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21/02/2017

Les catholiques, le débat politique et la dérive "identitaire"

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Résumé de mon intervention d'hier à une table ronde catholique

sur la dérive identitaire et la présidentielle :


 

 

Le climat entre les milieux politico-médiatiques français et l'Eglise catholique s'est détendu en 2016. Dans le contexte paradoxal des drames terroristes et de la crise du politique, les milieux officiels ont découvert que l'Eglise donnait la priorité non à ses propres soucis, mais au bien commun... Cependant cette découverte reste parasitée par la dérive de groupes privés qui se posent en "défenseurs de l'identité catholique" et pullulent dans la blogosphère : "catholicisme" du virtuel, souvent en désaccord avec l'enseignement de l'Eglise réelle.  Ce phénomène n'est que la version "catho" [*] d'un phénomène plus large, dont l'origine est ailleurs que dans le catholicisme.

1. Qu'est-ce que "l'identitaire" ? Ce n'est pas le fait d'assumer une identité. L'identitarisme est une idéologie politique partisane, qui se substitue - sous forme de fantasmes - aux véritables identités enracinées. Il peut s'appliquer au national, au régional, au culturel, au religieux. Mais il n'apparait que là où existe une impression (vraie ou fausse) de perte  d'une identité réelle, quelle qu'elle soit.

Explication :  la société occidentale actuelle, en proie à l'émiettement hyper-individualiste sous la pression de forces économiques, fabrique massivement cette impression de perte des identités enracinées. Cela dans tous les domaines... Comme dit Michéa dans son dernier livre : "Le primat structurel d'un idéal purement calculateur ou gestionnaire sur toute forme de réflexion morale, philosophique ou religieuse, constitue l'un des traits les plus caractéristiques de la société libérale moderne."

L'identitarisme se présente alors comme le moyen (prétendu) de ressusciter les identités, quelles qu'elles soient.

Mais c'est un ersatz : un substitut, un détournement au profit d'opérations plus ou moins politiques ; une caricature très déformée ; et surtout, le produit d'idéologies sans rapport avec l'identité en question. Exemple : les mouvements politiques identitaires se présentant comme "patriotes" français alors que leur idéologie est ethniciste : ce sont simplement des suprémacistes blancs, très inspirés de ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis ; et c'est une posture radicalement étrangère à l'histoire intellectuelle de la France. Notons que là où des valeurs d'identité enracinées sont toujours vivantes et fortes, l'ersatz identitaire n'existe presque pas : ainsi, sur le plan régional, en Bretagne, en  Corse ou au Pays basque.

Autre exemple, sur le plan religieux : les courants identitaires qui se disent catholiques mais rejettent le Magistère réel de l'Eglise... La version catholique de l'identitarisme apparaît là où un milieu se croit en charge d'incarner "le vrai catholicisme" - parce que ce milieu virtuel a coupé le contact avec l'Eglise réelle.

De quelle façon a-t-il coupé le contact ? En ne prenant pas au sérieux ce que l'Eglise réelle dit et fait. Voire en accusant l'Eglise réelle de ne pas dire et faire ce qu'elle devrait... (selon eux elle devrait aller dans le sens de leurs opinions, qui vont du libéral-conservatisme à l'extrémisme de droite). Le catholique identitaire du virtuel ne lit pas souvent les textes de l'Eglise réelle, mais écoute volontiers ceux qui les interprètent en les déformant. Il est lui-même victime du dessèchement spirituel occidental, mais n'en identifie pas les vraies causes économiques et sociales : il préfère accuser l'Eglise.

D'où une surenchère permanente sur les réseaux sociaux : surenchère qui ne cesse d'approfondir cette auto-désinformation. On sait que les algorithmes de Facebook, par exemple, fonctionnent en branchant les uns aux autres des "amis" censés se ressembler par leurs goûts et leurs centres d'intérêt : d'où une ghettoïsation numérique de gens qui surenchérissent indéfiniment sur les mêmes thèmes. Ainsi se crée une cathosphère artificielle, qui : a) fait écran entre l'Eglise réelle et l'opinion publique ; b) enferme les cathos identitaires dans une sorte de palais des miroirs.

Quelle sorte d'imagerie renvoient ces miroirs ?   L'identitaire étant un substitut à l'identité, ça introduit une contradiction dans tous les domaines : et spécialement dans le catholicisme. L'identitaire fonctionne en effet comme une mythologie passéiste : "Il existe des mythes de droite : le refus d'un certain nombre de réalités actuelles et l'exaltation d'un passé transfiguré" (Raymond Aron).  Or la foi au Christ est l'inverse d'un passéisme : à chaque époque, elle apporte des réponses nouvelles aux problèmes de société toujours inédits. Par exemple, aujourd'hui, l'écologie intégrale de Laudato Si' apporte une réponse actuelle aux problèmes (sans précédent) de la planète et de nos sociétés...  Mais un certain nombre de cathos français ne semblent pas en avoir conscience.

 

2.  Qu'est-ce qui brouille la lucidité ? Une angoisse diffuse devant un monde hostile. Le besoin de se rassurer avec une vision du monde simpliste et autoritaire. (Vision pas si différente, finalement, de celle des islamistes qu'ils croient combattre).

La peur, mauvaise conseillère, est à l'origine de toutes les dérives ; la dérive identitaire chez des catholiques les mène vers une religiosité servant de prétexte à autre chose que la foi :

- religiosité d'imagerie historicisante, donc vidée de l'essentiel ;

- religiosité faite pour sacraliser des opinions politiques et économiques, souvent en contradiction avec la doctrine sociale de l'Eglise ;

- opinions menant des identitaires chrétiens à pactiser avec des identitaires qui, eux, sont de la variété antichrétienne : celle qui prône un culte de l'obscur rebaptisé "populisme", irrationnel brutal menant à justifier n'importe quoi (des catholiques idolâtrant par exemple Trump ou Wilders) ;

-  psychiquement, l'identitarisme mène en effet à libérer l'obscur. Il s'agit toujours de rejeter un surmoi qui bridait les instincts : d'où, dans le cas de catholiques, une rupture inconsciente avec l'Evangile, qui, lui, appelle à autre chose. (Et l'Evangile devrait être tout autre chose qu'un surmoi : mais pour cela la foi devrait être adulte).

 

3.  Sur le plan du débat politique et des débats de société, quels sont les effets de la dérive  identitaire chez les catholiques ?

Le plus évident est le refus de toute mise en cause du système économique  : d'où rejet de la DSE réelle (et allergie à l'enseignement du pape François).

Ce problème pourtant essentiel – l'emprise du système économique sur tous les aspects de notre existence aujourd'hui - n'a pas d'importance aux yeux des identitaires. Il doit même être zappé, puisque sans rapport avec les seules choses qui comptent : exalter le passé et les instincts.

 Ainsi certains catholiques récusent les directives économiques et sociales de François : pape qui déplaît beaucoup aux identitaires... Au salon du livre chrétien de Dijon en décembre, l'un d'eux me dit : "Cette encyclique Laudato Si' a du mal à passer". Il ne l'avait pas lue. Ni d'ailleurs Caritas in Veritate ou Centesimus Annus !

Ceux qui sont allergiques au pape vous diront qu'on n'a pas à tenir compte du Magistère économique, écologique et social puisque "ce ne sont pas des dogmes"..Mais tout catholique devrait savoir que sa loyauté ne se limite pas aux dogmes : et que, oui, le Magistère a divers degrés d'autorité, mais qu'on n'en doit mépriser aucun.  La doctrine sociale de l'Eglise doit "inspirer la conduite des fidèles", souligne le Catéchisme (§ 2422), parce qu'elle est un enseignement de l'Eglise relevant de la théologie morale. C'est même une "partie essentielle du message chrétien », constate Jean-Paul II (Centesimus Annus) ! Dans l'exhortation Christifideles laici de 1988, ce même pape précise que la doctrine sociale de l'Eglise est là pour "former la conscience sociale" des laïcs à l'aide "de principes de réflexion, de critères de jugement et de directives pour l'action".

Les principes de Centesimus Annus, puis de Caritas in Veritate, puis de Laudato Si', sont les mêmes. Ainsi que les constats économiques et scientifiques : quand Laudato Si' fulmine contre le saccage de la planète, c'est dans le droit fil du message de saint Jean-Paul II du 1er janvier 1990. Quand François critique le productivisme consumériste et l'ultralibéralisme financier dans Laudato Si' ou Evangelii Gaudium (§ 53 s.), il ne fait qu'actualiser et renforcer la critique constante de l'Eglise envers le libéralisme ! Critique traditionnelle, d'ailleurs, puisqu'elle fut amorcée en 1891 par Léon XIII dans Rerum Novarum, qui renvoie dos à dos le collectivisme et le capitalisme libéral.

Conclusion 1 : l'identitarisme en milieu catholique est un problème dont on ne doit pas s'exagérer l'importance, mais qu'on ne peut pas non plus minimiser  - parce qu'il engage la foi des personnes concernées, et l'image des catholiques vis-à-vis des non-croyants qui sont l'écrasante majorité de la population.

Conclusion 2 : l'identité du chrétien, c'est le Christ. Exprimer cette identité dans le débat politique, c'est témoigner de ce que le Christ propose aux gens dans leurs responsabilités morales, donc aussi citoyennes. Et ça mène très loin d'une idolâtrie des forces obscures - même déguisées en "identité".

 

 

Résumé de mes deux autres interventions lors du débat :

 

►  Le problème identitaire n'est pas secondaire. Tant que les médias réduiront les questions religieuses à des questions identitaires, il sera difficile d'aider les non-croyants à découvrir ce qu'est réellement la foi catholique. Exemple : en janvier, LCI organise une table ronde sur le coming-out de Fillon ("gaulliste et chrétien") ; il y a quatre invités dont un musulman, une juive et deux catholiques dont moi. Je suis le seul à expliquer que l'allusion de Fillon au christianisme ne visait qu'à se disculper d'être anti-social ; les trois autres invités (dont l'autre catholique) font chorus pour proclamer - à tort - que Fillon a fait de l'identitarisme catho. "C'est très mal", disent les deux non-chrétiens. "C'est très bien", dit l'autre chrétien... Navrant : débat obstrué.

►  La dérive identitaire est une vieille tentation catholique. Après la mise à l'Index de l'Action française en 1926, Maritain dissèque le problème en deux textes remarquables : Pourquoi Rome a parlé et Une opinion sur Charles Maurras et le devoir des catholiques. Or ce qu'il met au jour dans le maurrassisme de 1926 (par rapport au christianisme catholique) s'applique presque intégralement à l'identitarisme de 2017... Dans les deux cas, un paganisme politique piège les "cathos" à coups d'images d'Epinal, en exploitant l'erreur d'un désir de "revanche" catholique dont la réaction politique serait la condition. [Or "le politique n'est pas l'instrument du Royaume de Dieu", souligne Joseph Ratzinger dans L'Europe, ses fondements : aujourd'hui et demain (Parole et Silence 2005), souligne le P. Matthieu Rougé].

La controverse entre laïcs catholiques est souvent - quoique pas toujours - nécessaire et salubre. Comme dit le passage du Lévitique (19 2,17-18) lu dimanche dans les paroisses : "Admoneste ton concitoyen, et tu ne porteras pas de faute pour lui..." [**]

 

_________

[*]  Comme dit le P. Rougé, "catho" est tribal alors que "catholique" désigne l'universel.

[**]  trad. Chouraqui. 

 

Commentaires

D'ACCORD, MAIS...

> Le blog de PP est l’un des trois sites internet que je consulte quasi chaque jour depuis des années.
Je partage l’essentiel des analyses qui y sont faites et j’ai une sensibilité politique plutôt à gauche.
Nous sommes d’accord que la cause de tous les maux de notre époque est le libéralisme. Je partage les inquiétudes du Saint Père concernant l’environnement et je le suis entièrement dans sa critique du libéralisme.
Ceci étant dit, je n’apprécie pas cette opposition constante que fait PP entre les gentils chrétiens progressistes et les méchants identitaires de droite. Il y a là une polémique non constructive. Nous sommes si peu nombreux qu’il est l’heure de se ressembler et non de se diviser.
Je ne crois pas que si on est « identitaire » on n’est nécessairement de droite ou d’extrême droite. Oui notre seule identité c’est le Christ mais avec tout ce que cela implique.
Je prends un exemple concret. Ici, en Belgique, une association va organiser une journée sans viande pour réduire son empreinte écologique : http://www.lalibre.be/actu/planete/jours-sans-viande-le-nouveau-defi-lance-pour-reduire-son-empreinte-ecologique-58aae3e8cd703b981556fe70
L’année passée cette campagne avait été suivie par plus de 90 000 personnes en Flandre. Et l’objectif est de l’étendre cette année à la Wallonie et à Bruxelles.
En soi, c’est une bonne initiative. Sauf que la période des 40 jours choisis sans viande correspond au carême et que la manifestation n’a absolument aucun caractère religieux comme s’en revendiquent les organisateurs.
Mon côté « identitaire » me faire dire que c’est une récupération du carême par les post-modernes et cela m’attriste l’oubli du vrai sens du carême et l’oublie du Christ en quelque sorte.
Je pourrais multiplier les exemples. Oui à une politique engagée envers les plus pauvres, pour l’environnement ; c’est la priorité. Mais n’oublions pas notre identité chrétienne et notre Seigneur Jésus qui est la source de tout ce combat pour la Justice et la planète.

LW


[ PP à LW :
Parfaitement d'accord avec vous, sauf sur un point : je ne parle jamais de "gentils" chrétiens "progressistes". Ni de "méchants" identitaires ! Parler de gentils et de méchants serait une peu chrétienne absurdité. Il n'y a d'ailleurs pas deux "partis" en opposition : il y a le Magistère de l'Eglise et le problème de sa réception (ou non-réception) dans tel ou tel milieu... C'est une question de faits, nullement un procès d'intention. Quant au label "identitaire" : 1. il désigne le fait non pas d'assumer une identité, mais de la pervertir ; b) ce n'est pas moi qui ai inventé ce mot : ce sont les identitaires eux-mêmes. Et comment analyser un problème sans les mots pour le dire ?
Au débat auquel je participais hier, un religieux de Louvain nous a exprimé sa vision de ce problème : elle converge avec ma propre analyse, comme il a eu la bienveillance de le faire remarquer. ]

réponse au commentaire

Écrit par : L.W. / | 21/02/2017

SUR FACEBOOK

> Cette note suscite des messages sur Facebook. Par exemple celui-ci, avec ma réponse :

De Nicolas de Rauglaudre
"Merci de votre riche analyse que je partage. Seul souci : peut-elle convaincre les intéressés ? ? ! Mais vous avez raison de lutter contre certains courants qui circulent sur les réseaux sociaux !
À propos, 'Laudato si' n'est pas une réponse, me semble-t-il, mais plutôt une proposition (très pertinente). Bien à vous."

De PP à Nicolas de Rauglaudre
"Convaincre les intéressés ? Dur, mais espérons. Le plus pénible est ailleurs : dans l'attitude de notables "modérés" qui refusent d'admettre qu'il y a un départ de feu, et renvoient dos à dos incendiaires et pompiers. À leurs yeux d'ailleurs les plus suspects sont les pompiers. Inutile de préciser que ces notables aimeraient bien (sans le dire trop fort) "l'union de toutes les droites"..."
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Écrit par : PP / | 21/02/2017

@ LW

> Je ne comprend pas votre "rejet". Je trouve plutôt bien que cette action soit menée pendant le carême, plutôt que en dehors. Imaginez qu'elle eu commencée juste après Pâques !? Si la concomitance des périodes est due au hasard tant mieux, sinon c'est le fait de prendre en compte ce que propose l'église et à quelle période (ce qui semble être le cas), c'est une marque d'attention.
Ceci étant faire maigre sans coupler cela à une attitude plus priante n'a évidemment pas le même sens (de même j'ai l'habitude de dire aux musulmans que faire le ramadan sans prier, n'est pas une démarche de foi).
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Écrit par : franz / | 21/02/2017

SECRET DE POLICHINELLE

> Pour un ancien du GRECE, l'identité est importante !

Lavallent


[ PP à Lavallent - Cet épisode d'il y a quarante ans étant notoire, veuillez m'indiquer en quoi consiste votre argument. ]

réponse au commentaire

Écrit par : lavallent / | 21/02/2017

À LILLE

> On vous attends avec un très grand plaisir à Lille.
A bientôt.
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Écrit par : elgringos777 / | 21/02/2017

@Lavallent

> il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis... à vous de voir dans quelle catégorie vous vous situez ?....
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Écrit par : Tangui / | 21/02/2017

DISCUSSION

> L'identité du chrétien c'est le Christ, mais chacun exprime sa foi avec son génie personnel, et chaque nation avec son génie national ? À moins que vous ne considériez qu'on ne peut pas souscrire au roman national sans verser dans l'idolâtrie ?
Renouer avec ses origines peut être un moyen pour certains « identitaires » de renouer avec la foi. Attention à ne pas couper le fil assez ténu qui les rattache au Christ en présentant le christianisme comme une abstraction, alors que celui-ci fut profondément enraciné.
(Je caricature, et même je déforme à dessein votre propos).

Ghislain


[ PP à Ghislain

- Merci de me donner l'occasion de préciser ce que je disais.
- J'ai indiqué clairement (mais sans le développer) que l'identitarisme N'EST PAS le fait d'assumer une identité. L'identitarisme est une DÉFORMATION du légitime besoin d'identité.
- Le pape François est très net sur ce sujet : non seulement les identités (populaires, culturelles, nationales) ne sont pas un inconvénient, mais elles font partie de la condition humaine. Transfigurée par la foi, la condition humaine n'en reste pas moins INCARNÉE. D'où l'aphorisme bergoglien : "La patrie est un don, la nation est un devoir".
- Il faut donc cesser la complaisance consistant à faire cadeau de l'identité aux identitaires. Ils n'ont pas plus de droit de propriété sur l'identité, que le FN sur le patriotisme. Il faut aussi arrêter de croire que critiquer l'identitarisme reviendrait à rejeter le "concret" ! (Il y a un demi-siècle, les progressistes aussi accusaient l'anticommunisme d'être un "rejet du concret").
- Il faut plutôt sauver la notion d'identité de toute confusion avec l'idéologie identitaire.
- Quant au fait que l'identitarisme serait une voie de conversion chrétienne, je n'y crois pas une minute. C'est l'inverse : la conversion commence avec la rupture avec l'identitarisme... Je le sais en tant que converti des années 1980 : j'ai connu passagèrement le catholicisme identitaire d'alors et ses chapelles, j'ai pris conscience de son enfermement "tribal", et c'est seulement à partir de cette prise de conscience que je me suis réellement engagé dans la conversion chrétienne...
- L'enfermement se manifeste aujourd'hui quand de jeunes "cathos" identitaires préfèrent leurs homologues antichrétiens à des chrétiens non identitaires, et quand des universités d'été "catho-identitaires" cultivent des rites empruntés aux identitaires antichrétiens... Ce processus est de nature à éloigner de la foi au Christ, et non à en rapprocher. Faites un tour sur les vrais sites identitaires : vous verrez avec quel mépris ils parlent de l'Eglise réelle et des chrétiens croyants.
- D'où l'utilité du livre de Le Morhedec. Quand des clercs reprochent à ce livre de parler "de groupes inconnus de tout le monde", ils manifestent simplement leur refus de s'informer... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ghislain / | 21/02/2017

ENTRE SOI

> Sur votre réponse à Ghislain, en particulier sur le dernier point :
J'avais personnellement tendance, a priori, à partager le reproche fait par "des clercs" au livre de Le Morhedec (tout en trouvant fort justes ses arguments)... jusqu'à il y a une dizaine de jours où, à la sortie de la messe, je fus abordé par un monsieur à l'air fort convenable qui rôdait à quelque distance des grilles de l’église et me tendit un tract de "TV Libertés", qu'il me présenta comme la chaîne de télévision (sur Internet) "catholique et patriote". A la lecture du tract, j'ai pu découvrir "la télévision des familles et des traditions", présentation accompagnée de ce soupir d'aise : " Enfin une télévision qui vous ressemble ".
Sur ce dernier point, je ne me prononcerai pas : je ne suis pas allé y voir ; quel serait, le cas échéant, l'intérêt de regarder une télévision "qui me ressemblerait" ? Peut-être est-ce là un biais intéressant à mettre en évidence auprès des identitaires pour les ramener à quelque lucidité : ils perdent énormément de temps à se contempler eux-mêmes - ou à contempler une image idéalisée d'eux-mêmes qu'ils se font.
______

Écrit par : Sven Laval / | 21/02/2017

L'ABBÉ LEMIRE

> J'ai passé l'après-midi dans la maison-musée de l'abbé Lemire, à Hazebrouck, à découvrir la vie de ce grand homme auprès d'un spécialiste passionné et passionnant.
D'un patriotisme universaliste, prêtre frappé de suspense ( levée par Benoît XV), parce que député, il allie social, enracinement à la terre nourricière et foi, face à un libéralisme d'une violence inouïe, alors que de tous bords on use d'une intolérance morale inquisitrice (ainsi les curés demandent avant de donner l'absolution quels journaux lisent leurs ouailles, et la refusent à ceux qui lisent "Le Cri des Flandres", oeuvre de l'Abbé Lemire).
J'ai pu admirer le drapeau tricolore, frappé de la faucille, de la gerbe de blé, du chapeau du jardinier et autres symboles bucoliques des jardins ouvriers. Contempler une statue de Jeanne d'Arc à côté de paysages d'Orient, méditer devant le chemin de croix de sa chapelle privée, où Simon de Cyrène porte le casque du mineur.
Nous avons dans notre histoire des pistes de réponses aux questions que posent les identitaires, qu'il est temps d'aller chercher chez ces héros"martyrs" de l'intérieur, prêtres ouvriers comme députés ou médecins (Gustave Lancry et son terrianisme). Plus encore c'est le moment de nous inspirer de l'esprit qui les animait, et de leur demander, par la communion des saints et des pécheurs, de nous ouvrir le coeur et l'esprit pour mener les bons combats.
Cher Patrice qui venez bientôt à Lille, si vous avez l'occasion de passer par Hazebrouck, ville de l'abbé Lemire, ce sera avec joie !
______

Écrit par : Anne Josnin / | 21/02/2017

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