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16/10/2017

Emmanuel Macron, président normal

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Affirmations inexactes, enfonçages de portes ouvertes, sa prestation d'hier ressemblait à celles de Sarkozy et de Hollande :


 

Emmanuel Macron finit par ressembler à ce que l'on craignait qu'il soit : un financier qui s'est emparé de l'Etat pour défaire le modèle social français. Il avait su faire croire (en mai-juin) à une "révolution" dans les moeurs politiques, articulée autour de deux éléments : un phénomène partisan nouveau (LRM et ses centaines d'inconnus "issus de la société civile"), et une posture présidentielle renouant avec la hauteur...  Dès l'été on constatait l'insignifiance de LRM, marée devenue marécage, et la brutalité des intentions macroniennes, révélée par la réforme de l'ISF et ses justifications pseudo-économiques.

C'est sur ce dernier point  - l'ISF - que l'entretien d'hier soir a été spectaculaire. Interrogé sur ce que les bénéficiaires de sa réforme allaient faire de leur argent, M. Macron a répondu - imperturbable - que la loi les pousserait à investir dans l'économie réelle. Or c'est faux. Nous avons été des milliers hier à nous exclamer que la loi ne prévoit rien de tel [*] ;  réaction partagée ce matin par des commentateurs à France Culture, Europe 1 et France Info.

M. Macron a ajouté des considérations qui aggravent son cas :

on lui a demandé si sa réforme s'inspirait de la théorie ultralibérale du "ruissellement" : le trickle-down, dogme des business-schools selon lequel enrichir les plus riches profite mécaniquement aux pauvres (les .plus riches étant censés faire marcher l'économie du pays) ; dogme réfuté de longue date par les économistes libres et le document papal Evangelii gaudium, paragraphes 53 et suivants.

Réponse du chef de l'Etat (en substance) :  "Je ne crois pas au ruissellement. Ce que je pense c'est que si l'on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole."

L'image des "premiers de cordée" est aussi fausse que celle du ruissellement. À l'ère de la sphère financière globale, du casino spéculatif et des paradis fiscaux, feindre de croire que les plus riches sont le moteur de l'économie nationale est une mystification. Pourraient-ils le devenir ? Peut-être, si la loi de M. Macron les y forçait. Elle ne les y force pas. Tout le monde le sait.

L'exercice télévisé d'hier soir nous ramène donc aux tactiques du déni et du faux-semblant utilisées par MM. Sarkozy et Hollande, chacun dans son style. Plus ça change et  plus c'est la même chose...

 

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[*]. Lors d'un débat en juillet j'avais évoqué cette éventualité d'un cadeau aux riches sans contrepartie. J'avais alors été accusé par un macroniste de faire des procès d'intentions au jeune président.

 

 

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09:05 Publié dans Macron | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : macron

Commentaires

CORDÉE, TABLEAUX

> La rhétorique des premiers de cordée est en réalité très proche de celle du ruissellement. L'idée de premiers de cordée qui tireraient l'économie vers le haut est séduisante, mais elle suppose un encadrement législatif adéquat, de sorte que les fonds non prélevés par le Trésor public ne partent pas en Suisse ou à Singapour mais soient investis (ou épargnés) en France. En l'absence de telles restrictions, on sait ce qu'il adviendra des "premiers de cordée".
À titre plus anecdotique, la décoration du bureau personnel du chef de l'État, supervisée paraît-il par Brigitte Macron en personne, laisse également songeur. Procède-t-elle de la grande déconstruction voulue par l'actuel président pour le pays ?...

PV


[ PP à PV - Un Alechinsky et une copie de la fresque d'Obey dans le XIVe arrondissement de Paris (hommage aux victimes de novembre 2015)... Ce n'est pas très différent de ce que Mme Pompidou avait installé à l'Elysée en son temps ! L'art "contemporain" est le nouvel académisme. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 16/10/2017

L'ALGORITHME

> Pourquoi ce don gratuit de Macron aux riches ? Mais parce que l'algorithme a décidé qu'il fallait le faire. Pourquoi êtes vous contre le Progrès ?
Même raison que pour la PMA sans père. Personne ne la demande, des dizaines d'intellectuels de gauche et même plusieurs ministres sont contre, mais l'algorithme a dit que c'était une bonne idée.
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Écrit par : Thibaud / | 16/10/2017

L'EXTRÊME ET LA CHUTE

> Dans le verbatim de cet entretien, j’ai noté un nouveau concept macronien, celui de « ruralité extrême », qui reste à préciser – le fait de vivre loin de l’urbain et du périurbain serait-il un signe d’extrémisme ?
J’ai noté aussi l’utilisation récurrente par le président de l’expression « tomber au chômage ». Il l’a martelée : le travailleur, le salarié qui perd son emploi « tombe au chômage ». Autant dire qu’il chute !
Et si Adam ChomDû a chuté, c’est bien évidemment de sa faute, il est le principal responsable de ce qui lui arrive, tant pis pour sa pomme, il a mérité d’être expulsé du Paradis MerciPatron. Du coup, la politique de formation à marche forcée et de réduction de l'indemnisation du chômage, concoctée par l’administration Macron, n’en est que plus magnanime.
De façon générale, dans cet entretien, le chef de l’Etat a confirmé son profil psychologique d’enfant « adulé » et « héroïque » : l’Emmanuel et Petit Prince élyséen est là pour redresser et sauver la France qui s’enfonce « depuis plus de trente ans ».
En filigrane de ce discours, il y a une petite musique bien connue… Elle commence à monter en volume, et se résume ainsi : « Vous ne me méritez pas ! »
J’en suis personnellement convaincu : si Emmanuel Macron est demain confronté à une coalition durable des oppositions et à des mouvements sociaux puissants contre sa politique, il ne manquera pas de jouer la carte ultime, celle de tout « héros » qui se respecte : « Vous ne me méritez pas, vous ne m’avez pas compris… Je m’en vais. » Il démissionnera.
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Écrit par : Denis / | 16/10/2017

CORDÉES

> Quand M. Macron dit que "si on lance des pierres sur le premier de cordée c'est toute qui est en péril" demande plusieurs éclaircissements.
- En général le premier de cordée est le meilleur, donc à première vue cela ne semble pas faux ... Mais les suivants ne sont pas des incapables et doivent être à même d'assurer (le retenir) si le premier tombe. Donc d'un point de vue pratique ce que dit M. Marcon est inexact.
- Mais peut-être faudrait lui commencer par lui demander ce qu'il appelle un premier de cordée ? Je pense en particulier que l'image peut sans doute s'appliquer à des PME mais pas à des grands groupes ; surtout quand le patron est plus proche de ceux auxquels il va rendre compte (les actionnaires) que ceux qui sont dans la cordée (les employés). D'ailleurs a-t-on jamais vu une cordée de plus quelques unités ?
- Après on peut aussi s'interroger sur l'image choisie : ne viendrait-elle pas d'une inspiration prise d'une campagne électorale d'un jeune premier ? ... (un pays dont le drapeau est de rouge et de blanc avec un aigle). Une allégorie qui a fonctionné là bas ne devrait-elle fonctionner ici aussi ?)
Pour moi on est encore face à un personnage qui détourne les mots de leur sens (c'est ainsi que le serpent trompe Eve, et ce qui a fait dire à Camus que "Mal nommer les choses c'est ajouter aux malheurs du monde".
Il y a essentiellement 2 façon de brouiller l'attention des gens : en employant un vocabulaire inapproprié , ou en inversant les causes et les conséquences, il suffit d'avoir cela à l'esprit quand on écoute les politiciens [et tous les embobineurs]).
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Écrit par : franz / | 16/10/2017

CAILLOUX ET CORDE

> D'un strict point de vue alpinistique, le premier de cordée "reçoit" selon le bel euphémisme d'origine savoyarde -je crois- nettement moins que le second. Lui jeter des cailloux suppose, au reste, qu'on soit en situation plus élevée que lui, ce qui, ramené à l'économie, permet un meilleur éclairage de la phrase présidentielle.
M. Macron, c'est, si souvent, la corde elle-même qui fait "partir" dans une voie, donc le lien du leader aux suivants, ou bien la maladresse, l'incurie, le manque d'expérience, l'erreur de lecture de l'itinéraire du premier de cordée qui déchaîne ces chutes intempestives de morceaux de roche: rappelons, M. Macron, une vieille évidence que vous ne manquerez pas de rapporter à votre illustration: la pierre ne vise pas le grimpeur.
Au demeurant, si, aux Puces, vous dénichez un vieux manuel d'alpinisme classique, vous noterez qu'on apprenait naguère, et je veux le croire toujours aujourd'hui, aux premiers de cordée à partir en biais histoire de protéger le relais et le ou les ascensionnistes suivants.
Vous ne manquerez pas d'en tirer toutes les conséquences, et surtout la principale: s'il pleut des pierres, c'est que le leader a fait erreur, ou bien qu'il a choisi d'entraîner la cordée dans une mauvaise voie, un parcours insensé...
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Écrit par : Aventin / | 16/10/2017

MACRON

> Quand j'étais jeune et libéral, je m'étais senti concerné par l'appel de Giscard aux "forces vives de la nation", ce que Macron a modernisé en "premier de cordée". Je me sentais "entrepreneur" et "créatif".
Et puis l'expérience m'a montré qu'on ne partait pas de rien et que les "forces vives" étaient simplement les gosses de riches. Depuis je suis antilibéral. Macron me fait l'effet d'un premier de la classe sans intelligence, tendance Diafoirus, qui n'est capable que de singer Giscard.
@PP
Les aménagements de Mme Pompidou avaient une autre classe. On peut ne pas aimer mais ils montraient pourtant l'importance culturelle que pouvait encore avoir Paris. Comme Pierre Alechinsky, qui a maintenant 90 ans, ça n'a rien à voir avec la misère de ce qu'on appelle aujourd'hui "l'art contemporain".
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Écrit par : Guadet / | 16/10/2017

MACRON CONTRE LES FAITS

> Au mois de juin, le magazine «Challenges» a publié le classement des 500 Français les plus riches. Leur fortune a été multipliée par sept en vingt ans. La fortune cumulée des 10 Français les plus riches a quant à elle été multipliée par douze. Sur la même période le PIB a été multiplié par deux, à peine. Cette progression s'explique surtout par les cours des actifs. En 1996, avec 14 millions vous entriez dans le top 500. Maintenant, il faut afficher un patrimoine de 130 millions minimum. Dans les deux cas, il s'agit bien d'euros !
1) Je n'ai pas l'impression que les "premiers de cordées" se soient vus jeter beaucoup de cailloux.
2) Le reste de la cordée qui dégringole : c'est fait.
3) Les formules de M. Macron, pour séduisantes qu'elles puissent être, n'en sont pas moins totalement contraires aux faits.
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Écrit par : Thomas Mousset / | 17/10/2017

CHERCHEZ L'ERREUR

> J'ai apprécié cet article (d'autant que je prévoyais sa parution, ce qui m'a évité la perte de temps d'écouter monsieur Macron). Les commentaires sont également très pertinents.
Sinon, rien de nouveau sous le soleil, on chante toujours les louanges des riches. Un riche est un bon citoyen, et donc un pauvre est un mauvais citoyen. Il en découle qu'un chef mafieux est un meilleur citoyen qu'un honnête ouvrier smicard. Cherchez l'erreur.
Il faut des créateurs d'entreprises, mais de petites et moyennes entreprises à taille humaine, or on favorise les grands groupes industriels.
Une entreprise qui se crée ne va pas générer des bénéfices mirobolants, surtout avec le niveau actuel des charges, ou alors c'est qu'elle exploite ses salariés... ou ses clients.
Dans la réussite d'une entreprise, il y a le travail (et pas seulement celui du dirigeant d'ailleurs, ne l'oublions pas), mais également un facteur chance, or on couvre d'opprobre le dirigeant qui échoue.
Une entreprise qui débute est forcément une PME, or la loi est plus dure pour ces dernières que pour les grosses entreprises. Quand le patron dit : "si vous me forcez à faire cela, je suis obligé de fermer", on lui répondra "c'est bien malheureux pour vous mais c'est la loi", sauf s'il met sur le carreau plusieurs centaines de salariés. Là on trouvera des accommodements. Ou bien c'est comme avec ce patron qu'on voulait obliger à des aménagements dans son entreprise pour protéger la santé de ses salariés : "je continuerai comme par le passé en payant des amendes, cela me coûte moins cher, et de toute façon, de quoi se plaindraient-ils, s'il leur arrive quelque chose, ils sont payés à ne rien faire." (il voulait parler des pensions d'invalidité.) On peut avoir ce raisonnement inqualifiable quelle que soit la taille de son entreprise, mais pour le mettre en application, vu le montant des amendes, il faut que l'entreprise soit très riche, donc très grosse.
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Écrit par : Bernadette / | 17/10/2017

AYN RAND ET GISCARD

> Le baratin du premier de cordée est tout droit issu du baratin de l'école autrichienne (libérale) d'économie: dès Menger et von Wieser, on retrouve la notion d'entrepreneurship; il faut tout faire pour favoriser les entrepreneurs. Quelques individus innovent et tout le monde finit par les imiter, pour le plus grand profit de tous (ce qui reste à démontrer).
Ayn Rand, celle qui a inspiré Anton LaVey, le rédacteur de la 'Bible selon Satan' et fondateur de l'Eglise de Satan aux Etats-Unis, n'en pensait pas moins. C'est ce qui fit son succès: l'ouvrage "Atlas shrugged" (la révolte d'Atlas), où elle imagine ce qui se passerait si tous ceux qui "font" la société (chefs d'entreprises...) se mettaient en grève.
Il ne faut pas attendre grand chose de Macron: il sort des grandes écoles, et il débite toute les conneries qu'il y a apprises. Ils sont tous faits pareils ces gens-là. Comme disait de Gaulle: quand les talons claquent l'esprit s'envole. C'est un peu pareil quand on rentre dans une de ces écoles; il ne faut pas s'attendre à de la réflexion. (Je le redis: je connais quelqu'un qui est passé par hypokhagne-khagne à H. IV et Sciences Po Paris et qui prend Onfray pour un grand philosophe; à ce train là on peut s'attendre à tout).

@Guadet: il vous fait penser à Giscard. En plein dans le mille : Giscard est d'accord avec vous. http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2017/10/19/25001-20171019ARTFIG00155-giscard-loue-la-jeunesse-et-la-vitalite-de-macron.php
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Écrit par : ND / | 19/10/2017

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