Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/02/2016

'Le Monde' et la fin des illusions [1]

vigJournaux.jpg

La classe médiatique découvre des réalités :


 

La lecture du Monde devient révélatrice ! Le quotidien « de référence » voit s'effondrer ses présupposés dans plusieurs domaines.Commençons par la géopolitique.

Le week-end dernier [1], Le Monde constate que la situation en Syrie diverge de plus en plus d'avec le dogme parisien. L'Armée syrienne libre n'existe plus (avait-elle vraiment existé ?). Ankara est hors jeu : « Spectatrice impuissante de la phase finale du plan déclenché en septembre 2015 par la Russie pour remettre en selle Bachar el-Assad, la Turquie se retrouve évincée du terrain syrien [2] ». Longtemps mise en doute par les Occidentaux, la capacité russe de projection stratégique est avérée : « La dernière bisbille aérienne (turco-russe] a servi de prétexte au Kremlin pour déployer en Syrie quatre de ses nouveaux chasseurs Su-35, chargés d'escorter les bombardiers en rendant plus efficace leur champ de vision. Les systèmes russes de défense antiaérienne S-400 installés au nord de la Syrie après l'incident de novembre ont eu pour effet de clouer la chasse turque au sol... »

Quant aux Kurdes syriens (bête noire d'Ankara), ils sont désormais dans le camp russe et vont profiter de l'offensive syro-russe au nord d'Alep pour étendre leur territoire. Ils ouvrent une « ambassade » à Moscou. Le Kremlin enfonce ainsi « un coin » dans la relation turco-américaine, « déjà mise à mal par les divergences de vues à propos du PYD » (le parti des combattants kurdes syriens)...

D'où le titre de première page du numéro suivant du Monde sur l'offensive « décisive » du régime Assad [3], et l'éditorial intitulé Les dures leçons d'Alep : Damas et les Kurdes sont actuellement gagnants, constate Le Monde, alors que les perdants sont « les deux grands parrains de l'insurrection armée syrienne, la Turquie et l'Arabie saoudite ».

C'est le résultat de l'intervention russe, et l'éditorialiste du Monde pourrait (mais il ne le fait pas) en tirer une autre « dure leçon » : la Russie n'est intervenue qu'au bout de cinq ans de catastrophes exponentielles en Syrie et au Proche-Orient ; catastrophes favorisées par l'absurdité des postures d'une Europe, qui depuis cinq ans, aura préféré faire bloc avec Washington contre... Moscou.

 

ps - Je ne crois évidemment pas que Bachar el-Assad soit l'avenir de la Syrie. Mais les faits sont les faits.

 

 

Prochaine note tirée de la lecture du Monde  (son numéro du 9/02) :

UE, la fin des illusions

 

 

[1] numéro des 7-8/02.

[2] Le Monde ajoute : « La pilule est amère pour M. Erdogan qui, depuis le début du conflit syrien, n'a pas ménagé son soutien à la rébellion anti-Assad ». Même si cette « rébellion » n'était plus le fait de Syriens, mais de brigades internationales anti-Iran parrainées par Ryad et Ankara... Le Monde l'admet d'ailleurs à demi-mot : « La Turquie en est désormais réduite à regarder les rebelles qu'elle protège – entre autres les Turkmènes de Bayirbucak et les djihadistes du Front Al-Nosra – se faire pilonner par l'aviation russe... » (Al-Nosra est une branche du réseau international Al-Qaïda).

 

Les commentaires sont fermés.