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08/01/2017

40 ans après : les "conservateurs" en train de réinventer l'impasse lefebvriste ?

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Le blocage anti-François, comme en 1970 le blocage anti-Paul VI :


 

 

On le voit dans la presse (Le Monde du 7/01 après Valeurs actuelles du 5/01) : les "conservateurs" font un mauvais procès à François.

Il ressemble au mauvais procès fait à Paul VI par les "conservateurs" des années 1970...

Dans les deux cas, on  affabule pour diaboliser. Cible : la nécessité des renouvellements dans l'Eglise ; et tant pis si cette nécessité jaillissait de l'Evangile.

 

► Vers 1970, la confusion mentale régnait déjà chez les grands-parents de nos "conservateurs". Ils s'en prenaient à Paul VI et à Vatican II : c'est-à-dire au chantier de rénovation et de ressourcement de l'Eglise, voulu par elle pour évangéliser le XXIe siècle. Que reprochaient-ils à ce chantier ?  d'être une "subversion" ! En guise de preuve, ils énuméraient les saccages commis dans le catholicisme français depuis 1968. Mais précisément ces saccages étaient l'oeuvre de l'esprit de 1968 : maquillé par des catholiques en "esprit du concile", il réalisait l'inverse de que ce que le concile avait demandé... Cela n'empêchait pas les catholiques conservateurs et les médias "progressistes" - paradoxalement d'accord sur un faux-semblant - d'affirmer ensemble : "Paul VI subvertit l'Eglise". Les médias s'en félicitaient. Les conservateurs s'en indignaient. Confusion générale.

Cette confusion ouvrit la voie au courant lefebvriste : dès 1970 naissait le séminaire d'Ecône. On connaît la suite : les plus conservateurs se sont engouffrés dans l'impasse d'un semi-schisme dont ils ne sont toujours pas sortis en 2016 - même si le pape François (qu'ils couvrent de mépris sur leurs sites) tente de les y aider.

Le lefebvrisme niait qu'une réforme soit nécessaire à l'Eglise pour pouvoir remplir sa mission : "Ecclesia semper reformanda est", dit pourtant saint Augustin. Nier cela revenait à récuser le réel au nom d'un fantasme, à prendre l'Eglise pour un musée des nostalgies, et à renier Celui qui dit dans l'Apocalypse (21:5), "Voici que je fais toutes choses nouvelles".

 

► En 2017, le même engrenage se remet à tourner. Le pseudo-dossier de Valeurs actuelles (notre note du 6/01) ressemble à la littérature lefebvriste d'il y a quarante ans : mêmes réflexes, mêmes préjugés, même partisanerie. La haine obtuse envers le pape François ressemble à la haine obtuse envers le pape Paul. Le même microcosme sociologique (une fraction ultra-droitière de la bourgeoisie catho) recommence à s'organiser pour une "soustraction d'obédience", comme on disait au XIVe siècle... Une fraction (heureusement infime) du clergé français sert d'aumônerie à cette impasse ; une autre fraction aperçoit l'engrenage (et le déplore), mais minimise le danger alors que la foi est en cause  - comme Erwan Le Morhedec l'explique dans son livre [*].

Car le catholique d'extrême droite n'est pas un catholique "plus radical" : c'est un catholique qui s'éloigne du catholicisme, et qui s'enfonce dans l'impasse relativiste. Préférer un antichrétien "de droite" à un chrétien "de gauche", c'est du relativisme. Publier dans une revue catholique (de droite) les articles du numéro 1 de l'anti-christianisme intellectuel (de droite) - et appeler ça "un honneur" -,  c'est du relativisme au carré...

La dérive va donc loin. Mais au lieu de constater ce qui se passe à l'ultra-droite et que dénonce le livre de Le Morhedec, Le Monde du 7/01 en cache la gravité. L'article fait croire qu'il s'agit de peu de chose ("les cathos de droite se déchirent à propos de l'immigration"), alors qu'il s'agit d'une crise intellectuelle, morale et spirituelle en gestation. J'en reparlerai dans quatre jours.

 

_____________

[*]  Identitaire - Le mauvais génie du christianisme (Cerf) :  livre dont traitera ma note du jeudi 12 janvier.

 

 

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19:30 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : catholiques

Commentaires

LA BANDE NOIRE

> Eh oui ! On voit à Malte, dans le rôle de Tullius Détritus (les lecteurs d'Astérix comprendront), celui qui aime se pavaner en capa magna et dentelle, et qui se prend pour un nouveau Lefebvre : il a déjà réussi à semer la zizanie dans l'ordre de Malte en se prévalant d'un mandat papal qu'il n'avait pas pour faire virer le n°2 de l'Ordre.
Le reste de cette camarilla ne vaut guère mieux et s'oppose au pape pour exister, en ados pas encore adultes malgré leur âge, avant de rejoindre bientôt la pitoyable cohorte des sédévacantistes.
Pas de surprise si 'Le Monde' n'y comprend rien : lire l'excellent post de René Pujol : http://www.renepoujol.fr/des-cathos-ils-ne-savent-rien-mais-ils-diront-tout/
Le vrai problème est qu'ils entraînent avec eux des gens dont certains sont de bonne foi. Mais les pharisiens aussi entraînaient des gens de bonne foi avec eux. C'est ceux-là qui sont entrainés de bonne foi dont il faut se soucier.
______

Écrit par : lecteur et acolyte / | 08/01/2017

CABALE

> Je n'ai pas encore lu le dossier de 'Valeurs actuelles' (je vais essayer de l'emprunter à quelqu'un, ou de le lire dans une maison de la presse...).
Cette cabale contre le pape François (avec le caractère déformant de toute polémique sur le net, on ne sait pas combien de personnes sont réellement impliquées) est, je crois, plus lourde de conséquences que celle qui a frappé Paul VI. En effet, à l'époque, la France n'était pas encore totalement déchristianisée. Alors que maintenant... donner une telle image de l'Eglise et des chrétiens dans un pays où la quasi-totalité des gens ignorent tout de la foi (il ne faut pas se leurrer... quand on ne vit pas dans une bulle géographico-sociologique, on se rend bien compte de la catastrophe) est proprement criminel !
Chose vécue ce samedi, dans la salle de lecture "adultes" de ma médiathèque de banlieue : un jeune ado (12, 13 ans ? ), apparemment d'ascendance maghrébine, demande à consulter la Bible (il avait été envoyé là par le responsable de la salle "enfants/jeunes"). Le bibliothécaire (30-35 ans) va la lui chercher (traduction Chouraqui). Mais au jeune qui lui demande s'il y a bien dedans et l'ancien et le nouveau testament... Il ne sait que répondre. Il ouvre le Livre, hésitant, dubitatif... t il reconnaît qu'il "sèche". Là, je suis bien obligé d'intervenir, pour confirmer que la bible ouverte devant le bibliothécaire est bien complète. Le jeune demande également à voir le Coran. Croisé quelques dizaines de minutes plus tard, il m'interpelle et me dit (en substance) qu'il doit choisir s'il doit devenir chrétien et musulman, et qu'il doit lire les deux livres... Je me trouve un peu c.., je luis dis qu'il ne peut pas aborder les écritures saintes comme ça, et qu'il doit demander au personnel de la bibliothèque de lui indiquer des ouvrages... d'introduction. Sur ce, je le confie à la Providence.
J'ai bien sûr demandé à mon ange gardien de me permettre de le recroiser...
Tout cela pour dire que le chantier est immense. Pas de temps à perdre pour des c... ies mortifères.
Comme l'écrit (en filigrane...) le P. Bonnet, nous devons renoncer à refonder une chrétienté fantasmée - voire même à voir notre pays se redresser - pour semer, humblement... en sachant que vraisemblablement nous ne verrons pas les épis lever (même si Marthe Robin aurait assuré à Yannik Bonnet - 85 ans - qu'il verrait le renouveau de la France de son vivant).
http://www.yannikbonnet.com/Face-aux-multiples-dangers-comment-nous-proteger-en-2017_a349.html

Patrice, sous une note précédente, vous aviez appelé de vos voeux l'institution d'une véritable "formation fondamentale "des chrétiens, plutôt que des "bricolages psychologiques". Heu... tout cela existe. Mais, qui a le temps de faire un cycle C à la catho, qui a les moyens de passer une année en Suisse, pour suivre les enseignements de Philanthropos ?

Feld


[ PP à Feld - Sur le dernier point : c'est bien pour ça qu'il faut trouver d'autres canaux. Plus légers, plus mobiles, et... gratuits ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 08/01/2017

SOMBRE MYSTÈRE

> Comme l'a écrit VF sous une autre note, la vision qu'ont des chrétiens la plupart de nos contemporains est très liée à celle qui est véhiculée par les médias.
Hypocrites, plutôt friqués, et, pour les prêtres... pédophiles.
Avec une nouveauté qui vient de sortir (? ) : le prêtre BDSM et proxo.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/01/06/de-padoue-au-cap-d-agde-la-vie-secrete-du-cure-proxenete_5058635_3214.html
http://www.ladepeche.fr/article/2017/01/04/2490185-cap-agde-pretre-italien-accuse-orgies-sexuelles-proxenetisme.html
Terrifiant si avéré (et il semblerait que ce le soit). Que peut-il se passer dans la vie et dans la tête d'un prêtre de la génération Jean-Paul II (48 ans), pour en arriver là ?

Feld


[ PP à Feld :
Mystère d'iniquité.
Dégénérescence de la société européenne ?
"Adieu vieille Europe / Que le diable t'emporte..."
(chant légionnaire) ]

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Écrit par : Feld / | 08/01/2017

CONSTATER N'EST PAS "SE FAIRE PEUR"

> Est-ce qu'on ne se fait pas un peu peur ici ? Dans les années 70 le schisme a été "permis" par des dérives graves sur le plan liturgique et pastoral. Ici rien de tel, ce qui fait que tout cela reste l'excitation d'un petit milieu bruyant (et qui n'a lu que quelques citations choisies du pape).
Je crois que comme vous le dites depuis longtemps le vrai sujet de la bourgeoisie catholique est son rapport au libéralisme et à l'écologie, or ceci n'est pas un sujet de l'ultra droite, cela passe aussi par Macron, Fillon et beaucoup d'autres.

Ludovic



[ PP à Ludovic :

En effet : Macron, Fillon et beaucoup d'autres, etc.
Mais :
- le macronisme n'est pas un danger pour la foi chrétienne ; c'est juste le vieux Mammon déguisé en jeune.
- le fillonnisme est déjà plus insidieux. Conversation entre jeunes bourgeoises cathos, entendue tout récemment : "Je vote Fillon" - "Mais il n'est pas avec le pape sur le social et l'économie ?" - "Ça on s'en fout, Fillon c'est enfin quelqu'un comme nous."
- Quant à l'identitarisme (tendanciellement plus répandu que vous ne semblez le croire), c'est le piège mortel d'un catholicisme devenant coquille vide :
1. "catholicisme" sans foi personnelle en Jésus-Christ ;
2. "catholicisme" assorti de postures contraires à l'Evangile,
3. "catholicisme" dressé contre l'Eglise réelle (le livre de Dandrieu).

Constater ça n'est pas "se faire peur". C'est faire notre devoir de chrétiens, dans la ligne des Actes et des lettres de saint Paul aux communautés. ]

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Écrit par : Ludovic / | 09/01/2017

ÉTAT DES LIEUX

> J'imagine que vous parlez de 'La Nef' et de l'article d'Alain de Benoist. Très bizarre cette revue : je l'ai connue grâce à vous, qui citiez des dossiers sur l'écologie, le libéralisme, la décroissance... Je m'étais abonnée, mais n'avais pas renouvelé, ayant été choquée par la "bénédiction" envoyée par l'abbé HB à Alain Soral (!). Curieux ce retour un peu brutal à l'extrême droite.
Il y a un point cependant que vous n'expliquez pas (ou alors je ne comprends pas): c'est le cas Jacques de Guillebon. Vous parlez sans cesse de "niche sociologique", évoquant ces cathos bourgeois refusant les discours du pape sur le capitalisme. Jacques de Guillebon écrit au contraire dans l'édito qui a agité tant de monde que les discours de François contre le capitalisme "font du bien". On sait qu'il est proche de Marion Le Pen. En est-il le "plus proche conseiller" comme l'écrit Koz? Franchement cela m'étonnerait vu le libéralisme économique atavique de la donzelle (en opposition avec sa tante, apparemment en tout cas), ou alors il est peu persuasif. Ou alors c'est elle qui l'a convaincu? En revanche, Koz ne cesse de défendre Sens commun, Fillon, etc. Cela n'invalide pas ce qu'il dit sur l'identitarisme, mais il y a ici un étrange paradoxe, car sens commun n'est pas plus "François" que "La Nef" (mais pour des raisons différentes). Curieux chassé-croisé.
Bref, n'est-ce pas un raccourci et une facilité de tout rabattre sur la "niche sociologique" qui, forcément, penserait à son portefeuille et utiliserait la chrétienté pour défendre le capitalisme? Guillebon n'est clairement pas de ce côté - ou alors il cache son jeu? Sa violence était choquante dans son édito. Cependant, avec plus de doigté, Brague n'avait pas dit des choses très différentes concernant la comparaison entre violence de l'Islam et fiancé catho frappant sa fiancée (l'erreur de traduction ne change rien au problème, puisque la question du journaliste n'était pas "statistiquement, les musulmans sont-ils plus violents que les autres?" mais "la religion musulmane est-elle porteuse intrinsèque de violence?"), car tel était l'événement initiateur des fulminations de Guillebon. Brague est-il un Guillebon plus poli et moins éructant rhétoriquement? Certains lecteurs ici l'ont suggéré dans certains commentaires. Faire de Brague un identitaire me paraît quand même bizarre, même si certains ont osé dans l'affaire "Aristote au Mont Saint Michel".
J'en viens ainsi au dernier point qui m'a frappée lors du dernier "débat de la semaine" auquel vous ne participiez pas : la confusion ou l'ambiguïté permanente sur le terme "identitaire". S'il s'agit des derniers maurrassiens, il y en a 1000, 2000 à tout casser, et peut-on vraiment parler de "tentation de l'Eglise"? S'il s'agit des catholiques qui votent ou ont voté FN, on ratisse plus large, mais les identitaires sont minoritaires au FN (n'importe qui allant voir de temps en temps le salon beige sait que le site conspue la ligne Marine). Les électeurs cathos du FN identitaires sont sans doute également minoritaires. (Marion est identitaire, je suppose, même si elle n'est pas très maurrassienne). S'il s'agit de tous ceux qui pensent qu'on est plutôt un pays de tradition chrétienne au sens le plus banal de l'expression (qui explique qu'on chôme le dimanche plutôt que le vendredi, même s'il n'y a plus ou très peu de messalisants), et que voir la mairie de Paris supprimer la crèche de l'Hôtel de Ville mais fêter le ramadan est choquant, on classe dans les identitaires Finkielkraut et une bonne partie de la population : assez périlleux... Certains disent que Finkie est un ethniciste proto-nazi : quand on a dépassé les bornes, plus de limite. Bref, je suis comme Alex : je me demande si la "grande tentation identitaire" n'est pas tout simplement gonflée par l'effet "réseau social" : dans ma paroisse de province, je n'ai pas encore rencontré (ou je n'ai pas reconnu) le catholique au couteau identitaire entre les dents près à scalper l'arabe du coin au nom de la chrétienté.
J'arrête mon post long, et qui devient du coup très confus.

Maud


[ PP à Maud :
Merci au contraire de ces réflexions riches, argumentées et stimulantes.
N'ayant pas rencontré J. de Guillebon depuis longtemps, je ne sais où il en est et je ne m'explique pas ses contradictions (deux bons éditos après l'infamie de septembre).
Mais beaucoup de gens sont contradictoires...
Sur le cas Fillon, d'où secondairement le cas Jessey, j'ai une autre analyse (au choix : réaliste, blasée, lucide, pessimiste ou cynique) que mes amis Le Morhedec et Hude.
Le cas Brague ou celui de Paul Thibaud (que j'ai rencontré la semaine dernière à LCI) me déconcertent : comment croire qu'ils puissent ne pas comprendre l'âme de l'apostolat du pape, au point de coincer sur des détails (déformés par les médias) ?
Idem à propos de 'La Croix', qui traite le papophobe Dandrieu comme un interlocuteur valable ; ou des dignes essayistes cathos qui se refusent à départager : 1. le papophobe, 2. celui qui lance l'alerte sur le parti de la papophobie (Le Morhedec) !
Sous-produit de la société consumériste, le subjectivisme, la désintégration intellectuelle et la mentalité marketing sévissent dans tous les milieux. Y compris catholiques... ]
______

Écrit par : Maud / | 09/01/2017

SURPRIS

> j'ai moi aussi été très surpris ce matin sur RND par l'édito du matin que je ne partage pas du tout...Il suffit de lire (ou d'essayer de lire !) le SB ou VA pour voir qu'on ne peut que les départager avec un Koz par exemple.

Tangui


[ PP à Tangui - Hélas, je n'ai pas été surpris. Son attitude dans ce domaine vient d'une dérive conservatrice amorcée depuis plus de deux ans... C'est dommage, quand on songe à ce qu'il écrivait autrefois - et à la vigueur de son défunt mentor Lustiger face aux vicieux pense-petit de l'extrême droite ! ]

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Écrit par : Tangui / | 09/01/2017

DIAGNOSTIC

> Les têtes identitaires d'extrême droite, au lieu de se réformer d'après l'Eglise, ou de constater qu'ils n'ont plus de points communs avec elle, s'acharnent à vouloir se représenter une doctrine religieuse fantasmée à leurs couleurs. Ce serait grave s'il y avait une majorité de curés qui entraient dans ce délire. Mais ce sont plutôt les journalistes qui agitent ces menaces pour nous faire peur.
Faut-il les craindre ?

Bégand


[ PP à Bégand :
- Votre diagnostic est très exact.
- Il ne faut pas "craindre" les pseudo-identitaires. Nous ne sommes pas occupés par la Wehrmacht, donc Philippe Henriot n'a pas l'occasion de troquer le costume d'orateur de la Fédération nationale catholique contre l'uniforme de Darnand.
- Mais il faut les dénoncer et les réfuter, parce que leur dérive est un danger pour la foi de ceux qu'ils influencent. L'identitarisme est la forme "droitière" du relativisme, maladie de l'époque. ]

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Écrit par : Bégand / | 09/01/2017

MIMÉTISME

> Quelles sont les origines de ces positionnements?
Il me semble que l'apparition des "Islams" en France depuis ces 20 dernières années fait très peur.
Les catholiques dit "identitaires" semblent reproduire ce qu'ils dénoncent dans le communautarisme musulman (qui est à étudier avec plus de précision).
Nous avons besoin d'un vrai discours ajusté face à la réalité de l'Islam.
Ils sont friands de ces lectures:
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/01/06/31001-20170106ARTFIG00381-elisabeth-levy-la-principale-menace-n-est-pas-le-terrorisme-mais-la-secession-culturelle-de-l-islam-de-france.php
Ils ne comprennent pas les positions de François. Ils ne font pas d'effort certes en s'appuyant sur des lectures emportées et déséquilibrées. Toutefois, la réalité de l'impact de l'islam est bien là.
Je dois être un peu hors-sujet mais ce sentiment qu'une partie de la population ne joue pas le jeu inquiète.

elgringos 777


[ PP à EG
- Vous n'êtes pas hors sujet, et le sujet est complexe : le problème islamiste est très réel et redoutable, mais la posture identitaire n'est que son miroir mimétique - comme vous le soulignez. Et elle provoque latéralement le "pétage de plombs" de cathos, qui oublient l'Evangile pour se jeter dans des fantasmes cornus...
- Eléments d'information sur tout ça dans le livre de Le Morhedec. ]

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Écrit par : elgringos777 / | 09/01/2017

Patrice,

> Merci de votre réponse,
Je vais préciser ma pensée. Quand je dis faire peur, ce n'est pas tant que je minore ce courant, c'est que je ne pense pas qu'on aura un schisme, d'une part parce qu'au sein de l'Eglise on n'a plus comme en 1970 de graves dérives (qui peuvent être la justification d'un schisme), et d'autre part, oui je pense que les "vrais identitaires" tels que vous le définissez sont minoritaires car sont plus sympathisants que pratiquants (surtout avec vos points 1 et 3)
Ce que je dis aussi, c'est que ce qui est plus grave au sein de l'Eglise sont des personnes ayant des positions "libérales conservatrices" qui sont des obstacles à l'évangélisation par leur attitude non cohérente (là dessus je rejoins VF qui m'a répondu). Mais ce n'est pas le même public : C'est plutôt la ligne "éveilleurs d'espérance" versaillaise qui a gravement trahi l'esprit des veilleurs.

Ludovic

[ PP à Ludovic :
D'accord avec votre distinguo. A ceci près que les cathos "libéraux conservateurs" n'ont que tendresse envers les durs "identitaires" - et que ce langoureux émoi progresse depuis un an... Voyez ce qu'est devenue 'La Nef'... Et à ce sujet, lisez l'enquête de Le Morhedec ! ]

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Écrit par : Ludovic / | 09/01/2017

TRIP

> J'enseigne dans une formation diplômante estampillée catho et peu suspecte d'attirer ou de répandre l'identitarisme sous une forme quelconque, j'ai pourtant quelques dignes représentants de cette espèce parmi mes étudiants.
J'enseigne une matière, l'histoire, qui me met en position d'avertir sérieusement sur la récupération fantasmatique de personnages mythifiés par le trip identitaire.
Ca ne m'a pas empêchée, à l'occasion, de voir l'un ou l'autre de mes étudiants identitaires lâcher des tweets contenant des choses contre lesquelles je les avais mis en garde (Charles Martel, Clovis...). J'ai un peu eu un sentiment d'échec sur ce point !
La formation ne sert à rien. Les gens préfèrent leurs idées à la vérité et à la réalité (et sans doute moi aussi d'ailleurs ^^).

Edel


[ PP à Edel - Ne soyez pas pessimiste ! Je comprends la lassitude du professeur devant le cancre relaps (ma femme m'en parlait quand elle était prof d'histoire), mais on voit des individus modifier leur point de vue. Si, si, je vous assure. J'en suis témoin. ]

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Écrit par : Edel / | 09/01/2017

LE POÊLE

> Depuis Descartes on sait la source du mal: le poêle.
A rester trop longtemps confortablement enfermés dans un entre-soi où l'autre identique n'est qu'extériorisation vaporeuse de mes élucubrations intérieures (par on ne sait que trop quel malin génie), on devient tous idéalistes.
Pour eux les mots ne sont pas tirés du vécu et ne renvoient pas dans la boue du réel, ils ne sont pas des lumières pour éclairer nos pas, ils sont des jeux de l'esprit qui se provoque, se divise, se piège et s'éblouit tout seul. Ils font de la scolastique de mauvaise érudition là où le verbe simple du Pape redresse, assouplit, soigne avec une inlassable sollicitude notre monde en souffrance.
Je retrouve d'ailleurs le même mal chez certains gauchistes en ville.
Ce n'est pas tant la pensée du Pape qu'ils ne peuvent saisir, que son rapport au réel qu'ils abhorrent. Lui parle comme on tend une main, pour rejoindre celui qui est dans le besoin, quand eux parlent pour mettre une barrière entre eux et les blessés du chemin, pour s'en garder purs.
C'est pourquoi quand bien-même on arrive à tomber d'accord avec eux sur les mots, ( ce qui est toujours fragile et provisoire) cela au fond ne change rien et l'on réalise après coup qu'on a perdu son temps.
Le remède à leur mal, c'est l'humble, l'inconfortable retour au réel.
Il est temps de sortir de nos salons et de nos cafés philosophiques pour nous mélanger à la pâte humaine. Là même les mots les plus pauvres, mais enfin incarnés, pourront devenir langues de feu qui répandent la Nouvelle Pentecôte chez les pauvres en esprit de notre monde.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 09/01/2017

LE PAPE

> Va-t-on lire ce discours du pape sur ce blog ?
"L’Europe entière est en train de traverser un moment décisif de son histoire, où elle est appelée à retrouver son identité. Ceci exige qu’elle redécouvre ses propres racines afin de pouvoir modeler son avenir."
Je crains qu'il frise la crise identitaire lui aussi, diantre !
Cyrille

[ PP à Cyrille :
- Je vous conseille aussi son livre 'La patrie est un don, la nation est un devoir' (Parole & Silence).
- Ce pape étant viscéralement attaché à sa patrie et sa nation, et aimant les patries et les nations d'autrui, la haine que professent à son égard les "identitaires" est bien suspecte...
Y aurait-il quelque chose de caché dans leur paléocortex ? ]

réponse

Écrit par : Cyrille / | 10/01/2017

@ Maud (& PP) :

> Nous autres, provinciaux loin des réseaux sociaux et des parvis de la banlieue ouest (ou des Hauts-de-Seine), n'entendons en effet pas parler les 'cathos' bourgeois à la sortie de la messe ou sur leurs murs Facebook... Chacun de nous a un point de vue ancré là où il vit, et l'émiettement des jugements 'catholiques', souligné par PP, devient lassant, voire stérile, à observer et commenter, me semble-t-il. "Ad extra", ou nous nous asphyxierons tous !
______

Écrit par : Alex / | 10/01/2017

@ Axel, Ludovic et PP

> Vivant dans une ville bourgeoise mais extérieure au triangle Invalides – Maisons-Laffite – Versailles, je partage les nuances d’Alex et Ludovic.
Sociologiquement, il y a un effectif assez massif de catholiques de milieux modestes, et ça se voit d’autant mieux qu’ils sont souvent originaires de notre bel Outremer et aussi d’Afrique Noire (oh ! pardon, on dit en France « subsaharienne », c’est plus chic). Ils sont attachés autant et peut être mieux à une identité culturelle française que les bourgeois triangulaires.
On peut penser que le parallèle avec les sinistres années 70 est excessif. Comme le souligne Ludovic, il ne se déroule pas en ce moment dans l’Eglise la véritable révolution culturelle soixante-huitarde d’alors, dévastatrice moins par elle-même que par la caution au moins tacite de la hiérarchie. Dans le milieu dirigeant de l’Eglise de France, on ne se cachait même pas d’être content de voir partir les catholiques « préconciliaires » (en réalité pré-soixante-huitards) vers les mouvements intégristes, moyen de s’en débarrasser. Il est significatif de voir comment on a piégé les séminaristes d’Ecône, autorisant le séminaire durant des années et interdisant les ordinations quelques semaines avant la cérémonie. Ils ont eu tort de désobéir, mais on les a poussé au crime.
Osons espérer que ce cynisme n'a plus cours.

PH


[ PP à PH :

1. Relisez-moi, svp : je ne dis pas que c'est la même chose en 1970 et en 2016.
Je constate que ce sont les mêmes réflexes, de la part d'une fraction du même milieu sociologique. (N'en connaissez-vous réellement aucun représentant ? heureux homme, alors).
2. Quant à savoir jusqu'où mèneront ces réflexes, nul n'en sait rien... Sans doute pas jusqu'au quasi-schisme façon Ecône, parce que l'époque a changé : Ecône a poussé jusqu'au pire une fausse idée de la cohérence institutionnelle, alors que notre époque ne se soucie plus de cohérence ni d'institutions mais seulement de postures subjectives. Consumérisme jusque dans la religion...
2. Pas d'accord sur Ecône. En 1973 on m'y avait envoyé - c'était l'un de mes premiers reportages - et j'y avais rencontré l'érudit dominicain Ceslas Spicq (Fribourg), qui donnait des cours d'exégèse biblique à l'invitation de Mgr Lefebvre mais se disposait à rompre avec celui-ci.
Il m'avait dit :
"Ce qu'on entend de plus en plus ici ne me plaît pas et alarme beaucoup le diocèse. Nous ne pourrons pas cautionner la ligne qui est en train d'apparaître autour de Mgr Lefebvre, et qui pose un grave problème de 'sens de l'Eglise'..."
Le P. Spicq parlait de l'ivresse volontariste, de la dialectisation croissante et du manque de confiance en l'Esprit Saint qui étaient à l'oeuvre dans le lefebvrisme. Diagnostic partagé dès ce moment (je vous le rappelle) au sein même du traditionalisme par Georges de Nantes... (qui a mal fini, plus tard et pour d'autres raisons).
Donc : Ecône ayant dérivé au point de perdre le sens de l'Eglise vivante, les ordinations ne pouvaient plus être approuvées. Ce blocage n'est pas venue d'un "cynisme" suisse, ni romain, mais de l'évolution interne du lefebvrisme - au sein duquel le pouvoir était désormais pris par les partisans d'une rupture dialectique. Je pourrais citer (mais je ne le ferai pas) le nom du pire tenant de cette ligne à l'époque : futur "rallié" de 1988, et aujourd'hui bergoliophobe en demi-teinte. Les mêmes réflexes, le même milieu, et (parfois encore) les mêmes personnages. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 10/01/2017

PROBLÈMES DE CLASSE

> Petit constat : la province semble beaucoup moins touchée par ce phénomène, où nos paroisses sont très peu bourgeoises... sauf justement dans les quelques paroisses "friquées", rassemblant les plus gros contributeurs au Denier, où certains voudraient pouvoir choisir la "politique de l'Eglise".
Cela me fait penser à l'avertissement de Jésus : combien il est difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux... c'est impossible aux hommes, mais à Dieu, rien n'est impossible.
Avertissement qui nous oblige à une grande humilité, surtout si on est riche.
Une question qu'on oublie trop souvent de se poser : quelle est la volonté de Dieu, pour l'Eglise, pour ma paroisse, pour ma famille et pour moi-même ?
On éviterait bien des débats stériles en revenant à cette question essentielle. Mais voilà : nous nous disons catholiques, mais nous nous soucions si peu de chercher humblement la volonté de Dieu... et de l'accomplir !

Pema


[ PP à Pema - Comme dit la formule d'André Frossard que j'ai souvent citée : "Il y a des catholiques qui font la volonté de Dieu, que Dieu le veuille ou non." ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pema / | 10/01/2017

Cher Ludovic,

> le problème est finalement assez simple. Il s'agit de dire que tous ceux qui mettent quelque chose avant le Christ ne le suivent pas! Jésus et seulement Lui, vivant et présent. Pas d'identité, de valeurs, de principe, d'héritage etc. Seulement Jésus. Le reste vient du mec d'en bas...
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Écrit par : VF / | 10/01/2017

@ PP

> Merci pour les précisions sur Ecône !
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/01/2017

VATICAN II ET LES CATHOLIQUES FRANÇAIS

> Lorsqu'il y a eu le jubilé de Vatican II, globalement,l'enthousiasme chez les catholiques n'a pas été au rendez-vous. L'Eglise s'est donc exprimée sur son "succès"ou sur"l'apparence d'un échec". Et pourtant,le jubilé était un sabbat extraordinaire qui rassemblait, pardonnait, unissait tout le peuple(....) Or en 2015, il y a eu en guise de "réjouissance universelle" une sorte d'explication plus ou moins convaincante, pour dire aux Chrétiens, "vous n'avez rien compris, notre intention c'était ......"

E.G. Ferrari


[ PP à E.G. Ferrari :
Je partage en partie votre constat.
En partie seulement.
Il y a cinquante ans, la réception de Vatican II fut submergée - dans l'esprit du public français - par la déferlante de 1968 sur le catholicisme. Résultat : la quasi-impossibilité, pour nombre de "cathos", de faire le tri entre ce que le concile avait voulu et voté - et ce qui était fait (ou plutôt défait) en France au nom d'un introuvable "esprit du concile".
Vous avez lu comme nous tous les constitutions conciliaires, notamment les admirables textes dogmatiques sur l'Eglise et sur la Révélation divine : documents d'une profonde richesse doctrinale ; et le texte sur la sainte liturgie, qui n'a rien à voir avec le saccage accompli trop souvent dans les paroisses françaises.
Pourquoi ces textes historiques n'ont-ils pas été étudiés par les laïcs catholiques ? Leur ignorance à ce sujet est quasi-générale : ce qui facilite le sabotage des intégristes de tous âges, lorsqu'ils viennent aujourd'hui raconter que Vatican II fut une lourde erreur et qu'il faut l'effacer... (cf les livres du sectaire De Mattei recommandés par des sites "catholiques").
Reste l'autre aspect du problème : pourquoi le clergé paroissial français, dans les années 1970-1980, n'a-t-il pas mis en chantier massivement l'étude des textes du concile - pour résister à la déferlante 68 ?
Mais inutile de ruminer le passé. Ce qui compte aujourd'hui, entre laïcs catholiques, est de ne pas laisser l'ignorance ambiante (et les malveillants) prévaloir contre la fructification du concile Vatican II.
Cinquante ans après ?
Bien sûr, cinquante ans après. Il a fallu près d'un siècle pour que le concile de Trente commence réellement à fructifier. C'est le rythme. Ne laissons pas les intégristes, qui sont sous cet angle des modernistes comme les autres, jouer des "émotions" de 2016 pour déraciner le sens catholique du long terme... et emmener leurs coreligionnaires vers on ne sait quoi. ]

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Écrit par : E. G. Ferrari / | 14/01/2017

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