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19/12/2015

"Cette doctrine, qui a son fondement dans la loi de la nature et du christianisme, est taxée de socialisme par les capitalistes et les riches..."

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 Paroles du cardinal Manning et Mgr Ketteler : 


 

 

Il faut feuilleter les journaux d'autrefois : ils sont pleins d'enseignements. A la une de son numéro du 1er mai 1937, le quotidien démocrate-chrétien L'Aube cite une revue de 1890 (Le XXe Siècle) qui avait publié, en l'honneur du 1er Mai ouvrier, trois textes : deux du cardinal archevêque de Westmister Henry Manning (1808-1892), et le troisième de l'évêque de Mayence Wilhelm von Ketteler (1811-1877).

 

Lettre du cardinal Manning à l'industriel catholique Léon Harmel* pour le 1er Mai 1890 (la condamnation de la théorie libérale classique est mise en gras) :

 << Cher M. Harmel, j'espère avoir à féliciter tous les membres des ''Cercles catholiques d'ouvriers'' et leurs chefs, au sujet de la pacifique fête du travail de ce 1er Mai... Qu'il y ait nécessité absolue d'élever et d'alléger les travaux des hommes, de telle sorte que leurs vies puissent être des vies humaines et des vies familiales, c'est ce qui ne fait de doute pour personne. Que les longues heures de travail, non seulement pour les hommes mais encore pour les femmes, et que l'incertitude d'un salaire suffisant** rendent impossible les devoirs et les affections du foyer, dans nos grands centres industriels, cela se démontre par soi-même jusqu'à l'évidence. La société humaine n'a que faire de cet ''homme économique'' imaginaire*** des économistes politiques, mais il lui faut l'être humain dans la réalité du souffle de vie qui l'anime... >>

 

A la même date, dans une lettre aux jeunes directeurs du XXe siècle, le cardinal Manning condamne l'individualisme libéral :

 << La société humaine est plus grande et plus noble que tout ce qui est individuel. Cette doctrine, qui a son fondement dans la loi de la nature et du christianisme, est taxée de socialisme par les frivoles et les impétueux, aussi bien que par les capitalistes et les riches. Mais l'avenir fera paraître à la lumière de la raison l'état social du monde du travail. Nous verrons alors sur quelles lois repose la société chrétienne de l'humanité... >>

 

Le même numéro de la revue de 1890 contenait cet extrait nettement antilibéral des écrits de Mgr von Ketteler (1811-1877), qui pourrait servir d'exergue à certains débats de 2015 :

 << Ce serait une grande folie de notre part de nous tenir à l'écart du mouvement, sous prétexte que l'impulsion part principalement d'hommes hostiles au christianisme. L'air conserve ses propriétés quoique l'impie le respire, et le pain que nous mangeons, pétri par un boulanger incroyant, n'en est pas moins nourriture donnée par Dieu. Il en est de même des sociétés : l'esprit d'association repose sur l'ordre divin et est essentiellement chrétien, quoique les hommes qui le favorisent n'y reconnaissent pas le doigt de Dieu et en fassent souvent un mauvais usage... >>

  

Commentaire de ces trois textes (dans L'Aube) par le juriste et député catholique Adéodat Boissard, fondateur des Semaines sociales :

 << Pourquoi les catholiques du monde entier, et spécialement de France, ne firent-ils pas alors (en 1890) écho aux exhortations de ces guides généreux et clairvoyants ? Et pourquoi si nombreux, aujourd'hui encore, demeurent ceux qui n'ont pas su comprendre et se refusent à marcher dans les voies que leur enseignent, non plus quelques franc-tireurs ardents, mais leurs chefs les plus hautement qualifiés ? >>

 

La question se pose toujours en 2015.

 

_______________ 

* En ce temps-là, les industriels catholiques n'essayaient pas de faire croire que le catholicisme était compatible avec le libéralisme économique. M. Beigbeder, encore un effort pour les imiter !

** Dans la théorie libérale classique, le salaire n'est fixé que par le marché. C'est à cela que le néolibéralisme tend à nous ramener. Pour plus d'informations, consulter MM. Gattaz et Macron.

*** L'homo oeconomicus de la théorie libérale est « imaginaire » en ce sens qu'il est une entité purement conceptuelle, individu réduit à l'économique et livré au marché. Le combat du mouvement ouvrier et du catholicisme social fut pour réintroduire, via la loi, les dimensions humaines et sociales dans les relations économiques... Rappelons que la première des encycliques sociales, Rerum novarum du pape Léon XIII (1891), contenait une condamnation radicale du libéralisme. De même l'encyclique du pape François Laudato Si' (2015).

 

17:47 Publié dans Histoire, Idées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : catholiques, social

Commentaires

LE MIRAGE S'EFFILOCHE

> Merci de ces textes que je ne connaissais pas. Ils montrent que les catholiques d'aujourd'hui sortent d'une erreur : ils croyaient que le catholicisme était libéral par nature alors que le mirage de sa compatibilité avec l'idéologie libérale ne s'est imposé qu'en 1990 et est déjà en train de s'effilocher sous le choc des réalités... et de la parole de notre pape, que la Sainte Providence l'ait en sa garde !
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Écrit par : Julien le converti / | 20/12/2015

LE DÉBAT DE 'LA NEF'

> La revue 'La Nef' aide ses lecteurs à se sortir de l'erreur libérale.
Voir le livre des contributions au débat sur le libéralisme publié dans ce mensuel depuis un an : les points de vue libéraux sont artificieux, évitant le réel, figés dans une théorie "qui ne s'est jamais vérifiée nulle part" comme dit le pape. Les points de vue antilibéraux sont mieux étayés. Instructif.

AC


[ PP à tous - 'Faut-il se libérer du libéralisme ?', éditions Pierre-Guillaume de Roux. ]
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Écrit par : Augustin Castell / | 20/12/2015

AVANT APRÈS

> Avant 1965 : MAL
Après 1965 : BIEN
On aurait menti à ma génération ?
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Écrit par : Thomas Mousset / | 20/12/2015

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