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20/02/2019

Abus, prélats gays et catholicisme : débat chaotique

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Dans l'abondance des controverses, reprécisons les choses :


 
►  Aux yeux du chrétien, l'abus sexuel d'un prêtre sur un enfant est  non seulement un crime pénal, mais une monstruosité métaphysique. Elle ouvre sur l'abîme. Il faudrait être Bernanos pour en parler avec l'ampleur nécessaire.

Le pape François en août 2018 (Lettre au peuple de Dieu) a dit la chose essentielle en indiquant que la monstruosité de l'abus est redoublée par "le cléricalisme" : perversion du système hiérarchique préférant sa propre sécurité à la justice due aux victimes.

Remédier à tout cela sera complexe. Cela suppose non seulement la rigueur canonique et pénale, mais une réforme radicale des structures de l'Eglise pour éliminer le cléricalisme et ajuster la formation des prêtres aux conditions de la société. Il s'agit d'un recentrage sur l'essentiel évangélique, sans quoi l'impression de non-sens prévaudra : la raison d'être de l'Eglise ne sera plus du tout visible dans le monde d'aujourd'hui.

►  Ce déphasage déjà largement installé n'a fait que s'aggraver avec le scandale des abus. Une vaste "réforme catholique" est donc urgente. Sa nécessité est connue dans l'Eglise, et soutenue par l'aile marchante avec le pape François (cf. notamment ses discours à la Curie).

► C'est d'ailleurs ce qui vaut au pape la haine de l'aile "conservatrice". Elle recourt aux manoeuvres les plus cyniques, comme le fit en 2018 le groupe Vigano, qui visait à abattre François avant qu'il ne fasse avancer l'Eglise dans la voie de la dé-cléricalisation.

  Il existe aussi en France une aile "progressiste" (label emprunté à un parti politique dont elle est proche), et qui cherche  – comme les "conservateurs" mais pour des raisons inverses – à exploiter le chaos actuel. Là il s'agit de défaire la cohérence spirituelle des catholiques... Les "progressistes" poussent les médias à croire que les abus sexuels sont liés non seulement au cléricalisme masculin, mais à des éléments du corpus de la foi catholique, qu'il conviendrait donc de déstructurer et de disperser pour être enfin des baptisés postmodernes.

► Sans oublier le LGBTQ : il profite du scandale des prélats gays pour discréditer ce que dit l'Eglise en bioéthique...

►  Tous ces facteurs entremêlés suscitent dans les médias un débat chaotique. Des porte-parole officiels de l'Eglise y participent eux aussi, pour  : 1. assumer en bloc l'atrocité du scandale des abus, 2. parler des réformes nécessaires, 3.  expliquer néanmoins qu'il ne faut pas tout confondre : la pédophilie ne vient pas du célibat, la chasteté n'est pas un crime, la foi aux articles du Credo n'est pas une névrose.

Comme disait le vieux sarcasme chinois, voici qu'il nous est donné de "vivre une époque intéressante".

 

 

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Commentaires

"TOUS HOMOS DONC TOUS PÉDOPHILES" ?

> Je vous suis dans votre analyse, Patrice. Mais ce "scandale des prélats gays", certes logiquement instrumentalisé, ne relève-t-il pas la schizophrénie de nombre de clercs ? Je reste encore estomaqué devant les révélations de Martel : même si elles étaient exagérées, il est peu probable que l'auteur ait tout inventé. Merci d'avoir précisé que tous ces problèmes sont entremêlés : la situation des prélats gays devra être traitée indépendamment de la question des abus sexuels. Martel et son éditeur ont fait preuve de machiavélisme en publiant à la mi-février car ils savent bien que le grand public ne fera pas la différence, du style 'ils sont tous homos, donc tous pédophiles'. Il y a de quoi se poser des questions.
Perplexité aussi côté Ventura : alors qu'une troisième plainte est annoncée, on apprend que la première victime est un activiste d'Act-Up... Act-Up qui vient d'ailleurs précisément de demander au Quai d'Orsay la levée de l'immunité diplomatique du nonce. Qu'en penser, là aussi ?

PV


[ PP à PV – Le nonce : gardons-nous de préjuger du résultat de l'enquête. Dans un sens ou dans un autre ! ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/02/2019

SÉMINAIRES

> Il faut surtout s'intéresser aux racines du mal.
On parle de prêtres pédophiles, mais il s'agit plutôt de pédophiles prêtres. Pourquoi les séminaires ont accepté, et surtout gardé, des personnes visiblement perturbées ?
Tant qu'on n'attaquera pas cette question en face, j'ai l'impression que tous les efforts de l'Eglise seront vains.

RH


[ PP à RH – Exact, mais selon les criminologues la pédophilie s'annonce rarement par des symptômes visibles. D'où la difficulté du discernement pour les directeurs de séminaires... ]

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Écrit par : RH / | 20/02/2019

LE LIVRE

> Comment faire le succès d'un livre :
présenter quelques petites choses connues comme peu connues confidentielles (cela flatte le lecteur comme se sentant plus connaisseur que la moyenne),
puis présenter quelques autres choses pour le coup vraiment confidentielles mais vérifiables comme très secrètes (que le lecteur consciencieux pourra vérifier),
enfin inventer des choses en les présentant comme révélations ultra confidentielle tenues d'homme[/femme] sûres (mais non vérifiables, cependant grâces aux étapes précédentes l'auteur a conquit la confiance du lecteur)
et ensuite broder intelligemment (avec talent) ce que vous souhaitez.
C'est le succès d'un "Da Vinci Code" par exemple.
Ce nouveau livre sous couvert de préserver ses sources, procède finalement de la même veine. Très certainement il y narre des choses exactes, mais ensuite les proportions sont totalement invérifiables ; et bien peut-être également l'auteur a-t-il lui même été victime de ce genre de procédé, rencontrant des fautifs qui se justifient en disant mais je suis loin d'être le seul.
On peut aussi s'interroger sur le mobile de l'auteur, il semble que cette écriture ait demandé beaucoup de temps et d'énergie, donc la volonté et le but sont proportionnels à ces coûts : quels sont-ils, sont-ils énoncés, si oui, sont-ils sincères, sinon pourquoi ne le sont-ils pas ;
là sont mes premières questions.
Donc personnellement je me garderai d'ajouter au succès de ce livre, tout en me gardant aussi bien de le nier en bloc, que d'accepter de prendre pour argent comptant ce qui m'en sera rapporté.
Je souhaite simplement qu'il aide notre pape à faire le ménage dans "ces écuries".
Je rappellerai que tolérance n'est pas synonyme de normalisation, qu'on si on ne peut exiger d'un guide la perfection, au moins doit-il porter haut nos exigences, et si nous sommes des "pauvres petits pécheurs pardonnés" que le pardon n'est complet que s'il y a repentance, que plus on se sait faible devant la tentation plus on doit la fuir (de ce qui est dit de ce livre, certains prélats semblent ne pas pratiquer cette prudence et on peut se demander au nom de quoi ont-ils dès lors accepté leur charge ?).
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Écrit par : franz / | 20/02/2019

RATZINGER

> Il y a un autre point à mentionner la dedans : le cardinal Ratzinger avait fait une note pour refuser la prêtrise aux prêtres à tendances homosexuelles:
- cela répond par avance au livre de Martel
- c’était aussi une forte prévention contre les abus homosexuels type Mc Carrick ou Maciel (qui constituent la majeure partie des abus aux US, la pédophilie étant minoritaire).
Et pourtant cette note de Ratzinger avait été très mal accueillie, courants LGBT en tête, mais aussi « progressistes «  en général.
Bien sûr cette note avait aussi un objectif pastoral et spirituel. Cela n’est nullement contradictoire.
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Écrit par : Ludovic / | 20/02/2019

MARTEL ET SON LIVRE

> Le père Vivarès, curé dans le Marais, a déjà parcouru le livre qui lui a été offert par l'auteur en voisin du quartier. Quelques un des ses retours:
F.Martel est qq'1 qui ne voit tout qu'à travers le prime de l'homosexualité,
dont le procédé favori est "3 soupçons font une vérité",
ne vérifie pas pas aux sources ce qui lui est rapporté, par exemple sur "l'affaire Stefanini" dont il reprend pour argent la thèse médiatisée, alors qu'en fait Hollande n'a volontairement pas respecté la procédure pour obliger le Vatican à refuser la candidature et dire ensuite que c'était à cause de son homosexualité (en plein affaire du mariage pour tous) ; Stefanini l'a dit lui même : il avait été victime de règlements de compte au sein du quai d'Orsay et que son homosexualité n'avait rien eu à voir la dedans.
Une formule du père Vivarès: "Martel présente un squelette alors que l'église est un corps."
Dernière remarque, sur le titre "Sodoma": le péché de Sodome [dans la Bible] n'est pas celui de l'homosexualité mais du refus de l'hospitalité.
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Écrit par : franz / | 20/02/2019

NATURE HUMAINE

> Les catholiques que nous sommes, souffrons de toutes les mauvaises conduites sexuelles des prêtres, des évêques et des cardinaux dans le monde, telles qu'elles nous sont révélées aujourd'hui et depuis quelques années aussi.
Il en va ainsi de l'imparfaite nature humaine depuis le pêché originel nous a-t-on enseigné. Mais ces comportements ne sont pas acceptables dans l'Eglise, au nom de l'enseignement de Jésus et des commandements de l'Eglise elle-même.
Selon certains pères de l'Eglise, ces prêtres, évêques et cardinaux qui se conduisent mal et font des victimes, le feraient parce "qu'ils ne sont pas assez mûrs sur le plan sexuel" et aussi en raison "des excès de la liberté sexuelle d'aujourd'hui".
Ne devrait-on pas considérer que les humains consacrés, comme tout être humain, ont besoin d'une vie sexuelle normale et non contrariée? Pourquoi exiger de tous les futurs consacrés la chasteté?
L'homosexualité, en revanche, est une particularité; elle est refusée en principe pour la prêtrise, mais il est constaté qu'elle est très répandue y compris chez les plus haut dignitaires.
ô mon Dieu, comment faut-il faire? Pape François ta mission est difficile...

Paul Gaubert


[ PP à Paul Gaubert – La question du célibat sacerdotal ne relève que de la discipline intérieure de l'Eglise, non des fondements de la foi au Christ. Elle pourrait évoluer...
D'autre part, la question de l'homosexualité (comme aussi celle - différente - de la pédophilie) n'a pas de rapport direct avec le célibat sacerdotal. En mélangeant le tout, la polémique courante a tort non seulement du point de vue ecclésiologique (qu'elle ne connaît pas), mais du point de vue de la psychologie d'aujourd'hui, qui insiste sur les comportements bisexuels y compris chez les hommes mariés ! Que l'époux d'une femme soit prêtre ne l'empêcherait pas de se sentir bisexuel par ailleurs... J'en ai connu un cas, chez les orthodoxes. Rien n'est simple. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Paul Gaubert / | 21/02/2019

à Patrice :

> La sortie de 'Sodoma' a volontairement embrouillé les esprits, en mélangeant le tout, précisément. Il est d'ailleurs choquant d'avoir opté pour un titre aussi accrocheur, qui en associant sur la couverture le Vatican et la sodomie (davantage que Sodome, qui parle peu à l'homme de la rue), dispense quasiment le lecteur de la démonstration en 600 pages : le Saint-Siège serait un gigantesque lupanar gay.
J'entendais encore un ami me parler davantage de cet ouvrage que du sommet romain sur les abus : Martel, de ce point de vue, a réussi à brouiller les pistes.
Pourtant, certains passages semblent relever bien davantage du ragot que de l'analyse : Ratzinger en "dandy homosexualisé", la consécration de Gänswein en gay pride, Burke en grande dame viking... Arrêtons le délire ! Cela étant, qu'il y ait des homos au Vatican est une évidence ; au pape de réfléchir à cette question qui pose effectivement un certain problème.

PV


[ PP à PV – Sans compter les innombrables erreurs matérielles qui plombent cette "enquête de journaliste", et que Michael S. Winters s'est amusé à lister (pardon mais cet après-midi je n'ai pas le temps de traduire) :

« He writes, "You can only visit Domus Sanctae Marthae with special permission, and only on Wednesday and Thursday mornings, between 10 o'clock and midday, when the pope is at St.Peter's." Wrong on every point. I visited the Domus once, without special permission, it was a Sunday afternoon; on Wednesdays the pope is holding a General Audience either in the Paul VI Audience Hall or in the square, but not in St. Peter's; and Thursday the pope is wherever his schedule takes him.
He states that Pope Paul VI was elected in 1962, but the election was in 1963.
Discussing Paul's encyclical Humanae Vitae, Martel writes, "Today, we know from witness statements and archive documents that the prohibition on the pill, and perhaps the other moral condemnations of masturbation, homosexuality and the celibacy of the priesthood, were discussed at length. According to historians, the hard line was held by a minority, but Paul VI took his decision alone, ex cathedra." We knew it then: The fact that the commission discussed a range of issues and that the pope sided with the minority did not have to wait until Martel's investigation. And the document was not issued ex cathedra.
Martel states, "The reasons that led Sodano (as well as Cardinal Errázuriz, who replaced Sodano as secretary of state in 2006) to protect this paedophile priest remain mysterious." But Cardinal Errázuriz did not replace Sodano as secretary of state, Cardinal Tarcisio Bertone did.
He claims that the appointment of Archbishop Edwin O'Brien, then the archbishop of the military archdiocese, to conduct an investigation of seminaries was "strange" and mentions the accusation made by Archbishop Carlo Maria Viganò that O'Brien was gay. What was strange about the appointment? O'Brien had been rector of both the North American College in Rome and St. Joseph's Seminary in Dunwoodie (Yonkers), New York.
He writes of Cardinal Sean O'Malley: "At the age of 74, O'Malley is from another era, and seems barely capable of dealing with cases of this kind: in his 'Testimonianza', Mgr. Viganò challenges his impartiality; and during a stay in the United States in the summer of 2018, when I asked the cardinal for an interview, his secretary, embarrassed, admitted that 'he doesn't read his emails, he doesn't know how to use the internet and he has no mobile phone'. She suggested sending him a fax." I do not know what the cardinal's secretary did or did not say to Martel, but the cardinal does read emails, does know how to use the internet, and he has a mobile phone.
Martel makes much of the fact that he is not intending to "out" anyone, and so he only outs those prelates who have died. That seems an odd moral calculation, to only mention by name those who are no longer around to defend themselves. Among those Martel names as gay is the late Cardinal William Baum. Martel says he lived with his lover. Baum lived with his longtime assistant Msgr. James Gillen and they were inseparable, and like many people who have worked closely together over many years, Gillen could speak for the cardinal with authority. That was, in fact, his job: If you requested something from the cardinal, and the answer was "no," it was Msgr. Gillen who delivered the bad news. (If the answer was "yes," you got to meet with the cardinal so he could deliver the good news.) Like many prominent men, Baum had need of a lifelong assistant who balanced his personality: Baum was quiet and refined, and Gillen was a bit rough-and-ready in his manner. But I never presumed they were lovers. Their relationship put me in mind of Franklin Roosevelt's with Harry Hopkins, or Woodrow Wilson's with "Colonel" Louis Howe, not Ricky Martin's with Jwan Yosef.
The book is littered with insinuations, but this one particularly caught my eye. Martel writes, "Is Paul VI's gentle secret revealed in broad daylight by the choice of the celibacy of the priesthood? A lot of people think so today." That phrase — "A lot of people think so today" — where have I heard that before? I know. Donald Trump explaining that his inauguration had larger crowds than Barack Obama's, or that the border wall in El Paso decreased crime, or that Hillary Clinton was the candidate who colluded with the Russians. A lot of people think so. This is journalism?
If Martel is wrong about so much, both factual matters and interpretive blinders, why should we believe anything he has to say? »
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 22/02/2019

RADIOS ET TÉLÉS

> Mensonges entendus dans des émissions radios du service public belge:
"ce sommet est encore l'occasion pour des hommes uniquement (cardinaux, évêques, prêtres,...) de discuter des abus entre eux, un entre soi renfermé....".
Alors que depuis trois jours, la majorité des experts qui ont pris la parole étaient des femmes (dont une théologienne flamande dont ils n'ont pas fait mention, faudrait pas que les gens s'y intéressent vraiment non plus!).
Traduction des paroles du pape qui adresse une parole "ai piccoli" (aux petits, dans un sens désignant les plus faibles) que le journaliste RTBF (le propagandiste c'est selon) traduit en "jeunes", qui change tout le sens de la phrase du pontife romain.
Cette fin de semaine, nous avons droit (avec tout le battage médiatique qui va avec) au "« Corps et religion »: deuxième édition du forum citoyen «La religion dans la cité» à Flagey" avec entre autres Anne Morelli, Thérèse Argot, Christiane Taubira, Ina Schevchenko (leader des Femen), Axelle Red... Manque que Judith Butler pour cette grande messe du Progressisme...
Autre ineptie médiatique: sur un sujet sur la crise vénézuélienne, la traduction d'Arte d'une sympathisante chaviste déclarant en parlant du futur "yo creo en Dios" (est-il besoin de traduire?)", traduction Arte: "j'ai confiance en l'avenir". C'est sûr qu'on ne peut pas dire de gros mots à heure de grande écoute (surtout avec un BHL comme président du conseil de surveillance de la chaîne).
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Écrit par : Raphaël R. / | 23/02/2019

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