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04/08/2016

Remettons les pendules à l'heure !

Pourquoi certains se bloquent-ils sur trois mots - décontextualisés - du pape dans l'avion ? Peut-être pour escamoter les développements comme celui-ci (adressé l'avant-veille aux évêques polonais), qui donne l'ampleur de la perspective :


 

 

<<  La miséricorde n’est pas quelque chose qui m’est venu à l’esprit personnellement. C’est un processus. Si nous regardons déjà le bienheureux Paul VI, il avait quelques accents sur la miséricorde. Et puis, saint Jean-Paul II a été le géant de la miséricorde avec l’encyclique Dives in misericordia, la canonisation de sainte Faustine et puis l’octave de Pâques : il est mort à la veille de ce jour. C’est un processus, depuis des années, dans l’Église. On voit que le Seigneur demandait de réveiller dans l’Église cette attitude de miséricorde parmi les fidèles. Il est le Miséricordieux qui pardonne tout. Je suis très touché par un chapiteau médiéval qui se trouve dans la basilique Sainte Marie Madeleine à Vézelay, en France, où commence le Chemin de Saint Jacques. Sur ce chapiteau, d’un côté figure Judas, pendu, les yeux ouverts, la langue sortie et de l’autre il y a le Bon pasteur qui le porte sur ses épaules. Et si nous regardons bien, le visage du Bon pasteur, d’un côté ses lèvres sont tristes, mais de l’autre elles font un sourire. La miséricorde est un mystère, c’est un mystère. C’est le mystère de Dieu.

On m’a demandé une interview, d’où a été tiré un livre intitulé Le nom de Dieu est miséricorde, mais c’est une expression journalistique ; je crois que l’on peut dire que Dieu est le Père miséricordieux. Au moins, dans l’Évangile, Jésus le montre ainsi. Il punit pour convertir. Et puis les paraboles de la miséricorde et la manière dont il a voulu nous sauver. Quand vint la plénitude des temps, il fait naître son Fils d’une femme : avec la chair, il nous sauve avec la chair ; non à partir de la peur, mais de la chair. Dans ce processus de l’Église, nous recevons beaucoup de grâces. Et vous voyez ce monde malade d’injustice, de manque d’amour, de corruption. Mais c’est vrai, c’est vrai. Aujourd’hui, dans l’avion, en parlant de ce prêtre de plus de quatre-vingts ans, tué en France : il y a longtemps que je dis que le monde est en guerre, que nous vivons la troisième guerre mondiale par morceaux. Pensons au Nigéria… Les idéologies, oui, mais quelle est l’idéologie d’aujourd’hui, qui est vraiment au centre et qui est la mère des corruptions, des guerres ? L’idolâtrie de l’argent. L’homme et la femme ne sont plus au sommet de la création, on y a mis l’idole argent, et tout s’achète et se vend pour de l’argent. Au centre, l’argent. On exploite les gens. Et la traite des personnes aujourd’hui ? Cela a toujours été comme cela : la cruauté ! J’ai parlé de ce sentiment à un chef de gouvernement qui m’a dit : « Il y a toujours eu la cruauté. Le problème est que maintenant, nous la regardons à la télévision, elle s’est rapprochée de notre vie ». Mais toujours, cette cruauté. Tuer pour de l’argent. Exploiter les gens, exploiter la création. Un chef de gouvernement africain, récemment élu, est venu me voir en audience et m’a dit : « Le premier acte de gouvernement que j’ai fait a été la reforestation du pays qui avait été déforesté et détruit ». Nous ne prenons pas soin de la création ! Et cela signifie davantage de pauvres, plus de corruption. Mais que pensons-nous quand 80% – plus ou moins, cherchez bien les statistiques et si ce n’est pas 80, c’est 82 ou 78 – des richesses sont dans les mains de moins de 20% des gens ? « Père, ne parlez pas comme cela, vous êtes communiste ! » Non, non, ce sont les statistiques ! Et qui paie cela ? Ce sont les gens qui paient, le peuple de Dieu : les jeunes filles exploitées, les jeunes sans travail. En Italie, chez les moins de 25 ans, 40% sont sans travail ; en Espagne, 50% ; en Croatie, 47%. Pourquoi ? Parce qu’il y a une économie liquide, qui favorise la corruption. Un grand catholique, qui est allé chez un ami entrepreneur, m’a raconté, scandalisé : « Je vais te montrer comment je gagne 20.000 dollars sans bouger de chez moi ». Et avec son ordinateur, de Californie, il a fait l’acquisition de je ne sais quoi et l’a vendu en Chine : en 20 minutes, en moins de 20 minutes, il avait gagné ces 20.000 dollars. Tout est liquide ! Et les jeunes n’ont pas la culture du travail parce qu’ils n’ont pas de travail ! La terre est morte parce qu’elle a été exploitée sans sagesse. Et c’est ainsi que nous avançons. Le monde se réchauffe, pourquoi ? Parce que nous devons gagner. Le gain... « Nous sommes tombés dans l’idolâtrie de l’argent » : c’est ce que m’a dit un ambassadeur quand il est venu pour ses lettres de créance. C’est une idolâtrie.
La divine miséricorde est le témoignage, le témoignage de beaucoup de personnes, de beaucoup d’hommes et de femmes, laïcs, jeunes, qui font des œuvres : en Italie, par exemple, le coopérativisme. Oui, il y en a certains qui sont trop malins, mais on fait toujours du bien, on fait toujours de bonnes choses. Et les institutions pour soigner les malades : des organisations fortes. Aller sur cette voie, faire des choses pour que la dignité humaine grandisse. Mais c’est vrai, ce que vous dites. Nous vivons un analphabétisme religieux, au point que dans certains sanctuaires du monde, on confond tout : on va prier, il y a des magasins où l’on achète des objets de piété, des rosaires… mais il y en a qui vendent des objets de superstition, parce qu’on cherche le salut dans la superstition,  dans l’analphabétisme religieux, ce relativisme qui confond une chose avec une autre. Et là, il faut la catéchèse, la catéchèse de vie. La catéchèse qui n’est pas seulement donner des notions, mais accompagner le chemin. Accompagner est une des attitudes les plus importantes ! Accompagner la croissance de la foi. C’est un grand travail et les jeunes attendent cela ! Les jeunes attendent… « Mais si je commence à parler, ils s’ennuient ! » Mais donne-leur un travail à faire. Dis-leur d’aller, pendant les vacances, quinze jours à aider à construire des habitations modestes pour les pauvres ou à faire autre chose. Qu’ils commencent à se sentir utiles... Et là, on laisse tomber la semence de Dieu. Lentement. Mais pas seulement avec les mots, cela n'irait pas ! L’analphabétisme religieux d’aujourd’hui, nous devons le confronter  à trois langages, aux trois langues : la langue de l’esprit, la langue du cœur et la langue des mains. Toutes les trois, harmonieusement.

...Une fois, j’ai osé dire : il y a ce verset de l’Apocalypse : « Je me tiens à la porte et je frappe » (3, 20) ; il frappe à la porte mais je me demande combien de fois le Seigneur frappe à la porte de l’intérieur, pour que nous lui ouvrions et qu’il puisse sortir avec nous, porter l’Évangile au dehors. Pas enfermés ! dehors ! sortir, sortir !  >>

Traduction de Zenit, Constance Roques

 

Commentaires

DISCUSSION

> Une précision cela dit : l'iconographie du Bon Pasteur imberbe, telle qu'elle existe au IVe siècle, n'existe tout simplement plus au XIIe siècle. Ce qu'on voit sur le chapiteau de Judas ne peut être une image de Jésus, toujours représenté barbu : certains détracteurs du pape y ont vu le démon, ce qui est tout aussi improbable (ce serait nettement plus clair que ça). Qui faut-il y voir ? Mystère ! Il y a plein de chapiteaux non expliqués à Vézelay...
En outre, l'insistance sur la miséricorde divine au XIIe siècle est tout simplement anachronique. A cette époque, le décor des églises avait pour principale fonction de manifester la puissance et la gloire de Dieu, pas sa miséricorde. Le discours du pape sur la miséricorde est le développement de ce qui a été donné par Jean Paul II, Benoît XVI, d'après sainte Thérèse et sainte Faustine et d'après certains passages bibliques : mais ce développement est profondément novateur. Cependant, tant qu'il n'entre pas en contradiction avec les développements précédents, le fait qu'il soit novateur ne le rend pas hétérodoxe !
Ce qui ne retire rien à la valeur du discours de François sur l'idolâtrie de l'argent.
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Écrit par : Edel / | 04/08/2016

LA MISÉRICORDE

> La miséricorde n'est peut-être pas à la mode théologique au XIIe siècle (encore que : à vérifier), mais elle l'est au XIIIe chez St Thomas d'Aquin (Traité de la Charité) :

" QUESTION 30 ─ LA MISÉRICORDE

1. La miséricorde a-t-elle pour cause en nous le mal d’autrui ? - 2. A qui convient-il d’exercer la miséricorde ? - 3. Est-elle une vertu ? - 4. Est-elle la plus grande des vertus ?

ARTICLE 1 ─ La miséricorde a-t-elle pour cause en nous le mal d’autrui ?

Objections :
1. Il ne semble pas, car la faute, avons-nous dit, est un mal plus grand que la peine. Or la faute, loin de susciter la miséricorde, provoque plutôt l’indignation. Donc le mal n’est pas ce qui motive la miséricorde.
2. Ce qui est affreux ou qui remplit d’effroi se présente comme comportant un excès de mal. Or, remarque Aristote, " ce qui cause l’effroi est étranger à la compassion, et exclut la miséricorde ". Donc le mal, comme tel, n’est pas le motif qui excite la miséricorde.
3. Le rappel du mal n’est pas un mal véritable. Or Aristote dit que de tels signes inclinent à la miséricorde. Le mal n’est donc pas le motif propre de la miséricorde.
Cependant, S. Jean Damascène fait de la miséricorde une espèce de tristesse ; or c’est le mal qui provoque la tristesse ; c’est donc lui aussi qui détermine la miséricorde.

Conclusion :
" La miséricorde, dit S. Augustin, est la compassion que notre coeur éprouve en face de la misère d’autrui, sentiment qui nous pousse à lui venir en aide si nous le pouvons. " Le mot miséricorde signifie en effet un coeur rendu misérable par la misère d’autrui. Or la misère est l’opposé du bonheur ; et la béatitude ou le bonheur consiste à posséder ce que l’on veut (conformément à la justice). " Celui-là est bienheureux, dit S. Augustin, qui a tout ce qu’il veut, et ne veut rien pour un motif mauvais. " La misère, au contraire, consiste à subir ce que l’on ne veut pas. Or il y a trois manières de vouloir quelque chose. 1° Par appétit naturel : ainsi tous veulent exister et vivre. 2° On veut quelque chose par choix délibéré. 3° On veut une chose non pour elle-même mais dans sa cause ; ainsi lorsque quelqu’un veut manger ce qui lui fait mal, nous disons que, d’une certaine façon, il veut se rendre malade.
Ainsi donc le motif de la miséricorde se prend du côté de la misère. Il peut consister tout d’abord en ce qui contrarie l’appétit naturel de celui qui veut, c’est-à-dire les maux destructeurs et accablants dont nous recherchons naturellement le contraire : " La miséricorde, dit en ce sens Aristote, est la tristesse causée à la vue d’un mal destructeur et accablant. " - En deuxième lieu, les maux dont on vient de parler suscitent davantage encore la miséricorde s’ils s’opposent à un choix volontaire libre ; de là cette remarque d’Aristote au même endroit : sont dignes de compassion " les maux qui ont pour cause la malchance " par exemple " s’il nous arrive du mal là où nous espérions du bien ". - Enfin, sont encore plus dignes de compassion les maux qui vont à l’encontre de la volonté tout entière, comme c’est le cas de celui qui a toujours cherché le bien et à qui il n’arrive que du mal ; ce qui fait dire à Aristote : " On s’apitoie surtout du malheur de celui qui souffre sans l’avoir mérité. "

Solutions :
1. Il appartient à la notion de faute d’être volontaire. Et à ce titre elle n’est pas objet de miséricorde, mais plutôt de punition. Toutefois, parce que la faute peut être une certaine peine, en ce sens que des maux contraires à la volonté de celui qui pèche peuvent l’accompagner, elle est apte sous ce rapport à inspirer la miséricorde. C’est ainsi que nous avons des sentiments de pitié et de compassion pour les pécheurs : " La vraie justice, dit S. Grégoire, n’a pas pour eux du dédain, mais de la compassion. " Et nous voyons en S. Matthieu (9, 36) que Jésus " à la vue des foules, eut pitié d’elles, car ces gens étaient las et prostrés, comme des brebis qui n’ont pas de berger ".
2. Parce qu’elle est la compassion que l’on ressent pour la misère d’autrui, la miséricorde, au sens propre du mot, a rapport à un autre ; si l’on dit que l’on a de la miséricorde pour soi-même, ce n’est que par comparaison, comme à propos de la justice, et pour autant que l’on considère dans l’homme des parties différentes. C’est dans ce sens qu’il est écrit dans l’Ecclésiastique (30, 24 Vg) : " Aie pitié de ton âme et rends-toi agréable à Dieu. " Donc, de même qu’il n’y a pas à proprement parler de miséricorde à l’égard de nous-même, mais de la douleur, par exemple si un mal cruel nous atteint, de même à l’égard des maux de ceux qui, tels nos enfants ou nos parents, nous sont unis au point d’être en quelque sorte quelque chose de nous-même, ce n’est pas de la miséricorde, mais de la douleur que nous éprouvons comme pour nos propres blessures. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la parole d’Aristote : " Ce qui est effrayant exclut la miséricorde. "
3. Comme l’attente et le souvenir des biens produisent en nous la joie, de même l’attente et le souvenir des maux nous rendent tristes ; mais non pas autant que si nous les ressentions présents. Voilà pourquoi les signes des maux, du fait qu’ils nous font voir comme présentes des misères dignes de pitié, excitent en nous la miséricorde.

ARTICLE 2 ─ A qui convient-il d’exercer la miséricorde ?

Objections :
1. Il semble que le défaut ne soit pas de la part du miséricordieux le motif d’exercer la miséricorde. En effet, le propre de Dieu est d’exercer la miséricorde, selon la parole du Psaume (145, 9) : " Sa miséricorde s’étend sur toutes ses oeuvres. " Or il n’y a en Dieu aucun défaut. Il est donc impossible qu’un défaut soit le motif de la miséricorde.
2. S’il en était ainsi, ceux qui sont le plus dénués de tout devraient être aussi les plus miséricordieux ; or, il n’en est rien : Aristote’ dit en effet : " Ceux qui sont ruinés de fond en comble n’ont pas de pitié. " Donc la miséricorde ne s’explique pas par une déficience chez celui qui la ressent.
3. Subir un outrage accuse un défaut. Or, au même endroit, Aristote affirme que " ceux qui sont disposés à l’outrage ne font pas miséricorde ". Ce n’est donc pas un défaut qui motive, chez celui qui fait miséricorde, l’acte qu’il accomplit.
Cependant, la miséricorde est une certaine tristesse. Or le défaut est la raison de la tristesse ; de là vient que les faibles sont plus enclins à la tristesse, on l’a remarqué plus haut. Donc c’est bien un défaut qui motive la miséricorde en celui qui la ressent.

Conclusion :
Être miséricordieux, avons-nous dit, c’est compatir à la misère d’autrui ; nous éprouverons donc de la miséricorde en raison de ce qui nous fait souffrir de cette misère. Et comme ce qui nous attriste et nous fait souffrir, c’est le mal qui nous atteint nous-même, nous nous attristerons et nous souffrirons de la misère d’autrui dans la mesure où nous la regarderons comme la nôtre. Ce qui peut arriver de deux manières.
D’abord en raison d’une union affective, qui est produite par l’amour. C’est en effet parce que celui qui aime regarde son ami comme un autre lui-même, qu’il considère son mal comme le sien propre, et qu’il en souffre comme s’il en était frappé. D’où vient qu’Aristote a rangé parmi les sentiments d’amitié le fait de " partager les peines d’un ami ", et que S. Paul a dit (Rm 12, 15) : " Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent. "
Ensuite, nous souffrons de la misère d’autrui en raison d’une union réelle, qui résulte de ce que le mal qui atteint les autres est proche et va nous atteindre. Les hommes, remarque en effet Aristote, éprouvent de la pitié pour ceux qui leur sont unis et semblables, car cela les porte à croire qu’ils pourraient être frappés de la même manière ; c’est ainsi que les vieillards et les sages, qui songent aux maux qui peuvent leur arriver, et aussi les faibles et les craintifs, sont plus miséricordieux. Au contraire, ceux qui s’estiment heureux, et assez forts pour échapper à tous les maux, le sont beaucoup moins. - Ainsi donc, un défaut est toujours la raison d’être miséricordieux : soit que l’on considère le défaut d’un autre comme le sien, à cause de l’union de l’amour, soit parce qu’on a des raisons de le redouter pour soi-même.

Solutions :
1. Dieu n’est miséricordieux que par amour, en tant qu’il nous aime comme étant quelque chose de lui-même.
2. Ceux qui sont déjà atteints de maux extrêmes ne craignent plus de souffrir davantage et, de ce fait, ne connaissent pas la miséricorde. - De même ceux qui sont en proie à une crainte excessive : leur anxiété les absorbe au point qu’ils ne prennent pas garde à la misère des autres.
3. Ceux qui sont disposés à l’outrage, soit qu’on les ait outragés, soit qu’ils veuillent d’eux-mêmes passer à l’injure, sont portés à la colère et à l’audace, passions viriles qui exaltent le courage en face des difficultés. On ne pense plus alors que le malheur puisse vous atteindre à l’avenir, et l’on n’est pas enclin à la miséricorde selon les Proverbes (27, 4) : " La colère est sans pitié ainsi que la fureur qui éclate. " - Il en va de même des orgueilleux, qui méprisent les autres, qui les jugent mauvais et donc dignes des maux dont ils sont frappés : " La fausse justice (celle des orgueilleux), dit S. Grégoire, ignore la compassion, et n’a que du dédain. "

ARTICLE 3 ─ La miséricorde est-elle une vertu ?

Objections :
1. Il semble que non. La vertu a en effet pour élément principal le choix, comme le montre Aristote,. Or cet acte, dit-il, est " un désir de ce qui a été l’objet d’une délibération ". Donc ce qui empêche cette délibération ne saurait être regardé comme une vertu. Or la miséricorde empêche le conseil car, dit Salluste " ceux qui tiennent conseil dans les affaires douteuses ne doivent être influencés ni par la colère ni par la pitié, car l’esprit discerne difficilement le vrai là où ces passions interviennent ". La miséricorde n’est donc pas une vertu.
2. Rien de ce qui est contraire à une vertu n’est digne d’être loué ; or l’indignation est contraire à la miséricorde, dit Aristote ; d’autre part il affirme qu’elle est une passion louable ; donc la miséricorde n’est pas une vertu.
3. Ni la joie ni la paix ne sont des vertus spéciales, puisqu’elles procèdent de la charité, comme nous l’avons dit ; mais la miséricorde en vient aussi car c’est également par la charité que " nous pleurons avec ceux qui pleurent ", et que " nous nous réjouissons avec ceux qui sont dans la joie " ; donc la miséricorde n’est pas une vertu.
4. La miséricorde n’est pas une vertu intellectuelle, puisqu’elle appartient à la puissance appétitive, ni une vertu théologale, puisqu’elle n’a pas Dieu pour objet. Elle n’est pas davantage une vertu morale, car elle n’a trait ni aux actions humaines, qui sont l’affaire de la justice, ni aux passions, car elle ne peut être ramenée à aucun des douze " milieux de vertus " dénombrés par Aristote. La miséricorde n’est donc pas une vertu.
Cependant, S. Augustin écrit : " Combien meilleurs, plus humains et plus conformes à l’appréciation des bons, les sentiments exprimés par Cicéron dans son éloge de César : "De toutes les vertus, dit-il, il n’y en a pas de plus admirable, de plus aimable que la miséricorde." " Celle-ci est donc une vertu.

Conclusion :
La miséricorde implique une douleur provoquée par la misère d’autrui. Cette douleur peut être un mouvement de l’appétit sensitif ; la miséricorde alors n’est pas une vertu, mais une passion. Mais elle peut être aussi un mouvement de l’appétit intellectuel ou volonté. Or, ce dernier mouvement peut être réglé par la raison, et, par son intermédiaire, le mouvement de l’appétit sensitif peut l’être à son tour. D’où cette remarque de S. Augustin : " Ce mouvement de l’âme ", la miséricorde, " obéit à la raison, lorsque l’on fait miséricorde, la justice étant sauve ; soit qu’on secoure l’indigent, soit qu’on pardonne à celui qui se repent ". Et parce que la vertu humaine consiste en ce que le mouvement de l’âme est réglé par la raison, comme nous l’avons montré précédemment a, on doit dire que la miséricorde est une vertu.

Solutions :
1. Cette remarque de Salluste concerne la miséricorde considérée comme une passion que la raison ne règle pas ; elle entrave alors la délibération en faisant manquer à la justice.
2. Aristote parle également ici de la miséricorde et de l’indignation considérées comme des passions. Comme telles, elles s’opposent en effet l’une à l’autre par le jugement qu’elles portent sur le mal d’autrui : le miséricordieux s’en afflige, parce qu’il pense qu’un tel n’a pas mérité son sort malheureux ; l’homme indigné, au contraire, s’en réjouit, parce qu’il y voit une souffrance méritée, et il s’attriste quand ceux qui réussissent n’en sont pas dignes. " Ces sentiments sont tous deux louables, remarque Aristote, et procèdent de la même disposition morale. " Mais, à proprement parler, c’est l’envie qui est le contraire de la miséricorde, nous le verrons plus loin.
3. La joie et la paix n’ajoutent rien à la raison de bien qui est l’objet de la charité, et c’est pourquoi elles ne requièrent pas d’autres vertus que la charité. La miséricorde, au contraire, envisage un aspect spécial de l’objet, à savoir la misère de celui dont elle a compassions.
4. La miséricorde considérée comme vertu, est une vertu morale relative aux passions, et elle se ramène au même juste milieu que l’indignations, parce que " elles viennent toutes deux de la même disposition morale ", dit encore Aristote. Pour lui ces milieux ne sont pas des vertus, mais des passions ; et même à ce titre ils sont louables. Cependant, rien n’empêche qu’ils aient pour principe un habitus capable de choix, et ils revêtent ainsi la raison de vertu.

ARTICLE 4 ─ La miséricorde est-elle la plus grande des vertus ?

Objections :
1. Il semble bien, car le sommet de la vertu, c’est le culte divin ; cependant la miséricorde est encore meilleure, selon la parole d’Osée (6, 6) reprise en S. Matthieu (12, 7) : " je veux la miséricorde et non le sacrifice. " La miséricorde est donc la plus grande des vertus. 2. Sur cette parole de S. Paul (1 Tm 4, 8) : " La piété est utile à tout ", la Glose dit : " La doctrine chrétienne tout entière tient en ces deux mots : miséricorde et piété. " Mais la doctrine chrétienne embrasse toute vertu. Donc le sommet de toute la vertu consiste en la miséricorde.
3. La vertu est ce qui rend bon celui qui la possède. " Donc, l’homme étant d’autant meilleur qu’il est plus semblable à Dieu, une vertu est d’autant plus grande qu’elle produit davantage cette ressemblance. Et c’est ce que fait excellemment la miséricorde, car il est dit de Dieu dans le Psaume (145, 9) : " Ses miséricordes s’étendent sur toutes ses oeuvres. " D’où vient la parole du Seigneur rapportée par S. Luc (6, 36) : " Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. " Par conséquent, la miséricorde est la plus grande des vertus.
Cependant, après ces paroles : " Revêtez-vous comme les bien-aimés de Dieu de tendre miséricorde ", l’Apôtre ajoute (Col 3, 12) : " Mais par-dessus tout, ayez la charité. " Donc la miséricorde n’est pas la plus grande des vertus.

Conclusion :
Une vertu peut être dite la plus grande à deux points de vue : en elle-même, ou par rapport à celui qui la possède. En elle-même la miséricorde est la plus grande des vertus, car il lui appartient de donner aux autres, et, qui plus est, de soulager leur indigence ; ce qui est éminemment le fait d’un être supérieur. Aussi se montrer miséricordieux est-il regardé comme le propre de Dieu, et c’est par là surtout que se manifeste sa toute-puissance.
Mais par rapport au sujet qui la possède, la miséricorde n’est pas la plus grande des vertus, à moins que son sujet ne soit lui-même le plus grand, n’ayant personne au-dessus de lui, et tous lui étant subordonnés. Car pour quiconque a un supérieur, il est plus grand et meilleur de s’unir à lui, que de suppléer au défaut d’un inférieur. Voilà pourquoi, chez l’homme, qui a Dieu au-dessus de lui, la charité qui l’unit à Dieu vaut mieux que la miséricorde, qui lui fait secourir le prochain. Mais parmi les vertus relatives au prochain, la miséricorde est la plus excellente, comme son acte est aussi le meilleur ; car celui qui supplée au défaut d’un autre est, sous ce rapport, supérieur et meilleur.

Solutions :
1. Les sacrifices et les offrandes qui font partie du culte divin ne sont pas pour Dieu lui-même, mais pour nous et nos proches. Lui-même n’en a nul besoin, et s’il les veut, c’est pour exercer notre dévotion et pour aider le prochain. C’est pourquoi la miséricorde qui subvient aux besoins des autres lui agrée davantage, étant plus immédiatement utile au prochain, selon ces paroles de l’épître aux Hébreux (13, 16) : " Quant à la bienfaisance et à la mise en commun des ressources, ne les oubliez pas, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. "
2. Toute la vie chrétienne se résume en la miséricorde, quant aux oeuvres extérieures. Mais le sentiment intérieur de charité qui nous unit à Dieu l’emporte sur l’amour et la miséricorde envers le prochain.
3. La charité nous rend semblables à Dieu en tant que nous unissant à lui par affection. Elle est donc préférable à la miséricorde, qui nous rend semblables à lui seulement par la similitude des oeuvres.
Il faut étudier maintenant les actes ou effets extérieurs de la charité : d’abord la bienfaisance (Question 31) ; puis l’aumône qui est une partie de la bienfaisance (Question 32) ; enfin la correction fraternelle qui est une certaine aumône (Question 33). "
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Écrit par : luça / | 04/08/2016

PRIÈRE DE St THOMAS

> Pour la rémission des péchés :
"Accordez, ô Dieu, la miséricorde à un misérable" :

« A vous fontaine de miséricorde, ô Dieu, voici que je viens, moi pécheur ; daignez donc me laver, moi impur. Ô soleil de justice, illuminez un aveugle. Ô médecin éternel, guérissez un blessé. Ô Roi des rois, revêtez un dépouillé. Ô médiateur de Dieu et des hommes, réconciliez un coupable. Ô bon Pasteur, ramenez un errant. Accordez, ô Dieu, la miséricorde à un misérable, l'indulgence à un criminel, la vie à un mort, la justification à un impie, l'onction de la grâce à un endurci. Ô très clément, rappelez-moi quand je fuis, attirez-moi quand je résiste, relevez-moi quand je tombe, soutenez-moi quand je marche. Ne m'oubliez pas quand je Vous oublie, ne m'abandonnez pas quand je Vous abandonne, ne me méprisez pas quand je pèche. Car en péchant, je Vous ai offensé, mon Dieu, j'ai lésé mon prochain, je ne me suis pas épargné moi-même. J'ai péché, mon Dieu, par fragilité contre Vous, Père tout-puissant, par ignorance contre Vous, Fils très sage, par malice contre Vous, Esprit-Saint clément ; en tout cela je Vous ai offensé, Trinité sublime. Ah ! Malheureux, combien nombreuses et grandes, combien diverses ont été mes fautes ! Je Vous ai abandonné, Seigneur, et devant Votre bonté je le déplore, par un amour mauvais, par une mauvaise crainte, et je préférai Vous perdre que manquer de ce que j'aimais ou affronter ce que je craignais. Ô mon Dieu, que j'ai fait de mal en parole et en action, péchant secrètement, ouvertement et opiniâtrement ! Je Vous supplie donc, eu égard à ma fragilité, de ne pas regardez à mon iniquité, mais à Votre immense bonté, et de remettre avec clémence ce que j'ai fait, me donnant la douleur du passé et une efficace vigilance pour l'avenir. Ainsi soit-il. »

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
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Écrit par : D.A. / | 04/08/2016

> Nos identitaires cathos anti-François nagent en plein délire. Vous imaginez le pape proclamant urbi et orbi : « La violence est dans le Coran et donc l’islam est terroriste par nature…. » ?! Allant ainsi à rebours du message d’Amour et de Miséricorde que lui a confié le Christ ? Fermant la porte de l’Eglise à un milliard d’êtres humains alors qu’il lui incombe, et nous avec lui, de sortir, d’appeler, d’instruire et d’évangéliser nos frères et sœurs musulmans, en rétablissant notamment ce qui doit être compris par eux sur la Sainte Trinité et sur la Mère de Jésus ?
Prenons exemple sur le P. Jacques Hamel. C’était un homme de dialogue et de miséricorde avec les musulmans, chez qui il allait dîner parfois. Dans sa « catéchèse de vie » (comme dit le pape), il cultivait l’espérance en paroles et en actes (sans doute savait-il que son nom, Hamel, est synonyme d’« espérance en Dieu » en arabe).
Il semble que nos cathos bergogliophobes fassent tout l’inverse de ce prêtre martyr. Avec les musulmans, là où ils devraient tendre leurs mains dans un geste de paix et de fraternité, ils commencent par dire : « Va-t’en, Satan ! »… ou adopter le comportement idoine.
Imagine-t-on un missionnaire chrétien commençant par assommer son interlocuteur incroyant avec des objurgations d’exorciste ?
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Écrit par : Denis / | 04/08/2016

DISCUSSION

> Koz en grande plaidoirie sur le thème, persuasif à sa façon, sinon sans doute doté de l'efficacité d'un décapant à usage qu'on modèrera, si je ne m'abuse.
http://www.koztoujours.fr/le-pape-nest-toujours-pas-un-chef-de-guerre
Je reprends Benoît XVI et le discours de Ratisbonne.
Quelles qu'en fussent les sanglantes conséquences alors.
Dans le même temps j'écoute, comme toujours mais aussi comme jamais, ce que nos frères d'Orient veulent bien nous lâcher sur le sujet.
Sans tomber dans le piège du frontal, que j'en sois préservé.
Sans non plus demander si la position est tenable.
Non, je ne relativiserai pas.
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Écrit par : Aventin / | 04/08/2016

ESCAMOTAGES

> Je suppose que le dialogue avec les évêques polonais subira le même sort ou bien, seconde stratégie, silence radio ! Attendons...
https://fr.zenit.org/articles/le-pape-francois-fustige-la-colonisation-ideologique-de-la-theorie-du-genre/
" En Europe, en Amérique, en Amérique latine, en Afrique, dans certains pays d’Asie, il y a de véritables colonisations idéologiques. Et une de celle-ci – je le dis clairement avec « le nom et le prénom » – est le ‘gender’ ! Aujourd’hui, à l’école, on enseigne ceci aux enfants – aux enfants ! : que chacun peut choisir son sexe. Et pourquoi enseigne-t-on ceci ? Parce que les livres sont ceux des personnes et des institutions qui te donnent l’argent. Ce sont des colonisations idéologiques soutenues aussi par des pays très influents. Et c’est terrible. En parlant avec le pape Benoît, qui va bien et qui a une pensée claire, il me disait : « Sainteté, notre époque est celle du péché contre le Dieu Créateur ! » C’est intelligent ! Dieu a créé l’homme et la femme ; Dieu a créé le monde comme ceci, comme ceci, comme cela… et nous faisons le contraire. Dieu nous a donné un état « inculte » pour que nous le fassions devenir culture ; et ensuite avec cette culture, nous faisons des choses qui nous ramènent à l’état « inculte » ! Ce que le pape Benoît a dit, nous devons y penser : « C’est l’époque du péché contre le Dieu Créateur ! ». Et cela nous aidera."

La totalité du propos de Mgr Vingt-Trois a aussi été escamotée, certains n'ayant considéré que les présupposées allusions au mariage gay pour mieux masquer le reste.
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Écrit par : isabelle / | 04/08/2016

INIMAGINABLES

> Oui, il y a des personnes qui "se bloquent". J'avais sous-estimé ce problème, je l'avoue. Je regarde un peu les commentaires sur ma tribune mise en ligne hier soir par 'Aleteia': les critiques que certain(e)s font de ma pauvre prose me semblent du miel à côté des calomnies inimaginables visant le pape François. Deus in adjutorium nostrum !
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 04/08/2016

PAS FACILE

> Cher Patrice,
Pourquoi certains se bloquent-ils sur trois mots - décontextualisés - du pape dans l'avion ?
Parce que ce n'est pas la première fois qu'il faut recourir à des corrections de traduction, des remises dans le contexte, voire d'exercices proches de l'exégèse. D'encyclique, en exhortation pastorale, en homélies, en discours fondamentaux, en conversation dans les avions jusqu'aux "boutades*", la structure du message devient difficile à suivre et à communiquer. Même si c'est notre devoir de faire l'effort de comprendre, c'est quand même un fardeau à porter quand il s'agit d'aller présenter le vrai visage du Christ et de l'Eglise aux périphéries, même et surtout celles qui sont proches.
*réponse à un commentaire précédent sur le lapinisme.
Bien à toi

BT


[ PP à BT - Eh oui : la Voie n'est pas facile. Mais on était prévenus... ]

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Écrit par : Bruno de Tarlé / | 04/08/2016

LA MISSION DU PAPE

> Je suis d'accord qu'il est bien dommage que ce genre de parole du pape ne soit pas plus mis en évidence
Questionner nos modes de vie, questionner le système économique sont des choses essentielles et le pape a 1000 fois raison de parler du terrorisme de l'argent.
On parle trop peu des centaines de milliers de victimes des guerres menées ou sponsorisées par "l'Occident" contre les peuples à majorité musulmane. C'est très grave.
Tout cela ne doit surtout pas être occulté par la violence des djihadistes
Mais pourquoi le pape est si clair sur cette idéologie libérale (ce qui est très bien) et moins sur la doctrine islamiste ? D'ailleurs les deux sont liés aujourd'hui, en témoignent par exemple les guerres de Syrie et Libye. Le pouvoir libéral a instrumentalisé des islamistes pour renverser des régimes qui ne lui convenaient pas.

Ludovic


[ PP à L. - Mais pourquoi perdrait-il son temps à disserter comme n'importe quel expert de n'importe quel institut géopolitique ? Il n'est pas là pour ça. Il est là pour indiquer la voie difficile du témoignage d'Evangile dans le chaos actuel... S'il ne le faisait pas, ç'est ÇA qui serait un silence sur l'essentiel ! Quant à pousser des cris de guerre (de salon) contre les djihadistes, laissons-en le soin aux sites monomaniaques pour qui le catholicisme se résume à "combattre l'islam", et qui s'y adonnent nuit et jour depuis dix ans. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ludovic / | 04/08/2016

@ Edel

> Il est vrai que les chapiteaux de Vézelay ont une bonne part de choses inexpliquées. Cependant, il est à noter que la période romane est très riche en réminiscences antiques et en expérimentations tous azimuts : il ne serait pas rigoureusement impossible que le sculpteur ait eu sous les yeux un modèle ancien issu d'un manuscrit ou d'un sarcophage.
De plus, il n'est pas obligatoire ici que le pasteur reprenne les traits de Jésus dans la mesure où il ressemble plus ici au bon Samaritain (il ne porte pas une brebis, mais un homme). Il se peut qu'on ait affaire à un "mix" de plusieurs thèmes.
Quant au thème de la miséricorde, au XIIe siècle, sans occuper le premier rang, il est pas totalement évacué. On trouve des autorités comme saint Bernard pour en parler. Il est vrai qu'il traite plus de la miséricorde que l'on peut implorer de la Vierge Marie que de celle venant directement de Dieu.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 04/08/2016

PROVIDENCE

> Depuis la faillite d’Adam dans sa mission d’évangélisation du monde d’alors, le sort collectif de l’humanité tout entière, dépend lui aussi du recours, en dernier ressort, des forces de la providence, à l’intérieur d’un calendrier bien précis (à titre documentaire, cf l’affaire des quatre empires décrits dans Daniel).
Sous l’angle individuel, cette fois-ci, la providence a déjà parlé définitivement suite à l’incarnation du Verbe (réalisation de la prophétie des soixante dix semaines dans Daniel, pieusement enfouie dans les limbes de l’oubli) avec l’objectif que l’on sait.
Sous l’angle collectif, la provldence n’a pas encore parlé.
Et c’est ici la grande confusion, quand par exemple on vient nous dire, que depuis la passion de Jésus, Satan a définitivement été vaincu.
C’est vrai sous l’angle du salut.
C’est faux sous l’angle collectif, le prince de ce monde n’a pas encore été écarté des affaires de ce monde. Non pas qu’il y aurait une sorte de lutte à l’issue incertaine, l’issue est connue à commencer par Satan lui-même, mais la providence veut que le libre-arbitre s’exprime jusqu’au bout et ne lui fera en aucune manière obstacle. Aussi, le drame que l’on vit, c’est quand la providence, en d’autres termes l’Esprit Saint, prend la décision de se retirer. « Vous ne voulez pas de moi ? Très bien, je vous laisse dans votre jus avec votre copain, on en reparlera plus tard, quand vous aurez bien compris par vous-même, si toutefois vous souhaitez comprendre – sous l’angle individuel cette fois-ci – ce qu’est la sagesse et la folie ». Parce qu’après, il va y avoir du boulot car la création est manifestement en « stand by » et là, pas question de confier la poursuite de l’évolution créatrice de ce travail à des tordus https://www.youtube.com/watch?v=udAL48P5NJU
, les tordus auront leur petit monde à eux où ils continueront à se bouffer le nez à perpétuité (ils ont voulu le règne de la force brutale, qu’ils s’en délectent. On aimerait bien que cela ne concerne que très peu de personnes, mais quand on sait que le … tiers (rien que cela) des anges sont tombés…).
Dans ce contexte, le pape, comme les prophètes d’autrefois, est dans une situation dramatique, humainement inextricable. Il peut bien dire tout ce qu’il veut, le calendrier des étapes dans le déroulement de l’épopée humaine est là qui s’impose. La marge de manœuvre des saints se trouve au niveau de l’intensité des drames qui ne manqueront pas de s’abattre, pas dans le calendrier (peut-être à la marge) et les étapes. C’est dans les Ecritures, l’article 676 du CEC pourtant d’une certaine manière prévient, mais rien à faire, on ne veut pas mettre les anti-brouillards.
Il est prévu que le christianisme soit complètement éradiqué pendant quarante deux mois (les tenants de « l’ère du verseau » , comme ils disent, le savent, cela les excite, ils seraient moins excités s’ils prenaient la suite au sérieux).
Pendant ces quarante deux-mois, Henoc (contemporain d’Adam pour mémoire) et Elie qui vont revenir, en personnes, c’est-à dire les mêmes (capito ?), à Jérusalem (perspective insoutenable pour certains qui y fantasment une sorte de conspiration mondialiste juive avec le troisième temple – soit-dit en passant, qu’il y ait ou non un troisième temple reconstruit, cela peut être un signe mais ce n’est pas l’essentiel - et on ne sait quoi d’autre…et Jésus, cela ne serait-il pas un complot Juif là aussi, car, Jésus, il est bien aussi juif, non ?).
Vérifiez vous-mêmes, grattez, recouper les informations, allez voir dans les textes de l’Eglise (Denzinger notamment et autres), ce sont des données de foi catholique. Que les tenants de «Laodicée » noient le poisson en dénigrant volontairement ces points de foi, poussant ainsi les autres à l’ignorance, c’est une affaire qui les concerne. Attention, Laodicée est un état d’esprit transversal à toutes les époques, d’ampleur variable, donc chers cathos, vos querelles sur « ce qui est le plus grand », ce serait bon de les mettre en veilleuse, mais là aussi c’est impossible.
Alors le pape, qu’est ce qu’il peut dire, sous l’angle de la destinée collective s’entend ? Si effectivement on est dans la troisième guerre mondiale « par morceaux », il est en face d’un dilemme épouvantable, comme Pie XII. Alors il fait ce qu’il peut en gagnant du temps, donc en jouant sur les silences et les ambiguïtés, en espérant que ce temps (justement celui de la « miséricorde ». Attention, miséricorde limiteé dans le temps elle aussi, soit le temps de la patience) sera mis à profit afin d’atténuer les coups du sort qu’appelle l’obstination. Parce que sous l’angle collectif, le pape est soumis lui aussi au calendrier de la providence et à la réalité de l’identité des peuples, lesquels n’ont pas vocation à se fondre dans une sorte de magma mondialiste exploitable et corvéable à merci (art 676 du CEC).
Le bout du tunnel pour l’ère présente, bien qu’il y ait encore une étape avant la « levée de rideau » du jugement dernier (1), ce sont les dix premiers versets d’apocalypse 20. Mais tout le monde s’en fout, c’est le dénigrement permanent (depuis Saint Augustin ? qui n’en était pas moins un grand saint) ; on a ainsi l’occasion de saisir l’hostilité haineuse que rencontreront Hénoc et Elie et le sort qui leur sera réservé de la part de ce monde tellement humaniste.


(1) »… l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique… » http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P1R.HTM
Pour les distraits, ce qui est condamné dans le millénarisme, ce n’est pas apocalypse 20 :1-10, mais ceux qui prétendent que cette période décrite dans apoc 20 :1-10 « achève l’espérance messianique ». Cette période « n’achève » rien, ce n’est qu’une étape. Le millénarisme, c’est la prétention de voir un « achèvement » là ou il ne s’agit que d’une étape.
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Écrit par : illingen / | 05/08/2016

DISCUSSION

> Le pape devrait-il faire preuve de plus de prudence ?
C'est vrai que François parle et écrit beaucoup et sa volonté de se situer au plus près de l'Evangile fatalement bouscule (c'est son rôle)beaucoup de monde et plus particulièrement certaines coteries de la galaxie catholique (clercs et fidèles).
Pour ma part cela me permet d'approfondir (aussi grâce à ce blog)et d'affermir ma réflexion.
Je voudrais cependant évoquer la question de la prudence.
Je vais prendre un seul point: la question des migrants.
François nous recommande, à la lumière de l'Evangile, d'accueillir en Europe tous ces migrants essentiellement issus d'Afrique et du Moyen Orient et à dominante musulmane.
On ne peut contester le bien fondé de cette migration: guerres, calamités climatiques, exode rural vers mégalopoles invivables...
Or l'arrivée de ces populations modifie et déstabilise les équilibres déjà mis à mal par la "crise" dans les pays d'accueil.
Quand on examine dans la nature les organes, organismes et organisations vivantes on s'aperçoit que ces entités sont séparées et délimitées.
La peau est l'interface du corps humain avec l'atmosphère, les organes ont leur propre enveloppe, les pays leurs frontières etc,etc.
Chaque délimitation n'est pas étanche: la peau respire et permet la sudation, les membranes cellulaires sont perméables, les frontières ont leurs passages. Toute vie n'est possible que s'il y a échange: un organe, organisme vivant ne peut se suffire à lui seul.
Pourtant quand un organisme est trop sollicité il réagit pour maintenir les conditions nécessaires à son bon fonctionnement. Si la nourriture est trop salée il faut boire en conséquence ,si vous courez il vous faut plus d'oxygène, si vous êtes en apnée il vous faudra reprendre votre respiration et tout ceci dans des limites (bornes ) propres à chaque entité.
C'est pourquoi je me demande si François est bien "prudent" sur la terrible question des migrations. Je sais bien: le bon samaritain n'a pas hésité...mais il n'était pas confronté à la multitude. Cette dernière dans la société d'accueil modifie en profondeur et au delà du soutenable pour certains bien des aspects de la vie publique et privée.
Peut-on prendre le risque de déstabiliser à l'excès les sociétés occidentales ce qui en définitive ajouterai du mal au mal ?
Terrible situation: toutes ces détresses réclament des solutions d'urgence évidemment mais la vraie solution se trouve dans la durée en justice et charité.
L'encyclique 'Laudato Si' apporte les réponses: nous ne pourrons faire l'économie d'un profond changement..consenti ou imposé!
Si consenti se pose la question du processus. Vaste chantier !

philou


[ PP à Philou :
Vous auriez raison si le pape demandait ce que vous l'accusez de demander.
Mais ce n'est pas le cas.
Il ne demande pas aux gouvernements de faire l'impossible.
Ce qu'il demande (et aucun pape ne dirait autre chose), c'est de faire le possible.
Ceux qui hurlent contre le pape sont ceux qui veulent que le possible ne soit pas fait. Posture idéologique.
Et comme aucun pape ne dirait autre chose que ce que dit François, ladite posture idéologique est en fait une attitude de rejet du christianisme : ce que ne dissimulent d'ailleurs ni les identitaires durs, ni même les libéraux de droite genre Maffesoli (qui se définit désormais comme "catholique non chrétien")...

réponse au commentaire

Écrit par : philou / | 05/08/2016

@ PP

Entendons-nous bien: loin de moi l'idée "d'accuser" le pape.
J'ai, abusivement en apparence, compris que notre devoir était d'accueillir toutes ces détresses.
C'est simplement le nombre de ces malheureux déjà arrivés, ceux en route et ceux prêts à les suivre qui provoque ma question.
Je parlais du court terme, pour l'essentiel l'accueil des migrants ,et c'est pour le moins la cacophonie entre gouvernements. Le possible tarde à se dessiner. Et l'acuité du problème ne peut qu'augmenter.
Je persiste à croire qu'il existe un "seuil de tolérance" qu'il serait dangereux de franchir.
Pour de multiples raisons où l'égoïsme a la part principale nous n'osons pas nommer les réalités car il nous faudrait changer tant de choses dans notre vie...et nous changer nous-mêmes¨.
Comme souvent dans l'Histoire nous risquons d'agir sous la contrainte des événements.
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Écrit par : philou / | 05/08/2016

LES CONSÉQUENCES

> Les uns instrumentalisent les migrations dans un but révolutionnaire, lequel consiste à faire disparaître tout obstacle régalien à leur activité mercantile, en précisant que la déstabilisation est une source de profit très rapide et très lucrative pour qui sait lire le sens des événements, c’est-à-dire en les anticipant judicieusement
(et ceci est d’autant plus facile quand c’est eux qui ont allumé la mèche des événements… Sacrés farceurs … On en rirait si les conséquences n’étaient pas un épouvantable drame humain ; la mentalité de ceux qui savent ce qu’ils font parmi ces gens est monstrueuse).
D’autant que, cette ère de la machine imposant des interdépendances étroites entre les divers acteurs d’une société, la manœuvre est plus aisé que dans une société attachée à ses valeurs traditionnelles ancestrales (d’où les étranges manœuvre d’inversion que l’on voit sur ce domaine).
Quand à ceux qui sont utilisés (à cause de leur énergie en matière de capacité d’engagement physique – à la différence des autres trouillards qui se planquent -, il suffit d’agiter un chiffon rouge et ils foncent tête baissée), ils n’en croient pas leurs yeux devant le boulevard qui leur est ouvert, alors ils foncent.
Qu’ils se méfient, car le « boulevard » leur est ouvert par calcul et non par amour, il y aura forcément, tôt ou tard un retour de bâton : mais ils pensent qu’ils sauront l’esquiver et passer à travers en restant les seuls maîtres du jeu.
Les peuples sont des réalités objectives que les dirigeants ont la mission, le devoir, de protéger de toute agression extérieure notamment. Mais quand ils veulent remplir leur rôle, on les insulte, on les traite de populistes, xénophobes, d’extrème-droite (injure suprême), nationalistes, enfin que des noms charmants. Et ces « on », se faisant les plus discrets possibles pour mieux nuire, la «petite minorité d’influence » - mais très friquée - sur l’esprit « moderne », sont comme par hasard ceux qui, bien planqués dans leurs beaux quartiers, lancent les impulsions nécessaires à leur stratégie mortifère d’esclavage.
Les populations, intuitivement, décryptent la manœuvre, bien que ne comprenant pas les détails : mais peut-on leur reprocher ?
Le possible, c’est tout d’abord le secours immédiat. Encore faut-il que ceux qui sont secourus ne crachent pas à la figure, car si la violence les anime, on n’a pas à les accepter, qu’ils retournent immédiatement chez eux (les violents parmi eux, pas les autres).
Ensuite, cette situation d’urgence ne peut-être que provisoire et nécessite un traitement en aval, soit une action diplomatique (si on est en guerre, l’ennemi n’est pas un extra-terrestre : il convient de négocier avec lui dans les limites habituelles de l’acceptable, sinon, et depuis que le monde est monde, en dernier recours, il y a la force de la contrainte, armée notamment). Et quant à l’intégration dans le pays d’accueil, elle ne peut pas se faire au mépris des traditions de ce pays (ce que rappelle soit dit en passant la doctrine sociale de l’Eglise) : il y aura forcément des étapes avec notamment l’apprentissage de la langue.
Et comme les médias mettent en pointe ce qui les arrange au niveau des informations, c’est sans cesse le yoyo entre les accusations et les protestations de bonne foi.
On n’est pas sorti de l’auberge.
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Écrit par : illingen / | 06/08/2016

MILOSEVIC ?

> Excusez d'être un peu hors sujet, mais parlant d'informations, celle-ci peut mériter un peu d'attention. Jusqu'à aujourd'hui je pensais sincèrement que Slobodan Milosevic ...
Ben il semblerait que non, c'est tombé y'a quelques jours :
http://www.legrandsoir.info/milosevic-est-disculpe-pendant-que-la-machine-de-guerre-de-l-otan-continue-sa-route-rt.html
http://cite-catholique.org/viewtopic.php?t=40754
http://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/milosevic-innocente-tribunal-penal-international-lex-yougoslavie-information-censuree-medias/
http://reseauinternational.net/milosevic-disculpe-tandis-que-lotan-passe-a-autre-chose/
http://www.libertasoccidentalis.org/?p=104101
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/dans-un-silence-mediatique-total-183551
Bien sûr, après l'avoir présenté comme le petit frère d'Hitler, faut pas demander maintenant à la presse nationale de s'excuser pour le dérangement.
"A l’époque, il aurait fallu être enfermé dans un bunker pour ne pas être au courant de ce qui se passait. Au grand soulagement de l’accusation, Milosevic est mort subitement dans sa cellule en mars 2006. Que nous apprendra-t-on dans 30 ans sur Mouammar Kadhafi, Bachar El Assad, Saddam Hussein, et tant d'autres dictateurs dont la déposition a fait de leurs pays respectifs des ruines ?"
Et c'est qui qu'est dans le collimateur aujourd'hui ?
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Écrit par : Yann / | 16/08/2016

MAIS LUI...

> "Et c'est qui qu'est dans le collimateur aujourd'hui ?"
Poutine. Mais lui, il a la bombe et c'est un redoutable maître sur l'échiquier international (cf son dernier coup: la Turquie).
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Écrit par : VF / | 16/08/2016

JAMAIS JUGÉ

> Trouvé ceci concernant Slobodan Milosevic :
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/08/24/non-slobodan-milosevic-n-a-pas-ete-blanchi-par-le-tribunal-penal-international_4987414_4355770.html
En fait, il n'a jamais été jugé.
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Écrit par : Yann / | 24/08/2016

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