02/01/2018
Michel Cool : "De quoi avons-nous peur ?"
Le nouveau livre (Salvator) de Michel Cool fait du bien au lecteur :
Le 30 mars 2016, écrit le journaliste chrétien Michel Cool, "j'ai reçu la grâce de pouvoir serrer longuement vos mains et échanger quelques paroles avec vous" : ces mots s'adressent au pape François, et l'auteur ajoute : "Je vous avais confié, sous votre œil qui s'était soudain assombri, que le vent de la pampa que vous avez déclenché n'était pas du goût de tous les fidèles. Que certains se cabraient en vous entendant parler d' 'Eglise des pauvres pour les pauvres' et d'envoi en mission aux 'périphéries' de la société et de l'existence. Que d'autres avaient peur que vos appels à la miséricorde et au discernement contribuent à favoriser le relativisme moral et la confusion pastorale dans l'Eglise. Je n'oublierai jamais votre réponse dite doucement, en français, sur un ton grave : 'Le combat de l'espérance, c'est toujours expliquer, témoigner et prier'..."
Témoigner et prier est la vocation de tous les chrétiens. Expliquer est plus précisément celle des chrétiens journalistes, pour lesquels semble écrite la célèbre injonction de la première lettre de Pierre : soyez toujours prêts à donner les raisons de votre espérance à qui vous les demandera.
Michel Cool est ainsi l'auteur de seize livres, dont Les chrétiens et la mondialisation (2002), Les nouveaux penseurs du christianisme (2006), Mon plaidoyer pour le pape François (2015)... Et, en 2011, ce témoignage qui reçut le prix de littérature religieuse et qui s'intitule : Conversion au silence, itinéraire spirituel d'un journaliste.
Cette "conversion au silence" (paradoxale chez un professionnel de l'écriture) est précisément l'âme du nouveau livre de Michel Cool, alors que ce livre - De quoi avons-nous peur ? - est un appel actif à tous les chrétiens. Il n'y a pas de contradiction en cela : le silence de fond inspire la parole vraie. La parole chrétienne est le fruit du silence.
Le livre s'ouvre dans la plus dure actualité, en août 2016, à Rouen, le jour des obsèques du père Jacques Hamel assassiné le 26 juillet dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Michel Cool est parmi la foule des fidèles dans la cathédrale. À genoux devant le cercueil du martyr, il sent en lui et autour de lui l'affrontement entre deux puissances diamétralement opposées : la puissance de la peur ("contagion anxiogène" poussant à toutes les dérives), et la puissance de la Lumière, "comparable à l'éclat d'un 'silence qui respire'..."
Ce Silence qui irrigue sa vie spirituelle, Michel Cool le décrit pour en avoir vécu la venue : "il y a dix ans, sur un chemin forestier près de l'abbaye cistercienne de Chimay, j'avais fait l'expérience personnelle d'une renaissance spirituelle... Mais ce silence s'était aussi fait parole en déposant dans mon cœur ce message : 'Tu n'es pas seul, je suis avec toi et je t'aime'... C'est ainsi qu'après et avant bien d'autres, j'ai été converti au silence de la Présence."
Une expérience aussi intime est mise à l'épreuve par la violence de l'époque. Comment échapper au "voile de crainte" qui s'est abattu sur nous ? Comment ne pas céder au vertige de la colère, fille de la peur et qui fait oublier la Présence ? C'est le sujet du livre ! Quatre chapitres : Peur de la violence - Peur de l'islam - Peur de l'ouverture - Peur du silence. La force de ces réflexions est de confronter, avec autant de tact que d'enthousiasme, les hantises d'aujourd'hui à la liberté du cœur chrétien.
Je ne vais évidemment pas déflorer ce livre de 130 pages en disant comment Michel Cool fait face à ces peurs qui sont nos peurs à tous. Je me contenterai de dire qu'il ne prétend pas dissiper les peurs, parce que l'angoisse fait partie de la condition humaine et que la foi consiste justement à la vivre - mais dans la confiance. "Tout homme doit souffrir", disait Edith Stein : "mais s'il est un membre vivant du corps du Christ, sa souffrance reçoit une force rédemptrice par la divinité de celui qui en est la Tête."
Après nous avoir invités "à entrer dans cet ordre mendiant qui propose à chacun de nous de partir en pèlerinage aux sources de lui-même pour se laisser trouver par Celui qui l'attend", Michel Cool fait "un petit crochet par Rome, pour nous donner des forces et remercier un guide spirituel du tonnerre : il s'appelle François..." Suit la Lettre au pape François dont je cite quelques phrases au début de cette note. Michel Cool l'appelle "Padre Jorge", comme les habitants des bidonvilles de Buenos Aires : "Encouragez-nous à voir dans notre prochain, non pas d'abord un adversaire ou un obstacle, mais un enfant de Dieu, un frère ou une sœur en Christ et en humanité...".
Et ce n'est pas fini : de la page 105 à la page 134, Michel Cool nous propose des Prières pour se désarmer. Elles ont pour auteurs un spiritain de Seine-Saint-Denis, un bénédictin de St-André-de-Clerlande, Athënagoras, Kierkegaard, Mandela, sœur Emmanuelle, Stan Rougier, saint Pierre Chrysologue, des anonymes, Paul VI, dom Helder Camara, Jacques Noyer, Arnaud Favart, Michel Cool... Prières pour admettre que l'on a peur et demander de garder - ou retrouver - l'espérance, la bienveillance et l'ouverture, vertus fondamentales du chrétien que nous autres, cathos français de 2018, avons tendance à mettre entre parenthèses en invoquant de si "bonnes" (et si païennement mauvaises) raisons.
Un chapitre de ce livre s'intitule : "Padre Jorge, merci !".
Que l'auteur me permette d'ajouter : "merci, Michel Cool".
12:28 Publié dans AVEC LE PAPE FRANÇOIS, Idées | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme
Commentaires
SOURDS ?
> Avoir peur ? Pourquoi ? Peut-être parce que parfois nous avons tous des problèmes de surdité. Mais normalement, cela ne sert à rien. Voir: https://fr.aleteia.org/2017/09/19/savez-vous-quel-est-le-conseil-le-plus-repete-dans-la-bible/
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Écrit par : ND / | 03/01/2018
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