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05/05/2016

L'orchestre du théâtre Mariinsky joue ce soir à Palmyre

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 https://www.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=9b0h...

Malaise chez les commentateurs occidentaux :


 

Ce soir, au théâtre antique de Palmyre, l'orchestre symphonique du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg – dirigé par Valery Gergiev – donne un concert intitulé : Prière pour Palmyre. L'objet du concert (Bach, Tchaïkovsky, Prokofiev...) est de célébrer la mémoire de ceux qui sont tombés pour libérer la ville en mars dernier ; et de soutenir les efforts qui vont restaurer les ruines romaines en partie détruites par les islamistes. La soirée est diffusée en direct par la télévision russe, qui ne manque pas de faire le rapprochement avec la 7e symphonie de Chostakovitch jouée en 1942 dans Léningrad assiégée par la Wehrmacht :

https://www.rt.com/news/341896-gergiev-palmyra-concert-pr...

Qualifié de "controversial" par la presse anglo-américaine parce qu'il soutient Vladimir Poutine, le maestro Gergiev  fut pris à partie par le LGBT lors d'un concert à Londres en 2013 ; désormais il sera mal vu également du groupe Etat islamique. L'idée forte de donner un concert classique à Palmyre en pleine guerre (quoique "pour financer la restauration") choque les commentateurs occidentaux ; d'autant que le président russe est intervenu sur un grand écran disposé sur le proscenium... On peut en effet, si l'on y tient, protester contre l'usage politique de la musique. Mais dans ce cas il faut condamner cette utilisation par tous les camps, et quelle que soit la musique : 

http://www.lexpress.fr/culture/musique/l-armee-americaine-cree-des-groupes-de-rock-pour-les-soldats_1110919.html

Je défie qui que ce soit, ayant visionné le reportage du concert (lien ci-dessus), de ne pas ressentir une certaine émotion en songeant au passé récent ; et de ne pas ressentir une certaine admiration pour la profondeur du sens non seulement politique, mais symbolique, dont le Kremlin a fait preuve en l'occurrence.

 

18:53 Publié dans Musique, Russie, Syrie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : syrie

Commentaires

PRÉFÉRENCE

> Quand on se noie, que deux barques arrivent et, et que de l'une, on vous donne des coups de rames sur la tête et que de l'autre on vous lance une corde, on a une préférence !

PH


[ PP à PH - Après avoir visionné le reportage sur YouTube, j'ai un peu modifié ma note : voir les dernières lignes où je donne mon sentiment. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 05/05/2016

@ PP

> Le présentateur du JT de la 2 (Pujadas) a parlé de "l'ordre russe" et j'ai pensé que c'était péjoratif, mais après, il semblait époustouflé !

PH

[ PP à PH - Le tonus géopolitique de Gergiev aussi semble avoir impressionné. D'autant que ce chef d'orchestre international de première classe est... un Ossète. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 05/05/2016

Rock ou Bach

> Qu'on le veuille ou non, ce n'est pas la même portée spirituelle.

Ludovic


[ PP à Ludvic - Certes. Si le Pentagone avait organisé autre chose à Saigon que de la musak, des PX et des BMC, la haine envers l'intervention US ne se serait pas colorée de mépris... ]

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Écrit par : Ludovic / | 05/05/2016

MADONNA OU TCHAIKOVSKY

> Quand ils "libèrent" un pays, les Américains font venir Madonna et ouvrent un Mac Do...
Les Russes jouent du Bach ou du Tchaikovsky et reconstruisent Palmyre...
Vous me pardonnerez, mais mon amour de la musique baroque et de l'antiquité font que pour moi, y'a pas photo...

VF


[ PP à VF - Je n'aurai pas de mal à vous le pardonner. ]

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Écrit par : VF / | 05/05/2016

EXTRAORDINAIRE

> Comme le dit VF, les Russes ont quelque chose à apporter, quelque chose de profond, de spirituel, quand les Américains ne rapportent que du mercantile.
Je trouve cet événement extraordinaire.
Car ce n'est pas facile de jouer de la grande musique, et encore moins dans ces conditions précaires et même risquées. J'admire ces musiciens.
Et j'admire le gouvernement russe d'avoir eu cette idée d'un événement qui, même s'il a une utilité matérielle (pour reconstruire), a d'abord une utilité spirituelle. On ne peut pas reconstruire rapidement tout ce qui a été détruit, matériellement et psychologiquement. Mais je crois que ce concert peut beaucoup pour les cœurs meurtris de là-bas. il leur dit : "nous savons que vous n'avez pas seulement besoin de pain". Il leur redonne une dignité.
______

Écrit par : Bernadette / | 06/05/2016

PAS D'ACCORD

> Je suis moins enthousiaste, mais j'ai hésité à écrire ce message parce que j'ai peur d'être mal compris, d'autant qu'apparemment je serai seul : tant pis, je me lance quand même.
Géopolitiquement, je partage l'avis de tous ici sur les aventures militaires américaines et les délires de l'OTAN. Mais ça ne m'empêche pas de conserver mes réserves vis à vis d'une nouvelle Russie qui me paraît bien moins alternative qu'on ne le dit chez les anti-atlantistes (dont je suis, une fois encore).
Pour commencer, Gergiev, que je suis depuis fort longtemps, va parfois bien au-delà d'un simple soutien politique à Poutine et je me souviens de déclarations dont la teneur n'aurait pas effrayé un commissaire politique de la Grande Guerre patriotique, alors même que le régime a changé (ce que semble ignorer le Pentagone, mais pas lui seulement, apparemment).
Par ailleurs, c'est musicalement un chef discutable et d'ailleurs discuté, que je trouve imprécis, clinquant et souvent brutal. Ça peut marcher dans la 4e symphonie de Chostakovitch (infiniment supérieure à la lamentable Leningrad, qui ne vaut que par le pastiche de Bartok dans son Concerto pour orchestre, et dont l'indéniable importance historique ne peut éclipser la médiocrité musicale), ça ne marche pas dans Borodine.
Je l'ai entendu il y a quelques années dans le Sacre à Paris, la liberté d'interprétation à la fin de la Danse de la terre confinait à la réécriture de la partition, et je me souviens qu'il y a eu de l'agitation dans le public ("Quand on ne sait pas lire une partition, on ne devient pas chef d'orchestre", entendait-on dans les couloirs).
Et puis j'ai toujours préféré Ravel refusant de signer des pétitions "anti-boches" mais s'engageant pour Verdun, à Copland restant au chaud en Californie pour y écrire des fanfares patriotiques. J'avais été gêné, au moment de la chute du Mur de Berlin, par Bernstein venant jouer (en en modifiant les paroles !) la 9e symphonie de Beethoven devant les vestiges. Il y avait de la beauté dans le geste, une symbolique, une sincérité indéniable (et sans doute plus spontanée chez Bernstein que chez Gergiev), mais un côté hollywoodien d'autant plus navrant que cette version avait été vendue ensuite par DG avec en cadeau dans le coffret un petit morceau du Mur !
C'est ici différent, bien sûr, mais puis-je dire que je ressens la même gêne sans me faire suspecter de bushisme ?
Par ailleurs, au-delà des appréciations forcément subjectives concernant son talent musical, Gergiev me paraît, au contraire de ce que cette initiative donne à penser, une incarnation de la déliquescence de la grande tradition russe. C'est compliqué et je dois abréger, mais par exemple, tout chef naguère issu de cette tradition, même s'il était soviétique, mettait un point d'honneur à jouer, quand il allait à l'étranger, sa musique (pour la faire découvrir) et celle du pays qui l'accueillait (par politesse traditionnelle envers son hôte). J'ai eu la chance d'assister au dernier concert parisien de Svetlanov (solide physique de moujik, mais droit comme un i, tiré à 4 épingles, élégant, d'une battue extraordinairement précise - le contraire de Gergiev, avec ses blouses, sa barbe crasseuse, ses cols ouverts et ses mains qui papillonnent hors mesure) : Svetlanov nous avait joué de la musique russe, mais aussi du Schmitt et du Chausson. Gergiev peut jouer n'importe où avec n'importe quel orchestre, vous n'aurez de toute façon que Prokofiev et Tchaïkovski, et c'est désormais la norme chez les chefs russes de la nouvelle génération. Sous Plasson, le Capitole de Toulouse nous défrichait des territoires inconnus (des inédits de Magnard, de Ropartz, de Honegger). Le premier disque que cet orchestre a enregistré avec son nouveau chef Sokhiev : la 4e de Tchaïkovski, dont il existe déjà 600 versions. Alors, jouer la musique du pays hôte par politesse, un simple geste sans signification ?
Je me focalise stupidement sur des broutilles ? Je ne crois pas. Un geste, oui, mais qui dit quelque chose de la civilisation dans laquelle on se trouve. Tchaïkovski faisait venir à grands frais de Paris la musique de Bizet et de Delibes (tout comme Ravel et Dukas se passionnaient pour le groupe des 5 et pour Stravinsky). Au Bolchoï, aujourd'hui, c'est Rimsky ou rien. Et ce n'est pas ça, la tradition musicale magnifique de la vieille Russie.
Je suis de ceux qui partagent l'avis général, sur ce blog, concernant la géostratégie infantile et irresponsable des États-Unis et de ses affiliés, et j'appelle de mes vœux un désalignement de la politique française dont je crois que beaucoup de Français seraient contents.
Mais il en faudra beaucoup plus que cette vidéo pour me convaincre que, politiquement, il y a encore de grands tsars en Russie parmi les apparatchiks qui vendent le bien commun à Gazprom et, musicalement, des Mravinski parmi les Lady Gaga de la baguette russe.
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Écrit par : Christian V. / | 06/05/2016

@ Christian V.

> Etant curieux des musiques d'un peu partout, j'aimerai savoir s'il existe des oeuvres symphoniques syriennes.
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Écrit par : Pierre Huet / | 06/05/2016

FORT ET SAIN

> Je ne suis pas musicologue et je serais bien incapable de comparer les uns et les autres, etc. Je ressens les choses tout simplement, sans doute comme les Syriens les ressentent aussi : l'idée de ce concert était noble. Le message au monde est fort et sain. C'est cela qui compte.
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Écrit par : Guillemot / | 06/05/2016

A Christian V. :

> Il ne s'agit pas d'idolâtrer la Russie, de remplacer un suzerain par un autre : mais de voir que les dirigeants russes actuels ont du sens politique, mais aussi un sens "civilisationnel" tirant presque au spirituel.
Là où les Américains auraient célébré le ventre, les Russes célèbrent l'esprit et la mémoire.
Les Américains auraient vendus la pulsion consumériste, la gloutonnerie, les Russes le sens de la vie et le relèvement de ce qui fait l'Homme (certe, non sans arrière-pensée, je ne suis pas naïf).
Bon, c'est une première réaction à chaud, mais je vois beaucoup plus de profondeur et de sens humain dans ce concert que dans les distributions de big mac aux gosses de Bagdad.
Pour le reste, je ne suis pas spécialiste.
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Écrit par : VF / | 06/05/2016

PAS LOIN

> A l'instar de Philippe de Villiers (cf ce qu'il en dit notamment dans 'Le moment est venu de dire ce que j'ai vu'), je ne suis pas loin de penser que Moscou est la nouvelle "capitale du monde libre"...
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Écrit par : Feld / | 07/05/2016

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