathématique. Mal-pensants malgré nous. C'est comme le niveau d'eau qui monte jusqu'à ce qu'on n'ait plus pied.
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Écrit par : Yvan / | 20/03/2019
à Yvan :
> Pour sourire tant qu'il en est encore légalement possible de telles situations : on n'écrit pas "Bien sûr y'a pas que des hommes, y'a aussi des fem... êtres non-hommes", mais "Bien sûr, la population est inclusive et non-genrée".
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Écrit par : Sven Laval / | 20/03/2019
CINGLÉS
> Question: combien de temps un système dirigé par des cinglés de ce genre (quel genre d’ailleurs?) peut-il tenir?
Vraiment, plus ça va, plus je pense que les années prochaines vont être agitées mais passionnantes.
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Écrit par : VF / | 20/03/2019
GENRÉE
> Quand Ericka Bareigts s’écrie : “En tant que femme je n’admets pas ce genre de remarques genrées !” a-t-elle conscience qu'elle tient elle aussi des propos "genrés" puisqu'elle s'exprime "en tant que femme" !!!
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Écrit par : Michel de Guibert / | 21/03/2019
> Où l'invective tient lieu de pensée...
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Écrit par : Bérénice / | 21/03/2019
> Effectivement, comme le dit VF, le système est dirigé par des cinglés.
Sven Laval semble bien au courant sur la façon politiquement correcte de l'exprimer, je salue sa virtuosité d'expression.
Je me disais justement, que, si le rapport fait par Yvan était rafraichissant (un lieu ou hommes et femmes ensemble peuvent s'exprimer librement sans que les uns ou les autres se sentent blessés), sa définition des êtres "non hommes" ne pouvait pas passer la censure : cela semble condescendant. Et j'avoue que le dérapage de dame Ericka m'avait échappé, car je m'étais concentrée sur son reproche. Mais c'est effectivement une remarque genrée de la pire espèce. Qu'elle fasse donc amende honorable, pieds nus, en chemise et la corde au cou, devant un buste de Marianne qu'on installera en face du Musée de l'Homme.
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Écrit par : Bernadette / | 21/03/2019
@ Bernadette
> Vous voulez parler du Musée de l'.la Ho.Fe.mme !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 22/03/2019
AVEU
> C'est simplement de la manipulation :
Parler du "genre" du ministre permet
- de ne pas répondre sur le fond
- de déplacer le débat
Pour moi c'est juste de la bassesse, un aveu d'impuissance sur le fond.
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Écrit par : franz / | 22/03/2019
ÉLOIGNÉS
> Décidément, les préoccupations des politiciens professionnels et des classes populaires sont de plus en plus éloignées!! (ou est-ce comme mentionné plus haut la manière la plus adéquate de noyer le poisson?)
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Écrit par : Raphaël R. / | 24/03/2019
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