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29/11/2016

Un système post-politique qui se replie sur le "sociétal"

valls, ivg

On fabrique - en urgence - un délit "d'entrave numérique à l'IVG"... Voir une entrave où il n'y en a pas, c'est une atteinte à la liberté d'expression. Et ça révèle ce qu'est devenu le système officiel :


 

Notre note précédente reproduit la lettre du président de la CEF à François Hollande. Mgr Pontier pose les problèmes concrets avec précision. Je n'y ajouterai que ceci :

En pleine décomposition du PS, Matignon et l'Elysée se faisant une quasi-guerre et le président de l'Assemblée nationale prêchant la mutinerie, le gouvernement ne trouve rien d'autre à faire que de pousser des députés à voter - en procédure accélérée - la création d'un délit exorbitant du droit commun : "l'entrave numérique à l'IVG".

Passons sur la définition de ce délit, qui ne tient pas debout puisque l'existence de sites "pro-vie" ne suffit pas à constituer une entrave. Voyons plutôt ce que veut dire cette procédure accélérée.

Elle n'est pas aussi absurde que le public pourrait le croire.

Il y a réellement urgence : non à propos des IVG (à moins qu'on ne souhaite augmenter leur nombre, stable depuis dix ans) ; mais à propos de la politique. Proclamer l'IVG en danger, c'est  - aux yeux de la gauche de 2016  -  en appeler à l'essentiel.

Pour comprendre ça, il faut voir où est tombée la classe politique. Plus elle abandonne ses responsabilités proprement "politiques", c'est-à-dire régaliennes [*], plus elle se replie sur le domaine des moeurs. Ce n'est pas son domaine légitime. Mais elle croit trouver ainsi une nouvelle justification à son existence. Dans ses nouveaux éléments de langage, les "valeurs de la République" ne parlent plus de la République (celle de Péguy ou même de Jaurès) : elles se confondent avec des "tendances sociétales".

Le terme "sociétal" ne désigne pas la société, mais l'idée qu'on s'en fait dans certains milieux : cf. les préconisations du think tank Terra Nova dans les années 2010, effort théorique qui allait mener le PS au naufrage en moins de dix ans.

C'est ainsi que l'IVG, encore vue comme un regrettable problème dans les années 1970 (loi Veil), est devenue "valeur de la République" (à partir de 2012), puis chiffre à booster (pour les libéraux type Valls-Macron), ou - à la marge - idéal d'avant-garde pour l'aile nihiliste de l'ultragauche.

C'est également ainsi que le mariage gay (loi de mai 2013) est devenu le phare, la référence suprême, le seul lien d'une gauche divisée sur tout ce qui n'est pas les moeurs... Mais ce marqueur des moeurs, la gauche le partage avec les multinationales transatlantiques - toutes inscrites au tableau d'honneur officiel des "entreprises LGBT" !  Elle ne se demande pas pourquoi ; ça la mènerait trop loin. N'avoir pour identité qu'une chose qui ne vous est pas propre, c'est de quoi terminer sur le divan si l'on y songe deux minutes.

Heureusement pour elle, cette gauche n'y songe pas. M. Jadot et ses amis (défenseurs de Notre-Dame-des-Landes) refusent de penser qu'en soutenant aussi le lobby LGBT ils sont aux côtés du groupe Vinci ; leur cécité-surdité à cet égard ne se compare en profondeur qu'à celle des cathos-libéraux envers Laudato Si'.

 

ps - Et la droite ?  Reprenez ce qui précède et rejouez-le en mode mineur, sous-tonique.

 

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[*]  dont par exemple : le rôle de la banque centrale et l'émission de monnaie ; la souveraineté budgétaire et la gestion des finances ;  l'indépendance militaire et diplomatique...

 

 

11:58 Publié dans Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : valls, ivg

Commentaires

LA DÉRIVE

> A partir du moment où l'IVG est devenu un droit, ce qu'il n'était pas dans l'esprit de la loi Veil, il ne faut pas s'étonner de la dérive totalitaire.
Un droit ne peut concerner que le cas où des droits de niveaux comparables s'affrontent.
Dans le cas de l'IVG c'est le droit de la mère à disposer de son corps qui affronte le droit d'un être humain en devenir à rester en vie.
Ces droits ne peuvent pas être mis sur le même plan sans ouvrir un droit au meurtre qui est une contradiction avec l'idée de droit, c'est à dire qui détruit la notion de droit.
Une société où l'IVG est un droit et à fortiori un droit fondamental est une société qui s'autodétruit.
Une société où l'avortement n'est pas pénalisé est en revanche parfaitement viable et morale du moment que l'avortement n'est pas favorisé.
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Écrit par : Renaud / | 29/11/2016

NÉVROTIQUES

> Entendu à ce sujet : l'avortement doit être défendu pour protéger l'égalité homme femme.
Eh bien alors, si on en est là, il faut que le père aussi ait le droit de faire périr son enfant, sinon c'est une inégalité flagrante !
La société dans laquelle nous vivons cumule toutes les tendances névrotiques il me semble.
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Écrit par : Bernadette / | 29/11/2016

HOLLANDE

> Ce « repli sur le sociétal » est de fait l’élément fédérateur supposé être le plus puissant pour la gauche.
Je suis convaincu que le « délit d’entrave numérique » qui s’ajoute à la suppression de la notion de détresse dans la mise en œuvre du droit à l’avortement a été imaginé précisément pour ressouder les forces de gauche face à la droite. Laquelle est nécessairement archaïque et réactionnaire sur le sujet, vous diront les médiacrates qui nous gouvernent.
Hollande ira à la présidentielle s’il peut compter sur ce ressort : la gauche unie pour défendre ses immenses conquêtes sociétales, ce patrimoine immatériel de l’humanité flambeau d’elle-même, consumée par son esprit de jouissance, ses petites haines et ses misérables peurs, à commencer par l’enfant à naître et l’adulte en fin de vie.
Merci aux évêques de monter ainsi au créneau pour nous mettre en garde contre cette politique mortifère.
Un nouveau totalitarisme. Imaginons seulement ce qu’implique le « délit d’entrave numérique » concocté par le législateur : c’est non plus seulement « le droit de la femme à disposer de son corps » qui est en jeu, mais « le droit de la femme à disposer de son âme… et de l’âme du prochain » en faisant barrage à sa liberté de conscience et à toute réflexion sérieuse sur les conséquences de l’acte d’avorter.
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Écrit par : Denis / | 29/11/2016

PAS LAPSUS

> «Et la droite» dites-vous.
Sans doute un lapsus pour «et M. Fillon» ?

Olivier


[ PP à Olivier - Pourquoi seulement lui ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : olivier / | 29/11/2016

INQUIÉTANTES LAMENTATIONS

> Plus largement, Mgr Pontier rappelle que:
" Cette proposition de loi met en cause les fondements de nos libertés et tout particulièrement de la liberté d’expression qui ne peut être à plusieurs vitesses suivant les sujets. "
Il y a un peu partout, venant du monde politique, d'inquiétantes lamentations sur la diversité d'expression que permet l'internet.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/11/2016

GNOSES

> La focalisation du milieu dominant sur ces sujets est probablement une maladie beaucoup plus grave que l’effet de simples intérêts économiques, même ceux-ci sautent dessus avec entrain.
IVGisme, LGBTisme, transhumanisme…. Il y a là un refus de la procréation et un refus d’accepter la nature humaine. Voila rappelle quelque chose !
On retrouve les vieilles obsessions des gnoses ! Il serait intéressant de savoir par quels canaux elle se transmettent jusqu’à nous.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/11/2016

"I.V.G."

> Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde... Ce qui est interrompu peut être repris, donc déjà le terme interruption n'est pas exact, puisque l'interruption ne peut JAMAIS être réenclenchée.
1) on emploi un vocabulaire inapproprié,
2) on utilise l'acronyme résultant,
bref on a mis un grand coup de brumisateur sur la question.
L'IVG est une expulsion forcée d'embryon de son écosystème, entrainant sa condamnation (période hivernale ou pas).
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Écrit par : franz / | 30/11/2016

> http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/11/30/97001-20161130FILWWW00413-l-assemblee-donne-son-feu-vert-a-des-funerailles-republicaines.php
Le refus de toute transcendance, la marchandisation de l'humain, une forme exacerbée d'individualisme prônés par certains groupes de pression sont à l'origine de ces "lois sociétales", dont un récent exemple est un projet de loi de "funérailles républicaines".
Aux yeux de ces groupes, la République se conçoit comme une alternative (voire comme l'unique alternative) aux religions en général. Le laïcisme des franc-maçons tendance "Grand Orient" n'est certainement pas pour rien dans ces orientations supposées progressistes (d'où le soutien massif des radicaux, de gauche ou de droite, à ces propositions) qui abreuvèrent les débats du Palais-Bourbon durant cette législature.
Si l'avenir de la République proposé par ces groupes, c'est une banalisation des baptêmes, mariages et funérailles "républicains", je ne vois guère ce qui distinguerait notre pays de l'Union soviétique ou de la Chine populaire, où le matérialisme et la négation de la transcendance furent (et, dans le cas chinois, demeurent) un horizon indépassable...
Non sans écœurement : "merci les francs-macs !"

Philippe de Visieux


[ PP à PV - La dernière, ce matin à France Info : les mairies viennent de recevoir la consigne d'affecter désormais une salle aux... funérailles laïques. Pour satisfaire 0,05 % de la population ? (les "laïcistes" pratiquants étant encore moins nombreux que les catholiques pratiquants). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/12/2016

HYPOTHÈSE

> Est-ce qu'à la racine de l'urgence de cette création de délit, il n'y aurait pas la puissance d'une logique économique court-termiste ?
- de la même façon qu'une euthanasie est bien plus économique qu'un accompagnement médicalisée à la fin de vie ou d'ailleurs que tout traitement médical à long terme,
- un avortement est tout de même beaucoup plus économique qu'un accouchement + 3 jours à la maternité + les aides de la CAF à l'enfance + le coût de la scolarité dans le public + etc etc.
C'est imbécile de raisonner à aussi court terme, mais comme il est urgent de faire des économies.... il est logique que tout soutien à la vie et aux mamans en détresse soit une entrave insuportable.
Il faut comprendre l'adversaire pour pouvoir le combattre.
(Ce n'est qu'une hypothèse).
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 01/12/2016

à Isabelle Meyer :

> Je fais la même hypothèse. En y ajoutant celle du confort "bourgeois" de ne pas avoir à se soucier d'aider une femme qui pressentirait des difficultés à élever un enfant à naître ou d'accompagner un mourant ou un malade.
On peut alors supposer non seulement une logique économique court-termiste, mais aussi le refus de toute attention à autrui, considérée comme un devoir, donc une entrave.
En somme, la devise de la non-société libérale-libertaire pourrait être "non serviam". Et là...
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Écrit par : Sven Laval / | 01/12/2016

LES MOTS

> Avortement de quoi? le mot avortement ne désigne pas l'objet concerné, donc en toute rigueur il faudrait préciser, faute de quoi c'est encore mettre un coup de brumisateur sur la question.
Je me suis amusé à aller voir la définition qui en est donnée sur le CNRTL ( http://www.cnrtl.fr/lexicographie/avorter ). Et curieusement le sens premier du mot ne concerne que des foetus "non viables". Dans le cas de foetus viables on n'emploie plus 'avorter', mais 'faire avorter'. La différence n'est pas une simple nuance, cela indique explicitement qu'il s'agit d'un processus externe anormal.
Donc encore une fois à chaque fois que l'on dit "avorter" alors qu'il faudrait dire "faire avorter" on nomme mal la chose et donc on participe au malheur du monde...
J'ajouterai que c'est quand on emploie le vocabulaire de l'adversaire que l'on signe sa propre défaite.
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Écrit par : franz / | 01/12/2016

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