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27/09/2018

Comment le chlordécone a empoisonné les Antilles

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En visite aux Antilles pendant quatre jours, M. Macron se trouve face à un scandale d'Etat : 90 % des habitants contaminés par le pesticide chlordécone, toxique cancérigène interdit même aux Etats-Unis... mais autorisé jusqu'en 1993 aux Antilles "par dérogation" (au nom de la rentabilité des exploitations bananières) :


► Selon le constat (tardif) du ministère de l'Agriculture :

"Le chlordécone est une molécule chimique utilisée de 1972 à 1993 (date de son interdiction définitive) pour lutter contre le charançon du bananier, insecte coléoptère minant la base des plants. Cette substance très stable a contaminé durablement les sols des parcelles historiquement utilisées pour la culture de la banane, ce qui représente prés de 14 500 hectares en Martinique. Néanmoins ; si l’on considère les 25 000 ha de terre actuellement utilisée par l’agriculture et le niveau minimum de taux de chlordécone dans le sol occasionnant des problèmes pour les cultures sensibles à un transfert du chlordécone du sol vers la plante, on évalue à 7 à 8 000 ha la surface concernée par cette pollution et devant être gérés. Le chlordécone se retrouve dans l’environnement, l’eau, les végétaux et les animaux. Cette pollution constitue, par son ampleur et sa persistance dans le temps, un enjeu sanitaire, environnemental, agricole, économique et social important pour les Antilles..."

 

► Selon le site d'informations Actu-Environnement (déjà en 2009) :

"Le chlordécone est un polluant organique persistant de type CMR (cancérigène, mutagène et/ou reprotoxique), interdit depuis 1991 en France mais utilisé jusqu'en septembre 1993, notamment dans les bananeraies aux Antilles pour lutter contre le charançon. Cette substance très stable a été détectée dans les sols et peut contaminer certaines denrées végétales ou animales, ainsi que les eaux... La diffusion du chlordécone pourrait constituer un problème sanitaire et environnemental mondial, d'autant plus que cette molécule très rémanente n'est plus recherchée et contrôlée par les Etats, car elle n'est plus produite depuis 1991. On pourrait donc, éventuellement, être confronté à un problème environnemental de dimension planétaire, qui exigerait une coopération internationale, écrivent les auteurs du rapport. Les deux rapporteurs notent que, quelque 1.600 tonnes ont été produites aux Etats-Unis entre 1958 et 1976. Environ 200 autres tonnes de chlordécone ont ensuite été produites au Brésil de 1981 à 1991. Et qu'environs 300 tonnes (120 tonnes de 1972 à 1976 importées des Etats-Unis et 180 tonnes fabriquées au Brésil de 1981 à 1991) ont été utilisées aux Antilles. Les recherches effectuées par les rapporteurs révèlent plus de 90 % du chlordécone produit aux Etats-Unis ont été exportés notamment en Amérique Latine, en Afrique (au Cameroun et en Côte d'Ivoire) et, de façon plus massive en Allemagne et en Europe de l'Est."

 

Selon le Dr Serge Châlons (site d'actualité Bondamanjak, Antilles-Guyane-Réunion), 01/ 2018 :

"Les nouvelles recommandations (revisités à la hausse) de l’ANSES, (l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), concernant les taux acceptables, de #Chlordécone dans différents produits de consommation courante, ont soulevé émoi et indignation partout aux #Antilles. Le récent documentaire de #Martinique Première sur le sujet, réalisé par Cécile #Marre, est venu porter un éclairage fort intéressant sur la réalité de la situation en Martinique, identique à celle de la #Guadeloupe, en pointant un fait certain et fondamental :  le pire est à venir.  [...]

> La RESPONSABILITÉ : [...]  tout d’abord l’ETAT... L’autorisation, en son temps, dans les années 1970, sous la pression des lobbies de la banane, avec des arguments fallacieux, d’importer puis de répandre largement dans nos deux îles, un produit phytosanitaire, le chlordécone, dont on connaissait parfaitement la toxicité suite à l’explosion, aux États-Unis, antérieurement à cette importation, d’une usine produisant du chlordécone. D’ailleurs le produit, interdit de fabrication aux États Unis, sera fabriqué au Brésil…  L’autorisation délivrée par l’Etat, pour une période limitée, puis renouvelée à plusieurs reprise de son importation, puis de son épandage de façon non contrôlée dans toutes les bananeraies des deux Iles, en quantité non mesurée, atteste lourdement de sa responsabilité !

Responsabilité aussi au niveau des services de surveillance sanitaire de l’État, sans prise en compte de la toxicité directe d’un produit manipulé et répandu sur nos sols, par des ouvriers agricoles non protégés, et surtout non informés !

Responsabilité directe de l’État, qui une fois le scandale déclaré et la prise de conscience par les autorités sanitaires, de l’étendue et de l’importance de la catastrophe n’a pas mis en place avec une efficacité appropriée, la protection des populations, au prétexte qu’il fallait attendre le résultat d’études sur près de 10 ans pour ce faire. Car il s’agit là d’une catastrophe sanitaire d’une grande complexité, certes difficile à cerner, due à :
– la durée de persistance du produit dans les sols contaminés ;
– la dissémination du produit dans les sols, bien au-delà des zones d’épandage connues, à savoir les grandes plantations de bananes, puisque nombre de petits planteurs l’ont utilisé au niveau de terrains familiaux à distance des grandes plantations : ce qui fait que la cartographie actuelle des terrains touchés par le chlordécone en Martinique et en Guadeloupe n’est à ce jour pas actualisée, puisque dépendant du bon vouloir des propriétaires pour l’analyse de leur terrain ;
– la dissémination en masse du produit d’abord dans les eaux douces des rivières et vraisemblablement les nappes phréatiques, mais aussi dans les eaux marines sur l’ensemble de nos côtes, où il doit être fort probablement dilué compte tenu des courants ;
– l’intoxication massive et continue, de toute la chaine biologique, du ver de terre en passant par le crabe jusqu’aux poissons d’eau douce ou de mer, qui, de prédateurs en prédateurs, concentre dans certaines zones des taux impressionnants de chlordécone. Sur terre on n’est pas en reste : tout ce qui se nourrit au ras du sol, sur les terrains pollués, est concerné. Les plantes (salades, concombres, giraumons, melons…), les animaux (poules, bœufs, moutons…), et bien sûr l’homme en fin de chaîne de façon cumulative, puisqu’il se nourrit quotidiennement de l’ensemble de cette chaine biologique.

[...]  Ici, en Guadeloupe et en Martinique, plus de 15 ans après la reconnaissance officielle de cette catastrophe sanitaire, et la mise en place d’un "plan chlordécone" censé répondre, au travers de problématiques multiples, à la protection de la santé des populations, aucune traçabilité des aliments possiblement contaminés mis à la disposition de la population, particulièrement sur les marchés, n’est réalisée… Il n’existe aucun contrôle ni étiquetage, sur aucun marché de légumes et de fruits de la Martinique et vraisemblablement de la Guadeloupe, relatif à la provenance des produits ou à l’existence ou non de chlordécone dans ces produits achetés par une grande partie de la population.

Responsabilité aussi de l’État en ce qui concerne les services de santé dont il a la tutelle, puisque seules deux enquêtes épidémiologiques diligentées par l’INSERM, l’enquête Timoun, et une autre sur le cancer de la prostate ont été réalisés, alors que l’on a vu ces dernières années exploser dans nos pays l’incidence d’un certain nombre de maladies, comprenant des cancers comme celui de la prostate, souvent mis en avant, mais aussi nombre d’affections graves, hormonodépendantes, de la thyroïde, du pancréas,des seins, des gonades (endométrioses précoces et massives, pubertés précoces, infertilité féminine, et vraisemblablement masculine par atteinte de la spermatogénèse, obésité morbide, car la graisse est un tissu géré par des hormones…).
Les troubles neurocognitifs sont aussi en pleine expansion (autisme, trouble du comportement de plus en plus précoce chez des enfants) aux dires des professionnels de santé qui s’en émeuvent, sans qu’une enquête épidémiologique ne viennent étayer ces ressentis, ou réalités.

IRRESPONSABLES ET COUPABLES :  nos élus politiques locaux. Bien sûr ceux qui ont portés le dossier de l’épandage du chlordécone devant les autorités de l’État, réclamant à cor et à cris des dérogations, même alors que le produit avait été interdit, au prétexte de l’importance de la filière banane dans notre économie insulaire et du nombre d’emplois en péril si ces dérogations n’étaient pas accordées.

IRRESPONSABLES ET COUPABLES :  au premier plan, ces responsables békés des grandes plantations bananières et leurs acolytes. Ils ont importé massivement, pendant des années un produit dont ils ne pouvaient pas ne pas connaître la toxicité, se battant pour en proroger l’épandage, tout cela pour des exigences de profit. [...]

Et maintenant que faut-il faire ?

C’est ici que le mot RÉPARATION, prend tout son sens. Car ne voilà-t-il pas que les services de l’État relèvent le niveau du taux de chlordécone acceptable, malgré les conséquences décrites déjà visibles de l’intoxication quotidienne et cumulative de l’ensemble de la population, et malgré les résultats de l’enquête Ti moun, qui semble démontrer l’impact neurocognitif de l’intoxication par le chlordécone, sur les enfants. [...]

Que devrions nous exiger des services de la santé publique par une mobilisation massive et citoyenne ?

– La mise en place d’un suivi épidémiologique sur le moyen et long terme, des incidences des différentes pathologies repérées d’ores et déjà comme probablement liées à une intoxication au chlordécone, de même que le repérage de l’émergence de pathologie inhabituelle jusque-là.

– Le dosage systématique (annuel, si les taux sont importants) de toute jeune fille en âge de procréer de façon, à connaitre et repérer l’évolution des taux de chlordécone, la venue précoce de maladies telle que l’endométriose et au vu de ces taux, à l’inciter à une détoxification régulière et des changements de comportements alimentaires.
Il devrait en être de même pour les garçons, afin d’établir une éventuelle relation entre intoxication avérée et infertilité masculine probable à venir.

– Un dosage systématique chez toute femme enceinte en début de grossesse, avec accompagnement nutritionnel tout au long de la grossesse si les taux retrouvés s’avèrent importants, avec étude des facteurs responsables de grande prématurité et surtout inclusion systématique des nouveaux nés dans une cohorte de suivi de sujets à risque de handicap sur le court, moyen et long terme ! [...]

–   Un suivi systématique de tous les travailleurs agricoles qui ont manipulés directement le produit pendant de longues années, afin de repérer les multiples formes que peut revêtir l’intoxication continue et massive du pesticide, (cancer de la prostate, du sein, du sang…) avec bien sûr une reconnaissance comme maladie professionnelle de toute affection grave touchant ces personnes.[...]

– La traçabilité de tous les produits de la terre et de la mer, que l’on sait pouvoir accumuler le pesticide sur tous les marchés de fruits et légumes et de poissons des 2 iles sans distinction, et auprès de tous les marchands ambulants que l’on voit au bord des routes, avec étiquetage précis et information de la population concernant ces étiquetages.

– La mise en place par toutes les autorités municipales de marchés bio dans leurs communes respectives, pour un accès facilité de la population à une alimentation protégée. Avec (,avec)une aide spécifique par les autorités de tutelle, vis à vis des agriculteurs, pour un coût à l’achat abordable des produits.

– La surveillance pour les cantines scolaires de l’origine et de la qualité des produits utilisés pour les repas des enfants !

A ce sujet il faut préciser ici la distinction entre produits bio, et produits non contaminés par le chlordécone. Car un produit répondant aux critères de l’agriculture biologique, cultivé sur un terrain chlordéconé reste un produit contaminé !  Un produit non chlordéconé et non bio peut être contaminé par d’autres pesticides ou herbicides comme le Round up largement utilisé dans nos campagnes. [...]

Disons-le clairement, à l’heure actuelle aucune détoxification n’est proposée par le corps de santé aux personnes qui présenteraient des taux, importants ou non, de chlordécone circulants, et donc des taux encore plus importants dans le foie (organe principal de détoxification) et dans les graisses (organe de stockage des pesticides et toxiques lipophiles comme le chlordécone) !

[...] Il y a obligation de la part de l’ETAT d’une RÉPARATION LÉGITIME face aux irresponsabilités multiples tolérées ou soutenues par ses services, et aux culpabilités énoncées et jamais jugées. >>

 

 

 

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Commentaires

INFORMATIONS CHLORDECONE

> De l'eurodéputé Eric Andrieu ('Libération' 27/09) :
la réglementation européenne prévoit des dérogations en faveur des pesticides. La France abuse de ces dérogations : "avec 58 demandes de dérogations en 2016, contre une moyenne de moins de 10 dans l'UE, la France est championne d'Europe". Andrieu demande "que les dérogations ne soient pas la règle mais l'exception".
Mais pour cela il faudrait que les ministres successifs de l'Agriculture ne soient plus systématiquement des mandataires de l'agrochimie FNSEA !
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Écrit par : PP / | 27/09/2018

PAS DE LIEN

> Houla vous allez encore être incendié par la FNSEA dans une certaine presse catho, puisqu'il paraît que le "paysan catholique" se doit d'être un ami des cancérigènes (sinon il est complice du pape François traître au "catholicisme de toujours").
Je ne vois pas le lien entre agrochimique et catholique. Peut-être qu'en achetant 'Le Figaro' j'aurai la réponse ?
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Écrit par : Der arme Konrad / | 27/09/2018

PATATES

> Mon père me raccontait une histoire comparable pour les patates ...
Le problème du stockage des pommes de terre, est leur germination précoce dans les caves durant l'hiver. La seule solution qui existait dans le temps etait de casser les germes (le plus tot possible) sur les patates (toutes les semaines ou plus), pour l'intégralité du stock, à partir de la fin de l'hiver voir avant. Long, et d'une efficacité moyenne. Perte de récolte partielle garantie (la pomme de terre se ramollit et se vide de sa substance nutritive).
Puis est venue une poudre "anti germination". Géniale : un seul saupoudrage et toute la récolte tient jusqu'à la fin du printemps. On trouvait ca même dans les Coop pour les petits producteurs & particuliers.
Il y a quelques années (poste 2010) le produit a été retiré de la vente car considéré comme "cancérigène probable". Mais uniquement pour les "petits producteurs". Les "gros producteurs" avaient une dérogation et pouvaient toujours l'utiliser.
Réaction outrée de mon père : "soit c'est dangereux et il faut le retirer pour tout le monde, soit ce ne l'est pas, et pourquoi le retirer pour les "petits producteurs" ?
Les incohérences de l'administration et des lois, les "contraintes économiques" sur le législateur ...
Cdt,
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Écrit par : Bergil / | 28/09/2018

BÉTONNISATION

> https://www.monde-diplomatique.fr/2018/10/BELMESSOUS/59132
Toujours dans le registre du saccage environnemental, cet article du 'Diplo' met en lumière la future bétonnisation du Grand Paris : 38 milliards d'euros pour les bâtisseurs privés !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/09/2018

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