22/03/2017
L'émission de France 2 sur les prêtres pédophiles
Déformation discutable d'un problème indiscutable :
Depuis que la pédophilie de prêtres ravage l'idée que notre temps se fait de l'Eglise, notre blog est clair sur ce sujet. Loin du déni pratiqué au début par des catholiques (clercs ou non), loin du relativisme (consistant à dire qu'il y a "plus de pédophiles ailleurs que dans l'Eglise"), nous avons dit que ce crime de la part de prêtres - configurés au Christ par leur ordination - est une atrocité encore infiniment plus grave que le même crime de la part de laïcs. Simple logique ! Le sacerdoce étant une vocation sans équivalent, le sacerdoce perverti est une horreur sans équivalent : un abîme métaphysique. Minimiser cette horreur et cet abîme serait minimiser le sacerdoce, donc montrer une absence de foi surnaturelle. On ne "défend" pas l'Eglise comme on "défend" un parti ou une corporation.
Quant à l'émission d'Elise Lucet hier soir, je ne lui fais pas les compliments d'Olivier Bobineau tout à l'heure à RND. Comme toutes les émissions de ce type, c'est une "enquête de terrain" transformée au montage en raccourcis polémiques : elle donne l'impression qu'il y a de nouveaux crimes et que le scandale continue ; que les mesures anti-pédophilie dans le clergé ne sont qu'effet de langage ; et que l'ensemble du clergé (pape inclus) est complice dans l'hypocrisie. Or les faits mentionnés dans l'émission étaient déjà connus. Les mesures prises par l'Eglise commencent à fonctionner, même si c'est encore inégal. Et l'accusation portée en pointillés contre l'ensemble du clergé est d'une injustice effarante... (La présentation faite de l'affaire argentine comme un grief anti-Bergoglio ressemble notamment à un trompe-l'oeil).
Reste le vrai et double problème : 1. que l'Eglise ait mis tant d'années à prendre conscience du cancer pédophile en son sein ; 2. qu'aujourd'hui l'hostilité d'une partie de la Curie envers le pape François (en général) bloque (en particulier) le travail de la commission - dont Marie Collins vient de démissionner pour nulle autre raison. Sur ce point je partage l'analyse de Bobineau : l'aile conservatrice de la hiérarchie catholique n'arrive pas à sortir d'une mentalité archaïque selon laquelle les affaires de l'Eglise - quelles qu'elles soient - ne regarderaient que le droit canon. La persistance de cette mentalité détruirait toute chance d'évangélisation au XXIe siècle... D'où la vaillance du combat réformateur entrepris par François. Que Dieu nous le garde !
08:42 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : pédophiles
Commentaires
CONSERVATISME ?
> Sur le travail de l'Eglise à plus haut niveau rappelons aussi que Benoit XVI a été extrêmement actif. L'expression "aile conservatrice" est juste dans le sens où ce sont des personnes qui ont une vision datée de l'institution, mais ne désigne en aucun cas le débat (très simplifié) conservateur/progressiste qui traite plutôt de la théologie, des dogmes et de la pastorale.
Ludovic
[ PP à Ludovic - Pas d'accord pour une évaluation bienveillante du "conservatisme" actuel (ou plus exactement : du dix-neuviémisme actuel) en théologie, dogmatique et pastorale... ]
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Écrit par : Ludovic / | 22/03/2017
RÉSEAUX
> Il me semble qu'aujourd'hui, avec tout le travail réalisé par l'Eglise, ce n'est plus du relativisme que de rappeler que des réseaux pédophiles - bien actifs eux- ne sont pas inquiétés par les médias car liés au pouvoir par exemple.
Ludovic
[ PP à Ludiovic - Ce n'est surtout pas à l'Eglise de le dire. ]
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Écrit par : Ludovic / | 22/03/2017
RECRUTEMENT
> Triple problème plutôt que double : pourquoi l'Eglise a "recruté" dans les années 60/70/80 des excentriques dans les séminaires, au détriment de personnes ayant une vraie vocation ?
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Écrit par : HR / | 22/03/2017
CLARIFIER
> Je souscris totalement à ce que dit PP.
Je voudrais simplement rajouter qu'il est facile aujourd'hui de donner des leçons sur ce qu'il aurait fallu faire ou ne pas faire : aujourd'hui, dans l'Eglise et dans la société en général ont été clarifiées les procédures à suivre quand on rencontre un cas ; aujourd'hui, on connaît mieux cette maladie psychique qu'est l'attirance pédophile, et on sait aujourd'hui qu'on n'en guérit pas.
On a aujourd'hui, dans l'Eglise et dans la société en général, pris la mesure de ces crimes abominables.
Sans minimiser la responsabilité de ceux qui n'ont rien fait à l'époque pour éviter la récidive, une fois les cas connus, il faut tout de même prendre conscience qu'ils leur était moins aisé à l'époque de prendre les bonnes décisions.
Nous sommes moins excusables aujourd'hui que jamais.
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Écrit par : Pema / | 22/03/2017
DES CHRÉTIENS
> Sur les réseaux pédophiles et autres pratiques plus ou moins généralisées, je suis d'accord que ce n'est pas à l'Eglise de le dire, mais en revanche des chrétiens peuvent le dire en tant que citoyens dans le but de protéger les victimes (et non pas dans le but d'attaquer telle ou telle personne).
Ludovic
[ PP à L. - Quand je dis : "l'Eglise", je veux dire : tout chrétien, membre de l'Eglise par le baptême... ]
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Écrit par : Ludovic / | 22/03/2017
LE PROBLÈME DU "SYMPA"
> Depuis les années 1960-1970, sévissent dans l'Eglise la maladie de la fascination pour le "sympa", et en particulier le "prêtre sympa" qui attire les jeunes. Ceux-ci, dont on prévoyait le succès, ont été gardés dans les séminaires, parfois alors que des signes indiquaient des déséquilibres ou autres : "il attire si bien les jeunes, on ne va pas le faire partir"... Hélas. Il aurait mieux valu ! En un sens, le problème du "sympa", quoique dans un registre moins grave, est aussi derrière l'affaire Gréa.
Par ailleurs, on n'en n'a pas fini avec ces histoires. D'ici quelques années, on aura à gérer les mêmes problèmes chez les traditionalistes, qui commencent tout juste à s'apercevoir que, si, si, ça existe aussi chez eux, ce n'est pas un "problème de modernistes".
Edel
[ PP à E. - Oui, ça existe aussi chez eux. ]
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Écrit par : Edel / | 22/03/2017
PLUS FACILE ?
> Je suis bien d'accord avec votre phrase : " Le sacerdoce étant une vocation sans équivalent, le sacerdoce perverti est une horreur sans équivalent : un abîme métaphysique. Minimiser cette horreur et cet abîme serait minimiser le sacerdoce, donc montrer une absence de foi surnaturelle."
Néanmoins, je crois aussi que si aujourd'hui sur les réseaux sociaux et dans les médias on s'attaque aussi volontiers à la pédophilie dans l'Eglise, c'est parce qu'il est beaucoup plus facile d'attaquer son curé que son père, son frère, son oncle voire sa mère.
Or la prise de conscience que ce qui menace vraiment nos enfants aujourd'hui, c'est de rencontrer des prédateurs sexuels au sein de nos familles, et cela est tellement insupportable que la tentation de trouver un bouc émissaire se fait plus forte de jour en jour.
Les statistiques en matière de pédophilie sont difficiles à lire parce que seuls les cas qui ont été portés à la connaissance de la justice (et qui ont fait l'objet d'une condamnation) sont certains. On peut suspecter qu'il y a énormément de cas qui ne font pas l'objet de plainte mais le nombre réel est toujours une estimation et donc sujette à controverse.
Mais si l'on se fie à ces statistiques certaines, il n'y a pas photo. Ce n'est ni à l'Eglise, ni dans les camps scouts, ni à l'école que nos enfants sont les plus en danger, c'est à l'intérieur même de nos familles.
Il n'en reste pas moins que même s'il n'y avait eu qu'un seul cas de pédophilie commis par un prêtre ou un religieux, ce serait quand même un scandale.
Benoît
[ PP à B. - Mais quand ce crime est commis par un (des) prêtre(s), il prend une dimension supplémentaire et infinie. D'où - en partie - l'horreur et l'indignation de l'opinion publique.
Cette horreur et cette indignation sont ainsi une sorte d'hommage négatif rendu au sacerdoce.
Les catholiques feraient bien d'en prendre conscience, et de se souvenir qu'ils sont là pour faire connaître le Christ : pas pour accuser l'opinion de ne s'en prendre à l'Eglise que par facilité... ]
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Écrit par : Benoît / | 22/03/2017
INSÉPARABLEMENT
> Cher PP,
merci pour ce papier avec lequel je suis entièrement d'accord.
Je me permets cependant une remarque.
Ce que vous dites de l' "abîme métaphysique" qu'est la perversion du sacerdoce par les prêtres pédophiles est très vrai, mais le drame ici n'est pas d'abord la perversion du sacerdoce. C'est la violence atroce faite à des enfants.
J'imagine que vous partagez ce point de vue et qu'il était implicite, mais 'ça va mieux en le disant'.
bien à vous.
Benoît
[ PP à Benoît - Bien sûr, puisque le crime est constitué par la "violence atroce faite à des enfants" ! C'est le fait que le criminel soit un prêtre (configuré au Christ par l'ordination) qui constitue un abîme métaphysique...
Je ne vois pas comment on pourrait séparer et opposer ces deux éléments constitutifs. Ils s'impliquent mutuellement. ]
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Écrit par : Benoît / | 22/03/2017
ANNÉES 60
> le problème ne se limite pas au recrutement des séminaires dans les années 60/80. J'étais scolarisé en collège catholique dans les années 60 et des prêtres au comportement équivoque ( ou plutôt sans équivoque ) sévissaient aussi à cette époque. Ils changeaient de collège en cours d'année sans explications, et il y avait quelques chuchotements parmi les parents d'élève informés.
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Écrit par : RB / | 22/03/2017
R.N.D.
> (Ré)Ecouter l'émission "le grand témoin" de ce matin de Radio-notre Dame (existe en "podcast" / fichier audio téléchargeable [en français] sur leur site : https://radionotredame.net/emissions/legrandtemoin/feed/podcasts/ )
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Écrit par : franz / | 22/03/2017
PAS AU BOUT DE NOS PEINES
> Bonjour,
J'attendais votre billet depuis hier soir...
Nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Le "reportage" montre tout de même des religieux qui ont été mis délibérément à l'abri de la justice des pays où ils ont sévi et qui de ce fait échappent à la justice des hommes. C'est choquant mais, hélas, pas un scoop.
L'interview de Stéphane Joulain est très intéressante même s'il est présenté comme "le seul ecclésiastique ayant accepté de parler", ce qui est franchement ridicule.
Les accusations portées envers le pape semblent se résumer à "il a cherché à innocenter le père Grassi" ce qui est finalement le travail de n'importe quel avocat qui croit à l'innocence de son client.
il est reproché aussi à François de ne pas avoir rencontré les victimes de prêtres pédophiles de son ancien diocèse.
Avez-vous des précisions à donner sur toute la fin de l'émission (qui se veut une charge en règle contre le pape) ?
J'avoue que cette dernière partie m'a mis très mal à l'aise. Le reste, hélas, ne m'a pas appris grand chose.
Cordialement,
Jean-Marie Poublanc
[ PP à JMP :
- De quoi protester : l'attitude de ceux qui voudraient continuer comme au XIXe siècle...
- Pas de quoi s'inquiéter : la mise en cause du pape. J'en parlerai vendredi matin au Grand Débat de Radio Notre-Dame. C'est une intox de Mediapart et de Mme Lucet (ce qui n'est pas pour surprendre). Le procédé consiste à dire qu'on met sous les yeux du téléspectateur toute une enquête faite en Argentine, alors que c'est un montage de coupés-collés : ce qu'on sert au téléspectateur est tronqué et décontextualisé. France 2 présente comme une "intolérable pression sur les juges" le simple fait qu'un professeur de droit a réalisé un livre blanc ! Ce dernier était simplement destiné à faire contrepoids à la partialité affichée par une certaine presse 'porteña', résolue à transformer l'affaire Grassi en bombe contre le catholicisme en soi. (Auprès de cette presse, 'Charlie' et 'Le Canard' feraient figure de bulletin paroissial - comme le savent ceux qui sont allés à Buenos-Aires). D'où le tape-à-l'oeil de Mme Lucet apostrophant le pape... La réaction de celui-ci ne révèle pas une gêne comme l'insinue Mme Lucet : le pape est juste sidéré d'entendre une dame l'accuser en vociférant d'avoir "fait pression".
Les méthodes de Mme Lucet s'apparentent aux sketches harceleurs de Cyrille Eldin à la belle époque du 'Petit Journal' de Canal. A ceci près qu'Eldin ne prétendait pas être sérieux. ]
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Écrit par : Poublanc / | 22/03/2017
> (re) bonsoir !
J'ai finalement trouvé ceci :
http://www.le-samaritain.fr/2017/03/20/quand-leglise-denonce-les-methodes-de-cash-investigation/
Bonne soirée,
Jean-Marie
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Écrit par : Poublanc / | 22/03/2017
CAMPS SUPERFLUS ?
> Mesure de prudence élémentaire : arrêter d'organiser camps scouts et camps spi ou semaines ski à gogo dans les paroisses... Voilà une mondanité spirituelle inutile voire scandaleuse. A quand la semaine "golf spirituel" tant qu'on y est ?
Sous habillage spirituel voire humanitaire, on met de jeunes gens à la merci de prédateurs. J'ai toujours été frappée par cette folie "retrouvons-nous en petits groupes d'hommes au fond des bois ou dans des dortoirs de montagne" de l'Eglise en France. Personnellement je n'y enverrais jamais mes enfants. Jamais compris pourquoi tant de catholiques y fourguaient leurs gosses.
Cela ne règlerait bien sûr pas tous les problèmes de pédophilie dans l'Eglise, mais quelques-uns au moins...
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Écrit par : Maud / | 22/03/2017
JOURNALISTES
> Je n’ai pas regardé cette émission. La pédophilie est un scandale, où que ce soit, et infiniment plus encore dans l’Eglise. De vous lire je comprends que pour l’émission d’Elise Lucet diffusée hier, "l'ensemble du clergé (pape inclus) est complice dans l'hypocrisie". L’hypocrisie est une chose infiniment moins grave que la pédophilie, nous serons tous d’accord sur ce sujet, très probablement les journalistes aussi. Mais dans le cadre d'affaires de pédophilie elle est très grave. Peut-on cependant reprocher à quelqu’un d'être hypocrite quand on l'est soi-même?
Je n’ai pas visionné cette émission. Je peux donc totalement me tromper, mais je vous en fiche mon billet que n’ont pas été mentionnés les faits suivants (dont j’apporte la preuve) :
- le cardinal Barbarin n’a pas été poursuivi dans l’affaire Preynat, qui plus est, il y a eu prescription: c'est du droit, celui qui s'applique à tous les Français http://www.leparisien.fr/societe/videos-affaire-barbarin-l-enquete-classee-sans-suite-01-08-2016-6009275.php
- seuls neuf prêtres sont aujourd’hui incarcérés pour des faits de pédophilie e France (http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/20/01016-20101020ARTFIG00708-pedophilie-une-centaine-de-pretres-mis-en-cause.php ) ;
- seuls cent prêtres semblent présenter ce genre problèmes aujourd’hui en France soit 100 sur 18000, ce qui fait : 0,5555555555556%. http://www.la-croix.com/France/Apres-scandales-operation-transparence-Eglise-pedophilie-2017-01-23-1300819522.
Si les journalistes qui ont fait cette émission hier ont mentionné ces faits, alors ils ne sont pas hypocrites, ni partiaux et font vraiment de l’information.
A défaut, chacun se fera son idée. On me le confirmera, sans doute, ici, puisque je n’aime pas regarder ces émissions dont je considère qu’elles sont hypocrites, font dans la désinformation, etc.. Si je ne m'abuse, j’ai très probablement bien fait de ne pas regarder celle d’hier, non ? Que les journalistes ne s’étonnent pas que leurs concitoyens ne les estiment guère plus que la classe politique : ils récoltent ce qu’ils ont semé.
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Écrit par : ND / | 22/03/2017
LUCIDITÉS ET RÉTICENCES
> Je vous rejoins, cher Patrice, et en réponse à la note de Ludovic, je tiens à préciser que Benoît XVI, du temps où il était le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait déjà pris pleine mesure de l'horreur suscitée par la vague pédophile dans l'Église.
Il suffit de lire "Lumière du Monde" ou les "Dernières Conversations" du pape émérite pour se rendre compte de la volonté sans faille du pontife à cet égard.
Nul doute que Benoît XVI s'est lui aussi heurté à certaines réticences internes ; Peter Seewald rapporte cependant qu'à Malte, Benoît XVI a pleuré avec des victimes de prêtres pédophiles, affirmant que ces agissements l'avaient bouleversé jusqu'au plus profond de son être.
Cela étant, certaines décisions, ou certaines absences de décisions, ont pu décevoir ou interroger. Je me souviens que dans la paroisse que je fréquentais à Boston, lorsque j'y ai suivi mes études, on s'était offusqué que le cardinal Bernard Law qui, deux décennies durant, ferma les yeux sur les crimes pédophiles des prêtres de l'archidiocèse de Boston, fut déplacé par Jean-Paul II de son siège archiépiscopal à la fonction d'archiprêtre de Saint-Marie-Majeure à Rome... vraisemblablement avec l'accord (tacite, tout au moins) du cardinal Ratzinger. Les paroissiens de Boston voyaient en cette promotion une insulte faite aux dizaines de victimes.
Mêmes interrogations concernant le cardinal Groër, de Vienne, qui se livra vraisemblablement lui-même à des actes pédophiles sans jamais reconnaître ses fautes ; le courage de son successeur le cardinal Schönborn fut de reconnaître que la "fumée de Satan" avait atteint son archidiocèse et de demander pardon pour toutes ces souillures.
Il est indéniable que Benoît XVI puis François ont pris pleine mesure de la gravité de la situation.
Que certains, dans l'institution, cherchent à minimiser ces crimes voire à couvrir leurs auteurs, c'est également un fait. Il convient de continuer à s'y opposer de toutes les manières possibles, comme le fit récemment Mme Collins en démissionnant (et en faisant savoir les raisons de ce départ) et comme le fait quotidiennement et avec beaucoup de courage le Saint-Père, malgré les difficultés que nous connaissons.
Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/03/2017
UNE RÉPONSE DU SAINT-SIÈGE
> http://fr.radiovaticana.va/news/2017/03/22/abus_sexuels__l%C3%A9glise_doit_mieux_expliquer_son_travail/1300488
La réponse du Saint-Siège à l'enquête d'Élise Lucet.
Il est bon que le Vatican ne laisse pas sans réponses les nombreuses questions posées. Rappeler le rôle des évêques est primordial ; le pontife romain n'exerce pas de juridiction directe sur les prêtres du monde entier (à l'exclusion du diocèse de Rome, cela va de soi). Seuls les évêques exercent le pouvoir de juridiction dans leurs diocèses : ils sont donc les premiers acteurs dans la lutte contre la pédophilie.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/03/2017
@ ND
> Je n'ai pas vu l'émission non plus.
Pour ce qui est d'Elise Lucet, elle échappe justement au mépris des citoyens pour les journalistes et est très populaire, pour son courage et ses enquêtes de longue haleine sur des sujets tabous.
La pédophilie dans l'Eglise en est encore un chez les chrétiens, oui contre la volonté du pape, mais comme habitude institutionnelle dont savent user les incriminés.
Je ne sais d'où sortent vos chiffres: ce que je crois, ayant entendu trop de confidences de personnes blessées par l'attitude impure de prêtres alors qu'ils étaient enfants, allant de questions malsaines en confession à des gestes déplacés voire plus, c'est que les affaires qui sortent sont je crains l'arbre qui cache la forêt d'horreurs, et que cela n'est pas lié à l'esprit de 68 mais existait bien avant, ce qui explique que oui cela existe chez les traditionalistes en rejet des démons du peace and lovisme.
C'est tout le rapport à la sexualité, au corps, au sien d'abord, à celui de l'autre et de l'enfant en particuliers, qui est à repenser, et d'abord dans l'Eglise, avec la question de l'intime, dimension constitutive de la personne humaine, à distinguer du piège du secret et son corollaire la honte, toujours présents dans ces crimes, et terriblement destructeur.
Il me semble qu'on n'en est qu'aux balbutiements d'un travail théologique, philosophique, psychologique, sociologique et médical pourtant nécessaire.
Et pour ouvrir un secret honteux, la question de la masturbation, dont je pense qu'elle est très mal abordée dans l'Eglise,symptomatique de l'ambivalence du discours et de l'attitude des chrétiens aujourd'hui vis-à-vis du corps, temple de l'Esprit Saint.
Enfin une piste pour la question de la pédophilie, à partir du conte de Barbe bleue, alias Gilles de Rais, bien connu dans ma région familiale. Cette clé qui une fois souillée par le sang de victimes innocentes ne peut-être lavée. Certaines personnes sont sexuellement perturbées jusqu'à l'obsession par l'innocence, comme une réminiscence de paradis dont elles ont été chassées suite à une faute originelle. Elles vont aussi tout mettre en oeuvre pour séduire l'incarnation fantasmée de cette pureté désespérément recherchée, jeune femme pure et vierge, jeune homme innocent, enfant en ignorance du mal, comme pour laver la clé de ce lieu d'horreurs dont elles se vivent complices, par effraction, ayant connaissance de l'antre secret des abominations, pour revenir au temps de l'innocence, de l'ignorance et du bonheur. Et plus elles essaient de laver cette clé en s'appropriant la pureté de victime innocentes, plus s'étend la tâche de sang qui trahit leur complicité à l'abominable.
Il nous faut aussi réapprendre le repentir, comme mode de libération authentique d'une culpabilité aliénante qui elle amène au scandale.
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/03/2017
JEAN-PAUL II
> En réponse au commentaire de Anne, je pense que la théologie du corps de Jean-Paul II est une réponse à ce besoin de se repositionner en Eglise sur le rapport au corps et à la sexualité. Elle est encore trop peu connue !
Il y a un énorme travail à faire d'éducation à la beauté du corps et de la sexualité voulus par Dieu, tant pour les jeunes que pour les adultes et parents, pour quitter la gêne et la culpabilité dès qu'on parle de ces sujets. C'est libérateur !
Un enfant à qui l'on a appris à respecter son corps à cause de sa beauté qui vient de Dieu, a, je pense, nettement moins de risque de se laisser entraîner par un adulte ou par un camarade.
Il nous faut parler de ces questions avec respect et simplicité.
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Écrit par : Pema / | 23/03/2017
A Maud :
> je trouverai fort dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai été scout et cela a été une formidable école de vie ! Je n'y ai subi aucune violence sexuelle et j'y ai au contraire fait la rencontre de Dieu auprès des religieux qui nous accompagnaient et dont certains étaient, peut-être pas des saints hommes, en tout des chrétiens intègres. Je repense à des temps d'adoration nocturne au fond des bois, des jeux et des veillées qui sont des perles de mon enfance et de mon adolescence. Oui bien sûr, on peut supprimer les camps et les sorties à vélo, et les balades en montagne, et garder nos enfants bien au chaud à la maison, sans risque, ou il pourront ainsi se décérébrer avec des jeux vidéos ou regarder du porno tranquillement devant internet... C'est surement mieux...
Je rappelle aussi que 99,5% des prêtres ne sont pas des pédophiles : il n'est donc pas malsain de les fréquenter !!
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Écrit par : Raphaël B / | 23/03/2017
LA PRUDENCE
> Bien sûr! c'est saint scoutisme ou porno!!! Il y a des précautions de base à prendre, c'est tout. Cela vaudrait aussi à l'Education nationale, mais on apprécie particulièrement dans nos paroisses les petites veillées entre jeunes hommes au coin du feu.
Durant ma jeunesse en école catho sous contrat, 3 cas de pédophilie, à chaque fois dans des trips d'aumônerie "on part dans la nature seuls avec l'aumônier/le diacre/le prof de sport impliqué dans la catéchèse, et on dort sous la tente après un temps de louanges à la guitare". Donc pour mes enfants, c'est non.
La prudence : l'Eglise en manque beaucoup en la matière, voir la désastreuse affaire Barbarin.
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Écrit par : Maud / | 23/03/2017
ASPÉRITÉ
> Sans demander ("no need to ask") la médias-machine suit Lucet (non je ne ferai pas de jeux de mots douteux sur son nom en latin).
Mgr Aillet (par ailleurs naguère controversé, mais, n'est-ce-pas, c'est un autre sujet) reste dans l'aspérité, disons plutôt la non-lissitude si vous me pardonnez le néologisme:
http://www.sudouest.fr/2017/03/23/pedophilie-l-eveque-de-bayonne-mgr-marc-aillet-reagit-a-l-enquete-de-cash-investigation-3302699-4018.php
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Écrit par : Aventin / | 23/03/2017
RÉFLÉCHIR
> Le célibat des prêtres est une règle de l’Eglise Catholique Romaine. Pierre était marié, et si Paul évoque sa préférence pour le célibat, qu’il qualifie d’opinion personnelle, et ceci de manière générale et non limitée à la prêtrise, c’est à cause, comme il le dit lui-même, de la dureté des temps qui s’annonçait. Quand aux délits, il n’y a pas « d’immunité diplomatique » qui vaille, ce n’est pas pour faire de la figuration, que la providence elle-même a institué les « magistrats », le « royaume de DIEU » est-il spirituel ou non ? Faudrait savoir, car la gestion des affaires temporelles, relève du seul séculier, de César. Le pouvoir « régalien » ici-bas, n’est pas un pouvoir d’Eglise. L’Eglise a un pouvoir d’influence, comme un certain « prince de ce monde », ce dernier, soit dit en passant qui prétend à la « royauté » sur ce monde et qu’il n’aura jamais (d’où sa rage multiforme et trépignante), voit son action régulée par la providence elle-même, en fonction de son appréciation souveraine des circonstances. Ces pouvoirs d’influence proposent, les hommes décident, la providence corrige le tir, par rapport à son objectif de faire arriver à maturité l’humanité actuellement en plein « séminaire de formation » et dont elle ne se rend pas compte, mais là encore, c’est une autre histoire.
Avec l’institution des magistrats, il s’agit ni plus ni moins de la loi dite de Noé, dont son origine remonte à la plus haute antiquité et qui est toujours actuelle. Ce que les juifs du temps de Jésus savaient fort bien, eux concernés par la loi de Moïse, comme on le voit quand Paul circoncit lui-même le chrétien Timothée de père grec mais de mère juive. Ce qui a été rejeté lors de la réunion de Jérusalem, c’était la prétention des chrétiens d’origine juive de vouloir imposer la loi de Moïse à des « paiens » qui… n’ont jamais été concernés par elle, soit un simple rappel d’une évidence que la sémantique – déjà – avait obscurci. En précisant que cette affaire de loi, n’a rien à voir avec le salut qui est un autre sujet spirituel, faut pas, comme d’habitude, tout mélanger, mais « sémantique » quand tu nous tient, c’est infernal.
Ce qui n’autorise pas non plus le pouvoir séculier à faire n’importe quoi, et s’il fait n’importe quoi, la providence elle-même se chargera de lui au travers de ses décrets, en lui suscitant des opposants, séculiers comme lui (à titre d’exemple, en matière géopolitique, cf sur le plan général, l’affaire des quatre empires de Daniel, ainsi que le jeu des diverses « civilisations » ; comprenne qui pourra). Dans le jardin situé en Eden, DIEU avait ordonné de ne pas manger de l’arbre, jamais il n’a dit qu’il ne fallait pas le toucher, ce rajout : « ne pas toucher », est un « commandement d’homme », elle est ici l’origine de la plaie sémantique dont on ne sortira, que lors de l’événement à venir (au sujet duquel on se précipite pour le dénigrer, comme lors de l’affaire des explorateurs dans le désert qui avaient dénigré la terre promise. bis repetita, « rien de nouveau sous le soleil »). relaté dans la révélation de Jésus faite à Jean au chapitre 20, passage de l’Ecriture complétant Zacharie 14 en fournissant des informations complémentaires dont celle de la durée. Les avertissements dans Sophonie devraient aussi faire réfléchir ainsi que ceux contenus dans la lettre aux sept Eglises, et en particulier celle destinées à Laodicée ("je te conseille d'acheter chez moi", "chez moi", c'est où, chez Freud ou ailleurs ?).
Mais, réfléchir, homme d’Eglise ou pas, est-ce bien raisonnable ? On peut se demander.
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Écrit par : jacques / | 24/03/2017
EXÉGÈSES
> C’est au niveau de l’exégèse qu’apparaît l’expression « résurrection spirituelle », au sujet du verset 4 du chapitre 20 de la révélation de Jésus faite à Jean. Depuis Saint Augustin, qui est né quarante années environ après que le catholicisme devint religion d’état par l’édit de Milan de 313, cette première résurrection n’est pas retenue comme étant une résurrection de la chair. Elle est présentée, cette résurrection, comme étant spirituelle, à compter de l’événement de la passion pour certains. Il est vrai, que le tout nouveau statut de l’Eglise, qui dépasse tout ce que l’on aurait pu imaginer quelques années plus tôt, après une très longue période de persécutions, a de quoi frapper l’imagination : l’Eglise catholique romaine, maintenant religion d’état ! Que certains y voient la main de la providence et le départ de cette fameuse période de « mille » ans décrite dans l’Ecriture (à mettre en parallèle avec Zacharie 14), cette lecture de l’histoire peut se comprendre. Il est vrai aussi, que d’autres voyaient dans cette période de mille ans, l’occasion de fêtes et banquets incessants (les chiliastes), ce qui a pu amener l’orthodoxie à réagir pour préserver ses rangs. Mais, il y a aussi le texte tel qu’il est, et qui n’a rien à voir avec ces craintes. Ce qui est décrit, c’est une nouvelle ère, après celle précédente de la passion, non pas une ère de « retour à un âge d’or » qui est encore un autre fantasme, mais une période spécifique ou le royaume de DIEU, déjà agissant dans l’Eglise aujourd’hui, se présente sous une nouvelle forme. C’est toujours du sacerdoce de Melchisédech dont il s’agit, mais ici Jésus sort des tabernacles, il se rend visible à tous avec la compagnie d’une sélection de saints, une « avant-garde » en somme, dont 144000 juifs, la multitude des autres saints ressuscitant eux aussi corporellement, mais au jugement dernier. Et ce règne n’a rien à voir avec une gouvernance séculière, les états continuerons à exister avec leurs formes politiques, mais l’action d’influence de l’Eglise, toujours avec un décorum approprié comme aujourd’hui avec la cité du Vatican à Rome, s’exercera cette fois-ci à Jérusalem (cf Zacharie 14). L’erreur millénariste a été de s’imaginer que les affaires du monde seraient désormais pilotées directement par Jésus et ses saints ; en réalité cette « équipe » fera comme – aujourd’hui – mais sous une autre forme. Les hommes continueront, à se « faire la main » dans l’acte de gouvernance de la société , car il faut qu’ils apprennent. l’Eglise sous cette nouvelle forme, proposera et, comme aujourd’hui, les leaders des nations décideront. La grande différence toutefois avec aujourd’hui, c’est que le Tentateur sera bouclé, les hommes, cette fois-ci seront « à poil » devant leur seule responsabilité personnelle, pas question de faire porter le chapeau à Satan par exemple, vu qu’il sera, momentanément, hors course ; c’est sans doute peut-être l’objectif principal de cette période de mille ans (mille ans répétés six fois, comme s’il y avait lieu d’anticiper une éventuelle surdité…). Il est vrai aussi que cette perspective peut inquiéter, comme on été inquiets les dix explorateurs du Sinaï qui avaient dénigré la terre promise. C’est la leçon de la foi, et ce n’est pas toujours facile en face de cadres de références nouveaux.
Avant Saint-Augustin, l’Ecriture était prise pour ce qu’elle était, après son sens sur ce point a été « forcé », peut- être aussi y a-t-il eu une volonté de la providence, car la perspective à l’époque, il y a deux mille ans, était lointaine et on pouvait craindre des emballements excessifs, comme cela s’est produit quand, ceux qui s’imaginant que le retour en gloire de Jésus était imminent, vendaient tous leurs biens. Pour ces derniers, la désillusion a du être cuisante. Alors on peut aussi comprendre Saint-Augustin et suivants. Mais, il n’empêche, s’appuyer sur une résurrection « spirituelle » pour démonter le sens de l’Ecriture, était-ce vraiment utile, n’y avait-il pas un autre moyen de dire les choses sans recourir à cette acrobatie qui est un artifice sémantique.
Voyez le sujet par vous-même. Je vous souhaite bon courage…
Jacques
[ PP à Jacques - Merci de toutes ces précisions,mais je me tiens à la foi de l'Eglise exprimée dans le Credo. ]
réponse
Écrit par : jacques / | 25/03/2017
> La tolérance zéro sur la pedophilie est nécessaire, heureusement qu'on a clarifié le point
En revanche je crains que les prêtres ne paient un tribut excessif comme bouc émissaire de la société pornographique dans laquelle nous vivons
En témoigne cet exemple qui date de dimanche :
https://www.google.fr/amp/m.leparisien.fr/amp/viroflay-78220/viroflay-le-cure-se-denonce-apres-des-gestes-deplaces-envers-une-jeune-fille-27-03-2017-6800433.php
Ludovic
[ PP à Ludovic -:
Oui. C'est une forme de martyre à froid : particulièrement cruelle et injuste pour les prêtres loyaux envers leur vocation et leur ministère.
Mais à bien y réfléchir, n'est-ce pas aussi une forme de la communion des saints et de ce qu'on appelait la "réversibilité des mérites" ?
Songeons-y et comprenons que c'est à ce niveau de profondeur bernanosien que se situe le drame spirituel : bien loin des malencontreux "plaidoyers en défense" (planants et pseudo-théologiques) que l'on entend ici et là, et qui écoeurent les non-chrétiens au lieu de les évangéliser. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Ludovic / | 29/03/2017
@ Ludovic
> Concernant le fait cité, il se trouve que c'est ma paroisse. Cette nouvelle a bouleversé tout la communauté. Laissons faire la justice des hommes mais cela reste un immense gâchis. En attendant ce n'est pas à nous de hurler avec les loups mais de prier.
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Écrit par : Tangui / | 29/03/2017
DEGATS SUR L'OPINION
> Pour l'anecdote, en voici une qui illustre les effets durables des scandales de prêtres pédophiles sur l'opinion courante : à la fin des années 2000, étant élève de khâgne, je me rends à une des fameuses "colles", de géographie en l'occurrence, où on passe seul à l'oral avec le professeur; arrivé après moi, le prof ferme la porte et dit sur un ton plaisantin :"Ah si tous ces prêtres avaient su ne pas fermer la porte chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls avec des jeunes, ils n'auraient pas eu tous ces problèmes...". Allusion parfaitement compréhensible sans prononcer "prêtres pédophiles".
C'est sûr l'opinion courante en restera durablement marquée.
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Écrit par : Aurélien Million / | 29/03/2017
MARTYRE
> Oui je suis d'accord Patrice sur le sens spirituel de cela. Les catholiques sont là pour être comme le Christ condamnés injustement pour sauver le monde.
Il ne s'agit pas de se défendre de manière incompréhensible pour le monde.
Cependant on peut aussi être ému du gâchis de ce genre de décision: c'est comme un martyre: on pleure la mort du martyre mais on lui donne aussi un sens spirituel.
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Écrit par : Ludovic / | 30/03/2017
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