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13/04/2017

Trump, ou l'impuissance dangereuse

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Trump taxe la Russie de complicité avec le "boucher Assad"... mais déclare qu'il "rêve" (?) d'un accord avec elle ! L'avis de Béligh Nabli, directeur de recherches à l'IRIS et enseignant à Sciences Po :


 

http://egalites.blogs.liberation.fr/2017/04/09/puissance-...

 

<<  Quelques semaines après avoir prêté serment, le président Trump est à l’origine d’un spectaculaire retournement : malgré des positions non-interventionnistes longtemps martelées, il a décidé, sans l’accord du Congrès ni mandat de l’ONU, de lancer des frappes contre des infrastructures militaires syriennes. Le régime de Bachar Al-Assad qui était perçu jusqu’ici comme un élément constitutif de la lutte contre le djihadisme se retrouve en ligne de mire de la diplomatie américaine. [...] Cette intervention militaire a été unanimement saluée par les chancelleries occidentales. Trump, nouveau chef du "monde libre" ?

[...]  Au-delà du caractère encore relativement illisible de la stratégie américaine, une clarification en faveur d’une ligne interventionniste - synonyme en l’espèce d’unilatéralisme - semble se dessiner. Deux signes avant coureurs l’annonçaient : une semaine après son entrée à la Maison blanche, Trump avait autorisé un raid terrestre au Yémen, qui a causé une trentaine de morts de Yéménites, dont de nombreux civils, et d’un soldat américain ; le départ de Steve Bannon du Conseil de sécurité nationale : l’éviction de cette figure de proue du discours isolationniste et de l’idéologie nationaliste est un symbole du tournant de la position américaine sur le conflit syrien. Un interventionnisme prôné semble-t-il par certaines figures importantes de la nouvelle administration américaine : le gendre et conseiller du président, Jared Kushner, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, le secrétaire à la défense, James Mattis et le général H. R. McMaster.

Toutefois, si cette ambition devait se confirmer, elle ne s’inscrit à l’heure actuelle ni dans une stratégie d’ensemble, ni dans une volonté d’engagement politique renforcé en vue d’une sortie du conflit syrien. Si l’intensification de l’intervention américaine devait se vérifier, un flou saisissant demeure au sujet des raisons, des modalités et des objectifs précis d’une telle entreprise. A elles seules, les frappes aériennes décidées et mises en œuvre unilatéralement n’ouvrent nulle perspective stratégique et politique en vue de sortir la région du chaos dans lequel la puissance américaine a une part de responsabilité non négligeable… Une impasse qui tend à affaiblir la crédibilité et l’efficacité de cette stratégie unilatérale. Malgré le soutien diplomatique des alliés occidentaux, les Etats-Unis de Trump se retrouvent à la case départ de l’ère Obama.

<<  Ainsi, derrière une capacité militaire toujours inégalée, les Etats-Unis sont confrontés à un paradoxe : les frappes militaires décidées unilatéralement par Donald Trump sont révélatrices de sa propre impuissance politique dans une Syrie et un Moyen-Orient en décomposition. Si les Etats-Unis veulent vraiment peser, ils ne pourront le faire qu'avec des alliés de circonstance : la Russie en tête, mais aussi les puissances régionales, comme l'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite. Donald Trump apprendra - à ses dépens ? - que la réalité des rapports de force et des dynamiques régionales ont le dernier mot au Moyen-Orient. 

[...]  La "doctrine Obama" a montré ses limites en Syrie et au Moyen Orient. A défaut de doctrine, Trump devrait malgré tout retenir les préceptes d’Obama et éviter que sa conversion à l’interventionnisme ne soit synonyme d’un retour de l’idéologie néoconservatrice, celle-là même qui est en partie responsable du chaos qui règne dans la région… >>

 

 

07:46 Publié dans Syrie, Trump | Lien permanent | Tags : trump, syrie