Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/01/2018

Jonas, national-religieux donc prophète défaillant

135.jpg

Jonas furieux que Dieu ait épargné Ninive...

 

Première lecture de ce dimanche: l'histoire du prophète Iona ben Amittaï (Jonas). Ce récit biblique n'est-il pas transposable chez des cathos français d'aujourd'hui ? Certaines attitudes n'évoquent-elles pas le livre de Jonas tel que le commentent les exégètes?  Extraits :


  

<<  Après avoir tourné le dos à cette mission par haine des gens de Ninive, Jonas finit par accepter d'aller leur parler au nom de Dieu. Mais ce n'est pas sans arrière-pensées qu'il accomplit sa mission : il n'est pas convaincu de son bien-fondé. Une de ses phrases ("ceux qui s'attachent à de vaines idoles se privent de la grâce - mais moi je t'offre des sacrifices...", Jonas 2, 9) peut être comprise comme suggérant que la grâce de Dieu ne peut aller aux idolâtres, et donc comme une tentative du prophète pour s'accrocher encore à son refus d'un pardon pour les païens de Ninive. Jonas est un croyant, mais il a du mal à accepter une décision divine allant à l'encontre de ses désirs. Cela montre que sa démarche de changement demeure incomplète...

Le livre de Jonas montre un cheminement au caractère sinueux, et fait ainsi preuve de réalisme. L'auteur du livre a voulu apporter une critique du particularisme (israélite) et montrer que l'Eternel veut sauver tous les peuples. Si Jonas ne voulait pas accomplir sa mission, c'est par nationalisme, parce qu'il craignait que Dieu pardonne  aux Ninivites...  Jonas qui avait annoncé les conquêtes militaires de son roi [*] aurait préféré voir l'Eternel détruire la capitale ennemie. Mais la leçon finale du livre souligne que les gens de Ninive sont eux aussi des créatures de Dieu...

L'auteur a déployé toute une stratégie, maniant humour, suspense et allusions à des textes antérieurs, pour amener ses lecteurs - sans doute tentés  par une attitude nationaliste, à réfléchir, à condamner l'attitude de Jonas, et finalement à reconnaître  le caractère faussé de ce qui, chez eux   ( et chez nous ? )   pouvait ressembler à une telle attitude partisane. >>

 

<<  Le thème de la préoccupation de l'Eternel pour l'ensemble des peuples est l'un des fils conducteurs de l'Ancien Testament. Dès l'origine, Israël n'est choisi qu'en vue de la bénédiction de tous les peuples : Genèse 12, 3. Israël fait participer à sa bénédiction des païennes comme la prostituée Rahab ou la Moabite Ruth. Une veuve phénicienne de Sarepta (Tzarfat près de Sidon)  bénéficie du ministère d'Elie : 1 Rois 17 ; le Syrien Naaman est guéri par Elisée : 1 Rois 5. Jésus lui-même fera usage de certains de ces exemples pour s'opposer au nationalisme judéen...

<< Non seulement l'Eternel est le Dieu de tous les hommes, mais il est aussi celui de toutes les créatures et de la création. La conclusion du livre inclut "les animaux en grande nombre" dans ses préoccupations ; la souveraineté divine sur les créatures animales et les éléments est manifeste tout au long du livre : l'Eternel suscite un grand vent pour produire une tempête, il suscite un "grand poisson" auquel il "donne des ordres", il suscite un ricin, un ver, un vent brûlant... Comme son prophète refuse d'accomplir sa volonté, l'Eternel sait trouver d'autres serviteurs plus dociles pour parvenir à ses fins...  >>

 

__________

[*]  2 Rois 14, 25 : sous Jéroboam II, souverain du royaume du Nord.

 

 

 

"Le nationalisme de Jonas l'empêche d'accepter que Dieu fasse grâce à la puissance ennemie de son peuple : d'autant qu'elle anéantira un jour le royaume nord-israélite. En outre, Jonas refuse aux Ninivites la grâce de Dieu dont il a fait lui-même l'objet au chapitre 2. Il demande la mort parce que sa prédication a amené les Ninivites à changer de comportement : il préfère mourir que de voir son Dieu faire grâce à Ninive. La haine d'autrui mène au suicide... En Jonas 4, 10, Dieu lui dit  "Et tu voudrais que moi, je n'aie pas pitié de Ninive ?"

Jonas-y-Ninive-300x211.jpg

 

 

17:35 Publié dans Bible | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : catholiques

Commentaires

PAS DANS LE SENS

> "Jonas est un croyant, mais il a du mal à accepter une décision divine allant à l'encontre de ses désirs". On pense à la mauvaise foi, ou au peu de foi, de prétendus militants cathos refusant ce que disent pape et évêques parce que ça ne va pas dans le sens de leurs opinions politiques.
______

Écrit par : B. Le Diberder / | 21/01/2018

LE VRAI SENS

> Ce rappel est d'autant plus utile que la présentation de l'histoire de Jonas, en particulier aux enfants, se ramène trop souvent à une historiette qu'on schématise au point d'en fausser le sens. Longtemps, j'ai cru que Jonas avait voulu fuir la volonté de Dieu par crainte des persécutions que pourraient lui faire subir les Ninivites. De même, dans le passage où l'on mentionne la vastitude de la ville ("il fallait trois jours pour la traverser" 3,3), le fait que Jonas la parcoure en "une journée à peine" (3,4) m'était toujours apparu comme une performance sportive engendrée par un zèle divin... alors que le prophète se contente d'un saupoudrage de mauvaise grâce.
Ce n'est qu'en traduisant les quatre chapitres, bien des années plus tard, que le vrai sens du livre s'est dégagé.
______

Écrit par : Albert Christophe / | 21/01/2018

PAÏENS

> Une manière de nous garder de la tentation "nationale-catholique" ne pourrait-elle pas consister à nous considérer de temps à autre comme des héritiers de Ninive ? Après tout, nous sommes des descendants de païens convertis nous aussi...

SL


[ PP à SL - Je suis moi-même un païen converti. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Sven Laval / | 21/01/2018

JONAS ET JÉSUS

> De Jonas à Jésus… En lien avec l’Evangile du jour, vous auriez aussi pu prêcher, cher PP, sur la souffrance promise à tous ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle. Jésus inaugure son ministère public sous le signe de la persécution – avec l’arrestation du Baptiste. Aujourd’hui l’Eglise subit la persécution dans le monde, un peu partout, et il ne semble pas que cela doive cesser jusqu’à la fin des temps. Et pourtant, pour ceux qui entendent la prédication de Jésus, fussent-ils minoritaires et malmenés, les portes du Royaume de Dieu s’ouvrent : l’amour est vainqueur du mal, la vie l’emporte sur la mort, Dieu est présent dans leur vie, au milieu d’eux. Suivre Jésus les conduit à l’espérance et à la joie de la Résurrection.
A Notre-Dame des Victoires, où Marie est vénérée comme Refuge des pécheurs, le cardinal Christoph Schönborn, de passage à Paris ce dimanche, avait choisi de prêcher en ce sens. Une partie de sa famille, qui vit en France, se trouvait dans l’assistance. D’où, sans doute, cet humble témoignage d’espérance, en conclusion de son homélie, à propos de la mort de son père, d’un cancer du poumon : « Il n’était pas ce qu’on appellerait un bon catholique. Et cependant, peu avant sa mort, il m’a livré cette phrase tirée de ses lectures, qui l’avait impressionné : “Le devant de la Croix, c’est la souffrance… Mais le revers de la Croix, c’est la joie.” Mon père est mort en ayant fait cette expérience de foi : la joie de la Croix qui devient signe de Résurrection. »
______

Écrit par : Denis / | 21/01/2018

PAUL ET JONAS - LA CONVERSION DES PAÏENS ET L'AMOUR D'ISRAËL

> Ici un article de Joël Sprung sur le sujet :
http://www.pneumatis.net/2014/02/paul-et-jonas-la-conversion-des-paiens-et-lamour-disrael/
______

Écrit par : Aurélien Million / | 21/01/2018

LA BIBLE

> A propos d'appel, petit témoignage personnel. Dans ma paroisse, je participe à l'adoration eucharistique, tous les dimanche soir. A la fin de l'heure d'adoration, j'ai coutume d'ouvrir la bible qui se trouve à côté du tabernacle pour me mettre, en quelque sorte, à l'écoute de la Parole de Dieu.
Au moins 5 fois de suite, je suis tombé sur le même passage. Après quelques semaines d'"interruption", dimanche dernier... rebelote.
Ce passage, c'est Jérémie 17,19 et s. :
"Voici ce que m'a dit l'Eternel: «Va te tenir à la porte des enfants du peuple, celle par laquelle les rois de Juda entrent et sortent, et à toutes les portes de Jérusalem. Tu leur diras: 'Ecoutez la parole de l'Eternel, rois de Juda, tous les Judéens et vous tous, habitants de Jérusalem, qui entrez par ces portes! Voici ce que dit l'Eternel: Veillez sur vous-mêmes! Ne portez pas de fardeau le jour du sabbat, n'en introduisez pas par les portes de Jérusalem! Ne sortez de chez vous aucun fardeau, le jour du sabbat, et n'accomplissez aucun travail, mais faites de ce jour un jour saint, comme je l'ai ordonné à vos ancêtres.'"
Je suis un peu troublé...
______

Écrit par : Feld / | 22/01/2018

MODÉRER

> Mes commentaires qui ne me semblaient ni insultants envers mon Eglise de naissance, ni envers quiconque, ni d'extrême droite (il est vrai que je demandais de prier aussi pour les Etats-Unis) ont été censurés. Avec tous mes sentiments interrogatifs

MS

( PP à MS - Il n'y a pas de "censure" sur un blog privé : juste une "modération". D'autre part il ne s'agissait ni d'insulte, ni d'extrémisme, ni d'Etats-Unis : votre commentaire serait paru s'il n'avait pas rejeté de façon absolutiste, sur le plan de la simple exégèse, l'excellent exégète que je citais ! Un point de vue différent peut être complémentaire... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Michel Santini / | 28/01/2018

> Merci de votre réponse. Je comprends mieux.
______

Écrit par : Michel Santini / | 28/01/2018

Les commentaires sont fermés.