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24/07/2016

Trois textes qui situent le véritable esprit du christianisme

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"Pénétrer le coeur de Dieu" :


 

 

Nous examinions dans la note d'avant-hier une pièce à conviction de l'athéisme pieux (le "catholicisme non chrétien"). Nous constations que la caractéristique de cette fausse cathophilie est de rejeter [*] l'élément proprement catholique, c'est-à-dire chrétien : la foi en la personne du Christ... D'où l'inanité du reproche fait au pape, coupable d'enseigner ce qui est le coeur du christianisme catholique ! Confrontées les unes aux autres par Hans Urs von Balthasar (citations en italiques), les trois lectures de la messe de ce dimanche montrent ce coeur :

 

Genèse 18, 20-32  (Abraham prie Dieu d'épargner la ville)

" L'intercession d'Abraham pour la ville [**] est le premier grand exemple et reste le modèle de la prière de demande. Elle est aussi humble qu'insistante. Elle progresse à petit pas... La demande ne peut finalement pas être exaucée, parce que même dix justes font défaut [dans la ville] ; pourtant le récit ne peut être compris que comme une incitation pour les croyants à pénétrer dans le coeur de Dieu aussi loin qu'il le faut pour que la compassion qui est en Lui commence à se répandre... Quand Dieu s'engage dans une alliance avec les hommes, Il veut se comporter comme un partenaire et non comme un despote... L'homme qui se tient dans l'alliance avec Dieu a reçu de Dieu pouvoir sur le coeur divin."

 

Sur Luc 11,1-13  (Jésus enseigne le Notre Père aux disciples)

" Avec Dieu le nécessaire est la constance dans la demande, la recherche, les coups frappés à la porte... Dieu ne dort pas, Il est prêt à donner l'Esprit Saint à ceux qui le demandent, mais Il ne gaspille pas ses dons les plus précieux à ceux qui ne les désirent pas, ou ne les demandent qu'avec tiédeur et négligence. Ce que Dieu donne, c'est son propre amour ardent, et celui-ci ne peut être reçu que par ceux qui en ont une vraie faim. Demander à Dieu des choses que par sa nature Il ne peut pas donner est absurde, mais toute prière qui correspond à sa volonté, Il l'exauce infailliblement, voire sur le champ, même si nous ne le remarquons pas dans notre temps éphémère..."

 

Sur Colossiens 2,12-14 ("Dieu vous a donné la vie avec le Christ")

" En Jésus-Christ s'établit entre Dieu, Seigneur de l'alliance, et nous, ses partenaires, une relation immédiate qui a balayé tous les obstacles (nos péchés, le billet de la dette qui nous accablait). La croix du Christ en est le moyen, elle a "détruit le mur de séparation" (Ephésiens 2,14) : ainsi les enfants peuvent demander au Père ce dont ils ont besoin".

 

 

Voilà le véritable "esprit du christianisme" !

Ce ne sont pas - ou pas seulement - les interprétations projetées sur lui par des intellectuels non-chrétiens bien intentionnés, tels Stiegler et Nancy en  annexe d'un livre paru en juin (Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ?, éd. Les Liens qui libèrent) - et dont nous parlerons bientôt.

Ce ne sont surtout pas  les mirages des athées de droite à la Maffesoli...

 

 

_______________

[*]  rejeter, non ignorer. L'agnostique (qui se croit incapable de chercher Dieu) n'est pas un athée.. L'athéisme peut être conceptuel : nier la possibilité de l'existence de Dieu (posture fréquente à gauche). Il peut être pratique : penser et agir comme si l'on niait cette possibilité (posture fréquente à droite, qu'il s'agisse d' "identitaires", de libéraux ou des deux à la fois).

[**] C'est Sodome, dont les habitants commettent "de grands péchés" parce qu'ils sont "méchants" (Gn 13,13). Contrairement à l'idée forgée tardivement, le passage sur la colère divine (Gn 18, 20-32 ; 19, 12-29) ne réduit pas ces "péchés" à des questions sexuelles. Les Pères de l'Eglise ont suivi Ezéchiel invectivant les péchés de Jérusalem (Ez 16, 44-50) : "Voici quel était le crime de Sodome, ta soeur : elle et ses filles [les cités annexes] étaient devenues orgueilleuses parce qu'elles vivaient dans l'abondance et dans une tranquille insouciance. Elles n'ont pas secouru les pauvres et les malheureux. Elles sont devenues hautaines et se sont mises à commettre sous mes yeux des actes abominables" (sans précision)... L'archéologie des moeurs explique l'atttude menaçante (Gn 19,5)  de "tous les habitants de Sodome" par leur mentalité agressive menant à transgresser la tradition antique d'hospitalité ; non par une homosexualité improbablement partagée par "tous". Dans le récit de la Genèse, cette transgression d'hospitalité est d'autant plus grave qu'elle touche Dieu, les trois étrangers étant des anges... Dans le même sens qu'Ezéchiel, Jésus déclare (Luc 17, 28-29) à propos de Sodome  : "C'est encore ce qui est arrivé au temps de Loth : les gens mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient. Mais le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel et les fit tous périr..."  En Matthieu 10,5, Jésus compare deux refus d'hospitalité (l'attitude des villages n'accueillant pas les disciples, et l'attitude des habitants de Sodome) et déclare : "au jour du jugement, les villes de Sodome et de Gomorrhe seront traitées avec moins de rigueur que les habitants de ces lieux-là."  Notons enfin que Gn 19 invite ses lecteurs à ne pas se polariser sur la colère divine contre les habitants de Sodome. C'est le récit devenu proverbial : lors de leur fuite hors de Sodome, la femme de Loth est "changée en statue de sel" pour avoir "regardé derrière elle" (Gn 12,29)  le spectacle de la catastrophe détruisant la ville. Car l'essentiel est ailleurs.

 

Commentaires

TRADUCTION

> Je retiens la traduction exacte du Notre Père : "Ne nous laisse pas entrer en tentation" (Luc 11, 4) -- l'original grec porte : "mê eisenengkês êmas eis peirazon", que la Vulgate traduit correctement : "ne nos inducas in tentationem". La version anglaise est meilleure que celle du missel français : "And lead us not into temptation". -- J'ai toujours dit, par obéissance et pour éviter de provoquer l'étonnement des fidèles : "Ne nous soumets pas à la tentation", mais cette traduction n'est pas correcte, saint Jacques nous mettant en garde contre toute tentative d'imputer à Dieu les tentations qui nous surviennent. Dieu ne tente personne, écrit-il ; nous sommes tentés par notre concupiscence. Incidemment, celle-ci ne doit pas être confondue avec le péché lui-même, contrairement à ce que pensait Luther. Le concile de Trente a d'ailleurs explicitement dénoncé cette erreur.

P. J-C Alleaume


[ PP au P. JCA :
"Ne nous laisse pas entrer en tentation" fait partie de la nouvelle traduction liturgique officielle des épiscopats de langue française, qui doit entrer en usage (aux dernières nouvelles) en 2017 - mais c'est tout un chantier. ]

réponse au commentaire

Écrit par : P. Jean-Claude Alleaume / | 24/07/2016

> Curieuse (et intéressante) votre remarque à mon commentaire ci-dessus. J'ai pourtant lu, ce matin meme, cette nouvelle version qui entrera en vigueur en 1917, dans le mensuel "Parole de chaque jour" du diocese de Port-Louis, Ile Maurice. Ce mensuel est aussi reconnu par Mgr Gilbert Aubry, évêque de Saint-Denis de La Réunion et membre de la CEF...

P. J-C A.


[ PP au P. J-C A - Y aurait-il une contradiction entre ce que j'ai dit et ce que avez lu ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : P. Jean-Claude Alleaume / | 24/07/2016

LE 'NOTRE PÈRE'

> Il semble que dans cette affaire, on oublie le reste de l’expression « mais délivre-nous du mal ».
Au-delà de la querelle des traductions qui n’en finit pas, on peut percevoir l’idée suivante :
« ne nous soumets pas à la tentation » ou « ne nous laisse pas entrer en tentation », par « ne nous abandonne pas à la tentation ».
En ce sens que la tentation, depuis le péché originel et le péché personnel (1), est la conséquence de notre faiblesse intrinsèque dès la conception. La prière demanderait donc en réalité de « ne pas nous abandonner – abandonner – à la tentation », ce qui revient pour le priant à reconnaître et demander le secours de « l’arbre de la Vie », qu’il recevra définitivement le moment venu à la résurrection des corps (les sacrements dont l’eucharistie agissant, ponctuellement (cf l’expression de Paul « qui me délivrera du corps de cette mort ? ») pour la période intermédiaire. Cf aussi une des prières eucharistiques « …arrachés – arrachés à la damnation ; l’expression est particulièrement puissante et claire, non ?). On a l’occasion ainsi de faire l’expérience de ce qu’est « l’abandon du DIEU trine », d’éveiller sa soif de vouloir en sortir par la seule voie existante : Jésus.
Ensuite, l’expression « mais délivre-nous du mal » se rattache naturellement à la précedente, les deux faisant un tout.
Le priant, après s’être rappelé à lui-même son état, demande (DIEU le sait mais il faut toujours demander, c’est ce qu’il attend de nous) de ne pas être abandonné d’une part et, d’autre part, demande d’être délivré du mal, c’est-à-dire reconnaît que la sortie du problème c’est Jésus, et accepte ainsi le sacrifice de Jésus.
Cette approche est à mon sens beaucoup plus profonde que la manière courante dont tout cela est expliqué en se focalisant sur le corps du texte avec des polémiques interminables. L’arbre est regardé de trop près, il faut prendre du recul pour observer celui-ci dans le cadre de sa forêt.

(1) - Sur ce sujet il y a matière à réflexion, car si on est conçu – à ne pas confondre avec la naissance intervenant en principe neuf mois plus tard - pécheur, où est notre responsabilité ? Si quelqu’un nait sans jambes, quels reproches lui faire s’il ne peut pas courir ?
N’a-t-on pas remarqué que depuis le péché d’Adam, l’accès à l’arbre de la Vie – qu’Adam et Eve n’ont jamais consommé (très important à se rappeler) – est interdit. Ce qui indique fortemdnt que là se trouve l’origine de notre péché personnel. La propagation du péché originel serait alors ni plus ni moins, la propagation de la sentence d’être privé d’accès à l’arbre de la Vie, le seul capable de nous donner – définitivement – la force de dominer le péché (cf Jésus au désert, Jésus étant l’arbre de la Vie en personne, l’épisode nous démontre que le tentateur ne pouvait avoir de prise sur lui, parce que l’arbre de la Vie rend invincible, ce qui n’empèchait pas la souffrance, c’est un autre sujet). L’accès de cet arbre aurait été immédiatement ouvert à Marie (à cause de sa mission spécifique) dès sa conception, car sinon, il lui aurait été impossible que durant toute une vie, intra et extra-utérine, elle ne pèche pas : impossible. Par contre, si on naît pécheur, c’est donc que l’événement de l’acte du péché se réalise durant la période intra-utérine selon un mode mystérieux que l’on ne connaît pas ou que l’on ne veut pas savoir, limité que nous sommes par notre intelligence…à tendance prétentieuse.
Ce qui en conclusion indique qu’au moment de la conception, de l’apparition de l’âme créée par DIEU lui-même (DIEU le Père ?) dans le corps de la mère, cette âme est absolument pure de tout péché, c’est juste après que cela se gâte, sinon ce serait accuser DIEU d’incohérence, de nous créer tordu dès le départ et de nous le reprocher ensute. Qu’ensuite, il n’y ait pas le secours de l’arbre de la Vie, c’est une autre affaire, celle de l’experience d’une certaine manière « de la perte » puisque nos premiers parents l’on voulu, mais il y a aussi le remède offert, ce qui rend l’ensemble cohérent et notre DIEU irréprochable.

Illingen


[ PP à Illingen :
Littéralement, le texte grec originel dit "ne nous fais pas entrer" (Καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς ) : ce qui est autre chose que "ne nous laisse pas succomber à".
Mais ce dans quoi nous "entrerions" ainsi, dans le texte grec, est εἰς πειρασμόν, qui se traduit par "dans l'épreuve" aussi bien que "dans le péché".
D'où les difficultés de compréhension et de traduction depuis des siècles... ]

réponse au commentaire

Écrit par : illingen / | 25/07/2016

"PEIRASMON"

> Oui, vous avez raison dans votre réponse à Illingen. "Peirasmon" est en effet le mot clef, et je l'ai souvent commenté ainsi dans les homélies dominicales. Littéralement, cela signifie : "épreuve" (du verbe "peirazô") plutôt que "tentation". Au fond, il s'agit bien d'une épreuve de notre attachement à Dieu, dans le sens que nous trouvons dans la prière que le prêtre dit à voix basse, après l'Agnus Dei : "a te numquam separari permittas" -- ne permets pas que je sois jamais séparé de toi.
Passionnante discussion en vérité... à condition de ne pas en faire une fixation ! Merci, je suis friand (et "friend") de votre blog.
______

Écrit par : P. Jean-Claude Alleaume / | 25/07/2016

LA PEUR

> Catastrophes naturelles = punitions divines.
C'est souvent ce que l'on entend venant de chrétiens "purs et durs" (et mêmes de clercs) et lorsque j'ose objecter on me bombarde inévitablement Sodome et Gomorrhe. Circulez , y a plus rien à débattre.
Où est la racine de cette disposition d'esprit, disposition qui détermine la nature de bien des pensées, actions et réactions de ceux qu'elle habite ?
Pour moi sans doute un catéchisme et une éducation dans lesquels la culpabilité et la peur assénées surplombent tout l'enseignement chrétien, moyen aussi peut-être pour certains d'asseoir un pouvoir.
Et en définitive un obstacle à la conversion à laquelle invite l'amour de Dieu pour chacune de ses créatures.
(je n'oublie pas non plus mes propres obstacles tout aussi solides).


Philou


[ PP à Philou - Etrange que des clercs et des cathos "purs et durs" puissent dire le contraire de Jésus dans l'Evangile : Luc, 13-4 ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : philou / | 25/07/2016

au P. Jean-Claude Alleaume

> « Au fond, il s'agit bien d'une épreuve de notre attachement à Dieu, dans le sens que nous trouvons dans la prière que le prêtre dit à voix basse, après l'Agnus Dei : "a te numquam separari permittas" -- ne permets pas que je sois jamais séparé de toi.
Passionnante discussion en vérité... à condition de ne pas en faire une fixation »
Mais c’est bien ce que je veux dire également sur le sens de l’ensemble, au-delà du mot précis dont la traduction ne peut-être qu’un reflet relatif. Il faudrait être dans la peau de l’auteur inspiré de l’époque avec la culture maternelle qui était la sienne, et c’est rigoureusement impossible, on ne peut qu’extrapoler, la sémantique n’est pas figée.
Il est bien évident que DIEU ne nous tente pas pour s’amuser à voir si on va tomber ou non et la réponse est donnée dans l’expression « DIEU ne vous tentera pas au-delà de vos forces » (si je ne me trompe). Le libre-arbitre suffit. Cette « preuve de l’attachement à DIEU », mais c’est constamment qu’elle est sollicitée, la vie ordinaire s’en charge à tout instant, d’où la grandeur de la « petite voie » de Sainte Thérèse.
En fait, au-delà de la traduction, si effectivement la raison ne contredit pas la foi, la phrase en question avec sa deuxième partie « mais délivre-nous du mal » mérite un développement général sur le mécanisme, du péché. Tant du péché dit originel, ce que l’on entend précisément par la « contagion » de celui-ci – soit à quel moment le « virus » se présente –t’il et sous quelle forme et qu’est ce donc qui fait que l’on n’a pas l’anticorps nécessaire immédiatement disponible - et le péché personnel. Et cela, qui est le cœur du sujet, n’est pas à mon sens suffisamment développé, comme si il y avait une sorte de crainte à le faire. Car si ce qui est clair peut s’exprime aisément sans pondre une thèse de mille pages, c’est le moment de le faire hors de l’emploi d’un langage religieux que l’on connaît par cœur, mais qui laisse sur la faim, car, au final, on a toujours rien compris sur notamment le péché originel, et on n’ose pas le dire, on opine du chef en restant silencieux et le débat est clos faute de lumières, ce qui invite à « laisser tomber ». Ainsi, les Eglises se vident lentement mais sûrement, où est le sel ?
Il se propage le péché dit orinel, très bien. Comme une tare congénitale, auquel cas notre responsabilité, qu’elle est-elle si dès le départ nous sommes handicapés ? C’est-à-dire, dès le départ, avant tout commencement de liberté d’exercice, justement de son libre-arbitre, qui dans ce cas n’est plus libre du tout.
Vous avez bien résumé le tout « à condition de ne pas en faire une fixation ».

Si j’ai bien compris, vous êtes prêtre, vous vous comprenez sans nul doute. Mais, en tant qu’auditeur d’un âge maintenant certain, recommencant depuis plus de quinze ans, après de longue décennies de rejet volontaire de toute foi, et donc ayant peu baigné dans le langage religieux catholique avec ses codes habituels, permettez-moi de vous dire que je trouve que l’on reste bien souvent sur sa faim au terme des homélies, il en est dit soit trop, soit pas assez. Et on ne vous le dit pas, parce que sans doute on a peur de passer pour des idiots, alors on se tait, et le « train train » continue.
Et quand on veut creuser, on se trouve tout de suite devant un fleuve immense de considérations qui font, qu’au bout d’un moment, on ne sait plus bien où l’on en est. Serait-ce donc possible de faire que ce qui est clair dans l’esprit puisse s’exprimer aisément avec des mots tous simples, des mots de tous les jours, comme du temps des apôtres eux-mêmes qui n’étaient pas des agrégés d’université. Et de faire court.
Désolé de le dire aussi directement, mais sur le péché originel, au-delà de la traduction du passage évoqué ici, on n’y comprend rien. J’insiste, rien. De la manière dont s’est expliqué, on comprend qu’on n’y peut rien dès la conception – je dis bien dès la conception -, alors si c’est le cas, on est responsable de quoi ? Il faut absolument développer. On attend.
Car c’est bien à partir de cette compréhension de base que tout le reste devient intelligible.

Merci beaucoup pour votre intervention.
______

Écrit par : illingen / | 25/07/2016

Philou à Illingen

> J'ai personnellement à peu-près les mêmes interrogations que les vôtres au sujet du péché originel.
A mon avis il est devenu presque impossible à faire "avaler" au plus grand nombre la présentation traditionnelle du PO c'est à dire issu d'Adam et Eve .
Pour la simple raison que ces deux personnages ,la science et en particularité la paléontologie ont démontré que ce sont des figures allégoriques qui désignent l'humanité . Il n'y a pas eu non plus de paradis terrestre car dans ce paradis il n'y aurait eu que 2 créatures et l'humanité n'aurait débuté qu'après "la faute".
Le PO désigne une marque ontologique de l'humanité et en découlent une suite vertigineuse de questions : le bien et le mal, les réponses que l'Evangile apporte et ce que l'Eglise peut et veut nous en faire connaître, notre conversion personnelle etc etc.
D'une manière plus anecdotique et simpliste : comment concevoir l'humanité issue de 2 créatures et débutant donc par une suite d'incestes ! On peut aussi se poser ce type de question...et attendre une réponse !
PP nous parle de Sodome et Gomorrhe:
poursuivons avec Gn 19:32-37
Est-ce bien concevable: les filles de Loth engendrant avec leur père pendant son sommeil?
Ceci simplement pour souligner par cet exemple la différence de nature entre l'Evangile et l'Ancien Testament et que nous ne pouvons y faire référence avec une même approche .C'est pourtant bien commode pour certains ,y compris des clercs, pour asséner leur vérité ,sans réplique bien sûr !
Je suis bien d'accord, beaucoup de sermons trouveraient de la matière dans le peu, simpliste je le conviens, qui précède.
Les questions simples peuvent avoir des réponses compliquées(et non fumeuses)...et peut-être pas de réponses...pour le moment.

Philou


[ PP à Philou - Il faut surtout se souvenir que la Bible n'est pas "'un" livre (ni "dictée par Dieu", laissons ça aux musulmans). C'est une bibliothèque, composée de nombreux livres qui n'appartiennent pas tous au même genre littéraire, et dont certains contiennent des récits qui sont ouvertement des paraboles. ]

réponse au commentaire

Écrit par : philou / | 26/07/2016

à PP

> "PP (avec un soupçon de sourire) à Philou - Etrange que des clercs et des cathos 'purs et durs' puissent dire le contraire de Jésus dans l'Evangile : Luc, 13-4 ! ]"
Non, car pur et dur sont antinomiques ! Vous le savez bien évidemment.
La justice sans la charité est une abomination a dit quelqu'un.
______

Écrit par : philou / | 26/07/2016

SUITE ET FIN

> Dans l’approche des Ecritures, et dans nos milieux catholiques en particulier, on ne peut que constater une étrangeté qui manifestement relève du miracle (de quelle nature est-il, cela est une autre affaire). D’un côté il est pris au premier degré un événement, tout à fait banal comme chacun peut le remarquer, celui de la résurrection de Jésus, et de l’autre, ce n’est que distanciation. L’esprit critique est ici manifestement schizophrénique et ceci, tout en même temps, en pleine contradiction avec certains textes du magistère évoquant l’affaire des « quatre sens » et mettant en garde sur l’abus de l’emploi de la méthode « historico critique » (de « l’abus » est-il précisé, rien à voir avec la méthode en elle-même qui a sa propre valeur). En somme, on est en face d’une sorte d’inculture savante et, si beaucoup en très grand nombre sont de bonne foi, certains savent ce qu’ils font dans cette opération de dénigrement, de sape de l’intelligence, opération consciente chez ces derniers, laquelle se détecte par l’exemple de l’incohérence (subtile certes mais incohérence tout de même) du raisonnement conséquence pratique de leur mauvaise foi et une grande susceptibilité vindicative si on insiste.
C’est à se demander s’il n’y a pas plus à espérer des athées, vu qu’ils rejettent tout en bloc, ils ne risquent pas de polluer le sujet. Ils veulent rester en dehors, sans doute perçoivent-ils intuitivement une défaillance de la logique dans le raisonnement courant des croyants chrétiens (ce qui n’a rien à voir avec la foi qui est un autre sujet dont l’initiative est hors d’atteinte à la raison, « l’initiative » est-il précisé, la foi ne contredisant pas la raison, mais comme la foi ne se démontre pas…le test de celle-ci c’est la « charité », la vraie, laquelle n’a rien à voir avec la niaiserie).
Alors, ils fuient. Cela ne les empêchera pas de se planter eux-aussi en étant, parfois, les acteurs – en toute bonne foi pour le très grand nombre – des drames que connaît ce monde.
Mais, tout cela est aussi dans les « Ecritures » comme ils disent ces grands éclairés (les « Ecritures » pas « tout cela », leur savoir a trop pignon sur rue). Pas de surprises donc, c’est normal, il faut que la raison s’exerce au contact du réel, c’est la voie que les Ecritures décrivent pour l’émancipation de l’humanité vers l’état d’adulte.
Car après, il va y avoir du boulot, « l’évolution » n’est pas terminée et pas question de le confier à des tordus, on comprend mieux le sens de l’impératif de la charité si on veut un développement harmonieux : https://www.youtube.com/watch?v=udAL48P5NJU. Les «Ecritures » en parlent aussi, et même surtout en plus ou moins filigrane, mais chut, ne réveillons pas l’orgueil sourcilleux de l’idolâtrie religieuse aux mille visages, parfois les plus inatendus.
Ce n’est pas facile de grandir, on sait tous ce qu’est notamment la crise d’adolescence.
Quand au choc du réel, tout le monde y aura droit le moment venu. Patience et encore patience (serait-ce notamment le sens profond de la miséricorde que cette patience ?).

illingen


[ PP à Illingen - Que voulez-vous dire, et où voulez-vous en venir ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : illingen / | 27/07/2016

ECRITURES

> Il y a de la part de certains une véritable action d’osbcurcissement (l’affaire du « bon grain » et de « l’ivraie » concerne aussi l’Eglise, jusque dans sa plus haute hiérarchie, mais il n’y aura pas toujours cohabitation, alors que les petits malins en profitent).
Le message du pape François en son temps à la Curie n’était pas « codé » pour tout le monde. Ils n’ont plus affaire à Jean-Paul 1er mais à un homme qui se rend insaisissable, ce pape est très fort, il a un temps d’avance sur eux, ce n’est pas pour le folklore qu’il nous demande de prier pour lui, car en face il a affaire à des vents contraires particulièrement sournois qui sont en perpétuelle agitation.
Cette action concerne aussi les Ecritures, mais Ils vont tous buter sur ce qui en fait est le plus important : « la petite voie de sainte Thérèse ».
En synthèse, les Ecritures, c’est important, mais le plus important c’est de rester serein en s’accrochant aux sacrements. Tout cela pour dire que les Ecritures disent beaucoup plus que ce que l’on veut bien nous dire, mais il faudrait entrer dans d’incessantes polémiques, et ce qui est le plus épuisant et au final inutile, des polémiques en interne.
A titre documentaire et pour être concret, cf par exemple l’excellent ouvrage de Daniel Boyarin préfacé par le cardinal Barbarin, sur le « Christ Juif », il y a des pistes très intéressantes de réflexion, justement basées sur les Ecritures. Et il y en a tant d’autres.
Bien sûr que le catholicisme n’est pas la religion d’un livre, mais celle de Jésus. Mais cela n’autorise pas certains à faire prendre des vessies pour des lanternes au sujet des Ecritures. Il y a dans ces dernières beaucoup plus d’explications qu’on ne le pense, c’est en somme ce que je voulais dire.
Le sujet n’est pas facile à aborder car on peut vite tomber dans l’esprit critique déplacé à l’égard de tant de personnes au QI particulièrement élevé et de bonne foi. Alors, comment dire sans blesser ? Se taire est peut-être ce qu’il y a de mieux selon la fameuse expression « les chiens aboient mais la caravane passe », c’est peut-être ce que j’aurais du faire.
Bien cordialement Monsieur de Plunkett et bonne journée.
______

Écrit par : illingen / | 27/07/2016

à Illingen

> oui, Illingen, SVP, parlez sans périphrases plus que moins absconses.
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement n'est-ce-pas !
Allez, chassez cette brume et on vous comprendra !
Et pourquoi pas pour notre bien ?
______

Écrit par : philou / | 27/07/2016

à Philou

> C'est au magistère de parler sans périphrases. Pas à moi.
Qu'il se mouille, c'est son devoir d'état.
C'est pour cela que mon commentaire est volontairement abscons.

illingen


[ PP à Philou et Illingen - Je souhaiterais que l'on arrête cette discussion où le non-dit persiste. ]

réponse au commentaire

Écrit par : illingen / | 27/07/2016

CHACUN A TOUS LES MOYENS

> à Monsieur de Plunkett : mille fois d'accord avec vous.
D'autant plus, qu'à l'heure d'internet, chacun a tous les moyens, pratiquement quasi immédiatement, à sa disposition pour comprendre.
Qui aime la vérité, finira, sinon par la trouver, à s'en approcher très près.
C'est un gros travail personnel sur de longues années, cela demande du temps, beaucoup de réflexion, ne pas tomber dans les pièges de la dialectique et de la naïveté.
Le problème, c'est la barbarie et cette dernière est transversale à toutes les cultures (philosophies inombrables et variées) et religions.
Et cette barbarie, intrinsèque à notre monde, oblige aussi à la prudence et l'Eglise a la sagesse de communiquer en conséquence.
Alors, les uns et les autre dont je suis, avant de râler, travaillez, cherchez, méditer, faites oraison pour ceux qui commencent à être touchés par la foi, parfois de façon complètement inattendue. Prier beaucoup (c'est un état la prière, cela n'a rien à voir avec être "à genoux toute la journée et ne rien faire de ses dix doigts), rester fidèle aux sacrements, et "laisser pisser le mérinos".
Dans cette démarche, l'athée a un avantage dont il n'a pas conscience, il n'est pas pollué par de fausses pistes religieuses dont il devra se débarrasser. C'est ce que je voulais dire.
Par contre, il y a un risque, c'est celui à un moment donné de devoir "manger son chapeau". C'est ici l'obstacle le plus difficile à surmonter.
Il n'est pas utile de tout savoir. Par contre l'essentiel est, contrairement à ce qu'on peut s'imaginer, à la portée de tous. Mais il faut bosser, et on n'a pas toujours envie il est vrai.
bien amicalement et stop sur le sujet.
______

Écrit par : jean / | 28/07/2016

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