05/10/2015
Synode sur la famille, 2ème session
Quel catholique refuserait de faire confiance à l'Esprit Saint ?
Les paroles du pape François ont donné le ton : quand la réalité se présente comme inextricable, c'est l'heure de l'Esprit Saint.
Evangéliser la famille dans le monde occidental actuel est réellement un problème inextricable : gardons-nous de nier cette difficulté, de nous barricader dans la théorie et de réduire l'Eglise au rôle d'aumônerie de 4 % des Français. Gardons-nous – pour les plus agités – de jeter la suspicion sur le synode parce qu'il prend en compte (c'est sa mission) des réalités inédites...
Ne considérer que les couples vivant en accord – au moins apparent – avec la théologie catholique de la famille, serait une attitude anti-évangélisatrice : donc intenable de la part de l'Eglise, dans une société où bientôt la majorité des couples ne seront même plus mariés à la mairie.
Mais, par ailleurs, une autre attitude (non moins intenable) serait de dire : « il n'y a qu'à supprimer la théologie de la famille, et chaque état de vie se trouvera à l'aise ! » Cette pseudo-solution équivaudrait elle aussi à ne plus évangéliser.
Les deux attitudes symétriques, la « conservatrice » (le catho-club) et la « progressiste » (le n'importe quoi), aboutissent donc au même résultat : tourner le dos à l'évangélisation... Manque de confiance surnaturelle dans les deux cas !
Alors que faire, dans une société vouée – par l'économie libérale – à l'éphémère et à l'émiettement hyper-individualiste ?
La réponse n'apparaît pas encore.
C'est précisément pourquoi l'Eglise réunit un synode.
Au-dessus de l'inextricable, il y a l'Esprit Saint présent à son Eglise : en particulier lorsqu'elle s'assemble en synodes ou en conciles. Quel catholique refuserait de faire confiance à l'Esprit Saint ? Au début de la nécessaire et courageuse démarche synodale, nous avons protesté contre la campagne de suspicion qui a cherché, par des rumeurs et des pétitions, à injecter l'esprit de parti dans l'Eglise (contre François). Cette opération indigne visait en fait à décrédibiliser la parole du pape avant la parution d'une encyclique que redoutaient certains milieux économiques* ; devenant inutile après le succès mondial de Laudato si, la désinformation anti-synode a d'ailleurs cessé après la mi-juin.
La page est tournée. L'heure n'est plus aux polémiques. Attendons l'Esprit Saint.
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* Je reviens sur cette affaire dans un chapitre du livre qui paraît en novembre chez Artège : Contre l'idole Argent - La révolution du pape François.
10:14 Publié dans Pape François | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : synode, pape françois, famille
Commentaires
BÉTON
> En effet la page doit être tournée. Malgré les efforts de certains (dont hélas deux cardinaux) pour qu'elle ne se tourne pas et même qu'elle se bétonne !
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Écrit par : amicie t. / | 05/10/2015
LAÏCS CRISPÉS
> A noter que les laïcs sont plus crispés que les évêques : entre ceux qui disent "rien ne peut changer puisque Thomas d'Aquin a écrit..." et ceux qui écrivent un article comiquement intitulé "en avant les réformes!"... Dieu merci, les théologiens sont souvent moins obtus.
Espérons une synthèse inattendue, comme cela a eu lieu dans l'histoire.
Je crains cependant son passage au tamis médiatique : madame Pedotti a tout de même écrit sans rire dans 'Témoignage Chrétien' que le pape avait "dribblé" le synode en facilitant la reconnaissance en nullité, de sorte que "bientôt" tout le monde s'habituera, après avoir divorcé civilement, à faire la paperasse nécessaire auprès de son évêché. J'avoue qu'un tel discours m'invite immédiatement à la crispation : heureusement, madame Pedotti ne sera pas au synode! Elle ne crispera donc pas nos pauvres pères synodaux!
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Écrit par : Maud / | 05/10/2015
CIRQUE
> "Ruminants de la Sainte Alliance" contre "moutons de Panurge", comme disait le bon saint Maritain (Jacques), c'est toujours le même cirque (maxime) humain, trop humain... L'heure de l'Esprit Saint, décidément.
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Écrit par : Alex / | 05/10/2015
@ Nicolas
> même logique pour "les initiatives d'évangélisation" : il faut faire du chiffre, "faire du buzz", "faire jeune", etc.
-les Angels Awards (pour récompenser des groupes de musique chrétienne) pourquoi ne pas appeler cela le Prix des Anges ?
Non : en anglais "pour faire dynamique", pour "faire venir les jeunes"
-la Forgive Night : et pourquoi pas la nuit du pardon ?
-le "flight to life"
-welcome to paradise à Hautecombe...
Tout cela révèle :
1/ le calcul marketing avant le désir d'aimer les autres tels qu'ils sont (français, pécheurs, craintifs) en étant soi-même (français, pécheurs, craintifs) :
on veut "faire catho qui en veut, qui a plein de potes, qui n'a pas de complexes " mais qui justement les étale en agissant ainsi car ça ne trompe personne.
La logique d'efficacité immédiate plutôt qu'une recherche de profondeur, de long terme.
2/ Le complexe d'infériorité des cathos français : en français, ça ne ferait pas bien.
3/ Le paraître plutôt que l'être : on veut faire américain (sous -entendu parce qu'être français ce n'est pas bien).
4/ On veut évangéliser mais on ne s'aime pas soi-même sinon on serait soi-même, on parlerait sa langue.
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Écrit par : E Levavasseur / | 06/10/2015
EMPLOI
> ce n'est pas contre le principe, je ne suis pas un imbécile merci, mais contre l'emploi systématique qui montre une envie de paraître, il me semblait que c'était clair.
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Écrit par : E Levavasseur / | 06/10/2015
St PAUL
> Aucun rapport avec saint Paul.
(d'autant qu'on s'adresse ici à des gens de sa propre culture).
Saint Paul appliquait justement avant la lettre ce que recommandaient ci-dessous les papes et c'est de cette méconnaissance dont je parle :
"Ne faites aucune tentative, ni ne cherchez aucunement à persuader ces peuples de changer leurs coutumes, leur façon de vivre, leurs usages, quand ils ne sont pas manifestement contraires à la religion et à la morale.
Il n'y a rien de plus absurde que de vouloir apporter en Chine la France, ou l'Espagne, ou l'Italie, ou quelque autre partie de l'Europe.
N'apportez rien de tout cela, mais la foi, une foi qui ne rejette ni n'offense la façon de vivre et les usages d'aucun peuple, quand il ne s'agit pas de choses mauvaises. Au contraire, la foi veut que ces choses soient conservées et protégées"
Pape Alexandre VII,
Instructions à l'usage des Vicaires Apostoliques en partance pour les Royaumes chinois de Tonkin et de Cochinchine.
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Écrit par : E Levavasseur / | 06/10/2015
DÉBAT
> Une contribution à la réflexion par deux de nos évêques, quelques éléments d'enjeu, sans aucun doute au-delà de supputations de l'ordre du pronostic turfiste ou sportif sur l'issue ou même les tendances du Synode, et nous leur en savons gré!
https://rcf.fr/spiritualite/vie-de-leglise/famille-leglise-doit-elle-changer-deux-eveques-debattent
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Écrit par : Aventin / | 06/10/2015
UN SYMPTÔME
> Je pense que l'usage abusif du mondial (ou anglo-globish, sabir infâme qu'on ne saurait appeler "anglais" que par abus de langage) est plus inquiétant que la pédanterie latinisante, parce qu'il va plus loin : ceux qui l'utilisent baignent dedans de par leur milieu social et culturel (écoles d'ingénieurs et de commerce où la qualité du français compte moins que la note de TOEIC...) et pensent qu'ils doivent l'utiliser pour être entendus et compris (ça doit être la même hypothèse, hélas partiellement justifiée, qui conduit occasionnellement les distributeurs à changer le titre anglais d'un film en un autre titre anglais).
Pourquoi les slogans leur viennent plus naturellement dans cet idiome ? Parce que c'est qu'ils voient et lisent, et donc ce qu'ils imitent (cf. toutes les déclinaisons sur "Yes We Can", pour commencer).
S'ils pouvaient être vraiment anglophones, peut-être qu'ils liraient Chesterton dans le texte, ça leur ferait un bien fou.
En attendant, voyons ça comme un symptôme, et pas des plus rassurants...
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Écrit par : Dr. Zurui / | 08/10/2015
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