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12/04/2018

Notre-Dame-des-Landes : le gâchis, et pourquoi

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Ce qui se passe - et ce qui aurait pu (et dû) se passer :


La situation à Notre-Dame-des-Landes peut encore s'aggraver. Pourtant, à la mi-janvier après la décision de l'Elysée, les pourparlers semblaient ouvrir des pistes paisibles et constructives. Pourquoi en est-on venu à la cagade actuelle ? Deux factions opposées mais symétriques - et complices objectivement -  ont su empêcher ce qui aurait pu être.

Chez les ex-anti-aéroports, deux courants divergeaient dès janvier :

> d'un côté les paysans riverains et l'ACIPÄ (association historique de lutte contre le projet d'aéroport), représentant la très grande majorité des supporters de la lutte. Soulignant qu'une partie des terrains "zadés" pouvaient légalement être laissés aux groupes qui y avaient créé des embryons d'exploitation agricole alternative, l'ACIPA soutenait ceux-ci dans leur demande de légalisation - que la préfète de Loire-Atlantique faisait mine de prendre en considération. 

> De l'autre côté, une poignée d'ultras voulaient continuer un "combat" qui n'avait plus de raison d'être (sinon rhétorique), et dont le but était un affrontement avec les forces de l'ordre  - entraînant la destruction indistincte de toute la Zad, les vrais foyers agricoles comme les bivouacs de black blocs.

Voyant le risque, dès février l'ACIPA et les paysans mettaient en garde contre les provocateurs qui allaient fournir à certains représentants des pouvoirs publics le prétexte pour tout détruire. En effet :

...dans le camp de "la loi" aussi, deux courants coexistaient :

> d'un côté, les esprits constructifs ne voyaient pas d'objection à ce que les pouvoirs publics acceptent de concéder une partie des terrains de NDDL à de jeunes exploitations agricoles expérimentales, inoffensives par définition et regardées avec bienveillance par les riverains ruraux. 

> Mais, d'un autre côté, des énervés ne supportaient pas cette idée... Les uns, digérant mal l'abandon du projet d'aéroport et la défaite de Vinci, voulaient une revanche sur le terrain. Les autres, liés à l'agro-industrie productiviste, n'admettaient pas l'éventualité de voir des expériences alternatives réussir sur un site aussi symbolique.

Deux voies s'ouvraient donc au gouvernement :

> Jouer le jeu de l'ouverture aux projets alternatifs, laissant ainsi aux résidents et aux amis de NDDL le soin de faire le ménage chez eux : ce qu'ils auraient fait sans difficultés majeures, si un statut juridique (même provisoire) leur avait été proposé.

> Ou bien attendre et "jouer le coup" en fonction du climat politicien... Or ce climat pousse aujourd'hui l'Elysée à couper l'herbe sous le pied de M. Wauquiez et à surinterpréter les sondages, comme si les Français avaient demandé la destruction de bergeries ! (Ils demandaient que les provocateurs soient expulsés : ce n'est pas la même chose).

 

 Le gâchis est donc déclenché. Blessés sur le terrain,  surenchères verbales : des macronistes osent même déclarer que l'héroïsme du colonel Beltrame nous interdit de critiquer l'action du ministère de l'Intérieur, ce qui est un argument indigne... Quant aux paysans riverains et à l'ACIPA, qui avaient tout fait pour que l'on n'en arrive pas là, l'attaque les force à se solidariser avec les attaqués. Je ne peux qu'inviter à relire ce que les catholiques nantais de 'NDDL Bien commun' déclarent dans leur appel (ma note de blog d'hier). Et m'étonner de ce que si peu d'autres catholiques, au moins sur les réseaux sociaux, expriment les mêmes sentiments faute d'avoir eu la curiosité de lire Laudato Si'  ou les appels de saint Jean-Paul II sur ces sujets. "Il n'est pire sourds..."

 

 

notre-dame-des-landes

 

 Villiers : un opposant historique à l'aéroport...

et qui ne passe pas pour trop gauchiste.

 

 

 

Commentaires

LES CATHOS ET NDDL

> Vous vous étonnez "de ce que si peu d'autres catholiques, au moins sur les réseaux sociaux, expriment les mêmes sentiments faute d'avoir eu la curiosité de lire Laudato Si' ".
Il faut croire que beaucoup sont dans un brouillard de droite, où les "gauchistes" sont un DANGER, d'où leurs sentiments différents. Vu sur Twitter, un prêtre (affiché comme tel avec sa photo en vêtement liturgique sur son "profil") "touite" l'image d'un zadiste, aux cheveux longs, tiré par les bras par deux gendarmes et se gausse de lui dans un commentaire : "allez le pouilleux à la douche !"
De manière générale, dans le monde des cathos qui ont participé à la Manif pour tous (après tout c'est bien eux qui sont majoritaires sur les "rézossossio"), on rigole des "gauchistes" qui se plaignent du brouillard du gaz lacrymogène sur NDDL, en les trouvant un peu chochotte. On rigole aussi de cet étudiant de je ne sais plus quelle université, qui apparaît dans une vidéo "touitée" de nombreuses fois, qui parle en ayant du mal à cacher ses sanglots et ses émotions après une intervention de la police. On le trouve poule mouillée.
C'est le même milieu qui se scandalisait des envois de gaz lacrimogène sur la Manif pour Tous à Paris en mars 2013, en parlant de "Manuel Gaz" et osant parfois un parallèle avec les chambres à gaz...
Les indignations sont sélectives.
De plus, l'intervention d'E. Macron devant les évêques a eu lieu en même temps que les premières opérations militaires sur NDDL... On dirait bien que c'est désastreux devant l'opinion courante. Les évêques n'ont peut-être pas béni les matraques et les cartouches de gaz lacrymogène, mais certains paraissent croire que si E. Macron est allé devant les évêques, c'est qu'ils s'entendent bien et que donc l'Eglise est du côté de ce même pouvoir qui fait on sait quoi.
De plus, ces personnes retiennent qu'il a parlé de "lien" entre l'Eglise et l'Etat a rétablir, donc ils en déduisent une connivence.
Si ça se trouve, ce calendrier a été voulu : on gaze et matraque d'un côté, on flatte et on sous-entend que les catholiques ont une place s'ils sont de gentils servants de la "République" de l'autre, ainsi il faut que les catholiques soient des exemples de gens dociles qui marchent droit (En Marche) comme le veut l'Elysée(en gros c'est un peu ça son discours si on enlève les flatteries)(ou sinon ils peuvent parler mais sans que ce soit pris en compte).
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Écrit par : Aurélien Million / | 12/04/2018

ET HULOT ?

> et le Ministre Hulot - qui semble partisan de l'encouragement de la chasse en ruralité et des dimanches armés - que dit il, que fait il ?

Daniel Azan


[ PP à Daniel Hazan - Hulot zigzague comme depuis le début. Il sert de caution, mais de plus en plus hypothéquée. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Daniel Azan / | 12/04/2018

L'AIR

> Le gouvernement pouvant avoir eu l'air de "céder" aux zadistes, ce que lui reprochent certains, il veut maintenant montrer sa fermeté en envoyant les gendarmes mobiles.
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Écrit par : professeur Tournesol / | 17/04/2018

Les commentaires sont fermés.