Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2017

U.S.A. : un bilan de la "Religious Right"

bagley_101716~0.jpg

À propos de M. Trump et d'un article de La Civiltà Cattolica (13/07) qui a fait polémique, :Pierre Jova (Famille chrétienne 23/08) revient sur le bilan de la "droite religieuse" américaine :


Extraits de l'analyse de Pierre Jova :

 

<< [Cet article de la CC] fait dire au journaliste évangélique converti au catholicisme Ross Douthat, dans sa chronique du New York Times, que « la compréhension des auteurs du fait religieux en Amérique semble réduite à des recherches sur Google ».

Ross Douthat ajoute cependant qu’ils ne se trompent pas « quand ils constatent le vote chrétien en faveur du joyeux païen Trump ». En effet, Donald Trump a recueilli les suffrages de 81 % des évangéliques blancs, et de 52 % des catholiques lors de son élection à la présidence, en novembre 2016. Malgré ses affaires de mœurs, et la rhétorique identitaire de son conseiller Steve Bannon, finalement congédié après les violences racistes de Charlottesville, le 12 août dernier. 

 « La première encyclique du pape Benoît XVI s’intitulait « Dieu est amour ». Il est clair que Trump ne l’est pasSon désastre sera celui la cause conservatrice, et surtout  du mouvement pro-vie », redoute Robert Morrison [protestant], qui prophétise que son discrédit va éclabousser tous ceux qui le soutiennent. Et de rappeler un précédent des années 1990 : « pendant trois mandats de suite, mes amis chrétiens conservateurs dans l’État de New York ont soutenu l’odieux sénateur Al D’Amato. C’était un homme corrompu, cruel et notoirement adultère. Mais il était contre l’avortement, et c’est tout ce qui comptait à leurs yeux ! Il a ensuite été défait, et la cause pro-vie s’est aliénée les habitants de mon État natal », raconte-t-il. Poussant la comparaison, le francophile n’hésite pas à recourir à une comparaison française: « Les thèmes de Pétain : travail, famille, patrie, n’étaient pas mauvais. Reagan a été élu grâce à eux ! Mais la collaboration avec Hitler a discrédité cette devise à jamais », rappelle-t-il. 

C’est aussi l’analyse de George Hawley, professeur de sciences politiques à l’Université d’Alabama. Dans un article paru en juin dans la revue The American Conservative, l’universitaire avançait que la droite religieuse avait paradoxalement contribué à la déchristianisation des États-Unis. « En devenant visible et militante, la droite religieuse a été associée au christianisme lui-même. Si être chrétien voulait dire être comme Jerry Falwell, beaucoup de gens, surtout modérés ou à gauche sur le plan politique, et dont l’engagement ecclésial était déjà fragile, ont tout simplement cessé de s’identifier comme chrétiens », décrypte-t-il. Notant que le mouvement n’a pas empêché la légalisation du mariage gay, ni une réforme de l’avortement, le chercheur y voit « un des plus grands échecs de l’histoire politique américaine ».

Coincés entre un Parti républicain tout occupé par « le libertatisme (...) et l’identitarisme blanc de l’ère Trump », et un Parti démocrate, « laïciste et plus libertaire que jamais », les chrétiens américains sont désorientés, pointe Ross Douthat. Certains, surtout parmi les jeunes sensibilisés aux questions écologiques et sociales, « rêvent d’un Bernie Sanders qui serait pro-vie », du nom du vieux politicien démocrate qui blâme les dérives du capitalisme. D’autres se réfugient dans la « Benedict Option », imaginée par Rod Dreher, écrivain d'origine protestante, converti au catholicisme puis à l’orthodoxie: constatant qu’il est devenu impossible « d’être à la fois un bon Américain et un bon chrétien », cette « option bénédictine » préconise de se retirer du terrain politique pour créer des cellules de vie communautaire, et reconstruire la société par la base.  >>

 

En lien sur Facebook, cet article de Pierre Jova suscite la fureur d'internautes de droite : pas de mots assez durs pour attaquer le pape ! sans parler des jésuites, forcément islamo-bolcheviques...

C'est étrange chez le "cathophile-de-droite", cette allergie à toute critique envers M. Trump – l'ennemi des catholiques mexicains.

 

 

160128_StainedGlassRightPolitics.jpg.CROP.promovar-mediumlarge.jpg

 

 

11:13 Publié dans Trump | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : trump

Commentaires

ICI

> Ici aussi. Quand on lit Facebook et Twitter c'est surtout des cris de seniors qui veulent refaire la bataille d'Alger et de gamins "cathos" qui ne savent pas ce qu'est le christianisme.
______

Écrit par : Olivier Barrot / | 25/08/2017

> La "benedict option" est un phantasme hors-sol d'intello frustré. Le monachisme du Ve s s'inscrit dans un civilisation locale. Les monastères étaient ouvert sur le monde, au sens où ils accueillaient les populations (soins, abris, conseils, etc.). Ils étaient des centres spirituels, culturels, sanitaires etc qui rayonnaient dans leurs régions (Monte Cassino, Lérins, Noirmoutiers, etc.). Ils dialoguaient et pesaient sur les autorités locales. Ce n'étaient pas des bunkers pour chrétiens survivalistes comme le veut Dreher.
Par contre, lâcher le politique, oui, je comprends quand on voit ce qu'il en est. Cette histoire que, soi-disant, la politique est la forme ultime de la charité, mon Dieu, c'est à mourir de rire.

VF


[ PP à VF - A mourir de rire, oui. On imagine cette formule déclamée par Vittorio Gassman jouant le rôle d'Andreotti dans un film de Dino Risi. ]

réponse au commentaire

Écrit par : VF / | 25/08/2017

@ VF et PP

> "La politique est la forme la plus haute de la charité" : je veux bien que ce soit à mourir de rire, mais c'est quand même du... Pie XI (qui apparemment, a survécu à son aphorisme).

Feld


[ PP à Feld - Ce qui est "à mourir de rire" n'est pas l'intention hautement théologique de Pie XI : c'est l'abaissement dérisoire (et même la prostitution) que la pratique politicienne du centre-droit, de la droite et de l'extrême droite ont fait subir à cette formule.
On pourrait en dire autant des "points non-négociables" : trois mots dans un passage d'un discours de Benoît VI, mais aussitôt durcis, déformés, puis brandis comme une arme, par les sites intégristes... (Benoît XVI dut même intervenir à nouveau pour développer sa pensée - qui n'était pas du tout la leur).
Les plus majestueuses origines d'une formule oratoire ne garantissent :
1. ni sa pérennité morale dans l'usage pratique qui en sera fait par d'autres,
2. ni même son exactitude : "la forme la plus haute de la charité" est incarnée sous une forme radicalement suoérieure à toute politique, par Jésus-Christ ! Pie XI devait être distrait le jour où il a énoncé sa phrase... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 26/08/2017

à Feld et PP

> On a du mal à voir "la forme la plus haute de la charité" dans les quinze ans de simagrées antipathiques de Christine Boutin. Ou dans JF Poisson se ruant à Béziers compromettre le nom chrétien dans le meeting crapoteux de Robert Ménard. Ou dans l'annexion de l'image de Solesmes par le vertueux François Fillon. Ou dans ce qu'une partie du FN fait du mot "catholicisme". Etc.
______

Écrit par : Marchenoir / | 26/08/2017

JEAN

> cher Feld: Jean 15;13
Au fait, c'est dans quel texte de Pie XI ?
______

Écrit par : VF / | 26/08/2017

"HAUTE"

> L’authentique charité n’est jamais « haute ». Mais au plus proche du pauvre et du petit, de celui qui n’est « rien ». Y aurait-il eu un second degré dans l’utilisation par Pie XI de l’adjectif « haute » pour parler de la charité en politique ?
______

Écrit par : Denis / | 26/08/2017

CHIMPANZÉS

> "la politique est la forme ultime de la charité"
On a dit aussi que la politique était la forme la plus archaïque du comportement humain.
Les éthologistes observent que nos plus proches parents actuels, les chimpanzés, développent des comportements de conquête du pouvoir étonnamment complexes (avec alliances et trahisons, partage des rôles entre gentils et méchants, intimidations et sécurisation): ces compétences partagées par les deux espèces seraient donc héritées de leur ancêtre commun.
Les manœuvres politiciennes qui nous fascinent tant lors des paroxysmes électoraux dateraient alors, dans leur structure, de plusieurs millions d'années. (Parlez-moi encore de progrès et d'innovation, je ne m'en lasse pas).
Évidemment, plutôt que de se battre pour le pouvoir, l'exercice de ce pouvoir en étant sa seule fin, on peut imaginer avoir dans sa communauté la possibilité de s'engager en politique pour une idée qui dépasse sa personne. On eut appelé ceci une civilisation.
(Je dois être un peu pessimiste ce soir...)
______

Écrit par : Pierrot / | 26/08/2017

SAINTE-BAUME

> Je reviens de l'admirable Uni d'été de la Sainte Baume, j'y ai d'ailleurs rencontré Pierre Jova. Ce site "inspiré" ne pouvait donner lieu qu'à des échanges de haut niveau, sur le thème de "peut-on se libérer du... libéralisme", décortiqué sous toutes ses coutures par des intervenants du calibre de notre ami Jean Sévillia, Mathieu Bock-Côté, le frère Ceslas Bourdin, ou encore Serge Papin, PDG du puissant groupement alimentaire Système U, Je découvre donc avec quelque effarement cette polémique sur la " catho sphère Pro Trump". À la réflexion, ce phénomène n'est-il pas très marginal ? Une tempête dans un simple verre d'eau ? Un nouveau ferment artificiel et malvenu de division ? De mon point de vue la catho sphère de droite n'est pas Trumpolatre de manière univoque. Une fois encore , ce mauvais avatar d'Internet et des réseaux sociaux peut / doit être renvoyé à son néant par un " Temps de Silence", comme nous y encourage le cardinal guinéen Robert Sarah.


PDC


[ PP à PDC :
- Pourquoi ton point de vue n'inclut-il pas Régis Passerieux (PS Poissons roses) et Georges Kuzmanovic (France insoumise), invités l'un et l'autre au débat "politique" final de la Ste-Baume en trio avec le représentant de Sens Commun ? L'université d'été n'était pas là pour se limiter à la droite, ou à ce qu'il en reste...
- Quant à la frznco-trumpolâtrie à droite y compris dans une fraction du milieu catho, je parle d'expérience : un simple coup d'oeil sur Facebook suffit à l'attester. Encore hier...
- Je rappelle que je n'ai pas parlé des fidèles catholiques mais des "cathophiles de droite" :
ce n'est pas la même chose ! Pourquoi les confondre ?
- La tenue de la Sainte-Baume ne prouve donc pas l'inexistence d'autres phénomènes, en dehors et à côté ! Nous avons le droit de tenir compte de tous les aspects d'une situation, sans chercher à en occulter certains pour ne s'attacher qu'à d'autres. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre-Dominique Cochard / | 26/08/2017

à PD Cochard et PP

> en effet sur Facebook et Twitter, très nombreux messages hyper-violents pro-Trump et anti-François. Cela dure depuis deux ans. Pour eux "catholique" veut dire "conservateur blanc". Espérons que ces sombres "défenseurs" de l'Eglise ne se croient pas vraiment catholiques.
______

Écrit par : jf.devred / | 27/08/2017

QUOI

> Et c'est quoi, les conclusions de l'U. d'été catho ? Que la grande distribution et le "modèle américain" c'est super-cool si le PDG est un bon père de famille ?

Jarama


[ PP à J. - J'en serais surpris, ayant lu les conclusions nettement subversives de Mgr Rey au débat de Toulon en novembre 2015 sur le saccage écologique "fruit pourri du capitalisme".
Eh oui, rien n'est simple. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Jarama / | 27/08/2017

RENTRÉE

> Ce matin les portes du monastère (chants en français et latin) n'étaient pas ouvertes à temps pour l'office ; nous étions bloqués à la sortie et un septuagénaire à la crinière argentée et très bien mis a blagué en substance : "en France même les moines se mettent en grève !"
Il se trouve que je ne comprend que rarement les blagues du premier coup et que je pense sérieusement à manifester à la rentrée !
Ce qui me renvoie au questionnement que vous et les contributeurs divers soulevez quant aux possibilités d'action concrète.
Sur le site de N Polony j'ai vu une note sur les considérations de Simone Weil sur les partis politiques ; outre que je n'ai pas tout compris là non-plus, j'avoue que j'ai du mal pour l'instant à ne pas m'appuyer sur les partis, fût-ce un parti (France insoumise) dont je ne partage pas toute les options mais qui organise une manifestation le 23 septembre.
Je ne vois pas encore quoi faire concrètement à part cela si ce n'est manifester publiquement mon rejet du libéralisme auprès de mes collègues ou famille qui écoutent distraitement ou s'en foutent sous masque d'attention polie.
______

Écrit par : DV / | 27/08/2017

CATHOPHILES N'EST PAS "TRADIS"

> Aucune "impasse" en tout cas volontaire de ma part... pour l'anecdote, je n'étais plus présent lors de la matinée de conclusion de samedi, qui outre les personnalités de gauche citées, comportait le président de Sens commun...
Et je ne méconnais pas la contribution déterminante du pape François en matière d'écologie intégrale (Laudato Si). Pas moins celle de Mgr Rey. Ni celles, à leur place respective, des contributeurs de la revue Limites. Je disais simplement que ce n'est pas à un quarteron "d'excités de la toile" de donner "le la" des positions de la tendance catho tradi au sens large.
Eh oui, heureusement que tout est plus complexe que ce que l'on est souvent tenté d'asséner.

PDC


[ PP à PDC- Quand je parle de "cathoPHILES papophobes", je ne parle évidemment pas de cathoLIQUES traditionnels : mais de ceux que Mgr Daucourt appelait "les athées pieux" en 2013, et qui donnent malheureusement le ton dans certains milieux (que tu as l'heur de ne pas connaître !). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre-Dominique Cochard / | 27/08/2017

MILIEU

> Cathos : OK pour les PHILES vs les LIQUES :-)
À quels "milieux" plus précisément fais-tu référence ?

PDC


[ PP à PDC - A tout un pan de la bourgeoisie française, qui confond l'étiquette" catholique" avec on ne sait quelles "valeurs" (pas forcément compatibles avec l'Evangile et le Magistère vivant). Ce milieu reproche au pape et à la plupart des évêques de ne pas être les aumôniers de ses "valeurs". D'où un malaise latent, qui va du dédain jovial ("ce pauvre Bergoglio qui ignore les Lois de l'Economie") à l'hostilité virulente entretenue sur les réseaux sociaux.
Pour les gens de ce milieu, Jésus-Christ n'est que le président honoraire - et lointain - de leur club ; ça ne les empêche pas de trancher de ce qui est "catholique" ou non à leurs yeux. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre-Dominique Cochard / | 27/08/2017

à VF,

> Le problème auquel se trouve confronté Rod Dreher, c'est que la plupart des critiques de sa Benedict Option n'ont pas pris la peine de lire le livre qu'il a écrit pour développer ses idées et réagissent dès lors plus à un phantasme qu'à la réalité.
J'avoue pour ma part n'avoir pas lu le livre, mais comme je lis souvent Dreher par ailleurs, je pense avoir une bonne idée de ce qu'il a en tête et qui me paraît plus nuancé que la caricature que vous en faites.
Dreher est à l'évidence quelqu'un d'inquiet, peut-être trop. Il n'en reste pas moins qu'il pose de vraies questions et de justes constats. En particulier sur l'absurdité qu'il y a à croire que l'on peut concilier vie chrétienne et immersion dans la société consumériste. On ne peut servir deux maîtres n'est-ce pas ? Dans une société de plus en plus coupée de toutes racines chrétiennes et souvent même violemment opposée à elle à tous les niveaux de pouvoir (medias, éducation et business en premier lieu), il appelle les chrétiens à resserrer leur vie communautaire, parce qu'on peut difficilement rester chrétiens seuls. Je ne vois rien là de risible. A vrai dire, l'exemple des monastères que vous prenez est contradictoire: qu'étaient-ils sinon des communautés de chrétiens qui se retiraient partiellement du monde ? C'est précisément dans ce retrait partiel qu'ils puisaient la force nécessaire pour s'ouvrir. Ca ne me paraît pas idiot.
L'article de Jova, par ailleurs, était vraiment bien. Plus équilibré dans son analyse que le texte de Spadaro et al.
______

Écrit par : Luc / | 28/08/2017

PIERRE JOVA

> Etant entre temps allé voir les commentaires sur Facebook, c'est vrai qu'ils sont presque tous lamentables. D'un autre côté, les temps changent: c'est très bien que quelqu'un comme Pierre Jova écrive pour 'Famille Chrétienne' et ouvre les horizons (même si une partie du lectorat a visiblement du mal à s'y faire :)
______

Écrit par : Luc / | 28/08/2017

@ Marchenoir

> Me voilà à défendre Christine Boutin, qui l'eût cru, mais décrire sa carrière politique comme «quinze ans de simagrées antipathiques», c'est oublier quelques détails. Je ne connais pas beaucoup d'autres personnalités politiques actuelles ou récentes ayant dénoncé (avant l'an 2000) les conditions inhumaines dans nos prisons, par exemple. Il ne faut pas confondre la dame avec sa caricature, même si sur la fin elle s'est bien chargé elle même de ce rapprochement.
______

Écrit par : olivier / | 29/08/2017

Cher Luc,

> j'avoue, je n'ai pas lu le livre de Dreher et j'ai été caricatural (quoique.... ;-) ). J'ai surtout tapé sur ce qui se dit sur internet quant à cette "benedict option" et ce fantasme venu des USA de bulles, d'îlots protégés et purs qui survivraient au chaos, entre Amish et survivalistes. Mais je vais essayer de creuser cela un peu plus sérieusement.
Par contre, deux choses me gênent beaucoup dans cette histoire: D'abord le parcours de Dréher. je ne juge personne, surtout pas, mais quelqu'un qui change d'Eglise dès qu'un truc ne lui plait plus, cela m'inquiète. Cela fait un peu trop égocentrique. Je veux l'Eglise qui me ressemble pas : celle que Dieu me donne, avec ses qualités et ses défauts. Mais là aussi, je n'en sais pas plus.
Ensuite, les communautés monastiques sont le fruit de rencontres et d'appels personnels. Dieu appelle tel ou tel et Il appelle vers une voie précise. Les monastères naissent de cet appel. Ils ne naissent pas d'une volonté humaine et, dans le cas Dreher, d'une volonté que l'on pourrait appeler, dans un sens, politique. Un moine va dans un couvent pour donner sa vie à Dieu, pour le rencontrer encore plus, pour vivre avec Lui encore plus loin. Il ne va pas dans un couvent pour créer un conservatoire de culture post-apocalyptique. Et surtout, il n'y va pas en décidant lui d'y aller. Dans ce cas, il ne tient pas longtemps car son âme se révèlera vite vide. Il y va parce que Dieu l'y appelle et seul Dieu peut remplir une âme à ce niveau.
Enfin, cette idée que le chrétien ne doit pas vivre dans la société consumériste est une hérésie. Le Christ nous appelle à vivre là où Il nous place. Il a dit "allez et portez la bonne nouvelle aux nations". Jamais les chrétiens n'ont fui le monde dans lequel ils vivaient (sauf appel particulier). Les premiers chrétiens vivaient en voisin avec les païens de Rome qui sacrifiaient aux idoles, allaient aux jeux du cirque etc.
Par contre, oui, on ne doit pas rester seuls. Il faut être ensemble et pour cela, nous avons les paroisses.
Si la foi semble disparaitre, c'est en grande partie à cause de nous, pécheurs et lâches qui ne vivons pas assez avec le Christ. Le coeur du problème est là. Nous devons vivre chaque instant avec Lui et le problème n'est pas celui des racines chrétiennes (bon sang, quand allons-nous virer cette connerie!!!). Les racines chrétiennes (je préfère parler d'apport, en tant qu'historien) existent, ok, mais c'est un problème intellectuel. Le vrai problème du chrétien post-moderne est spirituel.
Il ne s'agit pas de fantasmer sur des racines du passé mais de chercher à s'enraciner maintenant dans le Christ. Il est là le truc. Nous ne pouvons pas vivre chrétiennement sans une immersion complète et journalière dans le Christ. Tout le reste n'est que fadaises et enfumage qui nous empêche de Le Chercher. Il est la réponse à tout nos problèmes si on Lui laisse la parole et la place qu'Il nous demande dans nos vie. Mais comme Il est doux et humble de coeur, Il attend que nous lui laissions la parole et que nous Lui ouvrions notre coeur.
Finalement, je me demande si ceux qui courent après une pseudo-société chrétienne (les sincères bien sûr), n'ont tout simplement pas peur de s'ouvrir au Christ. Parce que quand on le fait, cela en change des choses...
______

Écrit par : VF | 29/08/2017

ÉCOPHOBIE

> Glané sur le Wikipédia anglophone, une phrase qui dit en toute simplicité le dédain de la "Religious right" pour les problèmes d'environnement :

" According to some social science research, Christians and members of the Christian right are typically less concerned about issues of environmental responsibility than the general public "

Et sur le Wikipédia fencophone, on trouve là où le bât blesse avec la "Religious right" :

" Ces chrétiens conservateurs cherchent principalement à appliquer leur compréhension des enseignements du christianisme à la politique en proclamant la valeur de ces enseignements ou en cherchant à utiliser ces enseignements pour influencer le droit et la politique publique1."

C'est bien leur "compréhension [étriquée] des enseignements du christianisme" qui pose problème : ils ont bien la mentalité consumériste. Ils en prennent et en laissent comme cela les arrange, et en ajoutent aussi.

AM


[ PP à AM
Exactement : ces soi-disant adversaires de la société contemporaine ne sont qu'une de ses succursales. Témoin : leur allégeance au libéralisme économique (mais un libéralisme"raisonné" comme on dit à Sens Commun : libéralisme fictif pour esquiver :
1. le bilan du libéralisme concret,
2. les appels du pape à changer le système).
Merci de nous avoir signalé ces deux passages wiki. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million | 30/08/2017

@ VF

> Cher VF,
Désolé, je n'ai pas réussi à retrouver la référence (pour Pie XI) ...
______

Écrit par : Feld / | 31/08/2017

OPTION

> Pour info : la traduction française de 'The benedict option' sortira le 13 septembre :
https://www.editionsartege.fr/livre/fiche/comment-etre-chretien-dans-un-monde-qui-ne-l-est-plus-9791033605331
http://www.lmptcollectif-oise.fr/notre-civilisation-se-suicide-sous-nos-yeux-et-la-logique-voudrait-quelle-devienne-ce-quest-devenu-lafrique-du-nord-lors-de-la-conquete-musulmane/
Et l'on pourra venir écouter (et interroger ! ) l'auteur :
dim. 1 Conférence Paroisse Ste Parascève-Ste Geneviève
Paris (75)
11h30 - Crypte St François (sous l’église St Sulpice), 35 rue St-Sulpice Métro St-Sulpice ou Odéon
https://www.editionsartege.fr/evenement/rod-dreher-en-conference-a-la-paroisse-ste-parasceve-ste-genevieve

dim. 1 Congrès Mission
Paris
9h30 - 10h30

lun. 2 Conférence Paroisse Cathédrale SAINT-IRÉNÉE
Paris
à 20h - 96, bd Auguste Blanqui 75013 - Métro Glacière

mar. 3 Mardi de Limite
Paris
1 mardi, 1 topo, 1 apéro ! 60 Rue de Rome 75008 Paris
______

Écrit par : Feld / | 04/09/2017

@ VF

> Traiter Rod Dreher de survivaliste sans avoir lu la 'Benedict Option' est assez étonnant... Quelles que soient les interrogations que l'on puisse avoir sur le cheminement spirituel de l'auteur, on ne peut que constater le caractère exigeant de son ouvrage (que pour ma part j'ai lu dès avril). Et relever que sa critique de la technophilie contemporaine est en ligne avec ce blog. Soyons un peu moins persuadés d'être les seuls justes cernés par la médiocrité bourgeoise de nos coreligionnaires dont le commentaire infondé de VF laisse penser qu'elle est parfois bien plus fantasmée par les commentateurs de ce blog que réelle...

RN


[ PP à RN :
VF vous répondra sans doute. Mais permettez-moi d'intervenir puisque vous parlez de l'esprit du blog. Pourquoi liez-vous la critique du monde technolâtre par VF à celle de la "médiocrité bourgeoise" par "les commentateurs" ? Les deux choses ne se confondent pas... ]

réponse au commentaire

Écrit par : RN / | 05/09/2017

à RN

> Le "marqueur identitaire" de la bourgeoisie de droite (il y en a une de gauche) est de dire que les classes sociales n'existent pas et qu'en parler c'est vouloir rouvrir le Goulag.
______

Écrit par : Olivier Barrot / | 06/09/2017

à RN

> veuillez me pardonner, mais savez-vous lire? Voilà ce que j'ai répondu à Luc:
"j'avoue, je n'ai pas lu le livre de Dreher et j'ai été caricatural (quoique.... ;-) ). J'ai surtout tapé sur ce qui se dit sur internet quant à cette "benedict option" et ce fantasme venu des USA de bulles, d'îlots protégés et purs qui survivraient au chaos, entre Amish et survivalistes."
Donc je ne dis pas que Dreher, que je n'ai pas encore lu, est survivaliste : je dis que sur le net, il y a beaucoup de commentaires de cathos qui partent dans ce sens, que c'est une tendance lourde dans la culture US qui séduit une certain nombre de cathos (comme Trump en a séduit beaucoup en France), et que ce n'est pas chrétien.
Que Dreher soit technophobe (et encore, cette notion est à préciser), c'est possible, mais il n'est pas le premier. Connaissez-vous les oeuvres de john Senior comme 'La mort de la culture chrétienne' et le second tome, 'La renaissance de la culture chrétienne' (edité en 1992 en France)? Ce philosophe converti au catholicisme en 1960 y développe peu ou prou les mêmes idées: impossibilité pour un chrétien de vivre par la société de consommation, de courir après le profit ou la rentabilité etc. L'aspect numérique et technologique n'est pas encore là mais le problème de la médiocrité de la culture de masse, voire son aspect mortifère, dans la société des loisirs est très présent, .
Quant à moi, je ne suis pas un juste ni même dans le camp des purs, loin de là (si vous saviez...). Mais j'ai été et je suis encore témoin, malheureusement, de la "médiocrité" (comme vous dite) bourgeoise de nombre de mes coreligionnaires (entre ceux qui hurlaient si on critiquait Fillon ou ceux qui font des murs contre les migrants). Non, je ne fantasme pas, je le vois autour de moi, dans des paroisses de centre-ville. Alors, oui, ce n'est pas tout le monde ; mais, oui, le catholicisme en France se réduit sociologiquement de plus en plus à une catégorie sociale qui confond foi et intérêt de classe.
Pour finir là-dessus, je pense (peut-être que je me trompe) qu'il y a une erreur qui devient mortelle et qui consiste à confondre évangélisation et culture. La foi est une rencontre personnelle entre deux personne: le Christ et l'homme. Si on ne comprend pas que c'est une aventure personnelle, relationnelle, intime et infinie, on en changera rien. Tout le reste n'est que fadaises si on ne cherche pas Dieu personnellement d'abord. Et pour ça, il faut dire aux gens que Dieu est vivant, présent, doux et humble de coeur.
Je n'ai pas de solutions, de réponses, c'est Dieu qui les a et qui les donnes à ceux qui veulent le suivre.
Une dernière chose: pourquoi vouloir à tout prix chercher ailleurs, chez des "intellectuels" divers et variés, ce que nous croyants nous avons dans les Evangiles, la prière et l'Eglise ?
______

Écrit par : VF / | 06/09/2017

DREHER

> Eh bien, puisqu'on parlait de Dreher, voici l'occasion de le lire dans le texte. J'avoue, pour ma part, ne pas trouver grand chose à reprocher à ses analyses. On verra en particulier que rien n'est plus faux que de voir en lui l'apôtre d'une forme de survivalisme, pas plus que d'un entre-soi bourgeois. Il résume très bien son idée par ce constat: on ne peut prétendre évangéliser sans de solides bases et, dans une société qui n'est quasi plus chrétienne, développer ces bases et les préserver demande des moyens adaptés. C'est d'ailleurs bien ce que font les moines en vue des objectifs qui leurs sont propres (et qui ne sont pas ceux des laïcs): pourquoi, sinon, une règle et une clôture? Nous sommes une religion de la chair et celle-ci a ses faiblesses. Ce qui est hérétique à mon sens, c'est de le nier.

http://premium.lefigaro.fr/vox/religion/2017/10/06/31004-20171006ARTFIG00228-est-il-encore-possible-d-etre-chretien-dans-un-monde-qui-ne-l-est-plus.php
______

Écrit par : Luc / | 08/10/2017

Les commentaires sont fermés.