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16/02/2018

Rapport Spinetta (SNCF) : technocratie financière, néolibéralisme, déménagement du territoire

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Le rapport Spinetta pourrait s'intituler Remède mortel :


 

Pour que Bruxelles accepte de feindre d'écouter les odes de M. Macron à la "refondation de l'Europe", il y avait une condition : que le président français exécute asap ("as soon as possible") les directives bruxelloises de privatisations - qui ne tiennent aucun compte des besoins de la société.

Ce dédain chic pour nos contingences imprègne le rapport remis au gouvernement par M. Spinetta. Les quarante-trois propositions qu'il contient - et qui ont l'assentiment de l'Elysée - partent d'un problème réel, l'endettement de la SNCF (46 milliards d'euros en 2017), mais ne lui trouvent qu'une seule solution : n'opposer ni frein ni contrepoids à la privatisation internationale du rail français.  Donc : 1. abolition de l'établissement public industriel et commercial (Epic) avec sa garantie de l'Etat qui empêchait cette holding de faire faillite ; 2. transformation des deux SNCF (Mobilité - Réseau) en sociétés anonymes ; 3. vente à la concurrence  étrangère des lignes "longue distance" rentables ; 4. suppression des lignes secondaires, accusées de "faible fréquentation" donc incompatibles avec la logique du tout-finance. 

Le point 4 est la version ferroviaire du plan de l'eurotechnocratie pour la France : pousser les populations vers quelques "métropoles" et laisser à l'abandon le reste du pays. Un déménagement du territoire succède à l'ancien "aménagement". On mesure ainsi la mauvaise foi de ministres qui prétendent aujourd'hui vouloir revitaliser les villes moyennes : privées de voies ferrées, elles achèveront de s'asphyxier...

Y aura-t-il un espace de débat où l'on pourra poser directement ces questions aux managers de la post-République ? Où vont-ils faire un écran de fumée, c'est-à-dire provoquer une épreuve de force avec les cheminots pour mettre du côté du gouvernement les usagers (pardon : les "clients") de la SNCF ?  Le rapport Spinetta  contient de quoi déclencher ce cirque trop habituel ; et ce n'est pas un hasard.

ps - C'est le moment de relire La nostalgie des buffets de gare, de Benoît Duteurtre (Payot).

 

 

R.I.P.

spinetta,sncf

 

Commentaires

L'ETAT ESCLAVE

> Encore une illustration de l'Etat moderne, qui au lieu d'être au service du citoyen, se fait esclave de l'Argent. Et de ce fait, il se fait esclavagiste en ôtant peu à peu tous leurs droits aux citoyens. Et tout cela en prétendant agir pour le bonheur des peuples, comme de bien entendu.
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Écrit par : Bernadette / | 16/02/2018

DUTEURTRE

> Oui, 'La nostalgie des buffets de gare', de Benoît Duteurtre, est un excellent livre ! Je vous remercie de l'avoir mis en avant il y a quelques années.
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Écrit par : Alex / | 16/02/2018

CIRQUE

> La vie politique n'est vraiment plus qu'un cirque, un spectacle, du guignol. Macron fait bien pire ou pas mieux que Sarkozy, Berlusconi ou Trump, mais il sait jouer l'homme sérieux qui plait à notre élite médiatique bobo bien-pensante. Alors on tape sur Trump mais on épargne Macron. Jamais on n'a assisté à un tel recul social et démocratique en France qu'aujourd'hui, mais notre président, à la différence de Sarkozy l'excité, Hollande le flamby ou Trump le fou, sait donner l'image de l'homme d'état rassurant. N'est-ce pas le plus important dans notre société du spectacle ?
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Écrit par : Guadet / | 17/02/2018

EUROPÉISMES

> Votre critique de la noble conformité du Grand Président Macron aux directive de l'UE est un symptôme flagrant de repli identitaire voire nationaliste sur un passé français voire franchouillard idéalisé.
De plus, vous allez à l'encontre de la parole européenne de notre CEF et de la COMECE. C'est aussi un blasphème contre les héros de l'opportunisme atlantique, politiciens de IVe et Vème République ou anciens nationaux-socialistes (Walter Hallstein).
Vous allez finir excommunié.

PH


[ Pp à PH - La CEF a pointé le "déficit démocratique" de l'UE. Quant à la Comece (organisme non magistériel), c'est un bureau commun des épiscopats des divers pays d'Europe : je la vois mal tenir un autre langage que celui de l'union entre ces pays.
Les pays d'Europe ont un bien commun à faire prévaloir et des intérêts communs à défendre, comme le professait de Gaulle.
L'UE n'est pas faite pour servir le bien commun des Européens mais pour naviguer sous le vent américain.
Elle pourrait être le concert multinational des peuples d'Europe : elle ne l'est pas, et c'est ce "déficit démocratique" qu'il faut lui reprocher.
Mais il serait absurde de traiter nos évêques en adversaires. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 17/02/2018

@ PP

> nos évêques en adversaires? non, mais un épiscopat est une lourde machine et le nôtre n'est pas sorti des illusions des années 50 et 60. Mais ça viendra.
Quant à ce qu'aurait pu être l'UE, c'est une question moins importante que ce qu'elle est car la nécessité d'unanimité la rend irréformable.
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/02/2018

LOGIQUE

> Après avoir lancé des lignes de car, Macron supprimé les trains qui les concurrencent
Ce qui est particulièrement pervers :
1/ c’est la fin d’un transport public de qualité (la différence de confort et de ponctualité avec le train est énorme).
2/ si les cars sont moins chers c’est parce que les investissements autoroutiers ont été colossaux et que le coût horaire d’un chauffeur est sans commune mesure avec celui d’un conducteur de train : c’est donc le résultat de choix anti écologiques et d’un dumping social.
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Écrit par : Ludovic / | 17/02/2018

PENDOLINO

> La SNCF est plombée par ses investissements pour le TGV, lancés sur des pulsions de potentats locaux, alourdis par un culte bien français de la complication.
Certaines lignes existantes pouvaient être équipées de trains Pendolino (caisses inclinables), comme Paris Strasbourg mais Mme Trautmann s'était vexée. On savait en construire en France, du reste, nous en avons exporté vers la Pologne par exemple.
Prendre un billet est horriblement compliqué bien que "ce soit pour mieux nous servir" . Je ne peux m'empêcher de comparer avec Taiwan (vu dans un déplacement professionnel) ou il est aussi simple d'acheter son billet de High Velocity Train qu'un Enghien-Paris.
Avec en moins la file d'attente.
Après tout, plus la peine de s'équiper en trains, nous avons bazardé Alsthom.
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Écrit par : Pierre Huet / | 18/02/2018

SPINETTA

> Est-ce le même homme?
http://www.lemonde.fr/economie/article/2006/07/13/le-pdg-d-air-france-jean-cyril-spinetta-est-convoque-par-la-justice_794901_3234.html

AJ

[ PP à AJ - C'est le même... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Anne Josnin / | 19/02/2018

GENERAL MOTORS

> Tout cela me fait penser à ce qu'avait fait General Motors à Los Angeles, dans les années 1930, pour y imposer le "tout bagnole" : racheter les compagnies de tramway et laisser le service se dégrader... avec succès, hélas...
Dingue : au début du XXe siècle, en plus des transports en commun, l'on trouvait à L.A. une autoroute cyclable suspendue (!). Avec encore quelques vestiges, ça et là...
Tout cela est rappelé dans ce film de 2015, que tout cycliste militant devrait avoir vu :
http://www.telerama.fr/sortir/auto-va-c-lo-bobos,131160.php
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Écrit par : Feld / | 20/02/2018

MIRACOLOSO

> La fin des temps est proche : un blog pas spécialement connu pour être en pointe sur l'écologie dénonce le "greenwashing". Avec des commentaires de lecteurs dignes d'afficionados de 'La Décroissance' !
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2018/02/est-on-sûr-que-la-transition-énergétique-sera-si-écologique.html#comments

Feld


[ PP à Feld - A transmettre sans tarder au bureau médical des sanctuaires de Lourdes ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 20/02/2018

Qui paye les autoroutes ?

> Le chiffre qu"on ne voit jamais : une autoroute est faire pour résister au roulement de camions de plusieurs dizaines de tonnes ps essieu, relativement à une voiture qui n'est qu'à quelques centaines de kilo par essieu, quel est le surcoût de construction. Certes les voitures payent moins cher qu'un autocar ou qu'un camion mais je doute plus que très fortement que la proportion soit respectée...
Et je ne parle de la Suisse qui tout simplement oblige les camions en transit à prendre le train...
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Écrit par : franz / | 20/02/2018

Franz

> De ce que je sais, les autoroutes font une subvention massive des camions. En effet ceux ci usent au moins 1000 fois plus la chaussée (ce n’est pas qu’une question d’en surcoût initial).
Mais de toute façon l’auroroute est une concurrence perverse au train, car largement subventionnée sur toutes les portions gratuites.
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Écrit par : Ludovic / | 21/02/2018

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