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01/02/2019

“Du point de vue écologique, les nouveaux accords de libre-échange (Ceta, Jefta…) sont plus inquiétants que les déplacements quotidiens des gilets jaunes !”

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“Face aux nouvelles fractures, les chrétiens doivent renouer avec l'action sociale !”, explique le Pr Mathieu Detchessahar, co-initiateur de l'Appel pour un nouveau catholicisme social :  


 

 

http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2019/01/28/31004-2019...

 

<<   FIGAROVOX/ENTRETIEN - Mathieu Detchessahar (*) est l'un des signataires, aux côtés de plusieurs intellectuels catholiques, d'un «appel pour un nouveau catholicisme social». Il invite les chrétiens à être aux avant-postes de la crise sociale, dans la tradition du pape Léon XIII ou de Frédéric Ozanam, et au regard de la doctrine sociale de l'Église.


 

FIGAROVOX - Vous avez lancé début janvier dans La Vie, en compagnie de 18 autres intellectuels catholiques, un «Appel pour un nouveau catholicisme social». À qui est destiné cet appel ?

Mathieu DETCHESSAHAR - L'appel s'adresse aux catholiques, aux chrétiens de manière générale et plus largement à tous les hommes de bonne volonté ! Il s'agit d'un appel à être présent sur les multiples lignes de fracture qui traversent la société française, menacent la qualité du lien social et créent une société de plus en plus atomisée… une véritable "dis-société" ! Un appel à être facteur d'unité, de solidarité mais aussi d'innovations économique, sociale et politique au moment où la crise des "gilets jaunes" révèle une nouvelle ligne de faille. Notre société s'affrontait déjà à la perpétuation des phénomènes de grande pauvreté, à la multiplication des fractures familiales qui contribuent pour une part importante aux phénomènes de pauvreté, à la sécession de certains quartiers périphériques que l'on dit «sensibles», aux phénomènes de radicalisation religieuse d'une partie de la jeunesse pourtant née et éduquée en France… C'est désormais toute une frange de la classe moyenne, populaire et laborieuse, qui dit sa souffrance et son sentiment d'exclusion. Exclue des mécanismes de redistribution sociale dont elle ne profite pas, exclue des dynamiques territoriales qui conduisent à la concentration des principaux services dans les grands centres urbains, exclue de l'espace du politique dans lequel elle n'a pas droit de cité, elle n'en peut plus d'un monde qui l'ignore, quand il ne la méprise pas, et qui se construit sans elle…

Pour agir face à cette nouvelle question sociale, les chrétiens peuvent retrouver l'élan du premier catholicisme social qui a tant contribué au XIXe siècle à résoudre la première "question sociale", celle du drame de la condition ouvrière. Pour cela, les chrétiens s'étaient fait enquêteurs sociaux (les grandes enquêtes de Villeneuve-Bargemont ou de Le Play sur la misère ouvrière), innovateurs sociaux (des conférences St Vincent de Paul de Frédéric Ozanam aux Cercles ouvriers d'Albert de Mun), ou encore concepteurs de formes alternatives d'organisation économique (des coopératives des chrétiens sociaux de l'École de Nîmes au modèle d'entreprise participative d'un Léon Harmel)… En 1891, le pape Léon XIII s'appuiera sur l'ensemble de ces innovations pour écrire la première grande encyclique sociale, Rerum Novarum. Il y dénonce "le petit nombre de riches et d'opulents qui imposent un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires" et renvoie dos à dos le socialisme révolutionnaire et le libéralisme du "laisser-faire". Ce texte aura un retentissement considérable ! Le pape Pie XII dira dans son radio message de Noël 1941 que Rerum Novarum "mérite d'être inscrit en lettres d'or dans les fastes de l'Église". Au XXe siècle, tous les papes auront à cœur de célébrer ce premier texte en écrivant à leur tour une ou plusieurs encycliques sociales qui actualisent et approfondissent ce qu'il est convenu d'appeler la "doctrine sociale de l'Église". C'est sur cet héritage qu'il faut s'appuyer !

 

Qu'est-ce que la doctrine sociale de l'Église peut apporter comme réponses aux fractures que vous évoquez ?

Elle propose un véritable changement de perspective. Cet enseignement insiste sur le fait que les structures économiques et politiques n'ont de sens que tant qu'elles sont au service de l'homme et de son développement intégral, c'est-à-dire dans toutes ses dimensions physiologique, sociale, morale, spirituelle… Elle promeut le développement de "tout homme et de tout l'homme", selon la formule de Paul VI. Elle nous sort du matérialisme de l'économisme ambiant: l'homme ne se nourrit pas que de consommation effrénée, mais il se nourrit aussi de la qualité de ses relations avec ses semblables dont il se reçoit en grande partie, de la beauté de la nature, de la richesse d'une culture qui lui permet de s'humaniser, d'une intériorité dont il tire sa liberté et sa puissance d'action…

Des politiques orientées vers la seule croissance économique risquent toujours de nous conduire à confondre la fin et les moyens, et de produire des dégâts. La croissance économique n'est souhaitable qu'à condition de servir le développement des personnes. À quoi sert la croissance si elle nous condamne tous à nous entasser dans des grands hubs urbains congestionnés, pollués, désespérément standardisés, laids et impersonnels ? À quoi sert la croissance si elle conduit au saccage de la nature et de nos paysages ? À quoi sert-elle si elle oblige à la mobilité permanente et au déracinement qui coupent les personnes de leur communauté de base où elles trouveraient confiance et solidarité? À quoi sert-elle si elle produit l'explosion des inégalités, le cloisonnement des lieux de vie et l'impossibilité de la rencontre ? À quoi sert-elle si elle conduit à la "débilisation" de la culture populaire au motif de gagner quelques parts de marché et de vendre un peu plus de publicité ?

Dès 1987, Jean-Paul II rappelait que "beaucoup de nos problèmes contemporains résultent des effets d'une conception trop étroite du développement, à savoir surtout économique". C'est le chemin de politiques visant au développement intégral des personnes qu'il nous faut retrouver. Dans l'élaboration de ces politiques de développement, tous doivent pouvoir contribuer, toutes les voix doivent être entendues. Le politique ne peut être confisqué ni par les grandes bureaucraties d'État ni par les grandes bureaucraties privées - les grandes firmes multinationales - dont on sait que les intérêts pèsent de tout leur poids dans la construction des politiques nationales. L'enseignement social de l'Église rappelle que la participation politique est pour chacun un droit mais aussi un devoir ! C'est pour que cette participation de tous au projet commun de développement soit possible que la doctrine sociale encourage la subsidiarité de manière à ce que "la personnalité créative du citoyen" (Jean-Paul II) ne soit jamais étouffée. Dans cet esprit, il faut protéger, soutenir et promouvoir les capacités d'initiatives locales dont nos territoires ont tant besoin et ne pas les étouffer sous une trop grande centralisation du pouvoir, sous des principes et des règles élaborées trop loin des réalités locales. Ce pouvoir d‘agir en commun est au fondement de la dignité des personnes comme de la qualité du lien qu'elles tissent entre elles. Lorsqu'il est respecté et encouragé, les personnes construisent les solutions dont elles ont besoin.

 

Vous employez dans ce texte l'expression de "maison commune". Le pape emploie ce même terme, dans un sens différent, pour désigner la Terre dans le contexte de crise écologique qu'il aborde avec Laudato si'. Peut-on répondre à la fois à une crise sociale et une crise écologique?

Loin de s'opposer, la nouvelle crise sociale et la crise écologique sont profondément liées. L'impasse écologique dans laquelle nous sommes s'explique moins par les moteurs diesel des "gilets jaunes" que par un modèle global de croissance économique qui privilégie la concentration et l'étalement urbain, la mondialisation du commerce et des systèmes de production des entreprises qui conduisent à l'explosion des flux de marchandises et des transports. Le conteneur est l'outil de la mondialisation et le volume du transport maritime, extrêmement polluant, a encore doublé au cours des vingt dernières années. Il en va de même du côté du trafic aérien et du transport de marchandises par route. Du point de vue écologique, les nouveaux accords de libre-échange (Ceta, Jefta…), qui intensifient le commerce mondial et les transports, sont plus inquiétants que les déplacements quotidiens des gilets jaunes ! Ils poursuivent un modèle économique qui pousse à la concentration des entreprises et du travail dans les hubs urbains connectés au système logistique global et à la désertification des zones périurbaines et rurales dont l'appauvrissement et le sentiment de relégation finissent par provoquer la crise sociale. On comprend que la crise écologique et la crise sociale ont une même origine: un modèle économique mondial qui n'est pas soutenable. C'est ce modèle qu'il faut repenser. Traiter la crise sociale et la crise écologique devrait nous conduire à tout mettre en place pour permettre la relocalisation des activités économiques et privilégier les circuits courts, dans le domaine agricole comme en matière industrielle. C'est sur ce terrain que se jouent une bonne part de la transition énergétique mais aussi de la cohésion sociale.

 

Votre appel est-il une réponse au discours prononcé par Emmanuel Macron aux Bernardins, où le chef de l'Etat appelait les catholiques à s'engager: "Ne restez pas au seuil, ne renoncez pas à la République que vous avez si fortement contribué à forger"?

Je ne crois pas que les chrétiens n'aient jamais été au seuil de la vie politique et sociale, encore moins qu'ils aient songé à renoncer à s'y engager. L'immense travail réalisé auprès des plus fragiles par une association comme le Secours catholique et ses 67 000 bénévoles ou le travail de réflexion et de proposition sur les grands sujets économiques et sociaux poursuivi depuis plus d'un siècle par les Semaines sociales le confirment. Cette tradition d'implication des chrétiens dans la vie sociale et politique est toujours vive, comme le montrent des actions plus récentes comme Espérance Banlieues, les associations Lazare ou Simon de Cyrène et beaucoup d'autres… De ce point de vue, notre appel vise à rappeler cette tradition d'engagement, à s'en inspirer et à inviter les chrétiens à se porter auprès des nouvelles lignes de fracture et des nouvelles périphéries comme nous y invite le Pape François.

 

Concrètement, quelles formes d'engagement proposez-vous ?

L'appel pour un nouveau catholicisme social a suscité beaucoup de réactions et de très nombreuses personnes ont pris contact avec nous pour dire leur volonté de participer et de s'engager concrètement. Il existe un désir profond d'agir au service du bien commun. Nous travaillons avec Joseph Thouvenel, Guillaume de Prémare et les autres signataires à la construction d'une plateforme du nouveau catholicisme social. Celle-ci aura une triple vocation:

1.  être un laboratoire d'idées pour nourrir et diffuser la pensée sociale chrétienne ;

2. être un observatoire pour repérer les innovations et les mettre en visibilité

3. servir d'ingénierie de projets pour soutenir des innovations économiques, sociales ou politiques concrètes principalement orientées vers les territoires en souffrance.

Il s'agit de combiner la logique du Think Tank et celle du Do Tank, pour le dire en bon français ! Créer un centre de ressources dans lequel on pourra trouver l'inspiration et les moyens pour s'engager.

 

Dans cette tribune, vous ne convoquez pas le sujet de la bioéthique, où pourtant de nombreux catholiques sont déjà très engagés…

Précisément, les chrétiens sont déjà très présents sur ces questions. Ils sont bien équipés intellectuellement ainsi qu'en termes d'organisation et de centres d'expertise pour participer aux débats. Il faut poursuivre le travail d'explication et de conviction mais, sur ces questions, nous sommes au moins entendus, à défaut d'être écoutés. Il n'en va pas de même sur le terrain économique et social sur lequel la pensée chrétienne est moins visible et moins attendue du grand public alors qu'elle est dans ces domaines tout aussi forte et structurée. Dans une très large mesure, les chrétiens eux-mêmes ne connaissent pas l'apport de la doctrine sociale de l'Église sur les problèmes liés au travail, à l'entreprise, au développement ou à l'organisation des communautés politiques… Cet appel est aussi l'occasion de rappeler aux chrétiens et au monde la puissance de cet héritage et d'appeler à s'en saisir. Il ne s'agit en aucun cas d'opposer ou de hiérarchiser les sujets qui d'ailleurs se recoupent et se recouperont de plus en plus. La convergence des nouvelles technologies - le fameux paradigme NBIC: Nanotech, Biotech, Informatique et Cognition - entraîne des mutations immenses de nature à la fois anthropologique, au travers du développement d'une médecine augmentative et sélective, et économique à travers la mutation des systèmes de production qui interroge, par exemple, sur l'avenir du travail humain et la pérennité de nos systèmes de solidarité. Sur tous ces sujets, la parole des chrétiens doit se faire entendre sans exclusive.

 

Le tour de force de votre appel est de réunir des sensibilités différentes et parfois antagonistes: disons, pour faire simple, des "cathos conservateurs" et des "cathos de gauche". Comment comptez-vous conjuguer ces divergences dans une action commune?

C'était en effet une préoccupation forte des initiateurs de l'appel que de réunir des catholiques des différentes "demeures". Face à l'urgence de la nouvelle question sociale, il est possible de se retrouver, par-delà nos différentes sensibilités politiques, sur ce qui fait notre unité fondamentale: le message évangélique et la boussole commune de la doctrine sociale de l'Église. >>

 

__________

(*)  Professeur des universités à l'Institut d'Administration des Entreprises de Nantes, il a publié en 2015 Le marché n'a pas de morale ou l'impossible société marchande (éd. du Cerf), et publiera en 2019 L'entreprise délibérée (Nouvelle Cité).

 

 

 

 

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Commentaires

BRAVO

> Bravo ! En voilà un qui mérite le titre de "catholique dans la vie publique", contrairement aux semi-cathos qui font l'impasse sur 'Laudato Si'.
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Écrit par : Olivier Lemas / | 02/02/2019

DIFFUSER

> Texte précis, pensé, complet, qui unit l'intelligence et la générosité, l'analyse du réel et la grandeur d'âme. Je lui souhaite la plus vaste diffusion. Et que nous reprenions en nos mains notre avenir !
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 02/02/2019

DRESS-CODE

> Concrètement, les tenants de cet « appel pour un nouveau catholicisme social » et ceux qui désirent les accompagner… comment les reconnaît-on ? Polo bleu, blouson blanc, casquette rouge… les trois à la foi(s) ?
Alors, nous dirons :
- polo bleu : j’évangélise, tracte, oriente et catéchise mes concitoyens dans la rue, dans les périphéries, aux carrefours ;
- blouson blanc : je prie et processionne avec mes frères et sœurs en Christ dès que l’occasion se présente ;
- casquette rouge : j’agis pour mon prochain, je donne (ma) chair à la doctrine sociale de l’Eglise, je m’engage socialement.
Ce que j’en dis : la casquette peut-être verte et le blouson orange… du moment que Jésus est au rendez-vous !

Denis


[ PP à Denis

- "RED CAP ? Wow ! GREAT again !"
....Aaaarrgh

- Je ne crois pas qu'un dress-code soit prévu, parlez-en aux initiateurs... ]

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Écrit par : Denis / | 02/02/2019

@ PP

> La casquette rouge… Aaarrgh !?
Justement. M’est avis qu’il faut la lui piquer, ça fait trop longtemps qu’il ‘trumpe’ son monde. Après tout le rouge est celui du témoignage (du grec ‘marturia’).
Rétablissons l’ordre de (la vraie) grandeur et remplaçons « Make America great again » par « Pauvres en France, donne-leur la préférence ».
D’un autre côté… le dress-code, c’est peut-être d’époque, mais, je vous le concède, c’est pas l’idéal, surtout lorsque votre main gauche n’est pas censée savoir ce que donne la main droite…
Sauf à partager la honte des pauvres, le feu aux joues… et sur la tête !?
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Écrit par : Denis / | 02/02/2019

TRICORNE

> Dites, vous n'en avez pas marre des casquettes de base-ball? il n'y a pas un couvre-chef plus sympa venant de chez-nous? Tiens, le tricorne, ça vous dit ?

VF


[ PP à VF – Ou plutôt le tapabor ? ]

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Écrit par : VF / | 02/02/2019

HULOT

> Selon 'Sud-Ouest' relayant une interview de Nicolas Hulot parue au JDD (payante, j'avoue ne pas avoir acquitté le péage pour voir, lien vers le propos paru dans 'Sud-Ouest' https://www.sudouest.fr/2019/02/03/la-charge-de-nicolas-hulot-contre-monsanto-5789171-706.php )

Le passage ci-dessous m'étonne beaucoup, je ne vois pas quel est ce cardinal, croyant l'Académie pontificale des sciences présidée par le professeur Werner Arber:

"(Hulot) dresse un tableau effrayant des pratiques de Monsanto dans le monde et de son influence. "Tous ses agissements se font sous le regard de la plupart des décideurs mondiaux. Leur silence et leur indifférence valent presque complicité", accuse-t-il en relatant une visite au Vatican où le cardinal qui préside l’Académie des sciences l’a "gratifié d’un plaidoyer pro-Monsanto"."

Aventin


[ PP à Aventin – Pas l'ombre d'un cardinal à la présidence de l'APS, confiée depuis 2017 à l'économiste agronome Joachim von Braun : et ce proche du pape François n'a aucune complaisance envers Monsanto.
Mais 'Sud-Ouest' n'en sait rien, n'a rien vérifié, et croit sur parole M. Hulot qui raconte (comme d'habitude) n'importe quoi : il y a trois semaines, il déclarait "garder toute sa confiance" à M. Macron en matière d'environnement. Aucun journaliste ne lui a demandé pourquoi dans ce cas il avait démissionné. ]

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Écrit par : Aventin / | 03/02/2019

à Aventin et PP

> Si Hulot a croisé un cardinal américain dans les couloirs du Vatican, pas étonnant qu'il ait entendu ne pas dire du mal de Monsanto qui est forcément un groupe de "good guys" puisqu'il n'a pas fait de déclaration en faveur de l'avortement, seule question digne d'intérêt pour des "US catholics".
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Écrit par : Churubusco / | 03/02/2019

> pourquoi Hulot prétend-il que ce cardinal éventuel était le président de l'académie ?
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Écrit par : Alain Tilmont / | 03/02/2019

à Denis :

> Un autre exemple d'Église 'cool' dans cet entretien avec Mgr Rougé, nouvel évêque de Nanterre :
https://youtu.be/6MDkBDjA2Rw

[21:00] Il est question du groupe de "pop-louange" (sic !) dénommé en bon français "Hopen", dont certains de nos enfants seraient "fans" : ça fait tout de même beaucoup d'anglicismes dans une seule phrase ! Un jeune musicien explique ensuite travailler la "posture de louange", la "posture de conducteur de louange" puisqu'il y a plein de "choses géniales dans la foi catholique", plein de choses "chouettes" et qu'on est "hyper-heureux d'être cathos". Mgr Rougé ensuite de se féliciter de l'essor de ladite "pop-louange" au travers d'événements dans son diocèse comme "Enjoy" ou "Zik'messe". Pourquoi donc faut-il mettre de l'anglais partout pour faire jeune ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 04/02/2019

TRAITÉS

> Bien !
Deux remarques:
-il y a assez souvent de bons intervenants dans les pages Figarovox!
- sur la citation que vous retenez en titre: oui, bien sur mais.... il existe déjà des accords et traités qui nous obligent à un large libre-échange. Et cet "acquis", semble être une vache sacrée chez les catholiques. Or, il sont forts nocifs.
Voir cette discussion
https://www.facebook.com/bernardleclaire/videos/10155541364613308/UzpfSTEwMDAwMTI4MjQ4MzA0NjoyMjgzMjI1Mzg4Mzk2ODU1/
qui fait suite à une intervention de M. Nestor-Azerot , député de la Martinique.
http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-103204QE.htm?fbclid=IwAR1d09Wo1NHR25ukR6rvPXsCvx7ehOv4MTAhxWkpR2iKOcBXudXKdE2sxvA
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/02/2019

@ Ph. de Visieux :

> oui, la pullulation d'anglicismes est une peste, dans l'Église comme ailleurs. Hopen est un groupe sympathique, les membres sont vraiment engagés dans l'évangélisation. Ce sont de bons musiciens (vus en concert pour collégiens avec ma fille aînée), mais il est vrai qu'ils ne savent pas écrire, et que leurs textes sont encore indigents, truffés d'erreurs de langue et d'anglicismes affligeants comme "Laissons-nous danser" (ce que ne veut pas dire "Let's dance"...).
Mais même Glorious, l'aîné de tous ces groupes, progresse (lentement) tant musicalement que dans leurs textes. Cela reste inégal, mais fait du bien à nos jeunes quand ils sont à peu près les seuls chrétiens de leur âge dans leurs collèges. Cultiver un esprit de louange est essentiel à notre vie spirituelle, et même morale et physique. (NB :"conducteur de louange" est un décalque de "worship leader").
______

Écrit par : Alex / | 04/02/2019

LE "COOLISME" NUIT GRAVEMENT À LA FOI

> L'aumônerie étudiante vend du caramel à la sortie de la messe. Avec chaque pot, une citation des évangiles sur un petit carton. Au revers du carton, la citation en anglais.

@ Ph de Visieux

Pourquoi mettre de l'anglais et aussi et surtout pourquoi faire niais ? pourquoi cette infantilisation continuelle ?
ça n'arme pas, ça n'aide pas pendant une lutte spirituelle.
Tout est dans le sentiment.
Ce que m'ont dit des convertis c'est qu'ils aimeraient bien des formations faisant le lien entre philo et caté.
On peut lire Benoit XVI et ce qu'il a écrit sur la prière du corps : l'importance des gestes, de la posture, génuflexion, signe de croix, être à genoux notamment pendant la consécration : un geste d'adoration mais aussi utiliser son corps pour se pénétrer de l'idée que l'homme mis à genoux par le péché est relevé par la venue du Christ parmi nous; bref s'aider de son corps pour comprendre qu'on a besoin du Christ, que lui seul peut nous sauver parce qu'il est Dieu.
Evidemment si tout autour de nous nous montre que Jésus est notre copain et qu'il faut être cool, le jour où ça va mal, on ne comprend plus : "on m'a menti !" "c'est de l'illusion tout ça" "c'est de la méthode Coué" , "la religion c'est cucul" (et en effet, le "coolisme" est mièvre).


@ PP et Denis

> "Aaaargh" comme le château ?
https://www.youtube.com/watch?v=h_lqQbFAk5Q
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/02/2019

à Alex :

> Une initiative comme celle d'Hopen est encourageante mais elle mériterait d'éviter le copier-coller systématique avec ce que font les évangéliques américains.
Pourquoi ne pas l'appeler 'Espérance', voire 'Spes', plutôt que 'Hopen' ?
Cette infiltration de l'anglais ne se borne hélas pas à la France : il y a trois ans à Taïwan, je chantais les vêpres un soir avec un père scheutiste belge et un prêtre MEP français, dans leur oratoire. Nous étions trois francophones à chanter... en anglais ; j'ai interrogé le père belge qui m'a répondu que l'anglais était devenu en quelque sorte la langue liturgique pour les offices internationaux.
Le latin ne serait-il pas préférable en pareille circonstance, tout au moins pour les prières principales ?

PV


[ PP à PV – A la grand-messe d'Abou Dhabi ce matin, le pape a prononcé en latin les paroles de la consécration : sommet d'une messe qui a utilisé par ailleurs l'italien (pape) et l'arabe (traducteur), avec du filipino, de l'anglais et du français pour la prière universelle.]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/02/2019

VALLINI CONTRE L'AMÉRICANISATION DU LANGAGE

> http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2019/02/10/31006-20190210ARTFIG00183-il-faut-defendre-la-langue-francaise-contre-l-anglais-qui-la-menace8230-en-france-meme.php

Belle et juste philippique de M. Vallini contre la tendance, ces dernières années poussée ad nauseam, à préférer l'anglais au français.
Même sur KTO, on nous invite dans 'La vie des diocèses' à visionner le "trailer" d'un film (la bande-annonce, en français).
Déjà il y a dix ans, une amie avocat me demandait, alors souffrant d'une grave pathologie intestinale, si j'étais atteint de "Crohn's disease", ce à quoi je répondis qu'en France on l'appelait la "maladie de Crohn" - je fus immédiatement catalogué plouc, ce qui combiné à mon étiquette catho me rendait assez peu fréquentable.
Encore tout récemment, une proposition de "doggy bag" dans un petit restaurant me donna l'occasion d'un bref cours de français - "sachet" tout simplement sonne tout de même bien mieux à l'oreille.
C'est Hagège qui avait vu juste il y a dix ans ; dommage que son emphase un tantinet narcissique - donc très peu médiatique - ait été un frein à la diffusion de ses idées en la matière.

PV


[ PP à PV – Ce n'est pas seulement KTO : la pastorale elle-même se jette dans le globish. Une évangélisation sur les plages en 2018 s'appelait "Holy beach". Il y avait eu auparavant les "Hack my church", les "church parties", les "Light my prayer", et même un "bishop tour" pour désigner... une tournée des paroisses par l'évêque du coin.
On ne voit pas ce que l'Eglise de France gagne à se mettre dans l'ombre d'une Eglise américaine scandaleusement divisée et qui a largement parrainé le coup Vigano en août dernier.
Peut-être la clé du mystère est-elle la surprésence, dans les équipes de laïcs, de gens issus d'écoles de commerce pour qui le globish est la langue normale.
Mais se mettre à la remorque des pubs commerciales françaises américanoïdes (cf article de Vallini) est une attitude aberrante à l'époque de 'Laudato Si'. Double langage clérical ? ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/02/2019

@ PP

> "Peut-être la clé du mystère est-elle la surprésence, dans les équipes de laïcs, de gens issus d'écoles de commerce pour qui le globish est la langue normale"

Sincèrement, je ne vois que ça. Et c'est triste. Si on veut une langue universelle : pourquoi ne pas "investir " dans le latin ?

Feld


[ PP à Feld - A Abou Dhabi, pour une foule de fidèles pluriilingue, le pape François a prononcé en latin les paroles de la consécration. ]

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Écrit par : Feld | 13/02/2019

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