Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/07/2017

L'ère Macron : à quoi peut-on s'attendre ?

macron

Les premiers actes en donnent un aperçu :


 

 

Avant-hier M. Hulot (mû par l'Elysée-Matignon) annule la résistance française à la décision UE sur les perturbateurs endocriniens. Hier le même M. Hulot renonce à sa promesse de faire financer la transition écologique par une taxe sur les transactions financières : cette taxe dont tout le monde depuis vingt ans avoue la nécessité, mais que personne n'ose par peur des représailles. On voit d'où souffle le vent.

L'économiste Emmanuel Devaud définit ainsi [*] l'ère Macron : "Un changement de dynastie plutôt qu'un bouleversement". Il explique : "Avec un fumet de saint-simonisme et un parfum d'Empire libéral, [c'est] l'avènement aux commandes de l'Etat d'une nouvelle classe industrielle en lieu et place des apparatchiks et groupies des vieux partis politiques. La promotion de l'élite économique moderniste et mondialisée pour mener sans intermédiaire une politique libérale et européenne, en procédant à une révolution en profondeur de nos modèles, organisations et comportements..."

"Mutation" serait plus exact que "révolution". La structure du système Macron ne fait que radicaliser une tendance amorcée de longue date : "un mode de gestion des affaires publiques appelé à s'aligner sur les pratiques du privé et du monde des «entreprises naissantes»". C'est la "Start-Up Nation", principe macronien signalé comme fourvoiement par le spécialiste Medjaoui (article cité ici le 01/07).

Sous le lyrisme disruptif du discours au Congrès, se dessine une politique prolongeant l'ère Sarkozy-Hollande :

1. fléchissements devant Bruxelles et Berlin (cf. M. Hulot),

2. serrage-de-vis soudain "pour assainir les finances publiques",

3. incrimination du quinquennat précédent bien qu'on y ait pris part,

4. priorité à une réforme du code du travail qui : a) n'était réclamée que par le Medef ; b) n'aura que des effets "tardifs et incertains" [*] sur l'emploi ; c) et "marque moins une rupture qu'elle ne prolonge une mue incrémentale", selon l'économiste Olivier Passet. (Le globish incremental veut simplement dire : procéder par ajouts successifs ; on peut aussi parler d'effet cliquet).

5. Sans oublier d'autres mesures incrémentales :  la suppression de la taxe d'habitation en 2019 pour 80 % des contribuables,  ce qui réduira encore le nombre des assujettis à l'impôt direct. Ou le remplacement de l'ISF par une taxe ne ciblant que l'immobilier et dégrevant le financier : application de l'idéologie de la "bourgeoisie managériale" dont M. Macron est l'expression.

Nous sommes sortis de l'ère Hollande dans le domaine des symboles et des apparences. Mais pas dans celui de la politique concrète.

 

__________

[*]  Le Monde 7/07.

 

 

738_resultats_definiitifs.jpg

 

12:35 Publié dans Idées, Macron | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : macron

Commentaires

INCREMENT

> Le TLFI propose des exemples intéressants au mot "incrément":
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=885727965;
______

Écrit par : Alex / | 08/07/2017

GOUFFRE ?

> « Start-Up Nation »… mais dans quel gouffre sommes-nous en train de glisser ?
Nous serions tous des « startuppers » en puissance… Pour ma part, quand j’entends « startupper », j’ai envie de répondre « startupper ou startuppute ? », car c’est bien ce qu’on est en train de nous vendre : une économie putassière prospérant sur le dos des faibles et des petits, qu’ils soient salariés, retraités, agents publics, travailleurs ubérisés, chômeurs, et jusqu’aux maires et élus locaux qu’on veut priver de leur pouvoir de dessiner le cadre urbain en leur retirant la gestion des permis de construire ; les uns et les autres, décidément, « ne sont rien » aux yeux du pouvoir en place, rien d’autre que matière à liquidités, objet de spéculation pour les fabricants de dividendes.
Souvenons-nous, à ce propos (l'obsession du dividende), du profil du nouveau locataire de l’Elysée, tel que rappelé par ce désormais célèbre extrait d’« Envoyé spécial » du 1er décembre 2016 (France 2), évoquant l’ascension d’un certain Emmanuel Macron - https://www.facebook.com/lavraiedemocratie/videos/508366209287440/
______

Écrit par : Denis / | 09/07/2017

EXTRÊMES

> Ne pas voter pour les extrêmes, nous assénait-on pendant ces longues campagnes, pensant sans doute au Front National et à France Insoumise ?
Mais n'avons-nous pas porté un extrême au pouvoir ?
https://www.revue-ballast.fr/extension-domaine-cotisation/
______

Écrit par : Aventin / | 09/07/2017

Le lien ne fonctionne pas... Voici :

"INCRÉMENT, subst. masc.
A. 1. MATH., vx. Accroissement arbitraire d'une variable. Anton. décrément. Dans les Principes, Newton, après avoir précisé qu'il entend par moments les incréments ou décréments momentanés de variables, ajoute : « Il en sera de même si, au lieu des moments, on emploie les vitesses des incréments et des décréments... » (Gds cour. pensée math., 1948, pp. 248-249).
2. INFORMAT. ,,Quantité dont on augmente une variable à chaque phase de l'exécution d'un programme`` (J.O. 13 janv. 1974).
B. Littér. et vx. Accroissement, développement. La royauté, absolue à son origine comme la puissance paternelle dont elle est l'incrément, a besoin, à mesure qu'elle étend son domaine, de l'organiser (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p. 72). Dans cette opération commune du lisant et du lu (...) les achèvements, les couronnements, les augments, les incréments ne sont jamais assis, éternellement acquis (PÉGUY, Clio, 1914, p. 24).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1529 « accroissement » (MICHEL D'AMBOISE, Complainctes de l'Esclave fortuné, 21 vo ds HUG.); 1738 en partic. math. (VOLT., Phil. Newt. inst. phys. Expos. ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. incrementum (de increscere « croître, s'accroître ») « accroissement, développement, augmentation »; en math. l'angl. increment est attesté dès 1721 (NED); cf. aussi incrementum ds NEWTON, Principia, 1687 (v. Gds cour. pensée math., supra)".

D'abord les mathématiques et l'informatique... Une vision computative du réel. Et le titre 'Complainctes de l'Esclave fortuné' de Michel d'Amboise ne manque pas de sel dans ce contexte, ni les citations de Proudhon et de Péguy d'ailleurs ! Ah, la poésie des notices de dictionnaire...
______

Écrit par : Alex / | 09/07/2017

PP à Bernadette

Merci. Je fais systématiquement cette faute de frappe ! Est-ce freudien ?
______

Écrit par : PP à Bernadette / | 10/07/2017

> https://www.youtube.com/watch?v=8QbIbkAmJwg
______

Écrit par : Anne Josnin / | 10/07/2017

B.D.

> Ouais, le pays en mode Start-up ca fait pas forcément rêver. Si certains ne connaissent pas le blog de laurel, et souhaitent se "déniaiser" sur le beau "rêve américain-californien" des fondateurs de start-up, je les invites à lire la BD d'une "fondatrice", qui en 2x250 planches de BD pleines d'humour (et de larmes) raconte son calvaire (pardon, son rêve).
La morale de l'histoire c'est que la personne qui tient les commandes est "très importante", et que "quand le costume du beau commercial souriant tombe" ... il peut y avoir des grincements de dents (voir du sang et des larmes).
Bonne lecture aux amateurs de BD : https://commeconvenu.com/
Cdt,
______

Écrit par : Bergil / | 10/07/2017

ENCORE TROP LONG

> Le pire c'est que cela ne suffit toujours pas à cette "élite économique moderniste et mondialisée", ainsi qu'à ses économistes affidés, qui trépignent d'impatience comme des gamins :
https://www.challenges.fr/economie/patrons-et-economistes-s-inquietent-des-reculades-de-macron_486147
Pour eux, le tempo est encore trop lent !
______

Écrit par : Thomas Mousset / | 10/07/2017

ACCÉLÉRATION PERMANENTE

> "Pour eux, le tempo est encore trop lent !", écrit Thomas Mousset ci-dessus.
On retrouve cette idée de la nécessité (pour l'économie libérale) d'une accélération permanente dans un article de Vincent Cheynet dans le mensuel « La décroissance » (n° 141 de jullet-août 2017, page 5). Il reprend l'explication de l'évolution des sociétés par la contrainte des lois de la thermodynamique. Extraits (en espérant ne pas trahir l'intention de l'auteur, et en engageant les lecteurs de ce blog, s'ils ne l'ont pas déjà fait, à acheter cette excellente publication) :
« ... Ces entités [les sociétés en croissance] arrivent à un moment où il faut courir toujours plus vite pour rester sur place. Le temps s'accélère alors. Pour ne pas ralentir, elles vont repousser de plus en plus violemment tout ce qui entrave leur capacité de dissipation de l'énergie.
C'est ici que nous rejoignons le libéralisme. Quelle sera la perspective politique qui s'inscrira le mieux dans cette recherche de vitesse d'une société en bout de course ? C'est celle qui cherchera à briser toutes les structures et résistances qui la contiennent, bien sûr dans le domaine économique, mais aussi dans ceux de la culture et des moeurs, comme l'observe Jean-Claude Michéa : ... »

«...  Le « libéralisme libertaire », ou libéralisme intégral, incarné par le nouveau président s'impose alors, appuyé par les intérets économiques qui l'ont produit et le soutiennent. Surtout, ce libéralisme intégral offre l'occasion de faire sauter un autre frein majeur : la démocratie. Cette dernière crée un clivage entre pouvoir et opposition et oblige au débat. Le macronisme fait sauter cette entrave en unifiant la classe politique transformée en simple conseil d'administration d'une entreprise. ... »

« .. C'est une étape de mauvais augure car en se « solidifiant », c'est-à-dire en refoulant toute altérité, les sociétés, comme toutes les entités en phase terminale, annoncent qu'elles atteignent leur masse critique. Elles sont à leur point maximum d'expansion et ne produisent plus que des « rendements décroissants » ... »

L'analyse me paraît distanciée, objective et juste.
Il est désolant, par comparaison, de trouver dans la presse chrétienne, quotidienne et hebdomadaire, quantité d'articles d'opinion macronophiles, enthousiastes voire plus, sans esprit critique ou de discernement.
Pourtant, la priorité donnée à la politique, quel qu’en soit le contenu, devrait susciter la méfiance des catholiques...s'ils ont une mémoire historique.

Pierrot


[ PP à P. - Dans 'Laudato Si', le pape emploie le concept hispanophone de "rapidacion" pour désigner l'engrenage d'accélération permanente. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierrot / | 11/07/2017

MACRON

> Peut-être est-ce que ce (premier ?) quinquennat du Président (avec un grand "P", j' y tiens) inaugure plus qu'un changement de régime. M. Macron n'a que 39 ans. Dans 20 ans, à peine un 'senior' il sera vraisemblablement encore en pleine possession de ses moyens... avec l'expérience en plus.
Qui vivra verra.. Unitas, unitas, unitas...
______

Écrit par : Feld / | 12/07/2017

SOUFFRANCES ET STABILITÉ

> Terrifiant : ce 'troisième Empire', qui sera vraisemblablement une époque de terribles souffrances...impuissantes, pourrait être une période de grande stabilité politique (15, 20, 25 ans ?). Avec l'opportunité pour les plus riches, déjà bénéficiaires de grandes fortunes, de bâtir d'IMMENSES fortunes.
Une opposition politique inexistante, des révoltes sociales qui seront aisément réprimées (d'autant plus facilement que les médias aux ordres n'en parleront pas), des vagues migratoires qui seront dirigées dans des zones loin des grandes métropoles (où les migrants seront sommés de s'organiser selon leurs règles... propres, ce qui fait qu'ils seront peut-être les seuls à s'en sortir quand tout s'effondrera, dans 50 ou 60 ans).
Et parallèlement, des grandes métropoles où tout sera fait pour le confort des plus aisés (des TRES aisés). J'ai entendu à la radio, il y a quelques jours, qu'il était question de construire trois nouveaux lycées internationaux en RP, pour accueillir les enfants des cadres de la finance qui fuiront la Grande-Bretagne du Brexit...
Evidemment, les classes moyennes propriétaires de leur logement (à mon avis, la hausse prévisible de la TF les "tuera") seront laminées.
______

Écrit par : Feld / | 12/07/2017

TOUTèBUSINESS

> Encore un îlot de gratuité submergé par le "tout-business" : les discussions entre facteurs et personnes âgés seront désormais... facturées.
https://www.laposte.fr/particulier/veiller-sur-mes-parents/(language)/fre-fr
Et cela ne semble émouvoir personne, ou presque :
https://www.streetpress.com/sujet/1498489306-poste-facture-lien-social

Feld


[ PP à Feld - De toute façon des bureaux de poste ferment chaque année, et des boîtes aux lettres sont supprimées chaque mois. Ringard, le courrier "papier" ! Ringards, les emplois ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 13/07/2017

Les commentaires sont fermés.