03/08/2018
L'Eglise condamne radicalement la peine de mort
...et s'attire une fois de plus l'acrimonie de sites ultras :
Inutile de dire que les sites "conservateurs" sont vent debout – une fois de plus – contre le pape François et la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui viennent de promulguer une condamnation radicale de la peine de mort ! Contre "le laxiste Bergoglio", les passéistes invoquent ainsi "les gloires des Croisades", "l'insurrection vendéenne de 1793", "l'ordre du jour du général de Castelnau" en 1916 ("non nobis, Domine..."), etc.
Deux points essentiels échappent à ces sites plus "cathos" que l'Eglise :
1. Ils comparent des choses disparates. La légitime défense d'un peuple envahi militairement (le nôtre ou un peuple allié) n'est aucunement du même ordre que la condamnation d'un individu par une cour d'assises. Quant à la prétendue portée "dissuasive" de la peine de mort, c'est une idée qui n'a jamais été vérifiée dans les faits. De nombreux juristes et criminologues – pas nécessairement "de gauche", n'en déplaise aux sites ultras – l'ont réfutée depuis des années ; elle était déjà au placard quand je suivais les cours de l'Institut d'études judiciaires à la fac du Panthéon en 1970, sous l'autorité de magistrats qui n'avaient rien de soixante-huitards.
2. Saint Jean-Paul II et Benoît XVI étaient du même avis que François sur la question de la peine de mort, article 405 du Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise catholique. Tolérée antérieurement au nom du bien commun tel qu'il était perçu dans le passé, la peine de mort est jugée par l'Eglise – depuis quarante ans – comme gravement "inutile" (dixit saint Jean-Paul II). La décision qui vient d'être prise ne fait qu'officialiser juridiquement cette évolution.
Il y a donc eu changement dans la position de l'Eglise. Cette capacité évolutive est caractéristique de la doctrine sociale catholique (qui fait elle-même partie de la théologie morale, cf Christifideles laici, Jean-Paul II). La doctrine sociale est ad bonum commune tuendum, écrit ci-dessous le cardinal jésuite Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi... Or le "bien commun" est une problématique relative à chaque époque. L'Eglise a donc le devoir de modifier ses préconisations sociales en fonction des temps qui changent : sans quoi elles n'atteindraient plus leur but, qui est de servir le bien de l'humanité en concrétisant l'Evangile.
Une fois de plus, les conservateurs ont manqué une occasion de se taire.
Modification de l'art. 2257 du Catéchisme (vatican.va)
ALOISIUS F. CARD. LADARIA, S.I.
Congregationis pro Doctrina Fidei Praefectus
2267. Quod auctoritas legitima, processu ordinario peracto, recurrere posset ad poenam mortis, diu habitum est utpote responsum nonnullorum delictorum gravitati aptum instrumentumque idoneum, quamvis extremum, ad bonum commune tuendum.
His autem temporibus magis magisque agnoscitur dignitatem personae nullius amitti posse, nec quidem illius qui scelera fecit gravissima. Novus insuper sanctionis poenalis sensus, quoad Statum attinet, magis in dies percipitur. Denique rationes efficientioris custodiae excogitatae sunt quae in tuto collocent debitam civium defensionem, verum nullo modo imminuant reorum potestatem sui ipsius redimendi.
Quapropter Ecclesia, sub Evangelii luce, docet “poenam capitalem non posse admitti quippe quae repugnet inviolabili personae humanae dignitati” [1] atque Ipsa devovet se eidemque per omnem orbem abolendae.
Hoc Rescriptum typis edetur per publicationem in actis diurnis L’Osservatore Romano habetque vigorem eodem die, ac deinde foras dabitur in Actis Apostolicae Sedis.
2267. Pendant longtemps, le recours à la peine de mort de la part de l’autorité légitime, après un procès régulier, fut considéré comme une réponse adaptée a la gravité de certains délits, et un moyen acceptable, bien qu’extrême, pour la sauvegarde du bien commun.
Aujourd’hui on est de plus en plus conscient que la personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves. En outre, s’est répandue une nouvelle compréhension du sens de sanctions pénales de la part de l’État. On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit, et qui n’enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir.
C’est pourquoi l’Église enseigne, à la lumière de l’Évangile, que « la peine de mort est une mesure inhumaine [2] qui blesse la dignité personnelle » [1] et elle s’engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde.
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[1] François, discours aux participants à la rencontre organisée par le conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, 11 octobre 2017.
[2] La version française croit devoir modifier la version originale en déplaçant la notion d'humanité, et en supprimant le "non posse admitti" ("ne peut être admis") : ce qui amoindrit la dimension juridique de l'expression ecclésiale de la condamnation. Pourquoi ce détour, qui paraît rendre subjective une condamnation objective ?
12:27 Publié dans Eglises, Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : peine de mort
Commentaires
QUESTION
> De désaveu en désaveu, on peut se poser la question suivante: et si Luther et bien d'autres protestants, tel Ricoeur, et aussi des catholiques, avaient eu raison en disant que l'Eglise avait trahi le Christ depuis le temps de Constantin ?
PH
[ PP à PH - Mais les branches chrétiennes séparées de Rome n'ont pas fait mieux : cf ce qu'est devenu le protestantisme nord-américain (et le culte du fric qu'il inocule aux Latino-Américains et aux Africains)... Ou, dans un autre genre, le "constantinisme" éperdu de l'orthodoxie russe... ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/08/2018
PRISONS
> Je ne comprends pas pourquoi les sites tradis s'insurgent. Avec le vote éventuel de la loi sur l'euthanasie et le suicide assisté "pour convenance personnelle" la peine de mort abolie d'un côté sera ainsi rétablie de l'autre. Dans les prisons, surtout si on respecte enfin (!) la perpétuité réelle, les demandes de suicide assisté vont être nombreuses.
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Écrit par : B.H. / | 03/08/2018
> Ces sites "super-cathos" autoproclamés sont obnubilés par le "droit à la vie", mais seulement quand ça les arrange.
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Écrit par : professeur Tournesol / | 03/08/2018
au Pr Tournesol
> La fixette de l'extrême droite catho sur un "droit à la vie" limité au pb de l'IVG : au début c'était pour rabattre les électeurs cathos sur le FN, "seul parti à être contre l'avortement". Ensuite le FN a viré les cathos (intégristes), mais ils ont gardé la fixette.
Si les fachos "cathos" étaient vraiment pour le droit à la vie en Afrique, ils ne voudraient pas ensuite foutre à la mer les migrants.
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Écrit par : Toma Zrak / | 03/08/2018
AVANCÉE DU MAGISTÈRE
> Cette avancée du Magistère est une date importante. La peine de mort était jusqu'ici un problème philosophique majeur, un problème d'"éthique" (davantage même qu'une question de droit). La décision de l'Eglise de préciser, de confirmer souverainement l'abolition fait entrer ce point philosophique crucial dans le sein même de la religion.
C'est le rôle éthique de l'Eglise qui s'affirme ici, qu'elle englobe de manière parfaitement justifiée.
Nous vivons un temps où ce qui était réservé au domaine de la soi-disant philosophie s'atténue, faute de puissance nécessaire (malgré un héritage inaliénable). La religion prend la relève. Ceci revêt selon moi une importance essentielle.
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Écrit par : Bégand / | 04/08/2018
LES DÉGOÛTÉS
> L'acrimonie vient aussi des catholiques (dont je suis) dégoûtés par les récentes affaires de pédophilie, fléau incommensurable : rien que pour la période récente, l'ex-cardinal McCarrick, Mgr Wilson (archevêque d'Adélaïde), le procès en cours du cardinal Pell, le bourbier chilien (et la décision de l'épiscopat chilien d'ouvrir ses archives... mais comment pourrait-il en être autrement ?) sont autant de scandales qui affaiblissent le magistère.
Je lis à l'instant le commentaire d'un internaute du Figaro : "Chili, France, Irlande... à ce niveau c'est une façon d'être de beaucoup de prêtres... protégés par les plus hautes hiérarchies de l’Église... Et c'est cette même Église qui prétend nous dire le bien et le mal. Le moins qu'elle puisse faire est de se contraindre au silence pour des années et ne plus se mêler des affaires de la société. Elle est disqualifiée...".
Le courage du pape de condamner la peine de mort force le respect. Mais pour être crédible, sa parole nécessite un changement de culture au sein de l'institution : que toute agression sexuelle connue et avérée soit immédiatement sanctionnée. Nettoyer les écuries d'Augias prendra du temps, mais l'Église en sortira purifiée et grandie.
PV
[ PP à PV :
- C'est visiblement ce qui est en cours. Mieux vaut tard que jamais. Il faut aussi analyser les raisons pour lesquelles les séminaires catholiques ont attiré des détraqués sexuels : car l'origine du drame est là.
- Beaucoup de prêtres indignés de tout ça le disent sur les réseaux sociaux. Ce qui indique la mesure (immense) du malaise et l'urgence d'y remédier. ]
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 04/08/2018
PAS LA BONNE PHRASE
> La traduction française est le résultat d'une bourde : ils n'ont pas pris la bonne phrase dans le discours du pape François du 11 octobre 2017 : http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2017/october/documents/papa-francesco_20171011_convegno-nuova-evangelizzazione.html
La bonne phrase est bien là, deux paragraphes après celui où se trouve la mauvaise citation : "Il faut donc répéter que, quelque puisse être la gravité de la faute commise, la peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne."
Qui en informera la CDF (ou la CEF ?) avant que cette erreur ne soit reprise par les nouvelles éditions du CEC ?
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Écrit par : Petit Malin / | 04/08/2018
LARGE CONSULTATION
> Dans cette décision du pape et de la Congrégation pour la doctrine de la foi, n’oublions pas la prudence, l’humilité et le sens démocratique propres à l’Eglise. Ainsi est-il connu, dans les milieux catholiques, que le pape François a consulté largement ses cardinaux, comme par exemple l’archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, lequel a fait travailler des religieuses et religieux dont il est proche sur cette question de la peine de mort, et par exemple ceux de la Communauté de l’Agneau, dirigée par la petite sœur Marie.
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Écrit par : Denis / | 04/08/2018
@ Denis
> Quand vous parler de large consultation, est ironique ou au 1er degré ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/08/2018
à PP :
> L'effort de l'Église, bien que tardif, est louable. L'institution donne toutefois l'impression d'être davantage dans la réaction que dans l'action. Comment par exemple admettre que ce soit la police américaine qui informa le Vatican qu'un de ses diplomates postés à Washington passait ses nuits sur des sites pédophiles ? La nonciature est une ambassade ; les sites consultés auraient dû être filtrés en interne ou par Rome, non par le FBI... Est-ce un manque de moyens humains ? Ou l'habitude de "mettre la poussière sous le tapis" ?
PV
[ PP à PV - C'est aussi l'inadéquation de l'état d'esprit inhérent à ce très vieil appareil (la bureaucratie de l'institution). Changer ces structures est une nécessité urgente. Benoît XVI en avait conscience et a tenté de faire quelque chose ; on connaît la suite. François en a encore plus conscience, et l'opposition qu'il rencontre est virulente. Ceux qui lui font des procès en orthodoxie feraient bien de comprendre par qui et par quoi ils sont manipulés... ]
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 04/08/2018
@ Pierre Huet
> Je peux comprendre que vous en riiez, mais c’est du 1er degré.
Ne mésestimez pas la confiance dont témoigne le Saint-Père à nombre de ses cardinaux. Ne méprisez pas non plus sa capacité à aller chercher, au sein du peuple de Dieu, les témoignages très concrets de ce que l’Esprit dit à l’Eglise.
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Écrit par : Denis / | 05/08/2018
L'EVANGILE
> L'objet de votre article concerne la peine de mort, soit celle d'un individu condamné par une cour de justice humaine. Si l'on veut suivre et vivre l'évangile on peut rappeler que le pardon et la miséricorde, bien que cela puisse être difficile, est une des sources de la transformation à laquelle nous sommes appelés.
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Écrit par : De Vos Alain / | 05/08/2018
@ Denis
> Le degré auquel je me formule à moi-même cette interrogation dépend des jours.
Je n'ai pas envie de rire.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/08/2018
DÉBAT
> Cette nouvelle position de l'autorité du siège de Pierre soulève toute une série de questions, certaines vertigineuses.
- La prison est-elle plus conforme à la dignité humaine? probablement pas puisque des remises de peine sont très souvent accordées, parfois au détriment de la vie d'innocent(e)s, lorsqu'il s'agit de prédateurs sexuels. Les pays qui pratiquent massivement la peine de mort ne sont pas réputés pour la valeur éducatrice de leurs prison et, pour la majorité d'entre eux se désintéressent de l'enseignement des papes.
- Y a-t-il davantage de repentir de grands criminel à la sortie de prison que face à la perspective de la mort? On connait de nombreux cas de repentir bouleversants de condamné à mort, de Gilles de Rais à Jacques Fesch
- plus important, la dignité de la personne humaine évolue-t-elle dans le temps ou bien l'Eglise a-t-elle été incapable de la reconnaître dans le passé ? Et s'il y a évolution de la dignité humaine, donc en fin de compte de la nature humaine, cela se limite-t-il à ce domaine? Le rêve transhumaniste est-il donc si blâmable ?
PH
[ PP à PH - Le contenu de la "dignité de la personne humaine" évolue avec le temps. Au Moyen Äge, rien n'était pire aux yeux des gens que l'emprisonnement. La peine de mort était perçue comme moins inhumaine... Or c'est à cette époque que s'est formée la théorie ecclésiastique à ce sujet.
Aujourd'hui la 'weltanschauung' collective s'est inversée : rien n'est pire aux yeux des gens que de perdre leur vie, puisque quasiment plus personne ne croit à la vie éternelle accessible par la pénitence in articulo mortis.
D'où l'évolution subséquente de la position de l'Eglise : si elle continuait à admettre la peine de mort, elle aggraverait encore le mur d'incompréhension la séparant de l'opinion publique, ce qui rendrait encore plus inaudible le témoignage chrétien essentiel (qui n'est pas d'abord "sociétal", contrairement à ce que croient nos bourgeois cathos : cf ce qu'en disait Bernanos). Il faut donc voir cette affaire d'évolution sous l'angle de l'évangélisation, seul essentiel en dernière instance.
ps - Ce que je dis là n'est pas contradictoire. Si l'Eglise aujourd'hui en restait à l'idée que la peine de mort peut être bonne, elle ne rendrait pas témoignage à la vie éternelle : elle se rendrait simplement inaudible et donnerait aux gens l'impression qu'elle tourne le dos à son propre Evangile...
ps2 - Je n'espère évidemment pas convaincre les "cathos" bottés qui m'envoient des messages bergogliophobes. Pour les convaincre il faudrait que ces "cathos" soient réellement catholiques, ce qui n'est pas le cas puisqu'en insultant la décision prise sous François ils se f... bien que cette décision ait été préparée et souhaitée par Paul VI, saint Jean-Paul II et Benoît XVI successivement. Facile de vérifier, quand on sait lire ! (vatican.va) ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/08/2018
RÉFLEXIONS
> Je vous partage mes réflexions évoquant en particulier l'évolution de la pensée de l'Eglise sur l'esclavage :
L’esclavage a-t-il toujours été considéré clairement comme étant intrinsèquement mauvais par le magistère catholique ? Non. Lire en particulier les paroles de Saint Paul à ce sujet. Pourtant, le Magistère a fini, au terme d’une évolution homogène de sa pensée, par conclure doctrinalement à la nature intrinsèquement mauvaise de l’esclavage, notamment par la voix de Léon XIII dans l'encyclique "In plurimis". Ainsi, la doctrine de l’Eglise sur ce point s’est définitivement clarifiée à la faveur et au terme d’une évolution historique de plus en plus positive des sociétés humaines en ce domaine.
De même en est-il ce me semble pour la peine de mort qui est vue désormais doctrinalement par l'Eglise comme un mal à l'aune du plan parfait et miséricordieux de Dieu ainsi que de la loi morale parfaite (qui inclut par exemple l'amour sincère des ennemis), dans un contexte humain rendant possible la neutralisation effective des dangereux criminels par des condamnations à de très longues peines (parfois à perpétuité) d'emprisonnement, dans des prisons sécurisées, où, s'ils le désirent, les criminels peuvent faire pénitence et expier leurs crimes durant le reste de leur existence, jusqu'à ce que Dieu décide de les appeler à comparaître devant son divin tribunal.
Supprimer froidement la vie d’un être humain, si pécheur soit-il, ne peut pas être considéré comme un bien en soi à tous égards. Cet acte témoigne toujours d’une forme d’échec, quels que soient les justes arguments avancés par la tradition et des papes.
La commutation de la peine de mort en longue peine d'emprisonnement n'est pas contradictoire, bien au contraire, avec les moeurs miséricordieuses de Dieu qui s'est révélé parfaitement en Jésus-Christ, Agneau de Dieu innocent qui par Sa mort rédemptrice a tué la mort et la haine, et qui a pris sur lui toutes les fautes des fils et filles d'Adam.
Elle peut en revanche choquer légitimement les proches des victimes de certains crimes effroyables, et elle heurte la logique de l'homme rationnel et charnel qui désire une justice rétributive stricte et qui est même parfois assoiffé de vengeance.
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Écrit par : ManuB / | 08/08/2018
à PP
"La décision préparée sous Benoît XVI" : exact !
Au temps pour les excité(es) qui s'inventent un Benoît XVI réac, totalement imaginaire.
C'est pas le tout de se prétendre ratzingérien, encore faudrait-il avoir lu un peu de Ratzinger.
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Écrit par : Alain Santis / | 08/08/2018
à Alain Santis
> Ne leur en demandez pas trop, ils ne lisent que ce qui parle de Marion Maréchal.
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Écrit par : PP / | 08/08/2018
> On ne lutte pas seulement contre l'homicide mais contre le Mal. Rattraper le criminel au plan moral est le but.
Il ne suffit pas d'emprisonner mais de changer le criminel, de l'amener au repentir hélas une société relativiste comme la nôtre en est incapable.
Le but n'est ni de couper des têtes ni d'emprisonner mais de protéger et de changer le coupable. Cela demande de croire à l'action du Saint Esprit.
Quand un roi chrétien comme saint Louis condamnait à mort, il ne rejetait pas le criminel, il ne désespérait pas de son salut, il ne cherchait pas à venger la société, il ne cherchait pas à anéantir le criminel comme s'il lui en voulait de donner tort à la croyance selon laquelle l'homme est naturellement bon, croyance "rousseauiste" dont l'homme médiéval n'avait jamais entendu parler et qui s'est répandue à partir de la fin du XVIIIe, on n'a jamais autant exécuté que depuis qu'on a cru cette sornette : l'homme est dieu alors si un homme commet des crimes, il faut le tuer, on tuera le mal avec lui.
(le Diable n'existant pas, le mal n'existe que par les actions mauvaises des hommes : il suffit donc de tuer ceux qui les font. Ben voyons !).
Outre qu'un saint Louis héritait d'un état de fait, il priait pour le condamné et voyait la peine de mort comme un moyen de faire prendre conscience de la gravité de son crime, de l'amener au repentir et donc de lui ouvrir la vie éternelle. Comme tous les gens de son temps, il pensait qu'il valait mieux perdre la vie terrestre en étant repentant et gagner la vie éternelle. Saint Louis n'était pas un abominable dictateur.
Il n'était pas pour la peine de mort mais pour le repentir du criminel.
Cette vision de la peine capitale est aujourd'hui impossible dans notre société.
N'oublions pas aussi qu'il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de condamnés graciés.
Aujourd'hui comme dit PP, la société ne comprendrait rien à cela, la peine de mort n'a plus rien de soutenable
Rien à voir donc avec l'opposition à la peine de mort née de la peur de la mourir d'une société matérialiste : la peur de ne plus pouvoir jouir.
Aujourd'hui l'opposition à la peine de mort de la société n'a rien à voir avec celle de l'Eglise : un Bill Clinton se déclare contre mais fait bombarder Bagdad pour détourner l'attention des médias de l'affaire Lewinsky.
On condamne la peine de mort mais on a des rues Lénine, Saint-Just, Robespierre et Marat...
On ne coupe plus la tête mais on coupe les condamnés de la vie en laissant s'installer dans les prisons des situations abominables : viols, tabassages, tortures...
Tout le monde le sait mais attention mon bon monsieur, nous, nous ne guillotinons pas !
Les prisons sont autant de Babylone du crime. On condamne toujours à mort mais une mort morale.
L'Eglise est pour la vie. La société "occidentale" est pour la jouissance.
à PP
> Attention avec la tournure de votre phrase, on dirait que vous pensez que la position de l'Eglise dépend de l'évolution de la société : "plus personne ne croit à la vie éternelle d'où l'évolution subséquente de la position de l'Eglise : si elle continuait à admettre la peine de mort, elle aggraverait encore le mur d'incompréhension la séparant de l'opinion publique")
Je sais bien que "subséquent" ne signifie pas "conséquent" mais il y a un risque de confusion que pour le bien des âmes, on ne peut se permettre de prendre.
[ PP à EL - Je comprends votre souci, mais je maintiens ma formule. Explication : évangéliser suppose d'être entendu et compris. Se dire aujourd'hui partisan d'une peine qui fait horreur à presque tous, c'est être sûr de n'être pas écouté ensuite quoi qu'on ait à dire. Donc renoncer à témoigner de l'essentiel (le salut en Jésus-Christ), et cela pour le seul plaisir d'avoir arboré le petit drapeau de la Réaction.
Préférer ce plaisir plutôt que l'essentiel est un choix. Certains le font. Ce sont d'étranges chrétiens, ceux qui préfèrent autre chose que l'évangélisation de leurs contemporains...
Sous cet angle-là, je crois que vous partagerez mon point de vue. ]
réponse au commentaire
Écrit par : e levavasseur / | 09/08/2018
CORRIGÉ
> Vous avez vu ? Le Vatican a corrigé la traduction française :
https://africa.la-croix.com/le-vatican-corrige-la-traduction-francaise-de-son-article-sur-la-peine-de-mort/
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Écrit par : Petit Malin / | 09/08/2018
VIVANTS
> Non à la peine de mort. Oui à la peine des vivants : en vérité, nous ne nous en sortirons pas… « avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou ».
Exode 20,13
Tu ne commettras pas de meurtre.
Matthieu 5
21 « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
22 Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
23 Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
24 laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
25 Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
26 Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou.
______
Écrit par : Denis / | 09/08/2018
CELA
> Si je vous comprends bien, la position de l'Eglise serait commandée en fait par la perception de la dignité humaine par une civilisation plutôt que par une évaluation objective de celle-ci. Est-ce cela ?
PH
[ PP à PH - Non : elle est commandée par l'évangélisation. Le reste vient par surcroît. C'est-à-dire ensuite. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 09/08/2018
@ PP
> C'est, sous un autre angle, ce que je voulais dire: adaptation perception de la dignité humaine en vue de l'évangélisation.
Mais le vaste monde est-il si uniforme ?
PH
[ PP à PH - Certes non. L'Arabie wahhabite n'est pas près de renoncer à la peine de mort... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 11/08/2018
@ PP
> Ni Chine, Inde, Japon, Indonesie, une bonne partie de l'Afrique, des USA...
PH
[ PP à PH - Qu'en déduisez-vous donc ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 11/08/2018
@ PP commentant le dernier massage de P. Huet.
> En Arabie Saoudite, on sent une légère inflexion, qui pourrait aboutir à une abolition pure et simple, d'ici un ou deux millénaires. Depuis quelques années, les condamnés à mort ont le choix de leur mode d'exécution : la traditionnelle décapitation au sabre ou une balle dans la nuque, à la chinoise.
Oui, quelques millénaires avant une éventuelle abolition... Il ne faut pas oublier que c'est un des derniers Etats où subsiste, de fait, un mode d'exécution par mort lente, même s'il n'est pas affiché comme tel : le fouet. D'après ce que j'ai pu lire, 1000 coups de fouet sont appliqués par séance de 50, avec quelques semaines entre deux, pour que les blessures se referment. Mais j'ai cru comprendre que, au fur et à mesure de l'avancement de l'exécution de la peine, le corps réagissait de plus en plus mal... infections.. Avec j'imagine, souvent, la mort du condamné au bout ?
Disons-le : malgré ses défauts - et le fait que, depuis quelques décennies, ses représentants ne sont pas à sa hauteur, nous vivons dans un super pays. Nous sommes les héritiers d'une grande civilisation, que nous devons apprendre à aimer et..à défendre, quand il le faut !
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Écrit par : Feld / | 11/08/2018
DISCUSSION
> Je comprends la logique de cette condamnation absolue de la peine de mort. Je sais que c'était dans les "tuyaux" depuis longtemps. Mais on trouve quand même de nombreux exemples de conversions fracassantes, provoquées, chez des condamnés, par l'approche de la mort : le Bon Larron, Gilles de Rais, Pranzini, Jacques Fesch, Rudolf Höss (le dernier commandant d'Auschwitz), beaucoup de condamnés à mort du procès de Nuremberg (Hans Frank, l'ancien gouverneur général de Pologne, est le cas le plus connu, mais il n'y a pas eu que lui), .... Les derniers cas cités sont à rapprocher de celui de Rudolf Hess, devenu une larve après plusieurs décennies de détention...
Patrice, je ne suis pas certain non plus que cette position ne soit pas cause de scandale pour nos contemporains. A l'heure où la société est de plus en plus violente, le rétablissement de la peine capitale est une demande sociale forte. Quelque part, un Etat qui se donne la possibilité de donner la mort pour venger celle de l'innocent, ça a quelque chose de profondément rassurant.
Ceci dit, je suis d'accord avec E. Levavasseur : mes réserves valent surtout si l'on considère la peine de mort comme un moyen de susciter la conversion, de sauver l'âme du pécheur. Et pas comme la façon la plus expéditive de retirer un élément "malade" du corps social (conception héritée des Lumières." Lumières " de m..., quand en aura-t-on enfin fini avec elles ? ).
Pour finir, une question saugrenue. Jésus aurait-il pu sauver l'humanité, s'il avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité (éventuellement assortie d'une peine de sûreté de 30 ans) ?
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Écrit par : Feld / | 11/08/2018
RÉDEMPTION
> L'argument de la peur de la mort pour se convertir ne tient pas. Sinon nous aurions des millions de convertis chez ceux qui apprennent qu'ils ont un cancer des poumons...
Il y a des milliers de convertis en prison, nous connaissons tous de nombreux témoignages en ce sens entendus sur nos médias chrétiens ou lu dans nos journaux.
Je ne crois pas que Rudolf Höss se soit converti mais le commandant SS de Rome le fut par le cardinal O'Flaherty lors de sa détention à vie.
Et puis l'Evangile est aussi un appel à la vie. Il n'y a aucun appel à la mort de la part du Christ alors je ne vois pas pourquoi nous ergotons à propos d'un rappel du pape qui nous renvoie à l'enseignement du Christ. Le Christ appelle les gens à Le rencontrer, il ne les condamne pas à mort dans l'idée de les voir se convertir par peur de l'au-delà ou, si on est plus positif, une soudaine prise de conscience du sens de l'existence ou de l'éternité.
Et je me fous de savoir que tel ou tel pays le fait, comme disciple du Christ je suis pour la vie, la possibilité de la rédemption et contre la mort. Point barre.
Pourquoi discuter de savoir ce qu'aurait fait Jésus si il n'avait pas été condamner à mort? il a choisi de s'incarner en un temps où cela se faisait. C'est un fait, c'est tout. Je ne pense pas que nous soyons capable de penser l'incarnation, la passion et la rédemption du haut de notre si misérable humanité...
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Écrit par : VF / | 12/08/2018
@ PP
> Déduire? bien grand mot pour ma perplexité, ne voyant pas "l'avantage" évangélisateur de cette évolution de l'enseignement moral de l'Eglise. Intéresser les non-violents des pays ou la peine de mort est déjà abolie? faire bouger quelques américains ?
En dehors de ces mini-milieux qui ne sont pas le centre du monde, cela sera perçu comme ingérence dans des pays comme la Chine et ceux que je citais: plus de la moitié du monde, et laissera indifférent presque tout le reste, sauf les "tradis" qui en sont irrités, ce qui n'est pas une fin en soi.
PH
[ PP à PH - Je comprends bien ce que vous voulez dire, mais je maintiens mon adhésion à la démarche d'évangélisation entreprise dans ce domaine par l'Eglise depuis Jean-Paul II. Et je souligne : il s'agit d'évangélisation. Quant à vouloir imiter les moeurs chinoises ou saoudiennes : il me semble que l'Evangile nous a prévenus depuis le début que la paix du Christ "n'est pas celle que le monde donne"...
ps - Personne ici n'a parlé de traditionalistes : ils ne constituent pas le sujet du débat. ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 12/08/2018
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