28/11/2016
Huit réflexions sceptiques sur l'apothéose Fillon
1. Il y a 44,6 millions d'électeurs. François Fillon n'a été désigné que par 66% de 4,3 millions... La campagne présidentielle n'aura rien à voir avec la campagne de la primaire :
2. Pour atteindre la taille présidentielle, M. Fillon va s'ingénier à assouplir et élargir son image. "Élargir" veut dire : ne plus avoir l'air de ce qu'il est actuellement, le candidat d'un certain milieu social... Très minoritaire en France, ce milieu est l'aile "classique" de la bourgeoisie. Elle se reconnaissait dans M. Fillon. Il va s'éloigner d'elle.
3. Pour "élargir", en effet, il doit "assouplir" l'image médiatique d'ultra-conservateur [*] que lui ont valu ses chaleureuses (mais vagues) déclarations sur l'école ou les "valeurs", et surtout son idée - pourtant minimaliste - de n'accorder aux couples gays que l'adoption simple. Mme de La Rochère se contentait de ce mini-minimum (verbal). Elle devra se contenter d'encore moins.
4. Ainsi fonctionne la mécanique électorale : engrenage connu, sauf des naïfs...
5. (Ceux des "cathos" qui ne sont pas naïfs savent que les positions socio-économiques de M. Fillon ignorent celles de l'Eglise, ou en prennent le contre-pied). [**]
6. Ce qui est net dans les postures de M. Fillon, c'est la contradiction entre leur volet "rassurant pour certains" (l'image sociologique Cyrillus) et leur volet "ravageur pour tous les autres". Car l'oxymore libéral-conservateur juxtapose deux éléments incompatibles : il prône à la fois une civilisation, et une machine économique à broyer les civilisations.
7. Les axiomes économiques de M. Fillon se parent de réalisme. Mais ils viennent du dogmatisme : le "there is no alternative" des années 1980 ! Leurs effets sont prévisibles : aggravation de la fracture sociale, politique fiscale ne favorisant que les foyers CSP+ ; immenses cadeaux, sans contrepartie sociale, à des dirigeants d'entreprise convaincus par ailleurs que l'avenir est à la "croissance sans emplois" ; aveuglement tapageur sur le drame de l'environnement... A sa façon prétendument gaulliste, M. Fillon s'inscrit dans un courant transatlantique que les naïfs prennent pour du "populisme"... mais qui n'aboutit qu'à aggraver les nocivités du système actuel.
8. Le bourgeois classique ouvre des yeux ronds quand on lui dit qu'on n'a pas voté à la primaire de droite. Qu'on puisse ne pas être de droite (libéral-conservateur) dépasse son imagination. Engager ne serait-ce qu'un débat sur ce sujet l'indispose ; comme le Mr Podsnap de Dickens [***], il "ne veut même pas qu'on lui en parle". Fixons-lui rendez-vous dans un an.
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[*] voire - absurdement - de "catholique traditionaliste", comme dans l'article du correspondant d'El Pais.
[**] Les extrêmes droites aussi sont incompatibles avec ce que souhaite l'Eglise (à d'autres titres que le programme Fillon). Elles en sont d'ailleurs conscientes, quoi qu'elles en disent. D'où leur aversion envers le pape et neuf évêques sur dix.
[***] L'Ami commun.
11:35 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : fillon
Commentaires
"there is no alternative"
> Dans la mondialisation à laquelle nous sommes liés juridiquement par l'UE, non, il n'y en a pas.
Le problème, c'est que les électeurs de Fillon, en majorité, ne veulent pas sortir de cette mondialisation, et le plus grave est que ce n'est pas principalement par intérêt économique personnel, mais par formatage mental, ce qui est plus difficile à démonter.
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Écrit par : Pierre Huet / | 28/11/2016
PRIÈRE...
> N’ayons pas la mémoire courte : dans l’ordre – naturel et surnaturel – de la foi qui nous anime, cette percée de François Fillon et d’une certaine droite catholique ne conclut-elle pas le cycle ouvert par la « prière pour la France » reprise dans tous les diocèses de France à l’occasion du 15 août 2012 ?
A l’époque, Mgr Vingt-Trois (alors président de la Conférence des évêques) était parfaitement clair : « Compte tenu de la situation et des probables projets législatifs du gouvernement sur la famille, il me semble opportun de donner un signe national », déclarait-il. Souvenons-nous des termes de cette prière ( http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-texte-de-la-priere-du-15-aout-2012-14-08-2012-29918_16.php ) qui avaient suscité les levers de bouclier de la gauche libertaire bien-pensante : par exemple, de Jean-Luc Roméro appelant les catholiques… « à prier pour que le cardinal André Vingt-Trois retrouve le chemin de la raison en lui rappelant que le vote démocratique s’impose à tous. Même aux dirigeants de l’Eglise catholique ».
Attendons l’été 2017. Il sera toujours temps alors, avec nos évêques, d’invoquer notre Sainte Patronne, la Vierge Marie, Refuge des pécheurs et Consolation des affligés, pour réclamer justice d’éventuelles mesures économiques et antisociales qui blesseraient les plus pauvres et favoriseraient tout à la fois le saccage de la planète et le gavage des riches, le remplissage de leurs greniers pourris !
Denis
[ PP à Denis - Si le fruit de la prière pour la France était un candidat qui tourne le dos à ce que demande l'Eglise dans le domaine social et économique, ce serait à désespérer de la divine Providence. ]
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Écrit par : Denis / | 28/11/2016
PAS DU TOUT
> Désolé, mais je ne vous suis pas du tout sur ce sujet : François Fillon a eu le culot de présenter et maintenir contre vents et marées un programme exigeant et ambitieux, et contre toute attente, les électeurs lui ont massivement et clairement donné raison, en montrant que beaucoup de Français sont prêt à ne plus faire la politique de l'autruche.
En plus, il s'agit d'un des rares hommes d'état partageant l'essentiel de nos valeurs.
Quel intérêt alors à "savonner la planche" ? Quelle est votre solution ?
Breese
[ PP à Breese :
- "Savonner la planche" ? moi ? face à une si grosse machinerie électorale et financière ?
- Que soutenir le plan socio-économique ravageur de M. Fillon soit cesser "la politique de l'autruche", est une affirmation un peu rapide ; ne pas voir les conséquences inévitables de ce plan paraît plus "autruchien" que de les voir et de les dénoncer.
- Je ne sais pas ce que le mot "valeurs" signifie. C'est du verbiage publicitaire courant, chacun y met ce qu'il veut... ]
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Écrit par : Breese / | 28/11/2016
LIBÉRAL AUSSI À L'ÉCOLE
> Quelles déclarations "conservatrices" sur l'école? Car son programme est on ne peut plus libéral: intrusion des parents dans la pédagogie, dans les programmes, autonomie des établissements, conseil d'administration présidé par une personnalité extérieure, liberté de recrutement des enseignants par le chef d'établissement,etc.
Bref, tous les thème de Milton Friedman.
Je sais bien que la droite "catho-bourgeoise" ne rêve que de démolir l'école "gauchiste", mais de grâce, ne venez pas dire que Fillon veut sauver l'école....
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Écrit par : VF / | 28/11/2016
PHOTO
> Pour l'anecdote, voici la photo de Fillon publiée en une du Monde (28/11/16 à 17h59):
http://www.lemonde.fr/
http://s1.lemde.fr/image2x/2016/11/28/644x322/5039644_3_17f4_francois-fillon-lors-son-discours-a-son-qg-de_33540b4ad93e22291b24ec9113387c05.jpg
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Écrit par : Yann / | 28/11/2016
"IDIOT"
> Je suis d'accord avec le fait que Fillon va devoir élargir sa base électorale, c'est la mécanique politicienne, et qu'il va devoir nous dire comment il gère l'oxymore libéral conservateur.
Le fait est qu'il va avoir du mal à élargir sa base électorale avec un programme thatchérien, donc rien n'est gagné pour lui.
Là où c'est vraiment idiot c'est que je ne crois pas que le reniement sociétal rapporte vraiment des voix.
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Écrit par : Ludovic / | 28/11/2016
SOCIÉTAL
> En corollaire à votre point n°3 sur l'élargissement et l'assouplissement, il est permis de supposer que cet assouplissement risque plutôt de se produire sur le "sociétal" que sur le "social" ou l'économie. Ce qui permettrait alors au candidat Fillon de "moderniser" son image à peu de frais, tout en restant "de droite", c'est-à-dire "ferme" face aux "menaces" des vilains syndicalistes.
Cela peut paraître pessimiste, mais ce n'est qu'une hypothèse.
SL
[ PP à SL - Je suis de votre avis. A ceci près : sur le sociétal, il en a si peu dit qu'il n'a pas beaucoup à en sacrifier... ]
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Écrit par : Sven Laval / | 28/11/2016
POURQUOI JE N'AI PAS PARTICIPE A LA PRIMAIRE ET POURQUOI ELLE M'INTÉRESSE
> Je n'y ai pas pris part pour des raisons de fond relevant de mon ministère de prêtre diocésain investi dans l'étude du droit canonique.
Le c.287§1 dispose : "Les clercs s'appliqueront toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice. Le c.287§2 dispose : ils ne prendront pas une part active dans les partis politiques, etc.
Les raisons de fond se trouvent dans les sources du Code de 1983, en particulier dans les textes du Concile Vatican II que je résume ainsi :
- Que les fidèles laïcs attendent de leurs prêtres lumières et forces spirituelles, mais pas des solutions clé en mains, ou que telle soit leur mission (GS n°43)
- Le devoir des prêtres consiste plutôt à respecter la juste liberté à laquelle tous les laïcs ont droit dans la Cité terrestre (PO n°9)
- Leur rôle consiste à structurer la communauté chrétienne sans être au service d'une idéologie ou d'une faction humaine (PO n°6)
La primaire cependant m'intéresse. Elle pose certaines questions autour de l'épithète médiatique de "libéral-conservateur", qui à mon sens aussi est un oxymore. Parce que je crois en l'unité de la personne humaine et en la connexité du comportement humain. A un moment, le libéralisme sociétal déteint sur l'économie, et vice-versa. Ce sont les deux faces d'une même pièce de monnaie qui s'appelle "jouir sans entraves". Cela relève de la même nature humaine marquée par le péché, notre péché.
J'adhère à l'attitude minimaliste du droit, qui ne vise pas à imposer la sainteté mais à éviter le pire qu'est la catastrophe écologique sociale, pour ma part cependant, sur la base d'une philosophie non positiviste.
On en est de plus en plus loin. Croire que le "jouir sans entraves" économique va créer mécaniquement de la répartition, des embauches, de la prospérité pour chacun, et de la paix sociale, relève du mythe, de la religion séculière, et finalement de l'irrationnel. Il faut toujours un peuple politique, un État souverain, un corpus de droit, et des acteurs du droit pour éviter le pire dans une nation. Mais là se pose le problème des marges de manœuvre humaines et financières.
C'est peut-être l'Europe qu'il faut refonder, sur la base de peuples historiques et charnels qui disposent souverainement de leur destin, et en premier lieu des marges de manœuvre de leur monnaie, et qui tissent des liens libres et raisonnables afin de s'emparer du développement pour le tisser, pour le répandre au dedans et au dehors, et non afin de le subir pour risquer de ne jamais le connaître.
La politique et l'économie sont l'acte subjectif d'un peuple. Pas plus que l'être humain, un peuple n'est un objet, mais un sujet. Mais pour que ce sujet existe et agisse, encore faut-il que la solidarité soit pensée comme consubstantielle à l'économie, et non pas simplement comme la résultante mécanique d'un profit espéré.
Quant à faire croire qu'on pourra traiter différemment au plan de l'adoption des situations matrimoniales désormais équivalentes au regard de la loi (Voir le passage futur au conseil constitutionnel, et le cas échéant à la CEDH avec la combinaison des art.8 et 14 de la convention européenne)... S'agit-il d'une approximation hasardeuse ou d'une approximation utile ?
Suivant le c.1247, un catholique est tenu par l'obligation d'aller à la messe le dimanche et aux fêtes de précepte. Mais si l'on veut éviter la dissociation de son agir politique d'avec sa personne à la fois humaine et croyante, il faut sans doute approfondir ce qu'est l'Église et quel est son magistère social. Vaste programme.
Père Christian
[ De PP au Père Christian - Merci de ces réflexions salutaires. C'est ce qu'il faudrait enseigner partout, spécialement aux jeunes catholiques engagés ! ]
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Écrit par : Père Christian / | 28/11/2016
PAS CHER
> " Sur le sociétal, il en a si peu dit qu'il n'a pas beaucoup à en sacrifier...",
comme Sarko disait : "ça coûte pas cher"...
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Écrit par : Alex / | 28/11/2016
L'ÉCOLE
> je suis étonné ici de certains propos sur l'école : "démolir l'école gauchiste"
Ce que l'on souhaite c'est de reconstruire une école qui ne soit ni le nivellement par le bas, ni le triomphe des marques, ni l'idole numérique, ni la déstructuration sous prétexte de ne pas heurter l'élève ou le laxisme sous couvert d'éducation non violente, ni la version noire de l'histoire de la France afin de favoriser l'intégration (sic)
Et dans ce combat on a certes beaucoup de personnes de droite mais aussi des gauchistes attachés à l'école traditionnelle qui il faut bien le dire, disparaît
Je l'ai vécu pour mes enfants dans une petite école privée de banlieue ouest parisienne (donc pas vraiment le repère gauchiste) où la qualité de l'enseignement était bien inférieure à ce que j'ai eu il y a 30 ans dans le public à Marseille
Je viens de les mettre dans une école hors contrat pour toutes ces raisons: j'y trouve une pédagogie structurée, une discipline bienveillante, mes enfants fiers de ce qu'ils font
C'est vraiment malheureux de devoir en arriver là croyez-moi
Si Fillon favorise des initiatives comme Espérance Banlieue alors c'est un point très positif. Je dirais même que dans son programme de politique intérieure c'est de ce que j'ai vu le point le plus positif.
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Écrit par : Ludovic / | 28/11/2016
@ VF
> Vous opposez "être conservateur" à ce que vous appelez "intrusion des parents dans la pédagogie".
Mais si la pédagogie est profondément révolutionnaire sur le plan sociétal et moral ?
Que préconisez-vous ?
Les enfants sont-ils les cobayes du milieu pédagogique ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 28/11/2016
A VF :
> Sur l école je ne suis pas d accord avec vous. Au contraire, la liberté de l enseignement est tout a fait conforme a l enseignement de l Église !
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Écrit par : ab / | 29/11/2016
RABELAIS
> Bombardés d'informations et de prêt-à-opiner via les médias mainstream, pusillanimes et fonctionnant à la séduction, nos chers contemporains compatriotes et électeurs ne laissent décidément pas d'étonner.
Un peu de sagesse de circonstance, selon François Rabelais (deux citations de Pantagruel, Livre Troisième, la première est un renvoi direct à Marc X, verset 51, que l'électeur ne médite jamais assez dans son questionnement politique, à mon humble avis):
(Extrait du prologue)
"C'est belle chose veoir la clairté du (vin et escutz) soleil. I'en demande a l'aveugle né tant renommé par les tressacrees Bibles : lequel ayant option de requerir tout ce qu'il vouldroyt, par le commendement de Celluy qui est tout puissant, et le dire duquel est en ung moment par effect representé, rien plus ne demanda que veoir."
[...]
Extrait du chapitre V, suggérons aux candidats de bonne volonté, de s'en tenir au programme sur la dette contenu dans la formule "a personne ne doibuez, fors amour et dilection mutuelle":
"I'entends, respondist Pantagruel, et me semblez bon topicqueur, et affecté a vostre cause. Mais preschez et patrocinez d'icy a la Pentecouste, enfin vous serez esbahy comment rien ne m'aurez persuadé, et par vostre beau parler ia ne me ferez entrer en debtes. Rien, dict le sainct enuoyé, a personne ne doibuez, fors amour et dilection mutuelle. Vous m'usez icy de belles graphides et diatyposes, et me plaisent tresbien. Mais ie vous dy que si figurez ung affronteur effronté et importun emprunteur, entrant de nouveau en une ville ia aduertie de ses meurs, vous trouuerez qu'a son entree plus seront les citoyens en effroy et trepidation que si la peste y entroit en habillement tel que la trouua le philosophe tyanien dedans Ephese".
[...]
Les temps on beaucoup changé, la preuve ?
Aujourd'hui les citoyens ne sont plus jamais "en effroy et trepidation" devant tout "affronteur effronté et importun emprunteur" candidatant, mieux, ils redemandent surtout ceux-là pour les représenter...
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Écrit par : Aventin / | 29/11/2016
A Ludovic:
> je dis "école gauchiste" car c'est le tropisme des "bourgeois cathos" ou des "athées pieux" si vous préférez. Ecole publique veut dire pour eux camp de formation de Guevara (il est plus romantique que Castro)... J'ai de très mauvais souvenir de mon passage aux AFC en tant que prof dans le public....
Ce que vous dites est vrai (les marques, le numérique etc. d'ailleurs, hier j'ai eu une journée de formation numérique....) et on pourrait en discuter longtemps.
Mais il faut comprendre que la casse de l'école a commencé il y a 40 ans avec la droite. La réforme actuelle fut rédigée sous Juppé et le socle commun mis en place sous Fillon. La suppression des notes et l'évaluation par compétence est l'oeuvre d'un député UMP (j'ai plus le nom) et appliqué sous Chatel. La destruction de l'école est l'oeuvre du libéralisme, pas de l'extrême gauche.Et mes vieux collègues communistes furent souvent ceux que l'on taxa le plus de réacs dans les stages.
Pour les banlieues, j'y ai enseigné un certain nombre d'années et le problème est complexe mais vient en partie des réformes de "droite" (collège unique, classe hétérogènes, suppression des passerelles, des heures d'études, programmes aberrants et méthodes débiles imposées,etc.).
Il y a dans le public des expériences qui marchent (quoique bien réduites et dont on ne parle pas) comme le programme SLEC, qui sont mises de côté et dont certains acteurs passent dans le privé pour continuer. Les solutions sont connues mais les gouvernements successifs n'en veulent pas car cela montrerais que le service public peut être efficace.
> à AB : je suis d'accord avec vous sur la DSE mais actuellement, je pense qu'il faut vraiment réfléchir à cette notion de l'école publique ou privée car, sous couvert de liberté d'enseignement, il y pas mal de gens qui ont des objectifs scabreux: marchandisation et donc profit sur l'éducation, racialisme ou ségrégation sociale par l'argent, etc. (regarder le cas du Chili par exemple).
Je répète que le problème vient du but de l'école que l'on doit replacer dans l'esprit du bien commun. Doit-elle instruire et ouvrir l'âme, ou doit-elle formater des futurs rouages bien-pensants (que ce soit pour le système consumériste ou pour préparer les "héritiers")?
> à Pierre Huet: relisez-moi, je n'oppose pas conservateur à école gauchiste, je demande quelles sont les soi-disant déclarations "conservatrices" de Fillon sur l'école? (et on ne va pas remettre le couvert sur l'oxymore). Il est de ceux qui ont assassiné l'école républicaine....(et je vous rappelle qu'il s'agit simplement d'ouvrir un nouveau marché éminemment rentable car les parents sont prêts à tout pour leur "chères" têtes blondes....) et son programme est désastreux pour l'école.
Et pardonnez-moi, la pédagogie actuelle n'est pas "révolutionnaire", elle a ses fondements dans des théories vieilles de plus de cent ans. Quand je parle d'intrusion des parents, il s'agit clairement de remettre les gens à leur place. Vous me pardonnerez, mais ce n'est pas vous qui vous prenez des rendez-vous régulièrement (quand on ne vous "convoque" pas !) par des parents qui veulent vous apprendre votre métier. C'est cela que Fillon va nous mettre.
Pour le reste, il s'agit de décisions politiques: les programmes, les buts de l'école sont de l'ordre du politique et là, les citoyens peuvent s'exprimer. Par exemple, l'école est là pour éduquer ou instruire? Est-elle là pour former un rouage de la société ou un être humain capable de penser? etc.
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Écrit par : VF / | 29/11/2016
à VF
> Je ne défends pas les gouvernements de droite sur l'école.
En revanche lorsqu'on dit que le casse de l'école est l'œuvre du libéralisme, je voudrais lever une ambiguïté: il s'agit bien du libéralisme au sens philosophique, c'est à dire celui qui dit que l'homme ne doit rien au passé et qu'un nouvel homme est à construire
D'où ces pédagogies refusant la transmission et préférant que l'enfant construise son éducation
Et ce libéralisme là, désolé, il se rencontre à gauche beaucoup aussi même s'il est aussi très en phase avec les dirigeants d'entreprises qui ont intérêt à produire des consommateurs et non pas des êtres libres et responsables
Par ailleurs, il n'est pas faux de dire que les programmes sont orientés politiquement: cherchez par exemple dans les livres d'histoire la grande faine d'Ukraine des années 30 !
Ludovic
[ PP à Ludovic :
Permettez-moi d'ajouter que le libéralisme qui détruit l'école est inséparablement aussi le libéralisme économique, partagé par le PS et LR.
C'est au nom de "l'économie" (libérale) que l'on ampute progressivement l'école de ses dimensions non marchandes, et qu'on la réduit à un apprentissage des "technologies" pour devenir "employable". À supposer que le Medef veuille encore employer. ]
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Écrit par : Ludovic / | 29/11/2016
@ Ludovic et PP, à propos de votre échange
> On ampute aussi les enseignements pour effacer la mémoire collective des peuples et ce qui les unit par l'autodétestation. Ce n'est pas que de l'utilitarisme. Du reste, en matière de compétences technologiques, cet objectif supposé n'est pas lui non plus, au rendez-vous.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/11/2016
L'ÉCOLE
> à Ludovic : globalement, je suis d'accord avec vous. Mais par contre, je pense que cela fait un bon moment qu'il n'y a plus de droite et de gauche, depuis 1983 et le virage libéral de Mitterrand voire depuis la mort de de Gaulle.
Attention, pour les pédagogies dites "modernes" (au sens chronologique autant que philosophique), certaines sont nées de la volonté d'éradiquer la "barbarie" chez l'homme après la première guerre mondiale ou les camps lors de la seconde. Mais elles se rattachent toutes à ce refus du passé.
Pour les programmes, ils ont toujours été l'objet d'enjeux politiques. Sous l'ancien régime, on enseignait par exemple que la noblesse descendait des conquérants francs, le tiers-état des gallo-romains conquis...
> Par contre, Patrice, il n'y a même plus d'apprentissage à l'école. Ce que l'on utilise comme technologie est obsolète si vite que l'on ne peut plus parler d'apprentissage car cela ne sera même pas réutilisé plus tard.
Au fait, il faudrait que tu te penches sur la question du livret scolaire unique de compétences. Cette volonté de ficher les "compétences" des élèves, de la maternelle à l'université (il sera étendu au lycée et au supérieur si j'ai bien compris la réunion de l'autre jour) et sachant qu'il y a nombre de compétences "comportementales" ...
http://www.education.gouv.fr/cid106168/le-livret-scolaire-unique-du-cp-a-la-troisieme.html
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Écrit par : VF / | 29/11/2016
à Patrice
> Tout à fait d'accord, le libéralisme est un tout comme l'a magistralement montré Michea, mais c'est aussi la pensée traditionnelle de l'Eglise.
Ludovic
[ PP à L. - Vous voulez dire que la pensée de l'Eglise sur ce point a précédé celle de Michea ? Si oui, je partage votre avis. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Ludovic / | 29/11/2016
LES EMBÛCHES
> Il convient de ne pas céder au désespoir. Le pire n'est pas toujours sûr, et on peut toujours se rassurer à l'idée que les embûches vont maintenant se dresser en (grand) nombre sous les pieds de ce candidat de l'actuelle unanimité dextre.
Inutile donc de craindre d'avoir "savonné" la planche : l'adversité (de quelque sorte qu'elle soit) a tout le temps de s'en charger. D'ailleurs le favori de novembre n'échappera pas à l'usure des espoirs déçus et n'a que d'infimes chances de parvenir à la victoire en mai.
Ce n'est même pas un challenger qui va le déborder, mais un outsider.
Il est cependant permis de se demander si la mécanique broyeuse des "Primaires" peut laisser de la place à des candidats libres (au moins en pensée - sans aller jusqu'aux "libres-penseurs") et indépendants.
Avant qu'ils ne soient entravés par l'obstacle des cinq-cents signatures, ils sont déjà nombreux à en rêver, de tous les côtés. Au risque d'émietter l'offre politique.
Bon, pas trop grave, cet émiettement : il restera toujours un (seul) finaliste (quelle que soit sa couleur) face à la Grande Menace.
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Écrit par : Fondudaviation / | 29/11/2016
L'EGLISE CONTRE LE LIBÉRALISME
> Cher Patrice,
Sur votre question de l'unité du libéralisme, c'est bien ce que je veux dire
La pensée de l'Eglise ne peut que s'opposer au libéralisme dont le fondement même est une excroissance extravagante de la liberté chrétienne qui est absolutisée au point d'en oublier le Dieu créateur. Nous vivons sans trop nous en rendre compte dans un monde ou ce libéralisme a triomphé.
Ceci est très bien montré par Finkielkraut dans 'Nous autres modernes' qui met en évidence le texte fondateur de la modernité de Pic de la Mirandole.
Un souci est que la formation philosophique des chrétiens est très faible aujourd'hui pour appréhender cela. Pourtant cela serait un excellent antidote pour tous les catholiques.
Quelques exceptions existent comme les ouvrages de Cavanaugh qui sont profondément antimodernes. Comme par hasard, celui-ci a de bonne recensions dans toutes les sensibilités chrétiennes, de 'Témoignage chrétien' à 'l'Homme nouveau'.
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Écrit par : Ludovic / | 30/11/2016
"C'EST TOUT"
> Ce qu'on peut aussi tirer de cette primaire, ouverte à ceux qui se considèrent comme "de droite", la conclusion que moins de 10% (4,3 millions sur 44,6) des électeurs inscrits se considèrent comme activement de droite. Le résultat est un enseignement interne à ce milieu. C'est tout.
Ils étaient tous libéraux? Oui, bien sûr! Normal! La droite moins libérale, c'est le FN. Pas les LR et centristes.
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La droite libérale remaet en cause les acquis du CNR? Fatal: nous avons perdu le contexte du CNR: maîtrise des frontière, maîtrise de la monnaie. Il faut savoir ce qu'on veut.
Écrit par : Pierre Huet / | 03/12/2016
à Pierre
> le FN moins libéral, dans les discours, vous avez raison. Mais si l'on examine les politiques de ses élus partout où il y en a, du parlement européen aux conseils régionaux en passant par les municipalités, on se rend que ça reaganise de façon totalement "décomplexée".
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Écrit par : Lucas | 05/12/2016
PAS TOUS FILLONNISTES !
> Sur un forum qui n'est pas spécialement fréquenté par des catholiques, j'avais posté ce commentaire, le 28/11 :
« Un nouveau "quinquennat" pour rien : une politique ultra-libérale à donf, avec une bonne rasade d'eau bénite pour faire passer le tout ? »
Amis chômeurs, amis travailleurs précaires, offrez vos souffrances dans l'Espérance !
A titre préventif (car je sens que le fil va être saignant) : non, tous les catholiques de France ne sont pas derrière Fillon. Presque tous (j'espère plaisanter...), oui mais pas tous :
http://plunkett.hautetfort.com
En tout cas, pour foutre en l'air l'évangélisation, il n'y a pas mieux (pardon, je suis franchement en colère...). L'identification du Christ et de son Eglise à une classe sociale... "
Feld
[ PP à Feld :
Pas tous en effet.
Je dois dire que, dans son éditorial de décembre dans 'La Nef', Jacques de Guillebon (dont j'ai désapprouvé radicalement l'éditorial de septembre contre le pape) fusille très bien le fillonnisme bcbg et les cornacs de Sens commun.
Beaucoup de messages Facebook partagent une révolte devant le triomphalisme des beaux quartiers, présenté par eux-mêmes comme l'expression des "valeurs" (?) catholiques. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Feld / | 05/12/2016
SANS MODÉRATION
> J'ai lu l'édito de J. de Guillebon. Plus que saignant. A diffuser sans modération !
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Écrit par : Feld / | 06/12/2016
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