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01/10/2018

XIIIe siècle : contre un fourvoiement du catholicisme

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Nommé évêque de Saint-Jean d'Acre par Honorius III en 1216, le futur cardinal Jacques de Vitry* (qui verra la Ve Croisade mais aussi François d'Assise) diagnostique : "Nous sommes tous tellement préoccupés de 'défendre la chrétienté' que nous en avons oublié notre mission essentielle : l'annonce de l'Evangile à toutes les nations !"


 

 

* Jacques de Vitry  (1160 ? - 1240)

 
 

<<   Jacques de Vitry est né entre 1160 et 1170, probablement à Vitry-en-Perthois comme l'a montré une étude de J.-F. Benton. Ainsi, une charte de la comtesse Marie de Champagne datée de 1193 semble se rapporter à la famille de Jacques de Vitry. Par ailleurs, la proximité de Vitry avec les terres des Pierrepont à Vanault-le-Châtel explique peut-être l'amitié entre Jacques et l'évêque de Liège Hugues de Pierrepont (1200-1229).

La famille de Jacques de Vitry est assez aisée pour lui permettre d'étudier à l'université de Paris. Là, il appartient à un groupe de prédicateurs formés par Pierre le Chantre, avec notamment Jean de Liro et Jean de Nivelles. Il obtient ensuite la cure d'Argenteuil avant d'être ordonné prêtre. Vers 1208, il se fixe au prieuré augustin de Saint-Nicolas d'Oignies, dans le diocèse de Liège, où il fait la connaissance de Marie d'Oignies. Jacques de Vitry devient son confesseur et, après la mort de la béguine le 23 juin 1213, entreprend d'écrire sa biographie.
A partir de 1211, Jacques de Vitry déploie une intense activité de prédicateur. Ses talents oratoires sont remarqués par Raymond d'Uzès, légat pontifical, qui l'engage vers 1212 pour prêcher la croisade contre les Albigeois dans le diocèse de Liège, de concert avec l'évêque de Toulouse Foulques de Marseille (1205-1231). Innocent III ayant appelé à une nouvelle croisade en janvier 1213, Jacques de Vitry participe activement à la prédication de celle-ci. Elu évêque de Saint-Jean-d'Acre, Jacques de Vitry arrive à Pérouse le 17 juillet 1216 alors que le pape vient de mourir. Il assiste à l'élection du nouveau pontife et au sacre d'Honorius III qui le sacre à son tour évêque le 31 juillet. De Gênes il rejoint son évêché à l'automne 1216 où il commence par réformer les moeurs des Orientaux et des Latins. A partir de 1217, il accueille les premiers croisés. De juin 1218 à septembre 1221, il suit l'armée dans ses opérations militaires en Egypte et est le témoin privilégié de la prise de Damiette (1218-1219) qu'il relate dans ses lettres. Après l'échec de la cinquième croisade, Jacques de Vitry revient deux fois en Europe. Lors du premier voyage, il se rend à Rome (1222-1223). Le second, à partir de 1225, le conduit dans le diocèse de Liège, et en particulier à Oignies. Jacques de Vitry résigne alors sa charge d'évêque de Saint-Jean-d'Acre en 1228, décision acceptée par le pape Grégoire IX.

Entre 1226 et 1229, il exerce la fonction d'évêque auxiliaire de Liège et s'acquitte de différentes missions pour l'évêque Hugues de Pierrepont. Ainsi, en 1226, Jacques de Vitry se rend à Reims pour exposer les motifs du refus de l'évêque de Liège du siège archiépiscopal de la ville. Le 11 avril 1229, il est à Huy auprès de Hugues de Pierrepont qu'il assiste dans ses derniers moments.

Quelques semaines plus tard, Grégoire IX appelle Jacques de Vitry à Rome et le crée cardinal-évêque de Tusculum (Frascati). Il exerce alors différentes charges au sein de la curie jusqu'à sa mort à Rome le 1er mai 1240. L'année suivante, son corps est ramené à Oignies comme il en avait exprimé le désir. Une petite chapelle de l'église paroissiale abrite encore aujourd'hui son tombeau. Ayant légué tous ses biens au prieuré d'Oignies, les objets du culte de Jacques de Vitry, notamment son autel portatif, sont conservés au couvent des Soeurs de Notre-Dame de Namur avec les pièces d'orfèvrerie du frère Hugo d'Oignies.

L' oeuvre littéraire de Jacques de Vitry :

La Vie de Marie d'Oignies :  Jacques de Vitry entreprit la biographie de Marie d'Oignies en 1213 à la demande de l'évêque de Toulouse Foulques de Marseille. Il s'agit de proposer, face aux modèles cathares, un exemple de vie chrétienne fidèle à la doctrine de l'Eglise. L'ouvrage fut achevé en 1216, avant que Jacques de Vitry ne s'embarque pour la Terre sainte. Quelques années plus tard, probablement après 1231, Thomas de Cantimpré apporte au récit de Jacques de Vitry un Supplément relatant les miracles de Marie, les prédictions réalisées ainsi que l'apparition de la béguine après sa mort. La Vie de Marie d'Oignies est certainement la première biographie spirituelle médiévale en l'honneur d'une femme.

– Les lettres : durant son séjour en Terre sainte à l'occasion de la 5e Croisade, l'évêque de Saint-Jean-d'Acre écrivit sept lettres. Elles furent dictées à Jean de Cambrai, secrétaire de Jacques de Vitry, recopiées et expédiées à différents destinataires.

– Les sermons : tout au long de sa vie, Jacques de Vitry a beaucoup prêché. Il laisse 410 sermons, mis par écrit entre 1226 et 1240, et qui composent quatre recueils distincts. Le premier propose des sermons pour les dimanches et les fêtes du temporal ("dominicales" ou "de tempore"), des sermons sur le sanctoral ("de sanctis"), des sermons selon la condition des personnes ("ad status" ou "vulgares") et des sermons pour les féries ("feriales vel communes"). A l'intérieur des sermones ad status, Jacques de Vitry propose 314 exempla, récits particuliers à destination des laïcs dont usent les prédicateurs comme moyens de persuasion.

L’Histoire de Jérusalem abrégée : rédigée entre 1220 et 1225, Historia hierosolimitana abbreviata se compose de deux livres, l'Histoire orientale (Historia orientalis) et l'Histoire occidentale (Historia occidentalis). Le premier livre traite de la religion musulmane et expose les causes des croisades. S'ensuit un historique des trois premières croisades puis une description de la Terre sainte. Le second livre se rapporte à l'Eglise d'Occident dont il dresse un tableau souvent sombre mais dont l'avenir semble assuré par la qualité de la prédication et des ordres réguliers, et par l'exemplarité de séculiers ecclésiastiques ou laïcs. >>

Source : Association culturelle arménienne

 

 

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L'imagerie XIXe, recyclée en 2018 par la "droite Bannon"

 

10:20 Publié dans Histoire, Idées | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : histoire

Commentaires

'LA VIE'

> Le fourvoiement, à notre époque, peut être le fait de certains médias qui n'hésitent pas à souffler sur la braise. Dernier exemple en date, l'éditorial de Jean-Pierre Denis dans 'La Vie' : "En un sens, la situation est pire qu’à la fin du pontificat de Benoît XVI, car François a soulevé l’immense espoir de la miséricorde. Or sa révolution évangélique semble menacée. L’atmosphère devient crépusculaire." Propos surprenants : ce n'est pas le pape qui soulève l'espoir de la miséricorde, mais Dieu Lui-même...
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/10/2018

SURNOMS

> Concernant le journal La Vie, vous connaissez la vieille blague "tradi" : "La Vie anciennement catholique"
le fait est...
On entend aussi :
-"Témoignage pas Chrétien"
-"La Croix-la bannière à lire"
-"Famille crétine" : j'ai entendu cette appellation pour la première fois de la bouche même de quelqu'un qui maintenant y travaille.
Personnellement il m'arrive de dire : "Famille (Le Quesnoy) Chrétienne"
-"Femme Chrétienne"
car ce journal se centre encore beaucoup trop uniquement sur les femmes et sur les mères en particulier ; à se demander si ce journal est au courant que les hommes représentent 50% de l'Humanité, que les célibataires sont nombreux & que le célibat ne les empêche pas d'avoir une famille, même s'ils n'ont pas fondé la leur.
Ce sont souvent des points de vue typiquement féminins qui sont exprimés parfois sur un ton inconsciemment supérieur, très maîtresse d'école du type "j'élève-mon-mari".
(il y a des hommes qui l'ont tellement intégré au point qu'ils ne s'en rendent pas compte & d'autres à qui ça plait, mais c'est une erreur : il faut tenir son rang, dans l'intérêt même du couple)
Il faudrait que les hommes de la rédaction se mouillent un peu plus pour rétablir l'équilibre. Plusieurs fois des articles-dossiers traitant de masculinité ont été rédigés par une journaliste. Ce qu'elle écrivait prêtait à sourire...
-Plusieurs articles douteux dans "La Nef" font que ce journal sera peut-être surnommé "Le Sous-Marin" ou encore "Le Torpilleur".
Il serait temps d'avoir un journal de combat, de formation doctrinale & de mise en relation des gens désireux d'agir.
Les médias catholiques parlent des événements, des initiatives une fois qu'ils ont eu lieu ; résultat : on ne peut pas y participer.
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Écrit par : E Levavasseur / | 01/10/2018

> R. Pétillon = pétillant
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Écrit par : De Vos Alain / | 01/10/2018

À E. Levasseur:

> vous oubliez Codex et Limite. Je les trouve assez bons.
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Écrit par : Raphaël R. / | 01/10/2018

RÉAPPRENDRE À DÉBATTRE

> Il faut sans doute apprendre à distinguer le fourvoiement du libre débat.
L'Eglise du XIIIe siècle pratiquait la dispute entre clercs et théologiens.
L'église du XXIe siècle doit (re)devenir synodale et (ré)apprendre à débattre sans excommunier comme le demande François.
Pas simple.
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Écrit par : Phil / | 01/10/2018

À E Levavasseur :

> C'est vrai que la 'Nef' verse souvent dans l'opposition systématique entre Jean-Paul II et Benoît d'un côté, François de l'autre. Christophe Geffroy en vient jusqu'à écrire cette phrase de mon point de vue inacceptable : "Avec François, nous revenons à une situation plus « ordinaire » où la réalité nous rappelle que toute parole du pape n’est pas en soi l’émanation de l’Esprit Saint, et qu’elle n’est donc pas incritiquable"... après avoir écrit qu'il était possible, sous ses deux prédécesseurs, de "recevoir leur enseignement en toute confiance"...

https://lanef.net/2018/09/28/de-lattitude-envers-le-magistere/

PV


[ PP à PV - 'La Nef', qui avait pris un assez bon cap il y a dix ans, est devenue ensuite un journal sous influence : annexe du grand bazar de la droite énervée. "Sad", comme tweeterait leur copain Trump... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/10/2018

FRANCE À ÉVANGÉLISER

> "Nous sommes tous tellement préoccupés de 'défendre la chrétienté' que nous en avons oublié notre mission essentielle : l'annonce de l'Evangile à toutes les nations !"
Effectivement :
La défense ne serait-ce pas privilégier le moyen sur la fin ? (donc une erreur)
Le témoignage ne serait-il pas la meilleure défense ?
Certes plus facile à dire dans certaines banlieues que dans d'autres, en France qu'au Moyen-Orient ou certaines régions d'Afrique ; mais même ici, la France est redevenue une terre à évangéliser (et la première chose est de veiller au sens des mots : à la création Dieu à donner pouvoir à l'homme de nommer les choses, mais ensuite le malin est venu semer le trouble [le relativisme en fait partie])
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Écrit par : franz / | 02/10/2018

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