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08/03/2017

Soutenons les Lakotas face au "Trump pipeline" !

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Etienne Marchadier et Anne Goyer (deux catholiques) présentent ci-dessous leur projet d'information aux côtés des Water Protectors du Nord-Dakota, en lutte pour une version amérindienne de l'écologie intégrale :


 

1.  PRÉSENTATION 

 

Qui sont les Water Protectors ?

 "Water Protectors" est le nom choisi par ceux qui protestent pacifiquement depuis avril 2016 dans le Nord-Dakota (USA) contre la construction d'un gigantesque pipeline qui passerait sous le fleuve Missouri, le plus grand cours d'eau américain. Ce fleuve alimente en eau potable plus de 15 millions d'Américains, au premier rang desquels les indiens Lakotas (communément appelés Sioux) vivant en aval immédiat du pipeline. Ces derniers sont les instigateurs du mouvement. Nous sommes allés les rencontrer là-bas, sur la réserve de Standing Rock, vers la mi-février.

 

Pourquoi nous y sommes-nous intéressés ?

Des circonstances similaires se multiplient partout dans le monde et le contexte international ne laisse pas beaucoup d'espoir du côté des solutions politiques. Le mouvement initié par les Water Protectors est pacifique (faisant écho d'une certaine façon au mouvement animé par le chef Raoni au Brésil). Ce qui se joue en ce moment sur leurs terres n’est pas un conte exotique. Ce sont des situations qui se multiplient sous diverses formes partout où des grands intérêts économiques sont prêts à sacrifier la santé des plus faibles. Nous avons été touchés par le combat digne, unitaire, pacifique et spirituel des Water Protectors.

 

En quoi consiste notre projet ?

 Notre objectif est de créer et faire voyager une exposition artistique pour faire connaître le combat et les valeurs des Water Protectors du Nord Dakota, en mettant particulièrement à l'honneur les femmes sioux qui forment la colonne vertébrale de ce mouvement.

La finalité de cette exposition est de faire découvrir à un large public cette grande cause et les belles personnes qui la portent, pour que le monde écoute ce qu'ils ont à nous transmettre de sagesse et de courage.

 

 

2.  CONTEXTE FACTUEL

 

Contexte global du projet de construction du pipeline

 

 La politique conduite par le président Obama d’abord, puis par le président Trump, a ramené les Etats-Unis à un niveau de production de pétrole brut similaire à celui des années 1960-1970 (http://www.tradingeconomics.com/united-states/crude-oil-production).

Se positionnant d’abord sur le terrain de l’indépendance énergétique, les autorités américaines ont sensiblement dérégulé l’extraction de carburants fossiles non-conventionnels, propulsant un pays qui était l’un des principaux importateurs mondiaux de pétrole au rang d’exportateur net. Graphique : http://www.eia.gov/totalenergy/data/monthly/archive/00351...

Cette politique économique s’est notamment appuyée sur les gisements d’hydrocarbure non conventionnels du Canada et du Nord-Dakota (formation de Bakken).

Depuis la fin des années 2000, des quantités gigantesques de pétrole brut sont envoyées depuis le Nord Dakota vers les raffineries de l’Illinois. Le transport se fait essentiellement par voie ferroviaire, transport contraignant et onéreux pour les compagnies pétrolières.

Un accident ferroviaire emblématique survenu au Canada en 2013 (https://en.wikipedia.org/wiki/Lac-M%C3%A9gantic_rail_disa...) a servi de point d’appui à Energy Transfer Partners pour élaborer le projet d’un pipeline géant qui relierait les champs pétrolifères du Nord-Dakota aux raffineries de l’Illinois, pouvant acheminer plus de 500 000 barils par jour :   http://www.energytransfer.com/company_overview.aspx

 

Genèse du projet 'Dakota Access PipeLine' (DAPL)

 

 Le projet, présenté au public le 25 juin 2014, représente un investissement de 3,78 milliards de dollars. Son tracé, long de 1 825 km, est globalement parallèle à celui du projet Keystone XL, situé plus à l'ouest (et tout aussi controversé).

Les tribus indiennes (Lakota) de la réserve de Standing Rock se sont opposées au projet à cause de son impact potentiel sur l’environnement (risque de contamination du Missouri, principal cours d’eau américain, source d’eau potable pour plus de 15 millions de personnes). Greenpeace et un groupe de plus de 160 scientifiques spécialisés dans la conservation des ressources naturelles menacées la préservation des espèces en danger ont exprimé de vives inquiétudes à propos de ce projet.

Depuis septembre 2014, les tribus Lakota de Standing Rock ont formellement exprimé leur opposition à l’égard de ce projet auprès des autorités fédérales, ainsi qu’auprès du Conseil pour les Droits de l’homme de l’ONU à Genève.

Le trajet initial du pipeline devait passer initialement près de la capitale de l’Etat, Bismarck, très majoritairement blanche. Les études d’impact ayant fait apparaître un fort risque de contamination des eaux potables, le tracé a été redirigé vers la réserve indienne de Standing Rock, tout près du village de Cannon Ball.

 

 Les inquiétudes sur l’impact environnemental

 

Les pipelines sont des moyens de transport du pétrole beaucoup plus économiques que le train, mais leur histoire depuis les trente dernières années démontre leur manque total de fiabilité.

L’historique dramatique des fuites de pipelines aux US : https://www.youtube.com/watch?v=3rxqUXqPzog

Des incidents similaires dans la région : https://apnews.com/6487e9e57a8e41d28397a0d8e25882f0?utm_c...

La section qui passe sous le lit du Missouri présente des risques considérables :

- le pipeline passera à 90-100 pieds environ sous le lit du Missouri. Il y a 178 soudures sur cette section de 1,5 milles, et le gestionnaire des travaux n’est tenu d’en inspecter que 10% avant l’enfouissement du pipeline. Lorsque surviendra une fuite sur cette portion de l’oléoduc, il n’existe pas de moyens pour l’exploitant de la détecter à cette profondeur, et a fortiori d’aller la réparer.

- En cas de fuite dans le Missouri, le circuit d’eau potable du village de Cannon Ball serait contaminé dans les 5 minutes, ceux de la ville de Fort Yates et du village de Wakpala seraient contaminés à peine une heure plus tard.

 

L’installation des camps et le renouveau de la culture ‘native’

 

En avril 2016, une ancienne des Sioux de Standing Rock, LaDonna Allard, a établi un camp près du fleuve Missouri sur le site de Sacred Stone Camp, comme centre de préservation culturelle et de résistance spirituelle au pipeline. D’autres camps se sont développés autour, accueillant plusieurs milliers de personnes. Au plus fort de la mobilisation, l’été dernier, les camps ont accueilli plus de 12 000 personnes, se hissant ainsi au rang de 4ème ville du Nord-Dakota bien que vivant sans eau courante, sans électricité et sans police.

Plus de 200 tribus différentes rejoindront les camps, puis des Américains de tous horizons, puis des étrangers venant de plusieurs dizaines de pays (de l’Europe jusqu’à l’Australie, en passant par la Chine).

Le camp de Sacred Stone en essaime d’autres à ses alentours : Oceti Sakowin, Oceti Oyate, Rosebud... Les camps sont des lieux pacifiques, centrés sur la prière, où l’on enseigne la non-violence. Ce sont aussi des centres culturels pour les natifs qui y redécouvrent leur mode de vie : la vie communautaire en prise aux éléments, les chants, les prières, les enseignements donnés par les anciens, la médecine traditionnelle …

Ce ne sont pas des Woodstock, pas non plus des "camps d’activistes" (selon le vocabulaire de la police locale). Les armes, la drogue et l’alcool sont interdits dans ces camps. Au cours des premiers mois, entre avril et l’été 2016, de nombreux « candidats » à la vie des camps ont été refusés lorsqu’il apparaissait que leurs valeurs et leur discipline de vie n’était pas en phase avec ceux défendus par le camp.

Refusant le titre de « manifestants », les occupants des camps revendiquent pour eux le titre de Water Protectors, fermement convaincus de leur mission : rappeler aux hommes l’urgence de préserver la nature et de protéger la vie sous toutes ses formes.

 

La répression violente : septembre, octobre, novembre

 

Au début du mois de septembre, des ouvriers du chantier de construction du DAPL ont rasé au bulldozer des sites archéologiques sacrés des Lakotas. Des chiens d’attaque ont été lâchés sur les manifestants qui se sont opposés à ces destructions, occasionnant de nombreuses blessures :  http://www.huffingtonpost.com/georgianne-nienaber/dapl-pi...

 Fin octobre, des soldats armés, des policiers anti-émeutes et des véhicules militaires sont déployés par les autorités. Plusieurs centaines d’arrestations s’enchaînent entre octobre et novembre. Les Water Protectors arrêtés se voient numérotés au marqueur sur les bras et enfermés, pour certains d’entre eux, dans des cages de chenil installées dans un parking.

De nombreux manifestants pacifiques sont arrosés au canon à eau par des températures négatives, arrosés de gaz lacrymogènes, et reçoivent de nombreux tirs d’armes non létales (fusils à pompes équipés de balles en caoutchouc). Plusieurs centaines sont blessés, plusieurs dizaines devront être traités à l’hôpital de la réserve.

http://sacredstonecamp.org/blog/2016/11/21/water-cannons-...

http://www.latimes.com/nation/la-na-standing-rock-wounded...

https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2016/11...

 

Attachés à leurs valeurs de paix et de prière, les Lakota organiseront peu après une ‘marche du pardon’ autour du commissariat de police au coeur des opérations, en chantant des prières.

 

Le rassemblement ‘Clergy for Standing Rock’ du 4 novembre

 

Le P. John Floberg, prêtre de l’église épiscopalienne, exerce son ministère depuis 25 ans à la fois à Bismarck (la capitale du Nord-Dakota) et dans la réserve de Standing Rock.

Il s’est d’abord impliqué à titre individuel, touché par l'unité et la solidarité des Water Protectors. Au-delà de cet aspect, il est apparu très clairement au P. Floberg que la relation entre les natifs et les Eglises chrétiennes n'aurait plus été possible si les chrétiens ne s’étaient pas tenus aux côtés des peuple natifs lorsque leurs droits étaient menacés. Ces derniers auraient légitimement eu le droit d’apostropher leurs pasteurs en disant : « where were you ? ».

A la fin du mois d’octobre, la police a mené un assaut sur un camp, occasionnant de nombreuses violences et une escalade des tensions entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Il est alors apparu au P. Floberg que cette escalade risquait de causer des morts à brève échéance. Pour casser cette spirale infernale, le père Floberg a fait appel à des membres du clergé de nombreuses "dénominations cultuelles" aux Etats-Unis pour s’interposer. Il espérait la participation d’environ cent personnes revêtues de leurs ornements liturgiques. En une semaine et demi ils seront 524 à s’inscrire. D’autres encore les rejoindront directement sur place. Croix de procession en tête, tenues rituelles affichées, les pasteurs des différents cultes ont animé une prière collective aux côtés des Water Protectors face à la ligne de front armée des forces de l’ordre.

http://m.bismarcktribune.com/news/state-and-regional/stan...

Cette intervention aura permis d’apaiser pour un temps les tensions et d’éviter qu’il n’y ait mort d’hommes dans un contexte véritablement explosif. Le drapeau de l’église épiscopalienne flottera parmi ceux de toutes les nations au camp d’Oceti.

Les autorités catholiques prendront elle aussi le parti des Lakota contre le projet qui menace leur source d’eau potable et confisque leurs terres, en la personne du pape François lui-même :

http://fr.euronews.com/2017/02/15/les-indiens-du-dakota-o...

La prise de position très claire des jésuites américains aux côté des Water Protectors, qualifiant le projet DAPL dans son état actuel de « moralement inacceptable » :

http://jesuits.org/Assets/Publications/File/Statement-Red...

 

Les vétérans de décembre

 

La violence envers les manifestants pacifiques a atteint de tels niveaux que 2000 à 3000 vétérans de l’armée américaine sont venus les protéger en tant que boucliers humains au mois de décembre.

Nombreux d’entre eux ont fait les guerres d’Irak et d’Afghanistan, vivent encore le syndrome post-traumatique (PTSD), et souhaitaient s’interposer face à ce qu’ils considèrent comme une nouvelle guerre du pétrole, mais cette fois sur leur propre sol.

http://edition.cnn.com/2016/11/22/us/veterans-stand-for-s...

http://www.usatoday.com/story/news/2016/11/30/veterans-gi...

http://abcnews.go.com/US/2000-veterans-arrive-standing-ro...

 

 

  Le blocage du projet

 

En décembre, sur l’ordre du président Obama, les autorités fédérales suspendent le projet et engagent une étude d’impact environnemental approfondie. Les Water Protectors célèbrent dignement cette victoire qu’ils ont tant attendue :     http://www.huffingtonpost.com/entry/dapl-pipeline-blocked...

 

 

L’élection de Donald Trump

 

L’élection de Donald Trump met fin à cette grande période d’optimisme et s’impose comme une catastrophe pour les Water Protectors. La proximité du nouveau président avec les milieux pétroliers est connue, tout comme son mépris complet des agences et réglementations liées à la protection de l’environnement. Pire encore, il a personnellement investi à la fois dans la société qui construit le DAPL mais également dans la société qui l’opérera.

http://www.huffingtonpost.com/entry/trump-dakota-access-p...

https://www.bloomberg.com/politics/articles/2016-11-25/tr...

 

La reprise des travaux

 

Dès les premiers jours de sa présidence, le président Trump a signé un ‘executive order’ ordonnant la reprise des travaux dès que possible. (24 janvier)

http://www.latimes.com/politics/washington/la-na-essentia...

 

 L’ordre d’évacuation des camps

 

Un ordre d’éviction émanant de l'Army Corps of Engineers a été transmis aux camps avec une sommation de quitter le lieu pour le 22 février 14 h (heure locale) au plus tard. Ce délai très bref laissé aux Water Protectors les a engagés dans une véritable course contre la montre pour organiser le démantèlement et le nettoyage des camps dans un contexte très difficile (installations gelées dans les couches inférieures du sol, fonte des neiges entraînant des boues abondantes en surface partout sur le camp).

 

Le nettoyage des camps

 

Les opérations de nettoyage ont eu lieu dans la tension générée par une présence policière de plus en plus forte, des barrages, des déploiements de force jusque dans le casino indien voisin.

C’est pendant cette période que nous étions nous-mêmes sur place.

Il y avait beaucoup à démanteler et à nettoyer, et ce, notamment, parce que de nombreux Water Protectors avaient déserté les camps au plus fort de l’hiver (les températures descendant très bas dans la région et le blizzard faisant des ravages), pensant revenir au printemps récupérer leurs affaires prisonnières des congères et des glaces.

Nous avons pu observer directement l’embourbement progressif des camps qui décuplait la difficulté de la tâche. Le P. Floberg et plusieurs de ses paroissiens ont de nouveau répondu présents, aux côtés de Johnnie Aseron, coordinateur de camp, pour contribuer aux opérations et porter secours à tous ceux qui en avaient besoin. Pendant plusieurs jours on verra tous ceux restés sur les camps travailler sans relâche au démantèlement et au nettoyage, mais la deadline qui leur a été donné rendait impossible l’achèvement de leur tâche.

Holy Elk Lafferty, une mère de famille engagée dans le mouvement, tentera en vain d’obtenir une extension de la date :  https://www.youtube.com/watch?v=7x6Kw41dqrs&sns=fb

 

L’expulsion musclée des Water Protectors

 

Jusqu’à la dernière minute, de nombreux bénévoles, dont le P. Floberg, organiseront des navettes pour permettre aux gens de quitter le camp avant l’intervention des forces de l’ordre.

La plupart des Water Protectors iront se réfugier, au fur et à mesure de l’avancée de la garde nationale, vers le camp voisin de Sacred Stone, de l’autre côté de la rivière Cannon Ball gelée.

Cetains resteront sur les lieux, en attitude de résistance pacifique, attendant d’être arrêtés (pour la plupart des vétérans de l’armée américaine : mais aussi la vieille Regina, rescapée des incidents de 1973 à Wounded Knee.

Le déploiement de forces des autorités sera volontairement très spectaculaire : équipement tactique, armes à balle réelle, véhicules blindés, hélicoptère et snipers. Quelques arrestations auront lieu ce jour-là, mais aussi des violences symboliques (voir dans le lien la photo d’un tipee éventré au couteau de combat). Ces images ont réveillé, chez beaucoup d’Amérindiens présents sur les lieux, des souvenirs de massacres, de persécution et d’humiliations qui ne sont pas si anciens.

La plupart des Water Protectors ont pour leur part quitté le camp avant l’intervention armée, formant une longue colonne priante et chantante. Beaucoup de visages en pleurs, émotions lourde et palpable. En quittant les lieux, des Water Protectors mettront le feu à plusieurs installations selon leurs traditions ancestrales, pour rendre le campement à la terre :  

http://www.huffingtonpost.com/entry/dakota-access-pipelin...

 

 

 

3.  LEUR COMBAT N’EST PAS TERMINÉ

 

La grande marche du 10 mars à Washington D.C.

 

Une grande marche des Nations Natives est prévue la journée du 10 mars pour aller manifester jusque devant la Maison Blanche. Un rassemblement de prière oecuménique aura lieu la veille à la cathédrale épiscopalienne de Washington :

http://abcnews.go.com/US/standing-rock-fight-washington-m...

https://www.washingtonpost.com/local/standing-rock-sioux-...

 

Le mouvement "defund DAPL"

 

Depuis plusieurs mois, les Water Protectors ont engagés des démarches auprès des banques qui financent le projet, mais également auprès de leurs grands clients :  https://www.nytimes.com/2016/11/08/business/energy-enviro...

Banques engagées aux côtés d’Energy Tranfer Partners (document officiel) : http://governance.energytransfer.com/phoenix.zhtml?c=106094&p=irol-SECText&TEXT=aHR0cDovL2FwaS50ZW5rd2l6YXJkLmNvbS9maWxpbmcueG1sP2lwYWdlPTEwMDgwNDgzJkRTRVE9MCZTRVE9MCZTUURFU0M9U0VDVElPTl9FTlRJUkUmc3Vic2lkPTU3

 A noter les banques françaises : BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis.

 Parts respectives reconstituées dans le cadre d’une investigation de presse (difficile à vérifier, des évaluations parfois contradictoires d’un site à un autre, peut-être dues à des évolutions réelles de la structure des investissements dans un contexte tendu, mais la liste des financeurs reste identique) : https://indiancountrymedianetwork.com/news/native-news/bo...

Une première banque s’est désengagée du projet :  http://www.ecowatch.com/norway-dnb-dakota-access-pipeline...

(The largest bank in Norway, DNB, announced Thursday that it has sold its assets in the Dakota Access Pipeline, accounting for 10 percent of the total funding for the project”).

Le site  http://www.defunddapl.org/ propose un kit complet pour contacter les dirigeants des banques impliquées et un modèle de lettre de clôture de compte.

 

Seattle, la pionnière :   début février, Seattle retire la gestion de 3 milliards de dollars d’actifs à Wells Fargo pour lutter contre le projet DAPL.Peu de couverture par les grands médias, articles de médias locaux essentiellement :

https://indiancountrymedianetwork.com/news/native-news/bu...

http://www.nwcn.com/news/seattle-council-committee-votes-...

Sur le site de la mairie de Seattle :

http://council.seattle.gov/2017/02/08/councilmember-sawan...

 

New York, le « game changer » !   Lettre du maire de New York, Bill De Blasio, à 17 banques engagées dans le DAPL pour faire part de … 165 milliards de dollars d’actifs en tant que gestionnaire des fonds de pension des employés de la ville. Cette lettre a été envoyée aux 17 banques suivantes :  Wells Fargo, BNP Paribas, SunTrust, The Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, Mizuho Bank, Citibank (CitiGroup), TD Securities, Credit Agricole, Intesa SanPaolo, ING Bank, Natixis, BayernLB, BBVA Securities, DNB Capital, ICBC London, SMBC Nikko Securities, Société Générale

http://www1.nyc.gov/office-of-the-mayor/news/096-17/mayor...

http://www1.nyc.gov/assets/home/downloads/pdf/press-relea...

 

Réaction timide d’une banque française, la Société Générale : https://www.societegenerale.com/fr/s-informer-et-nous-sui...

 

 

 

4.   LES  WATER PROTECTORS

 

Différents profils

 

- Les Lakotas en tête, notamment les femmes (culture fortement matriarcale).

- Des « Native Americans » venus de plus de 200 tribus.

- Des écologistes et des militants engagés pour le respect des droits des peuples premiers, venant de l’ensemble des Etats-Unis et du monde entier.

 

Les valeurs

 

- Unity” : toute forme de division doit être évitée, la parole des anciens doit être écoutée, pas de leadership hiérarchique ni de structure pyramidale. Vie communautaire dans le respect de la tradition Lakota.

- Peace” : la non-violence est la règle de base de ce mouvement depuis son origine. Des formations et entraînement à la non-violence ont été dispensés sur les camps. Chacun doit être en paix avec lui-même pour garantir une paix collective

-Prayer” : la prière, les chants et les danses tiennent une place centrale dans ce mouvement. A plusieurs reprises, les Water Protectors sont allés prier aux abords des barricades pour les policiers qui leur faisaient face.

 

Les slogans

 

- “Mni Wiconi” = “water is life” en lakota :  cette phrase est le slogan qui assurent l’unité des Water Protectors de tous horizons autour de la cause centrale qu’ils ont choisi de défendre.  Les Lakotas, comme la plupart des Amérindiens, considèrent l’eau comme leur bien le plus précieux et comme un élément sacré. Elle est désignée comme la première médecine pour les malades.

- “I am my ancestor’s wildest dream” - “We are the descendant of those you could not remove” :  les native Americans sont marqués par le traumatisme inter-générationnel. Ils portent au plus profond de leur chair la mémoire de leur tragique histoire. La connexion à leurs ancêtres est primordiale pour eux, et les derniers massacres de Lakotas ne sont pas si anciens (1890 pour le grand massacre de Wounded Knee)

Chacun porte une histoire qui lui est propre, chacun explique son engagement à sa manière. Les profils sont variés : des anciens, un médecin, un vétéran des marines, des mères, un chanteur rituel, un enfant qui s’éveille au monde… Ce qui les caractérise tous c’est une grande détermination, une grande profondeur et une réelle bienveillance. On comprend très vite à leur contact qu’on n’a pas en face de nous des "militants" au sens courant du mot. Beaucoup de dignité, pas de politique, peu d’esprit partisan, pas de violence verbale ou d’outrances. Un état d’esprit recueilli et doux, proprement apaisant, et une vue qui porte loin.

 

 

5.  NOTRE PROJET

 

Naissance de notre projet

 

Nous avons commencé à nous intéresser aux Lakotas après avoir visité l’exposition consacrée aux Indiens des Grandes Plaines au musée du Quai Branly, il y a environ trois ans. Ressortant de l’exposition, nous avions lu avec intérêt les Mémoires d’un chef, de Luther Ours Debout.

Nous nous sommes ensuite abonné aux pages Facebook de quelques réserves : ce qui, de fil en aiguille nous a permis d’être informés des actualités de ces derniers mois. Anne Goyer étant une artiste particulièrement engagée dans les causes humanistes et à portée universelle, nous avons souhaité engager un projet artistique pour donner de l’écho au message des Water Protectors.

Nous avons passé une semaine sur place pour faire leur connaissance et les écouter, juste avant que le camp principal (Oceti Sakowin) ne soit démantelé par la police et l'armée américaines. Au fil de ces échanges, nous avons sélectionné sept Water Protectors pour réaliser leurs portraits dessinés, collecter leurs témoignages (de 4 ans à plus de 80 ans) et les partager à travers notre projet d'exposition.

Chacun d'entre eux apporte un éclairage personnel sur ce qu'il a vécu ces derniers mois dans les camps, sur les raisons de son engagement, et sur le message qu'il souhaiterait faire parvenir au monde quant à la protection de l'eau, et plus globalement au respect de la nature.

 

La muséographie envisagée

 

L'exposition sera constituée de sept portraits géants dessinés à la poudre de graphite sur papier marouflé (220*150 cm) complétés par des témoignages audio accessibles par des écouteurs.

Selon la structure traditionnelle d'un camp lakota (établie par l'observation des troupeaux de bisons lorsqu'ils sentent une menace), les portraits seront positionnés ainsi : l'enfant au centre, puis les anciens, les femmes, et enfin les guerriers à l'extérieur.

La poudre de graphite est très volatile et demande un travail extrêmement minutieux. Elle développe cependant un rendu très particulier qui évoque l'intimité, l'émotion et les souvenirs par son aspect évanescent. Elle permet une représentation très vivante des textures de la peau, convoquant ainsi une humanité incarnée.

Pour se faire une idée du rendu, on pourra observer des oeuvres produites avec les mêmes techniques à la faveur de la précédente exposition d’Anne GOYER : https://www.anne-goyer.com/exposition-exodus-2016

 

Les lieux d’exposition recherchés

 

A ce jour, deux lieux d'exposition sont d'ores et déjà programmés dans le sud de la France. Nous mettrons à profit le temps de réalisation des portraits pour développer davantage notre projet en allant démarcher de multiples lieux d'exposition en France, en Europe, et éventuellement aux Etats-Unis. Notre objectif est de faire voyager cette exposition et de faire connaître l'histoire de ceux qu'elle représente ! Des lieux institutionnels (UNESCO, Quai Branly, etc…) ou permettant une large diffusion auprès du public contribueraient significativement au succès de ce projet et à la diffusion du message des Water Protectors.

 

Quelques liens utiles pour en voir plus et nous soutenir :

 

► Site officiel de l’artiste :   https://www.anne-goyer.com/water-protectors

► Crowdfunding en cours :  https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/water-protec...

► Page Facebook officielle :  https://www.facebook.com/annegoyerartwork/

► Page Instagram : https://www.instagram.com/annegoyerartwork/?hl=fr

► Interview donnée au retour de voyage : http://fr.radiovaticana.va/news/2017/02/28/la_fin_du_comb...

► Documentaire ABC News sur les camps : http://abcnews.go.com/US/video/revealing-documentary-yout...

Etienne MARCHADIER, chef du projet etiennemarchadier@gmail.com

 

 

 

6.   CE QUE NOUS AVONS VÉCU & NOS REFLEXIONS

 

 La portée de ce que nous avons touché là-bas

 

-  Nous sommes profondément convaincus que ce que nous avons vu là-bas préfigure les nombreux combats qu’il faudra livrer partout sur la planète dans les décennies à venir pour la défense de l’environnement, la protection de la santé des plus faibles, et pour rappeler à la raison, à la modération et à la sagesse les représentants de grands intérêts économiques lorsque leurs projets les menacent.

 

-  Le caractère apolitique, indépendant, universaliste et non violent de ce mouvement nous paraît à la fois rare et précieux. Il nous prouve la faisabilité d’une mobilisation citoyenne non-partisane autour de grandes causes communes sur les thèmes environnementaux. Les convergences des Lakotas, d’autres tribus, de toutes les nations et de différents cultes semblent confirmer ce constat.

 

-  L’engagement aux côtés des Water Protectors de nombreux vétérans de l’armée américaine et d’une foule de ministres des cultes chrétiens (qu’on aurait pu supposer, dans les deux cas, proches de la sphère d’influence trumpiste) nous démontre très clairement que les lignes de fracture de la politique américaine sont tout à fait dépassables au service d’une cause plus grande et plus universelle.

 

-  Le poumon spirituel de ce mouvement permet d’envisager avec espérance des espaces où les différentes formes de spiritualité peuvent converger vers une même hauteur, une même aspiration à la paix au-delà de leurs différences historiques, culturelles ou institutionnelles, rappelant le célèbre aphorisme de Teilhard de Chardin : « Tout ce qui monte, converge ».

 

 

Ce qu’il y a d’unique et de très profondément inspirant dans la lutte de nos amis Lakotas :

 

- La vision développée sur les enjeux environnementaux des décennies à venir, et notamment sur l’eau

 

- L’ampleur de la mobilisation et son caractère continuellement pacifique malgré les violences subies et le contexte politique inquiétant

 

- Les trois valeurs des camps : Unité, Prière, et Paix ; et la portée universelle de leurs messages

 

- La beauté des convergences oecuméniques entre les cultes traditionnels sioux et de nombreux cultes chrétiens engagés à leurs côtés ; l’exemple inspirant et admirable du P. Floberg.

 

- La mobilisation puissante des vétérans en défense des Indiens violentés, leurs réflexions sur les « guerres du pétrole », les excuses bouleversantes présentées par une délégation de ceux-ci pour les traitements infligés par l’armée américaine il y a à peine plus de cent ans.

 

- La densité et la profondeur spirituelle du mouvement des Water Protectors y compris chez les jeunes, la conviction que c’est cet ancrage spirituel qui maintient les Lakotas à l’écart des violences et du marécage politique.

 

- Le réveil des cultures amérindiennes avec tout ce qu’elles portent de noblesse, de hauteur, de sagesse et de générosité.

 

- Une identité qui s’exprime par sa hauteur et son universalisme et non comme un signe de division, d’exclusion et de conflit.

 

- L’engagement des jeunes Lakotas, arrachés à la dépression et au chômage par cette haute lutte qui leur rend leur fierté et leur dignité !

 

- Une mobilisation intemporelle qui se fait en l’honneur des ancêtres et pour le bénéfice des petits-enfants. On a entendu des femmes sur les camps s’opposer à l’évacuation en répondant : « ça fait 500 ans que je suis ici ». Capacité des Lakotas à penser pour l’avenir, à se projeter sur des temps longs et à adopter une posture de sagesse...

 

- La grandeur d’âme de ce peuple qui a connu les pires traitements et qui vit aujourd’hui dans des réserves misérables (41% des habitants de Standing Rock vivent en-dessous du seuil de pauvreté), encerclées par une population brutale qui leur est fortement hostile : injures, racisme, disparitions…

 

 

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Commentaires

MAGNIFIQUE

> Quel magnifique mouvement ! Et combien indispensable. Se peut-il que des Américains n'aient pas encore compris combien l'eau est vitale, bien plus que le pétrole ? Mais quand l'argent est en jeu, le bon sens déserte.

Bernadette


[ PP à B. - D'autant que le shériff et les policiers du comté se comportent comme les 'bad guys' dans un film des frères Coen, d'après le récit que m'en a fait Etienne Marchadier ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernadette / | 08/03/2017

UN EXEMPLE

> Ce mouvement offre un exemple de la réunion de plusieurs vertus (que ne renieraient pas de vrais conservateurs) : l'enracinement paisible des Lakotas, le patriotisme bien senti des anciens combattants venus les soutenir, la coopération de plusieurs confessions chrétiennes.
Ce dernier aspect n'est pas sans rappeler (si j'ai bonne mémoire) une partie des propos tenue par le pape lors de sa rencontre avec des instances luthériennes à la Toussaint.
Pour conclure sur une note plus légère, le projet contre lequel luttent les Lakotas peut aussi faire penser à quelque passage de 'Tintin en Amérique' : si maintenant la réalité imite les bandes dessinées belges d'il y a quatre-vingts ans (mais bon, le 'Pays des Soviets' en avait déjà donné l'intuition)...
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Écrit par : Sven Laval / | 08/03/2017

L'ARGENT NE SE MANGE PAS

> "Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson sera pêché alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas."
Proverbe amérindien, Ô combien juste aujourd'hui.
Je leur souhaite bon courage et bonne chance.
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Écrit par : A L / | 08/03/2017

LE PAPE ET HERGÉ

> Ce mouvement offre un exemple de la réunion de plusieurs vertus (que ne renieraient pas de vrais conservateurs) : l'enracinement paisible des Lakotas, le patriotisme bien senti des anciens combattants venus les soutenir, la coopération de plusieurs confessions chrétiennes.
Ce dernier aspect n'est pas sans rappeler (si j'ai bonne mémoire) une partie des propos tenue par le pape lors de sa rencontre avec des instances luthériennes à la Toussaint.
Pour conclure sur une note plus légère, le projet contre lequel luttent les Lakotas peut aussi faire penser à quelque passage de 'Tintin en Amérique' : si maintenant la réalité imite les bandes dessinées belges d'il y a quatre-vingts ans (mais bon, le 'Pays des Soviets' en avait déjà donné l'intuition)...
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Écrit par : Tintin / | 11/07/2017

JE SUIS LAKOTA

> Je n'ai jamais accepté de dire "je suis Charlie" (je me sentais plutôt du côté du garde du corps assassiné dans sa mission de protection de "journalistes" irresponsables) mais je proclamerais volontiers "je suis Lakota".
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Écrit par : Bernadette / | 12/07/2017

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