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19/12/2017

Macron attire à Paris la “malédiction de la finance”

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Privilèges fous, inégalités galopantes, désinvestissement de l'économie réelle, spéculation immobilière, dépérissement des villes moyennes... Un avertissement qui nous vient de Grande-Bretagne :




Peu de médias l'ont remarqué : lors de sa déambulation élyséenne avec Laurent Delahousse, M. Macron a redit sa volonté de faire de Paris “le leader de la finance”. Il s'agit de profiter du Brexit pour attirer la classe financière transnationale en lui offrant des privilèges, ce qui revient à aligner progressivement la France sur les normes anglo-saxonnes : celles qui avaient provoqué la catastrophe de 2007-2008, catastrophe dont les Français furent relativement protégés par leur modèle social...

Afin de rendre la place de Paris “plus compétitive”, la Macronie prévoit pour janvier une série de mesures exorbitantes réservées aux dirigeants et aux salariés des banques : parmi lesquelles une exonération de cotisations vieillesse... Parlant de plus en plus haut, les messieurs du lobby Paris Europlace exigent la suppression des charges sociales patronales, “handicap” sans lequel les dirigeants français seraient des Américains comme les autres.

La Macronie poursuit donc son démantèlement du modèle français. L'opération profitera indubitablement à une certaine classe sociale. Mais à la nation ?

Il faut lire dans Le Monde (22/11) une information ravageuse d'Eric Albert, le chroniqueur de la Lettre de la City. Extraits :

 

<< Et si Paris, Francfort ou Luxembourg avaient tort ? Et si la course pour attirer les financiers chassés de Londres par le Brexit était une hérésie économique ? Et si, dans leur sillage, ces « maîtres de l’univers » n’apportaient qu’inflation immobilière, détournement des « talents » vers une activité non productive, et inégalités sociales ?

Les 16 et 17 novembre, l’université de Sheffield et l’association Tax Justice Network ont organisé un séminaire passionnant, développant un concept encore peu connu : « la malédiction de la finance ». L’idée vient d’une rencontre entre Nicholas Shaxson et John Christensen, […] piliers de Tax Justice Network, association à l’avant-garde de la lutte contre les paradis fiscaux. Mais, selon eux, les victoires de ces dernières années contre l’évasion fiscale – largement inespérées il y a une décennie – sont en trompe-l’œil : cette bataille risque d’éclipser le vrai danger, à savoir la financiarisation généralisée de l’économie.

L’exemple du Royaume-Uni est l’un des plus évidents. La richesse de la City provoque une forte inflation immobilière et une fuite des cerveaux vers les grandes institutions financières. Quant aux villes secondaires, elles sont complètement oubliées par cette croissance.

[…] Il existe désormais une solide documentation universitaire sur le fait que l’excès de finance tue la finance. Ainsi, Olivier Godechot, de Science Po, démontre, chiffres à l’appui, que les pays qui ont de larges centres financiers accentuent les inégalités. Desiree Fields, de l’université de Sheffield, a de son côté documenté la façon dont l’immobilier était en train de devenir une classe d’actifs financiers comme les autres : les fonds spéculatifs et autres grands fonds d’investissement mettent de plus en plus leur argent directement dans la pierre, faute de trouver des rendements intéressants ailleurs. La conséquence est l’émergence de très grands propriétaires privés, souvent très lointains de leurs locataires, qui n’ont personne à contacter s’ils ont des problèmes de maintenance des bâtiments.

Aux Etats-Unis, Gerald Epstein, de l’université du Massachusetts, a tenté de mesurer ce que l’excès de finance coûtait à l’économie américaine. Et il est arrivé à une somme vertigineuse : entre 13 000 et 23 000 milliards de dollars depuis 1990. Près de la moitié vient du coût direct de la crise financière de 2008. Il faut y ajouter environ 4 000 milliards de dollars « aspirés » par l’excès des bénéfices et des salaires dans le secteur financier ; en clair, la finance réalise de l’« extraction de richesse », une sorte de rente qui ne va pas à l’économie productive.

Enfin, il faut compter 3 500 milliards de dollars de richesse détournée d’autres secteurs et qui sont allés à la finance – par exemple, des entreprises qui conservent leurs liquidités plutôt que d’investir dans leurs usines parce que ces piles de cash leur rapportent plus.

Ce petit groupe se situe fermement à gauche sur l’échiquier politique et ne constitue pas une pensée majoritaire. Mais ses recherches commencent à peser lourd, alors que la hausse des inégalités accouche d’une évidente crise politique... >>

 

 

 

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Commentaires

COTÉ

> Macron, un mec qui fait des ronds avec et pour des mecs qui tournent en rond ?
D’aucuns affirment que le chef de l’Etat serait l’inventeur de la « macronomie », nouveau nom de cette croyance sacrée dans l’individualisme cupide comme moteur de croissance économique et gage de prospérité… jadis appelée « libéralisme ».
Pour ma part, je pense que M. Macron est purement et simplement « l’idole de la finance » et se comporte comme tel. Et se comportera d’autant plus comme tel que sa popularité suivra une pente digne des meilleurs cours boursiers…
Pour être parfaitement honnête avec les Français, le chef de l’Etat devrait accepter que sa popularité soit cotée en Bourse.
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Écrit par : Denis / | 19/12/2017

DÉSASTREUX

> C'est à l'aune de nouvelles comme celle-ci que nous mesurons le bon sens de la Conférence des évêques, qui n'a pas appelé à voter Macron en mai dernier (tout comme vous, d'ailleurs, avec beaucoup de prescience).
"Mon amie, c'est la finance" titrait 'Libé' hier. On pourrait ajouter : le modèle libéral dans son ensemble, qu'il soit économique ou social.
En fait de modernisation, Macron souhaite américaniser la France. Sa communication n'est faite que de pseudo-surprises à l'image du dernier entretien élyséen visant à renvoyer l'image d'un président détendu et "cool", alors que dans la droite ligne du "management" libéral à l'américaine, la pression exercée sur le gouvernement (et sur le pays) est considérable. Tout récemment, L'Obs relatait l'incompréhension des réfugiés à qui l'on promet accueil et humanité, mais qui subissent exactement l'inverse (https://tempsreel.nouvelobs.com/monde/migrants/20171218.OBS9422/refugies-on-nous-parle-d-accueil-et-d-humanite-nous-constatons-l-inverse.html).
Il en est de même à propos des ordonnances Pénicaud : on nous annonce la flexi-sécurité pour n'en retenir au final que le premier aspect, au nom de l'exigence libérale de "pragmatisme". Ce matin même, on rapporte que le premier ministre a demandé à être transporté de Tokyo à Paris en avion de luxe, obligeant l'appareil de l'armée de l'air initialement affrété à faire le trajet à vide : comment peut-on, après un tel largage de CO2, clamer les yeux dans les yeux "make the planet great again" ?
Que les Français se réveillent : il faut tout faire pour empêcher la libéralisation (et, a fortiori, la financiarisation) de l'économie française, car ses conséquences sociales seraient désastreuses. Les gens de Newcastle, eux, le savent !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/12/2017

GONESSE

> Sans compter que pour rendre attractive "la candidature" de Paris à la grande finance, le gigantesque centre commercial de Gonesse sera le bienvenu pour Macron pour détendre tous ces braves traders...
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Écrit par : Pascal Girard / | 20/12/2017

COMPARAISON

> A Londres ou New York, les financiers sont suffisamment lucides sur ce qu'ils font pour ne pas entretenir d'illusion, ni chez eux, ni chez les autres. Voir le film Margin Call, qui les décrit avec réalisme. en France, leurs clones seront capables de nous vendre en prime le Petit Jésus et la messe du dimanche pour mieux faire passer la pilule. Joyeux Noel, qui est la fête des pauvres gens.
Daniel Azan


[ PP à DA - Joyeux Noël ) vous et à tous les vôtres. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Daniel Azan / | 20/12/2017

STEVE BONAPARTE

> Assez glaçant (confirme ce que j'ai lu par ailleurs ...dans un article des 'Echos') :
https://fr.yahoo.com/m6info/emmanuel-macron-ses-proches-collaborateurs-sacrifient-leur-vie-privee-pour-lui-143942893.html
Par rapport au prédécesseur, on peut dire qu'il "tient" le poste. Qu'il tient l'appareil d'Etat d'une main de fer (ce qui se ressent même au sein des services). Ce que (très) peu d'hommes de son âge seraient capables de faire. Ceux qui, dans l'arrière-cour, l'ont poussé jusqu'au sommet de l'Etat ont vraiment fait le bon choix (de leur point de vue, of course ! ). Une sorte de mix de Napoléon Bonaparte et de Steve Jobs.
En plus de cela, aucune opposition sérieuse. A gauche : pas grand'chose (je ne vois pas ce pauvre Mélenchon menacer à court ou moyen terme le pouvoir de Jupiter ! ). A droite : des gens qui, sur le fond, partagent les fondamentaux du macronisme. Et des gens disons, plus...marginaux (même si, à titre personnel, je partage beaucoup de leurs idées) : https://www.yannikbonnet.com/Non-je-ne-suis-pas-pessimiste-Pere-Yannik-Bonnet_a363.html
Autre chose (qui dépasse le cas de M. Macron) : depuis Sarkozy, il y a quelque chose qui me gêne fondamentalement dans l'évolution de la fonction présidentielle. Jusqu'à il y a peu, l'accession à la magistrature suprême était le couronnement d'une longue carrière politique que, au moins symboliquement, à l'instar des rois capétiens, l'on quittait les pieds devant. Après la présidence : plus rien. L'on abandonnait définitivement la vie publique. Alors que maintenant : la présidence de la République est un passage dans une carrière, un poste prenant qui fait toujours bien sur un CV. C'est fou : MM. Sarkozy et Hollande donnent l'impression d'avoir encore la vie devant eux ! Ce sera a fortiori la même chose avec M. Macron.
A moins que, porté par les circonstances, il choisisse de s'installer dans la durée. Président à vie, empereur, roi des Français ? Avec, dans ces deux derniers cas, la question de la succession dynastique. Mais nous n'en sommes pas encore là...
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Écrit par : Feld / | 20/12/2017

LE MACRONISME DE RUPOTURE

> Macron atteint 54% dans les sondages ! Macron, ce n'est pas seulement le triomphe de la finance mondialisée, qui était déjà choyée depuis longtemps en sous-main, c'est une révolution culturelle !
Avec Macron, la France rompt définitivement, non seulement avec la politique du christianisme social mise en place à la Libération, mais aussi avec ce que la France apportait au monde d'originalité depuis des siècles.
Régis Debray, dans « Le Nouveau Pouvoir », montre en quoi Macron nous assujettit maintenant à ce qu'il appelle "le néo-protestantisme" américain, mode de pensée qui veut s'imposer comme la norme mondiale.
Harold Bernat nous explique comment Macron nous fait basculer dans un monde orwellien, où la politique est anéantie, aspirée par le vide :
https://comptoir.org/2017/12/13/harold-bernat-le-macronisme-est-une-strategie-de-consolidation-du-pouvoir-par-le-vide/
C'est pourquoi je pense que le combat contre Macron est le vrai combat d'aujourd'hui, le combat contre l'idolâtrie qui détruit la relation de l'humanité avec Dieu, l'idolâtrie de la marchandise.
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Écrit par : Guadet / | 21/12/2017

COLIBRI

> Tout à l'opposé de Macron Worldwide & Co, Inc., l'infatigable petit colibri continue de "faire sa part".
Comment était-ce déjà ? "Beaucoup sont hors l'Eglise..."
http://www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2017/12/24/l-ecologie-est-incontournable
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Écrit par : Aventin / | 24/12/2017

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