26/04/2018
Retour de chez Trump
Le bilan de la visite Macron n'est pas positif :
Flots de commentaires médiatiques sur le discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès. Et sur la rencontre avec le sénateur noir John Lewis, héros des droits civiques... En prenant ainsi le contre-pied des positions trumpiennes, M. Macron donnait-il le vrai sens de l'amitié surjouée la veille et l'avant-veille à la Maison Blanche ? Oui, si l'on s'en tient aux affichages et à la théâtralité. Mais en politique les mots et les gestes n'ont de sens que suivis d'effets concrets. Qu'a obtenu le président français ?
Sa déclaration sur l'Iran - lors de la dernière conférence de presse - était très vaseuse : beaucoup de mots pour ne rien dire, sinon qu'il augurait mal de la décision de M. Trump et qu'il avait, quand à lui, fait ce qu'il avait pu. Qu'avait-il fait ? Tenter un moyen terme entre le reniement de la signature américaine et la prorogation du traité nucléaire. Mais ce moyen terme est une vue de l'esprit : s'il s'agit de modifier le traité pour y ajouter des clauses restreignant la liberté d'action de l'Iran sur son propre continent, c'est impossible pour deux raisons au moins : 1. l'Iran exclut cette éventualité ; 2. les quatre autres signataires du traité (outre Washington, Téhéran et Paris) veulent garder celui-ci tel quel. S'y ajoute une question : et si le complexe militaro-industriel US avait fait élire M. Trump pour une guerre contre l'Iran, comme M. GW Bush le fut pour une guerre contre l'Irak ?
D'où le scepticisme de l'ex-ambassadeur de France en Iran, François Nicoullaud, qui qualifie de "construction intellectuelle" l'idée de M. Macron. D'où aussi le scepticisme des autres dirigeants européens.
Le 14 juillet 2017, M. Trump avait réjoui M. Macron en lui disant qu'il "allait réfléchir" au traité sur le climat ; le 4 août, il retirait la signature américaine de ce traité. Hier, il a laissé peu d'équivoque sur la décision qu'il va prendre quant au traité avec l'Iran. On devine la suite : "Si Trump sort de l'accord nucléaire, il aura renforcé la probabilité d'une autre guerre inutile, car l'Iran pourrait accélérer son programme nucléaire et provoquer des frappes américaines ou israéliennes..." (Robert Malley). Auquel cas la méthode Macron - embrasser The Donald pour le contredire ensuite - aura montré son irréalisme. Les Etats-Unis ne sont pas gouvernés par leur acteur-vedette : ils le sont par les coulisses.
12:43 Publié dans Iran, Macron, Trump | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : macron, trump, iran
Commentaires
CE QUI GOUVERNE LES U.S.A.
> En effet, ils le sont par le "deep state", essentiellement composé du complexe militaro-industriel. Je recommande à ce sujet le visionnage de l'entretien d'Alain Juillet sur Thinkerview, dans lequel il explique que la guerre d'Irak de 2003 a été voulue par ce même État profond pour s'assurer le contrôle des puits, la CIA prévoyant à l'époque un effondrement imminent du régime saoudien (avec risque d'approvisionnement en pétrole pour les États-Unis).
G. W. Bush tenta de noyer le poisson et fit effectivement figure d'acteur... tellement bien d'ailleurs que Juillet rapporte que des Américains lui disent toujours, en 2018, combien l'action de leur pays avait été nécessaire pour anéantir les armes nucléaires de Saddam Hussein.
Les voilà sous leur vrai jour, les "valeurs démocratiques" que l'Amérique entend exporter à la Terre entière !
https://youtu.be/AjM8TpMs01Y
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/04/2018
TALOCHES TRANSATLANTIQUES
> Les privautés gestuelles et préciosités sémantiques d’Emmanuel Macron dans sa relation avec Donald Trump sont peut-être efficaces en termes de télé-réalité et de communication, mais à moyen et même à court terme, le fossé n’en devrait pas moins s’agrandir entre l’Europe et les Etats-Unis. L’Oncle Donald multiplie les coups de taloche aux Européens, et le nouveau secrétaire d’Etat Mike Pompeo semble avoir été choisi pour confirmer cette politique de la taloche transatlantique.
Il est vrai que les Américains auraient tort de ne pas essayer la taloche paternelle, en particulier vis-à-vis d’Emmanuel Macron – lequel n’en aurait guère reçu dans sa vie, en tout cas pas depuis ses quinze ans.
Qu’ils demandent donc à François Hollande ce qu’il en pense : il ne se remet pas de celle qu’il a oublié de mettre à ce jeune conseiller qu’il avait sorti de l’anonymat de la finance « ennemie » pour servir sa politique… D’où ces coups de pied qu’il distribue aujourd’hui dans le vide médiatique, de façon pathétique – https://twitter.com/twitter/statuses/989197058245648385
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Écrit par : Denis / | 27/04/2018
AUCUN COMPTE
> Des taloches, Mme Merkel a essayé d'en mettre à Trump, deux jours après la soi-disant "bromance" macronienne, pour reprendre un de ces hideux mots-valises qui inondent les médias américains. La chancelière n'a pas eu davantage de répondant : il est fort probable que sur l'Iran comme sur l'aluminium, Trump ne tienne aucun compte de l'avis des gentils Européens...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/04/2018
MID-TERM ELECTIONS
> Coup de balancier aux trumperies et autres facéties de l’Oncle Donald, qui traumatisent l’establishment américain, les élections de mi-mandat en novembre pourraient voir un nombre significatif d’anciens officiers de la CIA et anciens membres de la Sécurité nationale accéder sous l’étiquette des démocrates à la Chambre des Représentants – du moins si l’on en croit le point de vue des « trotskistes américains », relayé par le site « Les Crises » d’Olivier Berruyer : https://www.les-crises.fr/les-democrates-de-la-cia-par-patrick-martin/ (un article de Patrick Martin pour le Word Socialist Web Site).
Objectif du Parti démocrate, tout naturellement : conforter toujours plus l’impérialisme américain et le complexe militaro-industriel, expert à semer le chaos, qui va avec…
Autant dire qu'avec les Républicains ou les Démocrates, le monde a le choix entre la peste et le choléra.
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Écrit par : Denis / | 30/04/2018
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