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21/04/2017

Un attentat suffit-il à bouleverser une présidentielle ?

terrorisme,présidentielle

Fièvre des commentateurs... Mais :


 

Sans doute le crime terroriste d'hier soir ne change-t-il rien aux enjeux de la présidentielle. Affirmer que M. Fillon ou Mme Le Pen seraient "plus anti-terroristes" que M. Macron (ou même M. Mélenchon) relèverait du parti-pris. Concernant M. Macron, on sait que répression et ultralibéralisme n'ont rien d'incompatible [*]. Concernant M. Mélenchon, tout le monde a entendu sa phrase à la Robespierre contre les terroristes, lors du meeting holographique de Dijon.

Alors pourquoi cette fièvre des médias ? Pour modifier le suspense, créé par le fait que Mme Le Pen soit tombée au niveau Fillon-Mélenchon dans les sondages. Avec cette arrière-pensée que tout ce qui peut "faire monter Le Pen" est bon pour fabriquer un second tour du type 2002... Mais l'artifice est trop évident. Le drame d'hier soir ne déplacera sans doute guère de suffrages. Peut-être conservera-t-il à Mme Le Pen des voix venues il y a deux mois du camp Fillon pour d'autres raisons ; ce sera tout.

Poussera-t-il des indécis à quitter l'indécision ? Rien n'est moins sûr.  Et n'oublions pas la donnée que confirment toutes les enquêtes de terrain :  la majorité des électeurs se soucient du chômage avant de se soucier de la sécurité (et a fortiori de 'l'identité") : ce qui relativise la portée électorale d'un crime comme celui des Champs-Elysées. D'autant que ce drame et d'autres attentats récents, en France, n'ont pas touché des populations prises au hasard - comme en novembre 2015 -, mais des professionnels du maintien de l'ordre. Pour totale à leur égard que soit ici la solidarité des Français, elle ne va sans doute pas modifier les courants profonds d'ici  dimanche.

 

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[*]  Le terroriste d'hier soir était un citoyen français, né en France. Les "migrants" et la libre circulation sans frontières ne sont donc pas en cause.

 

Commentaires

LE PETIT MITRON

> Si les joyeux animateurs de nos chaînes d'info étaient capables d’aborder les vrais sujets, ça se saurait… Le terrorisme est un facteur de déstabilisation politique dont devra tenir compte le nouveau président, mais sans doute pas le plus déterminant.
Tout indique que nous sommes à la veille d’un joyeux bazar social, en tout cas d’un coup de chaud majeur (je ne parle pas de « révolution », Macron et ses amis de la finance ayant acheté la marque).
Pour qualifier le changement de règne tant désiré par la plouto(média)cratie que nous connaissons, une formule me trotte d'ailleurs dans la tête depuis quelques jours : « Le boulanger (François Hollande), la boulangère (cette République dont la politique se fait plus que jamais « à la Corbeille », comme dirait de Gaulle) et le petit mitron (qui nous fourgue une farine frelatée). »
Si le petit mitron entre à l’Elysée, il y a fort à parier que de nombreux Français seront tentés de descendre dans la rue. Avec baguette et béret… et distribution de pains aux plus nécessiteux ?
Mais n’insultons pas l’avenir. Pour éviter demain les haut-le-cœur, portons haut les cœurs à l’instant de déposer, dimanche, un bulletin dans l’urne !
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Écrit par : Denis / | 21/04/2017

LASSITUDE

> Comme l'a justement pointé F. Asselineau ce matin sur France Inter, il est paradoxal d'arrêter la campagne sans reporter l'élection. J'ai eu l'impression que Fillon, gagné par la lassitude, avait envie d'en finir, et qu'il a saisi cette occasion...
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Écrit par : Ghislain / | 21/04/2017

TAPIS

> Voir 'Le Monde' de ce soir ! A le lire on a l'impression que la mort d'un policier victime du devoir est un tapis rouge pour M. Fillon. Rien n'est moins sûr.
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Écrit par : Jean Marty / | 21/04/2017

LIBYE

> Fillon qui a co-déchaîné le chaos méditerranéen en laissant Sarkozy détruire Kadhafi : un bel "homme d'expérience", oui.
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Écrit par : G Maltache / | 21/04/2017

TOUT DE MÊME UNE VOIX RAISONNABLE

> Celle de Frédéric Micheau (OpinionWay) :

« Franceinfo a interrogé Frédéric Micheau, directeur du département opinion et politique de l'institut de sondage OpinionWay, sur l'impact potentiel de cet événement tragique sur les résultats de l'élection présidentielle.

- Franceinfo : L'attentat sur les Champs-Elysées peut-il bouleverser le résultat du scrutin de dimanche ?

Frédéric Micheau :  L'attentat sur les Champs-Elysées ne semble pas être de nature à bouleverser fondamentalement les rapports de force politiques. Déjà parce qu'il n'est pas d'une ampleur aussi considérable que les attentats du 13-Novembre. Et aussi parce que lorsqu'on regarde les enjeux auxquels sont sensibles les Français, la lutte contre le terrorisme et la sécurité n'arrivent qu'en sixième position, loin derrière la question du chômage et du pouvoir d'achat.
Je ne dis pas que c'est un événement mineur, mais en dépit des différents attentats récents, à Londres, Saint-Pétersbourg ou Stockholm et du regain de la menace terroriste, ce sujet a été assez peu abordé ces derniers mois. Il s'impose seulement en toute fin de la campagne.
En réalité, toute une série d'éléments entrent en considération pour déterminer un vote, qui n'est pas un mouvement d'humeur. Cet attentat est un élément parmi d'autres, il ne faut pas exagérer sa portée.

- Cet attentat peut-il toutefois avoir un impact sur les principaux candidats ?

Certains peuvent profiter de ce climat particulier de fin de campagne. Dans notre cas, il est assez clair que cet événement devrait bénéficier à Marine Le Pen et François Fillon. Pour le Front national, l'attentat des Champs-Elysées remet en lumière le discours du parti. Il donne une cohérence à ses positions historiques. Pour François Fillon, son livre sur le totalitarisme islamique, (Vaincre le totalitarisme islamique, Albin Michel), légitime la maîtrise de ce dossier par le candidat.
L'impact sur la candidature d'Emmanuel Macron devrait être assez limité. Peut-être que si l'attentat avait eu lieu plus tôt dans la campagne, cela aurait eu plus d'incidence pour lui. Mais il a gagné une stature présidentielle depuis et la présence de Jean-Yves Le Drian à ses côtés, ministre préféré des Français, apparaît rassurante. Celui qui a théoriquement le plus à perdre, c'est Jean-Luc Mélenchon. Mais son électorat se détermine principalement par rapport à d'autres enjeux. 

- Peut-on s'appuyer sur des précédents pour déterminer les conséquences d'une telle attaque sur l'électorat ?

Tout d'abord, on peut rappeler que ce n'est pas la première fois qu'un événement grave se déroule en France peu de temps avant une élection présidentielle. En 1988, la prise d'otages d'Ouvéa avait animé la fin de la campagne. En 2002, c'était l'affaire de "Papy Voise" [agressé dans sa maison, trois jours avant le premier tour]. De tels événements peuvent amplifier des tendances existantes, mais ils n'ont pas bouleversé les rapports de force politiques pour autant.
Il est aussi difficile de faire un parallèle avec d'autres attentats comme celui en Espagne en 2004. D'abord parce que les contextes nationaux sont très importants et que l'élection présidentielle française est une échéance électorale vraiment particulière. Ensuite parce qu'il est très difficile d'isoler un événement en particulier dans un mouvement d'opinion. »
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Écrit par : le diberder / | 21/04/2017

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