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30/04/2016

Libéraux, cessez de biaiser l'encyclique 'Laudato Si' !

pape françois,écologie

Les marchands d'équivoque n'ont pas capitulé :


 

Carbonisés sur le plan scientifique*, les climato-négationnistes (annexe française d'un réseau américain) sont dans la position du tribunal qui condamna Galilée.

Spécialement ceux qui se réclament du catholicisme...

Posture bizarre puisque Laudato Si' est claire – c'est le moins qu'on puisse dire – sur la question du climat, à laquelle l'encyclique consacre notamment quatre pages entières : du paragraphe 23 au paragraphe 26 inclus.

Mais posture logique, si l'on songe que les catholiques climato-négationnistes sont aussi des libéraux économiques acharnés, donc en contradiction avec le Magistère – et en rébellion quasi-ouverte envers l'enseignement du pape dans ces domaines (ainsi que dans divers autres, dans le sillage du cardinal Burke). Rébellion franco-américaine, que je décris dans mon livre Face à l'idole argent – La révolution du pape François.**

Comment ces personnages déguisent-ils leur conflit d'intérêts (libéralisme c/ catholicisme) ? En donnant une apparence religieuse au climato-négationnisme.

Comment y parviennent-ils ?

en zappant tout ce qui leur déplaît dans Laudato Si',

en ne citant (et hors contexte) que le passage de cette encyclique où le pape appelle à un dialogue authentique sur tous ces problèmes, alors que cet appel devrait les inciter à abjurer leurs préjugés***,

–  et en inventant un principe « catholique » de « rejet du catastrophisme », ce qui les place en contradiction flagrante avec l'encyclique !

En effet, regardons ce dernier point de plus près. Qualifier de « catastrophisme » toute prise en compte de la crise environnementale, c'est le vieux truc des lobbyistes industriels (inauguré naguère par Allègre et Ferry). Mais, sur le plan catholique, le « catastrophisme » ne figure pas au nombre des péchés. Comment l'y faire figurer ? En inventant une hérésie, imaginaire mais attribuée à tous les catholiques engagés en écologie. Cette hérésie consisterait : 1. à personnaliser et donc diviniser la nature en l'appelant soeur ou mère ('panthéisme') ; 2. à humilier le génie humain - créé par Dieu - en le rendant responsable de désastres ('catastrophisme').

 

Hélas pour les climato-négationnistes, l'encyclique anéantit leur invention :

 

1. Dès le § 1, elle souligne que saint François d’Assise « rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : ''Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne [...]''. Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. La violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui ''gémit en travail d’enfantement'' (Romains 8, 22). Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière (Genèse 2, 7). Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure... » Au § 53, le pape parle des « gémissements » de « soeur terre » (dont « la clameur » exige de nous « une autre direction » sur le plan économique).  Etc.

 

2. Au § 161, le pape ridiculise les inquisiteurs d'aujourd'hui (dénonciateurs obsessionnels de notre « catastrophisme ») :

« Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. […] Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l'environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu'il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans certaines régions... »

Ces accents rappellent l'avertissement de 2007 aux jeunes Italiens, lancé par un Benoît XVI résolument catastrophiste puisqu'il évoquait la menace de dégâts irréversibles : perspective que nos climato-négationnistes déclarent véhémentement suspecte de très-puante hérésie (comme on disait au XIIIe siècle)... 

Et François cloue le cercueil du négationnisme version catho, en soulignant l'urgence de modifier l'action économique humaine sur l'environnement :

« L'atténuation des effets de l'actuel déséquilibre dépend de ce que nous ferons dans l'immédiat, surtout si nous pensons à la responsabilité que nous attribueront ceux qui devront supporter les pires conséquences... »

 

Il est donc pénible de voir des revues « catholiques » consacrer de longs articles à biaiser l'encyclique, à ne pas dire ce que dit le pape et à lui faire dire ce qu'il ne dit pas ; le tout pour prolonger l'équivoque où vivait la bourgeoisie bien-pensante depuis vingt-cinq ans ! Dans ce domaine comme dans celui de la dérive identitaire, l'heure vient de chasser les brouillards. Laudato Si', encyclique d'écologie intégrale, montre de façon lumineuse ce qui est compatible – et ce qui ne l'est pas.

 

_______________

* Cf. (par exemple) l'acharnement d'un des leurs à l'Académie des sciences française.

** Artège, novembre 2015.

*** Au paragraphe 60 de l'encyclique, le pape récuse certaines « opinions ». Les climato-négationnistes font semblant de prendre ça pour un feu vert papal à leur thèse, qu'ils présentent comme une donnée scientifique (c'était aussi le cas des géocentristes à l'encontre de Copernic et Galilée). Mais lisez ce paragraphe 60 : il récuse parmi ces « opinions » celle des adversaires de tout « changement de fond », parmi lesquels on n'a aucune peine à reconnaître les climato-négationnistes ! Le paragraphe 61 leur oppose d'ailleurs « la réalité » : il suffit, dit-il, de la « regarder avec sincérité » pour constater « une grande détérioration de notre maison commune », à laquelle on doit remédier en changeant « l'actuel système mondial » qui est « insoutenable ». C'est justement ce dont les catholiques libéraux ne veulent pas entendre parler : la responsabilité de l'homme à travers son système économique ! Etranges chrétiens, qui nient l'existence de structures de péché...

 

 

Commentaires

CONTOURNEMENT

> Correction fraternelle : catholiques libéraux, en élaborant les raisonnements mis au jour ici, rendez-vous compte que vous contournez de façon subtile votre conscience, simplement parce que des intérêts matériels sont en jeu.
______

Écrit par : anita / | 30/04/2016

DÉRIVE

> Dans la même veine, j'ai été vraiment peinée de voir la dernière livraison de "l'Homme nouveau"...
Je n'étais pas très à l'aise à sa lecture depuis quelques temps, les choses deviennent claires, malheureusement.
Tout le contraire de l'esprit de joyeuse et humble obéissance cher à Saint Benoît !

Pema


[ PP à Pema - Qu'y avait-il dedans ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pema / | 03/05/2016

Les commentaires sont fermés.