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11/06/2016

Pour en finir avec l'équivoque de la "France chrétienne"

2007 : Sarkozy lance sa campagne au Mont Saint-Michel. Rebelote identitaire en 2016 ?

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Quoi qu'en dise M. Sarkozy, la France est un pays à évangéliser :


 

Dans le Débat de la semaine de RND hier matin, nous commentons, à trois, le discours de Nicolas Sarkozy réembouchant les trompettes de "l'identité chrétienne de la France". J'y explique quant à moi : 1. que ce discours est une tactique électorale, Sarkozy ayant perdu du terrain dans le public catholique ; 2. que le slogan "France chrétienne"  est discutable parce que le christianisme n'existe pas sans les chrétiens, et que ceux-ci désormais sont très minoritaires dans l'Hexagone. Je conclus en disant que la tâche du chrétien en 2016 est de reprendre l'évangélisation à zéro (comme nous y appellent tous les papes depuis trente ans) ; et que l'évangélisation consiste à aider son prochain à rencontrer personnellement Jésus-Christ et à l'accepter comme Seigneur et Sauveur.

Mes interlocuteurs, chrétiens l'un et l'autre, ont développé d'autres points de vue. Il en ressortait  : 1. qu'on ne saurait dire qui est chrétien et qui ne l'est pas ; 2. que la France est chrétienne depuis le baptême de Clovis ; 3. que le discours de Sarkozy fait du bien à entendre ; 4. qu'il est chrétien de donner à Sarkozy une seconde chance.

Si nous avions eu le temps d'entrer dans une controverse de théologie, de sociologie et d'histoire, j'aurais exprimé mon désaccord. En effet :

1. Seul Dieu sait ce qu'il y a dans l'homme, mais il est raisonnable de penser que le chrétien est celui qui croit en Jésus-Christ Fils éternel, incarné "pour nous les hommes et pour notre salut", mort et ressuscité, et dont nous attendons l'avènement eschatologique ! 

2. On baptise des personnes, on  ne baptise pas une collectivité. "La France" a été "chrétienne" dans la mesure où ses habitants étaient chrétiens pour la plupart. La France de 2016, peuplée de 90% d'agnostiques, ne peut être dite "chrétienne", à moins : a) d'opposer une idée platonicienne à la réalité vécue ; b) ou de prendre l'adjectif "chrétienne" comme synonyme de "non musulmane", abus de langage qui commence à se répandre - et qui véhicule une idée radicalement fausse : celle d'un christianisme sans foi, autrement dit identitaire et même - sans oser le direethnique. Autrement dit : un christianisme qui ne serait plus chrétien... Dégénérescence inacceptable !

3. La christianophilie momentanée de Sarkozy ne l'engage évidemment à rien [*] et renforce le malentendu identitaire-ethnique qui se répand depuis plusieurs semestres. C'est ce malentendu qui pousse un chroniqueur de France Culture à nous expliquer (le 9/06 à 7h25) que la Croatie est menacée d'une "fascisation menant à un pays catholique et ethniquement pur", comme si l'idée ethniciste était compatible avec l'idée catholique. Même chose dans Fakir de mai-juin 2016, numéro sympathique par ailleurs mais qui fait parler (dans un petit encadré) un cheminot CGT-PC : < "Mon fils, c'est terrible..." - "Sarkozyste, tu veux dire ?" - "Ou pire... Mais alors la totale, militaire, raciste, l'église..." >.

Le "racisme" et "l'église" ? Qu'on en soit à ce genre d'amalgame aujourd'hui [**], montre la persistance des stéréotypes chez ceux qui n'aiment pas les chrétiens ; et pour nous chrétiens, l'urgence d'ouvrir les yeux et de sortir de cette confusion.

 

_______________

[*] Comme le disent des commentaires sous la note de blog de Sonia Geddouri (zamanfrance.fr, 9/06) : "Utiliser le nationalisme et la religion sans y croire !!!" - "Il a toujours pas compris, il essaie de contrôler une religion, ques qui dirait pas pour gagner des votes..."

[**]  Mediapart publie la photo d'une usine en grève avec ce grand tag sur un mur : "QUELLE KHOMRI LA LOI TRAVAIL, signé : le pape François". L'évocation de ce tag à l'émission RND d'hier a soulevé ce commentaire vigoureusement 1848 de l'un des participants : "Ça fleure bon l'Ozanam."

 

Commentaires

MALENTENDUS ET DÉNATURATION

> Peut-être les divergences exprimées lors de votre débat d'hier quant à la "France chrétienne" relèvent-elles d'un malentendu : en toute rigueur, il faudrait plutôt parler d'une France (et, au-delà, d'une Europe) dont la culture est, de manière évidente, plus ou moins imprégnée de références chrétiennes. Résumer cela en disant que la France est chrétienne revient donc à confondre cette imprégnation avec la foi chrétienne. Cette confusion, sans intention particulière, n'est pas d'hier, et elle a même pu être une cause d'affadissement. Elle est entretenue aujourd'hui par les "identitaires", peut-être de bonne foi (si j'ose dire) dans certains cas. Ensuite, il y a évidemment le cas de son exploitation politicienne...
Quant à savoir qui est chrétien ou qui ne l'est pas : il m'arrive moi-même d'être tenté de croire qu'il existe des chrétiens qui s'ignorent. En y réfléchissant bien, je dirais plutôt qu'il existe bon nombre de personnes qui pratiquent effectivement, et d'une manière souvent admirable, des vertus chrétiennes sans le savoir.

Sven Laval


[ PP à SL :
- Bien entendu, "des personnes pratiquent effectivement, et d'une manière souvent admirable, des vertus chrétiennes sans le savoir" ! Qui pourrait le nier ? Mais c'est sous toutes les latitudes, et jusque dans des pays qui n'ont jamais été "chrétiens". Ce n'est donc pas un argument pour décréter que la France de 2016 est "chrétienne"...
- La culture française reposerait sur un socle de "valeurs chrétiennes" ? Hier on m'a cité l'exemple du Code civil : mais durant tout le XIXe siècle, les meilleurs intellectuels catholiques ont dénoncé le Code civil comme étant une machine à disloquer la société au profit de l'individualisme libéral...
D'autre part, les "valeurs chrétiennes" ne sont pas le christianisme. Elles sont un produit dérivé de la foi. Quand la foi disparaît, les valeurs s'étiolent. Quand elles sont devenues le parfum d'un vase vide, elles disparaissent. C'est à quoi nous assistons depuis quelques dizaines d'années.
- Même les plus polémiques partisans des "valeurs chrétiennes" savent qu'elles sont en voie de disparition en France. Ils continuent néanmoins à brandir ce drapeau. C'est parce qu'ils ont dénaturé sa signification réelle : ce qu'ils nomment "valeurs chrétiennes", c'est tout simplement l'ethnicisme identitaire. Et ça n'a rien à voir avec la foi chrétienne... ]

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Écrit par : Sven Laval / | 11/06/2016

"CATHOLIQUE MAIS PAS CHRÉTIEN"

> Beaucoup de chrétiens "identitaires" souhaitent affirmer une identité "catholique" face à l'identité musulmane qu'ils redoutent. Mais cette identité de la "France chrétienne qui remonte à Clovis", comme le montre parfaitement PdP, ne correspond absolument pas à la seule identité que nous devons revendiquer qui est celle de s'identifier au Christ et d'essayer de vivre comme Lui. Le reste n'est qu'une identité de combat qui ressemble à celle que revendiquait Maurras, lorsqu'il disait dans un raccourcis saisissant "Je suis catholique, mais pas chrétien". Au moins avec lui les choses étaient claires : l'Église catholique : oui, pour sa puissance et l'ordre social qu'elle induit; le Christ : je n'en veux point, car il ne sert à rien.

Jean-Pierre Isnard


[ PP à JPI :
Pleinement d'accord avec vous. Non seulement Maurras ne veut pas du Christ parce que celui-ci "ne sert à rien", mais il le rejette en termes violents : "sous la croix de ce dieu souffrant, la nuit s'était répandue sur l'âge moderne..." ('Anthinéa', 5e édition, 1912). Maurras n'a jamais désavoué ce passage. Ni celui où il déclare : "Je ne quitterai pas ce cortège savant des Conciles, des Papes, et de tous les grands hommes de l'élite moderne, pour me fier aux Evangiles de quatre juifs obscurs..." (préface du 'Chemin de Paradis', 1ère édition, 1895). Ainsi que le souligne Maritain ('Clairvoyance de Rome', 1929) : "Comme il admire le catholicisme contre le monothéisme, M. Maurras l'admire contre l'Evangile."
Opposer le catholicisme "romain" au christianisme est une tentation constante (avouée ou non) de l'homme d'extrême droite.
Cette tentation rejaillit en ce moment avec virulence : c'est elle qui inspire la main tendue de certaines revues catholiques aux idéologues néopaïens, soi-disant sur la base de la "défense des racines"... ]

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Écrit par : Jean-Pierre Isnard / | 11/06/2016

CULTURE

> Ne mettrait-on pas tout le monde d'accord en disant que la France est (ou a été) de culture chrétienne ?

PMalo



[ PP à PM :

Hélas non, parce que le mot "culture" n'a pas le même sens pour tout le monde.
Chez les conservateurs, il désigne un héritage (que l'on feint de croire intact). Chez les postmodernes, au contraire, le mot "culture" désigne toute créativité (du moment que ce n'est pas un héritage) : leur vision éventuelle d'une culture "chrétienne" serait incompatible avec celle des conservateurs.
Chez les ethnicistes, le mot "culture" désigne quelque chose d'incommunicable : le sang et le sol... Mais chez les catholiques, il désigne juste le contraire : une diversité communicable !
Le catéchisme parle ainsi du mystère du Christ devant être "annoncé, célébré et vécu dans toutes les cultures" : "C'est avec et par leur culture humaine propre, assumée et transfigurée par le Christ, que la multitude des enfants de Dieu ont accès auprès du Père pour Le glorifier en un seul Esprit." La vision catholique est incompatible avec la vision ethniciste, et ne coïncide complètement ni avec la vision conservatrice, ni avec la vision postmoderne !
Tout ça fournit la matière de débats intéressants, non d'un syncrétisme : "Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive..." ]

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Écrit par : PMalo / | 11/06/2016

LE POINT 4

> Et le point 4 ("qu'il est chrétien de donner à Sarkozy une seconde chance"), vous ne l'abordez finalement pas ?

PMalo


[ PP à PMalo :

Vous avez raison de me faire observer que je l'ai oublié ! Voici ce que j'en pense : Jésus-Christ n'a jamais dit "heureux les dupes et les naïfs". En quoi serait-il "chrétien" de se forcer à "donner une deuxième chance" à quelqu'un dont nous désapprouvons le bilan pour des raisons objectives et qui ne nous inspire aucune confiance ? Ce serait violenter notre conscience : et ça, en revanche, ce n'est pas chrétien. ]

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Écrit par : PMalo / | 11/06/2016

EN REVANCHE

> Il me semble que Nicolas Sarkozy a compris, contrairement à ses principaux rivaux pour la primaire, que la question "qui sommes nous ?" était bien plus fondamentale que la question "qu'avons nous ?". Et qu'un programme économique de "gestionnaire modèle" sous le mode "purge libérale", à coup de centaines de milliards d'euros d'économies n'aurait pas vraiment d'écho au-delà d'un certain milieu, et n'aurait aucune chance de se concrétiser après l'élection. Peut-être même a-t-il compris que c'était une manière d'abdiquer la politique. Je pense que c'est à porter à son crédit.
Pour autant, j'en conviens volontiers : le christianisme chez lui est un fond culturel, un élément identitaire, voire un folklore mais ce n'est pas la religion du salut. Comme vous l'écrivez, c'est "un christianisme qui n'est plus chrétien". On rejoint quelque part la polémique des crèches de Noël qui fonctionnait un peu sur le même ressort.
Nicolas Sarkozy cherche à répondre aux angoisses identitaires, mais ils ne s'adresse pas aux catholiques (je ne partage pas votre appréciation sur ce point). Il s'adresse à mon avis plutôt aux "catholiques zombies" définis par E. Todd. Il cherche à offrir une identité de secours dans une société qui se délite sous la conjonction de l'individualisme et du subjectivisme (c'est à dire la société de chacun contre tous). Une identité pour faire face à une autre, qui elle se revendique de l'Islam et s'affirme avec vigueur.
On ne comptera donc pas sur Nicolas Sarkozy pour faire des chrétiens, ni non plus comme porte-étendard du camp catholique.
En revanche, s'il peut contribuer à donner une autre orientation au débat des primaires, ce sera toujours ça de pris.
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Écrit par : Th / | 11/06/2016

LA "SECONDE CHANCE"

> Sur la "seconde chance" à donner à M. Sarkozy, il me semble que le plus charitable serait de lui donner une chance de ne pas recommencer ses erreurs ni d'en commettre de nouvelles. Il a certainement d'autres qualités que celles d'un politicien, à lui de les découvrir !
Je me permets de revenir sur votre réponse à mon commentaire (nous sommes bien d'accord en fait) en précisant que je n'ai nulle part mentionné quelque "socle de "valeurs(*) chrétiennes"" que ce soit : j'ai parlé de d'une culture "plus ou moins imprégnée de références chrétiennes". J'eusse pu aussi bien parler de "traces diffuses", lesquelles ne sauraient en effet être confondues avec le christianisme.
(*) Je me garde, en général, d'user de ce mot : les valeurs, cela fluctue...
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Écrit par : Sven Laval / | 11/06/2016

Cher PMalo,

> Donner une deuxième chance à Sarko? mais il en a eu 36 des chances...On a vu son oeuvre comme président mais aussi comme ministre de l'intérieur, comme ministre des finances, du budget, etc. Le résultat de son action fut toujours le même: catastrophique pour le bien commun. Alors, non, même si en disciple du Christ, je peux pardonner, je ne veux pas le revoir en action car il a toujours menti (EDF: pas de privatisation disait-il aux employés... le mariage pour tous, autre mensonge pour plaire). Non, il n'y a pas de confiance à avoir en cet homme. Qu'il se convertisse d'abord vraiment et après on verra.
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Écrit par : VF / | 11/06/2016

NOT

> J'aurais envie de dire aux politiques récupérateurs de tout poil : "Not in my name"...
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Écrit par : Fernand Naudin / | 12/06/2016

AVANT CLOVIS

> La France n'est pas chrétienne depuis le baptême de Clovis. La France est chrétienne depuis le débarquement des Saintes Maries aux Saintes Maries de la Mer. Il y a eu de nombreux baptisés, y compris quelques saints comme sainte Blandine, en France bien avant Clovis.

jacques


[ PP à Jacques :
Le christianisme s'est implanté en Gaule au Ier siècle. Mais dans la France du XXIe, la majorité des gens ne connaissent pas le contenu de la foi chrétienne.
Affirmer que "la France est chrétienne" n'a guère de sens si les Français ne sont pas chrétiens.
Constater qu'ils ne le sont pas, c'est un appel à les évangéliser.
Se satisfaire du slogan "la France est chrétienne" veut dire que l'on juge inutile d'évangéliser les Français : tâche dont l'urgence est pourtant proclamée par les papes successifs depuis trente ans... ]

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Écrit par : jacques / | 12/06/2016

SARKOZY

> Proclamer des choses qu'on ne vit pas et qu'on n'a pas l'intention de vivre, "ça coûte pas cher" et c'est une imposture.
En politique "vivre" c'est "agir". L'action de Sarkozy n'a jamais correspondu à ses boniments sur les racines chrétiennes etc.
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Écrit par : B. Tény / | 12/06/2016

Cher Fernand,

> je sais bien que votre majordome parle un anglais très correct, mais j'ai bien peur que ce ne soit pas le cas de notre cher sarkoléon. Ne pourrait-on trouver un slogan en bon français pour lui dire la même chose ?
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Écrit par : VF / | 12/06/2016

UN AUTRE

> ...et donner une deuxième chance à quelqu'un qui l'a déjà eue, c'est priver un autre d'avoir sa première chance.
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Écrit par : Yann / | 12/06/2016

@ PP

> Tout à fait d'accord : l'évangélisation est un ouvrage à remettre cent fois sur le métier. Le point que je voulais faire ressortir est que le christianisme n'est pas consubstantiel à la monarchie franque ni dépendant d'une quelconque forme de reconnaissance par un pouvoir politique quel qu'il soit.
Il y a une loi de 1905 qui parle de séparation et d'une République qui ne reconnaît aucun culte. Il serait bon que les candidats à la présidentielle s'en souvinssent. Dante Alighieri voyait la foi, domaine du pape, sur la plus haute sphère et la raison, domaine de l'empereur, sur une orbite basse. Les deux astres se croisent mais ne se touchent jamais, n'interfèrent pas l'un avec l'autre.
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Écrit par : jacques / | 12/06/2016

À DIEU TOUT EST POSSIBLE

> Donner une deuxième chance, tout-à-fait d'accord, à condition de comprendre ce que cela signifie.
Nicolas Sarkosy s'est montré un président déplorable et il a menti tant et plus pour se faire élire une première fois. Rien ne prouve vraiment qu'il soit sincère cette fois-ci. J'aurais même tendance à penser que ses paroles ne reflètent que son désir de se faire élire.
Cependant, je suis prête à lui accorder une seconde chance, et même énième chance. Je ne vais pas l'enfermer dans cette image. Je vais continuer à croire que, de son désir narcissique d'être élu,il peut un jour se convertir à un vrai désir d'être utile au peuple français. Et dans ce cas il trouvera des moyens pour le faire, des moyens plus humbles et discrets, et où les tentations de briller seront moins grandes. A ce moment là, il aura besoin de gens qui croient à sa conversion et l'encouragent dans cette voie.
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Écrit par : Bernadette / | 13/06/2016

NIVEAUX

> Entre le réflexe identitaire frileux et la démarche évangélique pure, je pense qu'il y a certains niveaux, de "culture chrétienne" disons, qu'il serait dommage de négliger. Si les pays musulmans voient toujours la France comme chrétienne, ce n'est pas seulement à cause de la propagande islamiste. Il existe bel et bien une civilisation européenne qui est toujours fille d'Athènes et de Jérusalem et dont la France est toujours un membre important. L'oublier fait le jeu des néolibéraux qui veulent la destruction des civilisations pour imposer la seule loi du marché. Ne pas reconnaître sa propre culture empêche de reconnaître celles des autres. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui rejettent les racines chrétiennes de l'Europe et qui veulent imposer le modèle occidental dans le monde.
Personnellement, et à la fois, j'essaie très chrétiennement de cheminer dans l'Église sur les pas du Christ et, très laïquement, je défends comme historien de l'art une culture européenne d'inspiration chrétienne. C'est du point de vue culturel - et non religieux, nous sommes bien d'accord - que l'idée d'une France chrétienne ou d'une Europe chrétienne n'est pas à rejeter si vite. Beaucoup de grands Chrétiens connaissaient parfaitement la mythologie grecque : ça n'en faisait pas des païens pour autant mais des gens qui pouvaient appuyer leur démarche sur une culture solide. Il est scandaleux, de ce point de vue, que les lycéens français n'aient jamais étudié sérieusement, ne serait-ce qu'un des Évangiles et saint Paul. Saint Paul est à la base des conceptions européennes actuelles sur une société en principe égalitaire et sur le rapport à la loi. Comment comprendre la civilisation européenne sans cela ? Comment espérer la faire progresser si on la prive de ses fondations ?
Je ne veux pas défendre Sarkozy, je n'ai jamais eu envie de voter pour lui. Mais comme il dit sans arrêt tout et son contraire sans se sentir lié par sa parole, je ne veux pas forcément rejeter a priori toutes les idées qu'il émet.

Guadet


[ PP à G. :
- Avez-vous déjà discuté de tout ça avec des musulmans ? Moi oui, et beaucoup, en novembre et décembre derniers. Et j'entendais des choses comme celles-ci : "La France chrétienne avec ses filles habillées comme des putes et le mariage des homosexuels..." C'est une illusion que de croire que le musulman moyen met un contenu religieux sous le mot "chrétien" : pour lui - au moins autant que j'aie pu le constater -, "chrétien" désigne une appartenance sociologique. Et j'ai constaté que mes interlocuteurs ne faisaient pas le lien entre ce qu'ils appellent "chrétien" en France et les chrétiens d'Orient... Le vocabulaire de Daech ("les croisés sionistes") fait de"chrétien" un synonyme d' "occidental".
- Sur Sarkozy - Ce qui rend sceptique, ce ne sont pas les idées qu'il a utilisées dans son discours et son émission d'Europe 1 : c'est le fait qu'il n'en pense pas un mot.
- Quant à la vertu évangélisatrice de l'histoire de France, elle s'exercerait peut-être si les Français de moins de quarante ans la connaissaient ; mais on ne la leur a pas enseignée... ]

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Écrit par : Guadet / | 13/06/2016

> Sur le même thème :
http://www.letempsdypenser.fr/comment-et-pourquoi-avoir-une-gueule-de-ressuscite/
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Écrit par : Louis Charles / | 13/06/2016

@ Guadet

> vous oubliez qu'il y a séparation entre l'Église et l'État, ce qui veut dire que l'enseignement de la religion est une compétence exclusive de l'Église, et que les évangiles et les épîtres pauliniennes sont enseignés, sous l'autorité de l'Église, dans les aumôneries des lycées qui sont là pour cela.
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Écrit par : Jacques / | 14/06/2016

INCONTESTABLE

Laisser croire à des comportements chrétiens pour ceux qui ne le sont pas, c'est oublier que la foi repose sur la Parole qui se trouve être dans la Bible dans laquelle se trouve toutes les références.
Le baptême ouvre à l'entrée dans le monde chrétien.
La France a besoin d'être évangélisée : oui cela est incontestable, car la Parole dispose d'un contenu qui n'existe nul par ailleurs. Et le message repose sur l'Amour...
il y a beaucoup de travail à faire quand on constate la désintégration de notre pays.
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Écrit par : Alain De Vos / | 14/06/2016

RACINES

> merci. sur le point 2, au début : ce n'est pas parce qu'il ne reste plus beaucoup de chrétiens en France (admettons, on pourrait en discuter) que cela invalide l'évocation des racines chrétiennes. Ce n'est pas parce qu'on coupe un arbre qu'on annihile ses racines. Et tout cela n'enlève rien au fait que parler des racines chrétiennes n'est pas une fin en soi en effet.

ab


[ PP à AB :
- Le spirituel n'est pas le végétal.
- Et il faudrait s'entendre sur le sens du mot "racines"... La plupart l'emploient au sens de "culture". Or cette culture s'est évaporée : elle était le surcroît du spirituel vécu en Eglise ; ce vécu-là n'est plus celui des Français d'aujourd'hui.
- L'homme est le chemin de l'Eglise. Quand l'homme n'est pas chrétien, la mission du chrétien est de lui faire connaître le Christ... ]

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Écrit par : ab / | 16/06/2016

JEAN-PAUL II

> vous dites : "On baptise des personnes, on ne baptise pas une collectivité".
Objection : quand le pape Jean-Paul II demande à la France, fille aînée de l'Eglise, ce qu'elle a fait des promesses de son baptême, Est-ce juste de la rhétorique ? C'est, je pense, plus profond que cela...

ab


[ PP à ab :
- Je ne vois nulle part dans le catéchisme l'idée que le baptême puisse être donné à autre chose qu'à des personnes individuelles...
- Sur la phrase de JP II : c'est certainement très profond de la part de ce saint pape, et dans son intention apostolique.
- Mais il eût mieux fait de dire, parlant dans un pays massivement déchristianisé : "catholiques français, qu'avez-vous fait des promesses de votre baptême ?" (Ce n'est pas moi qui fais cette réflexion, mais d'excellents théologiens à l'époque. Souvent jésuites d'ailleurs...)
- Le côté dangereux de cette formule oratoire (théologiquement instable), c'est de favoriser un glissement conceptuel : quand on dit "baptême de la France en l'an 499", les Français de notre temps (qui sont de plus en plus rarement des baptisés) entendent "mythe identitaire qu'une petite minorité cherche à nous imposer".
- Or ces Français non baptisés sont précisément ceux à qui nous devons faire connaître le Christ. Ce n'est pas en les renvoyant à Clovis que l'on pourra y arriver ! (sauf éventuellement s'ils sont à la fois chercheurs de spirituel et étudiants en histoire travaillant sur l'Antiquité tardive...). ]

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Écrit par : ab / | 16/06/2016

> pour le reste, ok avec ce post.
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Écrit par : ab / | 16/06/2016

DISCUSSION

> la lettre (qui assèche souvent) vous donne raison évidemment sur le fait qu'on baptise des personnes. Reste que métaphoriquement ou pas, le pape avait alors dit ce qu'il a dit. Je vous trouve bien hardi, vous qui ne supportez guère la critique (même constructive) contre le Pape jésuite actuel, de reprocher à son anté-prédécesseur son manque de rigueur.
Pour le reste je partage l'idée qu'une nouvelle évangélisation exaltée fondée sur Clovis et successeurs n'est pas très opérante.
Sur le post précédent et les racines : à culture je préère comme synonyme le mot d'héritage. Ce n'est pas parce que les héritiers de cet héritage lui tournent massivement le dos qu'il n'est pas. Les fondements, les fondations, l'ancrage de notre pays sont, qu'on le veuille ou non enracinés dans une culture ou un héritage chrétien, ou même, osons le dire, judéo-chrétien.

ab


[ PP à AB :

- Montrez-moi une seule de ces "critiques" du pape qui soit intelligente, catholique et ecclésialement admissible... Je n'ai lu jusqu'à présent que des âneries prétentieuses sur le plan ecclésiologique et théologique, ou des aigreurs de paléo-libéraux. La droite rance.
- Discuter du point (très secondaire) du "baptême de la France" n'a rien à voir avec les choses apostoliquement urgentes qu'on lit dans 'Amoris Laetitia', 'Evangelii Gaudium' et 'Laudato Si'.
- Je constate que beaucoup de ceux qui tiennent mordicus à l'éternel retour de Clovis, traitent par dessous la jambe (ou carrément rejettent) les documents du Magistère vivant...
- Je vois à vous lire que ce n'est pas votre cas : je vous en remercie.
- Sur les racines : qu'est-ce qu'un héritage quand il n'y a plus d'héritiers ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : ab / | 17/06/2016

PLUS

> Je ne crois pas en dieu mais je suis culturellement chrétien, à savoir que l'immense majorité de mes racines intellectuelles et culturelles sont chrétiennes.
Néanmoins ce que je trouve risible c'est qu'ayant lu le coran et quelques hadiths j'en connais plus sur le sujet que bon nombre de musulmans...!
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Écrit par : zimbolaktus / | 04/09/2016

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