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11/05/2016

Quand le Big Business invoque les droits humains

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Indiana, Georgie, Mississipi, Caroline du Nord etc... Pourquoi cette intense pression des multinationales en faveur de revendications qui ont de moins en moins à voir avec les human rights ?


 

 

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L'intrusion massive de l'économique dans le politique (la sujétion de fait du politique envers l'économique) : voilà la nouveauté frappante. Loin de nous l'idée de vouloir discriminer qui que ce soit ! Constatons simplement une opération lancée par les milieux économiques et financiers :  opération de trop grande envergure et trop systématique pour qu'elle serve autre chose, ne soyons pas naïfs, que les intérêts de ces milieux...  « It's good business », avait répondu Lloyd Blankfein, PDG de Goldman-Sachs, aux journalistes qui l'interrogeaient sur l'engagement de son board en faveur du LGBT.

Aux Etats-Unis, le microcosme du Big Business interdit donc aux élus politiques de rejeter par leur vote les revendications LGBT. Cette intervention est massive. On l'a constatée successivement :

contre l'Indiana au printemps 2015, à l'instigation d'Apple, de WalMart et des grandes agences de programmes sportifs universitaires ;

contre la Georgie en mars 2016 à l'instigation des mêmes, plus Google, Dell, Twitter, Microsoft, Intel, PayPal, Salesforce, et toute l'industrie du cinéma : 21th Century Fox, AMC Networks, NBC Universal, MGM, Netflix, Sony Pictures Entertainment, Walt Disney et Time Warner, menaçant de priver cet Etat d'1,7 milliard de dollars ;

on le voit aujourd'hui contre le Mississipi, à l'instigation de Microsoft ;

et contre la Caroline du Nord, menacée d'une perte de 560 millions de dollars à l'instigation de Google Ventures suivi d'Apple, Microsoft, IBM, Facebook, Twitter, Pinterest, Tumblr, Cisco, Intel, HP, Salesforce, Symantec, Airbnb, Uber, Dropbox, LinkedIn, PayPal, toutes les grandes banques, etc.

Chaque fois, ces multinationales menacent l'Etat d'aphyxie économique et financière s'il n'abroge pas telle ou telle loi.

 

395591-300-0.jpgEt ce n'est pas limité aux Etats-Unis. Selon L'Obs [1], une task-force s'est constituée autour de douze géants (dont Google et Microsoft) pour imposer les « droits LGBT » dans tous les pays. En France, par exemple, Vinci – le groupe qui s'empare de Notre-Dame-des-Landes – figure au « tableau d'honneur des droits LGBT ».

Attention : l'expression « droits LGBT » ne désigne pas l'équité due aux personnes homosexuelles en vertu des droits humains. Elle désigne quelque chose de très spécifique et qui touche à l'idéologie : les revendications illimitées du courant LGBT. Produites par un très petit nombre d'universitaires - souvent brillants et influents -, ces revendications vont beaucoup plus loin que le domaine des orientations sexuelles (qui n'est que leur point de départ) ; en réalité elles visent à supprimer la notion même de norme, dans tous les domaines, au nom de l'hyper-individualisme pulsionnel. [2]

Là réside le lien LGBT-business ! En effet, cette extension permanente du domaine des revendications est très proche du marketing (hyper-individualiste) des comportements, qui est le ressort du consumérisme. Et l'idéologie LGBT est de même nature que le « nouvel esprit du capitalisme » [3] : consulter sur ce sujet l'analyse de l'universitaire catholique américain Patrick Deneen, dans mon livre La révolution du pape François (Artège 2015). [4] 

Ces réalités sont déterminantes aujourd'hui. Nous ne cessons de le souligner à l'intention du public catholique français, encore largement attaché à l'idéologie économique libérale malgré Jean-Paul II, Benoît XVI et François ! Parmi les catholiques ayant manifesté contre la loi Taubira, une petite fraction a entendu et compris ces papes : mais elle est jusqu'à présent très minoritaire dans son milieu, encore enfermé - par l'influence de personnalités familières - dans l'illusion « libérale-conservatrice ».

 

_______________

[1] http://rue89.nouvelobs.com/2016/04/06/paypal-google-les-g...

[2] cf. le célèbre colloque LGBT à l'EHESS de Paris. Pour en savoir plus : taper EHESS dans la fenêtre RECHERCHER.

[3] titre du grand livre de Boltanski et Chiapello (Gallimard 1999) sur la fusion de l'esprit de 1968 et du management turbo-capitaliste.

[4] extraits :

<< La décision [de boycott] prise par Apple, Walmart, Eli Lilly, Angie's List etc, était une décision de business, et même une décision de marketing ! ...La décision de boycotter l'Indiana n'a pas été prise parce que c'était politiquement courageux, mais parce que c'était profitable... L'idéologie entrepreneuriale d'aujourd'hui a une forte affinité avec les styles de vie définis par la mobilité, la flexibilité éthique, le libéralisme (qu'il soit économique ou sociétal) ; avec une mentalité consumériste dans laquelle le "choix" est la valeur suprême ; et avec une perspective "progressiste" dont les seules certitudes sont le changement rapide et la "destruction créatrice"...

La menace de démolir l'économie de l'Indiana n'a été que l'une des expressions d'un projet que des entreprises comme Apple ou WalMart ont mis en place avec l'aide principalement des républicains (ainsi que des démocrates libéraux), et cela depuis une génération...

Ces mêmes pouvoirs entrepreneuriaux, combinés aux démocrates, ont installé la croyance selon laquelle [les classes moyennes de l'Indiana hostiles au mariage gay] étaient la figure du fanatisme et du racisme dans l'Amérique d'aujourd'hui...

Cependant les républicains et les démocrates se disputent les votes [de ces classes moyennes] : les républicains racolent avec leur "soutien des valeurs familiales" et leur "opposition à l'avortement", et les démocrates brandissent "l'égalité" et "la justice sociale". Après quoi, lorsque les jeux sont faits, les partis ne font que ce que les pouvoirs entrepreneuriaux leur font faire dans chaque camp : refouler les chrétiens dans les catacombes... >>

 

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Patrick J. Deneen : catholique... donc anti-libéral.

 

 

Commentaires

TRANSHUMANISME

> Plutôt que de parler des LGBT (définitivement bêtes et légers – BTLG – de mon point de vue), ne devrait-on pas évoquer le lobby transhumaniste ?
Cela aurait l’avantage de ne pas mettre la loupe sur l’orientation sexuelle de tel ou tel mais de considérer tout ce qui gravite autour de ces pulsions « bonnes pour le business », à commencer par la gestation pour autrui, les traficotages autour de la filiation, les recherches sur l’embryon et, de façon générale, la domestication de la vie humaine, voire la « fusion de la vie et de la technologie », tous projets ordonnés aux phantasmes de l’homme « augmenté » ?

Denis


[ PP à Denis
- Nous ne mettons aucunement "la loupe" sur les orientations sexuelles : le sujet de cette note, ce sont les multinationales, c'est-à-dire la force principale en action dans le monde actuel.
- Par ailleurs, ce blog aborde très rarement la question LGBT. C'est une actualité économique américaine qui nous a conduit à en parler...
- C'est un sujet d'actualité parmi d'autres. Faudrait-il l'exclure du champ des réflexions ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Denis / | 11/05/2016

@ PP

> Parler des LGBT, pourquoi pas ? Mais, comme chacun sait, LGBT veut dire lesbiennes, gays bi, trans, toutes personnes exemplaires du fait de leur statut de minorités sexuelles persécutées et de leur militantisme. Personnes dont l'orientation sexuelle sert aujourd'hui de… cache-sexe (mais oui) aux intérêts économiques libéraux transhumanistes.
Je signale juste le piège potentiel. L'individu LGBT est par définition une victime, non seulement du fait de regards intolérants, mais aussi parce que il est sujet à une pulsion différente et donc dérangeante et cependant innocente puisqu’imparable, irrésistible, consubstantielle à son être… (ainsi nous le présente-t-on la plupart du temps).
Bref, sujette à une évidente injustice, la victime LGBT, par sa liberté revendiquée, a mérité de devenir une icône de la démocratie et des droits de l'homme devant laquelle il est recommandé de s’incliner avec respect. Une icône qui permet de vendre tout le reste, ce bric-à-brac transhumaniste affligeant promu par ce que vous appelez le Big Business.
Ne devrions-nous pas dénoncer la manip’ ?

D.


[ PP à D.
- Le sujet de la note n'est pas le ressenti des personnes homo- ou trans-sexuelles, mais le rôle singulier joué par les multinationales : force numéro 1 dans le monde actuel.
- Dénoncer la manip est effectivement l'un des buts de la note. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Denis / | 11/05/2016

LEUR TOLÉRANCE

> Le "big business" n'a pas pour habitude de laisser passer les "free lunch". Or c'est bien cela qu'offre la prétendue "tolérance", vertu qui a surtout pour intérêt de ne strictement rien coûter tout vous offrant une virginité morale très tendance. La tolérance est la vertu idéale pour les indifférents; il suffit de n'en avoir rien à f... et c'est bon, on est tolérant.
D'ailleurs, les patrons susmentionnés ne sont pas tolérants à tout: si vous n'êtes pas assez productif, il est peu probable qu'ils vous tolèrent longtemps.
______

Écrit par : Luc / | 11/05/2016

L'ASIE AUSSI

> L'influence du LGBT et du libéralisme sociétal s'étend également à l'Asie, où les modèles traditionnels, toujours prédominants, commencent à être remis en question sous l'effet de la "diversité". Cette vision de la société, qui n'est aucunement propre aux cultures locales, vient tout droit d'Occident et principalement des États-Unis via le marketing, un capitalisme ravageur, un individualisme galopant et une invasion de films américains et de jeux vidéos qui, d'année en année, imprègnent jeunes et moins jeunes.
Dans ce paysage finalement proche de celui que nous connaissons en Europe, l'influence du marketing et de l'approche "sociétale" touche également le politique. À Taïwan, par exemple, où se tenait il y a trois moins une élection présidentielle, Mme Tsai Ing-wen (candidate indépendantiste et libérale) a gagné beaucoup de suffrages en défendant un projet "pluraliste" dans lequel la "tolérance" se voulait être une valeur fédératrice - en opposition avec les valeurs confucéennes traditionnelles, fondées sur une organisation hiérarchisée de la société et une cellule familiale forte.
Le timbre émis la semaine prochaine par la poste taïwanaise à l'occasion de son investiture à la magistrature suprême résume à lui seul la mutation sociétale souhaitée par Mme Tsai :
http://taiwaninfo.nat.gov.tw/ct.asp?xItem=244090&ctNode=2314
Dans un décor "pixellisé" - fort peu esthétique - de jeu vidéo, la nouvelle "diversité" s'impose comme une évidence : le noyau familial explose pour faire face à des individus appartenant chacun à une "communauté". L'influence des grands groupes informatiques américains (Google, Yahoo) y est perceptible ; comme il se doit, une personne homosexuelle est représentée dans ce panorama (en quatorzième position), reconnaissable par son drapeau arc-en-ciel.
Le libéralisme sociétal ne connaît (hélas) plus de frontières...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 13/05/2016

CLIENTS

> Question : comment lutter contre , alors que tous les jours nous sommes clients de ces multinationales ?
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Écrit par : BrunoK / | 13/05/2016

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