04/08/2015
Encore une profanation de cimetière
...en Meurthe-et-Moselle.
Réflexions sur le phénomène :
Cette fois le site est « chrétien », nous disent France Inter et France Info qui soulignent ce fait, allant même jusqu'à traduire (« il s'agit de croix et d'autres symboles religieux ») les périphrases laïques (« des ornements ») de la gendarmerie. Impossible donc de réactiver le petit jeu malsain qui consiste à accuser « l'Etat* et les médias » d'indifférence « quand il s'agit de lieux chrétiens », et à comparer les profanations selon leur objet : cimetières chrétiens, ou juifs, ou musulmans. (Cette comparaison-là est obscène de la part de commentateurs chrétiens, se réclamant donc d'une religion qui est pourtant celle de la non-comparaison : le chrétien est censé ne pas se poser en victime pour attirer l'attention sur son sort).
C'est plutôt le moment de chercher ce qui se passe dans la tête des profanateurs de cimetières.
Est-ce un délire spécifiquement français ? Entend-on parler de profanations ailleurs ? Il ne semble pas que ce genre de choses fasse la une chez nos voisins.
Est-ce un délire spécifiquement anti-religieux ? Les tombes « religieuses » (chrétiennes, musulmanes, juives) attirent les profanateurs beaucoup plus que les tombes « laïques ». Les croix, les étoiles et les croissants sont visées ; pas les photos gravées polychromes de guitares, de motos ou de chatons.
En ce cas, pourquoi les profanateurs s'acharnent-ils sur le religieux, puisque l'époque se dit indifférente au contenu des religions ? (Elle les a « dépassées », c'est bien connu – au profit des motos et des guitares...).
C'est une énigme. De même nature, sans doute, que l'énigme de l'existence de « satanistes » qui déclarent ne croire en aucun Dieu. Satan n'est pas le symétrique de Dieu : mais s'il n'y a pas Dieu Créateur, il n'y a pas non plus sa créature, l'ange rebelle... « Mais notre Satan à nous ce n'est pas ça, c'est le symbole des pouvoirs profonds de l'homme-et-de-la-femme », etc ? Alors pourquoi l'appeler « Satan », nom qui n'a de sens (« l'accusateur », le « diffamateur ») que dans le contexte biblique ? Etc.
Toutes ces questions se perdent dans le vide de la société de consommation : les satanistes sont en fait les clients des marchands de musique de caniveau, et quand par hasard les gendarmes mettent la main sur des profanateurs, ceux-ci se révèlent incapables d'expliquer leur geste**. Leur cerveau est gavé d'images dites « fantastiques » venues de séries télé ou de jeux vidéo, qui leur tiennent lieu de mobile. L'époque ne raisonne pas : elle fonctionne par pulsions nerveuses.
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* Le procureur dit « dégradation » et non « profanation ». Le lui reprocher serait inepte : l'Etat n'emploie pas le vocabulaire de l'Eglise.
** Certaines profanations laissent des inscriptions, brèves et dysorthographiques, parfois assorties de croix gammées. Mais c'est loin d'être le cas général. Et qu'est-ce qu'une idéologie qui irait la nuit dans les cimetières ?
Cette tombe-là ne sera pas profanée :
08:29 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : cimetières
Commentaires
"l'énigme de l'existence de « satanistes » qui déclarent ne croire en aucun Dieu."
> Je sais bien que PP joue la naïveté. Mais allez voir des sites satanistes http://f.s.f.free.fr/
http://afst.e-monsite.com/
Il est très intéressant de voir comment, sous des aspects modernes de promotion du "respect" et de ringardisation des cathos, les satanistes collent parfaitement avec ce qu'on trouve à leur sujet dans la Bible et dans les légendes de la tradition chrétienne. Ils distillent le faux humanisme du tentateur en prétendant faire le bonheur de l'homme dans l'harmonie universelle, malgré, et même par, le refus de la foi en Dieu et de l'amour du prochain, considérés comme causes de division et de violence.
Où l'on se rend compte que c'est la vraie religion d'aujourd'hui.
Dans cette religion, il semble que la mort physique fascine et qu'on sente le besoin de jouer avec. J'habite à côté des catacombes qui attire des foules incroyables, en grande partie des jeunes, qui semblent venir là comme on va au parc d'attraction.
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Écrit par : Guadet / | 04/08/2015
CLASSE
> Des tombes avaient été profanées et la gendarmerie avait arrêté les coupables
-pourquoi avez-vous fait cela ?
-on voulait voir des morts.
L'effacement bétasson et puéril de la mort, qui empêche de répondre à des questions aussi normales qu'essentielles et entraîne une fascination malsaine pour la mort peut aussi en être la cause.
Egalement la recherche désordonnée d'un certain absolu : dans un collège, un gamin se scarifie et se coupe un doigt ; une gamine de 16 ans commente :
-quand même c'est classe !
-tu trouves ça "classe" de se couper un doigt ?
-ben ouais c'est classe. Tout le monde n'en est pas capable.
Le besoin de rite, l'attrait irrépressible pour le paranormal de toute société matérialiste, particulièrement chez les adolescents. On commence par faire tourner les tables pour voir puis par fascination ; on développe l'idée qu'on appartient à un monde parallèle avec ses propres lois (renforcée s'il y a effacement des parents et évidemment totale absence de toute référence à une 'norme supérieure') et TOUJOURS se développe à partir d'une certaine accoutumance au spiritisme, une aversion pour tout ce qui est religieux.
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/08/2015
DAMIEN LE GUAY
> Lire ce qu’en dit le philosophe Damien Le Guay dans la Croix ( http://www.la-croix.com/Actualite/France/Pourquoi-profane-t-on-des-cimetieres-2015-04-16-1303146 ).
La « perte du sacré » - qu’il soit d’ordre religieux ou non – je l’ai découverte assez récemment au contact de connaissances bobos-bios-« écolos » (guillemets intentionnelles). Lors d'une conversation à propos d’un enterrement - où un des assistants revenait entre autres sur « le connard de curé qui cherche toujours à te vendre son truc » - est venue sur le tapis l'utilité même des funérailles. Pour la plupart des gens présents autour de moi, tout le cérémonial était superflu et ne servait qu’à engraisser les entreprises de pompes funèbres. Tout juste lui concédaient-ils un rôle psychologique pour les proches endeuillés « qui en ont besoin » (sous-entendu : « les fragiles qui n’ont pas l’esprit fort comme nous »). Eux-mêmes déclaraient qu'ils se voyaient bien volontiers réduire en cube de compost pour aller fertiliser Mère Nature : ni plaque, ni couronne – juste les fleurs, donc. Sous le coup de la consternation, je n'ai pas entamé de disputatio anthropologique ; mon tort, sans aucun doute.
Je gage qu’avant peu, il sera mal vu de se faire enterrer et non incinérer, occupant inutilement de précieux mètres carrés qui seraient bien mieux employés au bénéfice du Beau, du Jeune, du Pétant-la-Santé – de l’Utile. Peut-être condamnera-t-on encore du bout des lèvres les profanations de tombe, par un reste de pitié eu égard au désagrément sentimental infligé aux proches (à supposer qu’ils en aient encore quelque chose à faire)… tout en twittant en sous-main « qu’ils l’ont un peu cherché » pour en être resté à une tradition obsolète, pour un mort à qui c'est - évidemment ! - bien égal.
On a là la culture du déchet dans toute son horreur (mais qui à part nous percevra encore cette horreur ?), mes camarades bobos ne se distinguant que par celle du déchet « valorisé ».
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Écrit par : Albert Christophe / | 04/08/2015
> Délire spécifiquement français? Les profanations de tombes, peut-être, le satanisme, il ne semble pas:
http://www.metrotimes.com/Blogs/archives/2014/09/05/the-satanic-temple-will-build-its-first-chapter-house-in-detroit
http://www.detroitnews.com/…/satanic-statue-revea…/30508189/
http://www.foxnews.com/us/2015/07/10/no-red-carpet-for-satanic-statue-slated-for-detroit-unveiling/
PH
[ PP à PH - En parlant de délire, je ne visais que les profanations de cimetières. ]
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Écrit par : Pierre Huet | 04/08/2015
Guadet
> j'ai parcouru le site de la fédération sataniste, je ne sais pas s'il est représentatif de ce mouvement mais la position d'un sataniste est vraiment compliquée : à la fois il se défie des religions monothéistes qu'il se plaît à singer et il souhaite les supplanter, mais si celles-ci venaient à disparaître, qui les satanistes pourraient donc singer ?
Le satanisme présenté dans ce site se contente des codes graphiques satanistes : sur le fond il ne s'agit que d'anti-religiosité certes paradoxale quand on considère qu'ils se réfèrent au polythéisme, mais quand on prend connaissance de leur "constitution 35" (en réalité un programme politique avec quelques articles amusants, ils ont pensé à tout y compris à régler le problème du droit local alsacien et lorrain), sur le fond ça m'a l'air d'être une alliance contradictoire entre des aspirations libérales-libertaires-individualistes* (on invoque la déclaration universelle des droits de l'homme) et une volonté d'organiser, d'encadrer la société par exemple par l'institution de corporations (art 6) et d'un revenu fixe pour chaque profession (art 9) mais pas pour les professions libérales bien entendu...; le tout sous tendu par l'hédonisme***
Chacun y trouve son compte donc.
* articles 1-4-5-7-8
** articles 6-9-
*** articles 11-12
PJ - la constitution 35 : http://www.dailymotion.com/video/xaq6p6_la-philosophie-du-satanisme-la-con_webcam
Avertissement : attention c'est du lourd, munissez vous d'un goupillon et d'une gousse d'ail avant de regarder, frisson garanti brrr !
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Écrit par : DV / | 04/08/2015
Dégradation ou profanation?
> La discussion sémantique dont votre billet fait, entre autre, l'objet ne laisse pas d'intriguer quant à une connotation uniquement religieuse du terme profanation que l’État laïc, qu'est la République française, ne saurait employer pour se réserver, de droit, le terme dégradation.
Il n'est pas certain que le Législateur use d'autant de nuance voire de distinction tranchée.
- Si le code pénal parle de « violation de tombeaux ou de sépulture » art. 453 et « .. sera puni … quiconque aura détruit, abattu, mutilé ou dégradé … Des tombeaux, signes commémoratifs ou pierres sépulcrales - Des monuments, statues ou autres objets destinés à l'utilité ou à la décoration publique et élevés par l'autorité compétente ou avec son autorisation - Des monuments, statues, tableaux ou objets d'art quelconques, places dans les églises, temples ou autres édifices publics » art 526
- Dans une réponse à un parlementaire le Garde des sceaux de l'époque (2003) n'hésitait pas à dire:
" ... La jurisprudence en la matière est particulièrement large, et il a été reconnu que constituait une profanation de sépulture le fait de maculer de boue une pierre tombale et d'y apposer des inscriptions (Cass crim 2 juin 1953-bull n° 188), ou encore le fait de profaner les registres et monuments faisant partie intégrante des sépultures militaires, au motif qu'un cimetière militaire formait un tout indivisible (trib. enfants Caen 5 mai 1966)....) Réponse du Ministère de la justice publiée dans le JO Sénat du 19/06/2003 - page 2026. (http://www.senat.fr/questions/base/2003/qSEQ030407187.html)
Le mot profanation est bien utilisé par les plus hautes instances administratives de la Justice.
Ce qui est perçu, à tort ou à raison, par le public comme une différence de traitement de l'information ou de la qualification d'un fait n'est en rien neutre. C'est cette perception qui crée l'assentiment ou la dissension au sein d'une communauté nationale et la question identitaire ou religieuse est assez à vif pour que la prudence égalitaire dans l'emploi des mots soit, elle aussi, respectée.
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Écrit par : Albert E. / | 04/08/2015
@ Nicolas :
> Sur les portes de bronze (fin XVe) de Saint Pierre de Rome, un panneau représente le martyre de saint Pierre (tête en bas, jusque-là, rien à redire). Dans la bordure, à proximité immédiate de ce panneau, une Léda se fait copieusement engrosser par le cygne. Respect, comme disent les jeunes !
Sacrés papes de la Renaissance !!!
@ PP : Sous-culture, les papes de la Renaissance ?
FN
[ PP à FN - Je comprends mal votre question, pouvez-vous la préciser ? ]
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Écrit par : Fernand Naudin / | 04/08/2015
> Satan dit : Laissez les vivants déterrer les morts !
Déterrer les morts, c'est aussi le principe de l'humanisme – ce théâtre de la cruauté dont les idolâtres et les nigauds font si grand cas. Car il n'est d'humanisme que déicide, historiquement – l'humanisme est effectivement un éloge de la folie ; l'ironie des Classiques ne faisant que préfacer la dérision des Modernes.
L'humanisme, c'est peut-être Érasme et Luther, splendides aventures livresques n'en finissant plus de berner l'éternel néo-kantien… soit le Chrétien devenu dupe du monde et de l'ordre social satanique de bout en bout. Mais l'humanisme, c'est plus concrètement les Conquistadores et le génocide des Amérindiens, l'économisme dingue et, dernier chapitre de l'âge de bronze, le narcissisme de masse. L'humanisme, c'est le veau d'or au nom de Dieu ; soit l'or des veaux devenant Dieu. Et Valladolid ni la Doctrine sociale de l’Église, n'y font rien.
Oui, déterrer les morts, qu'est-ce, sinon susciter une société de morts-vivants : une société où la mort vivrait enfin une vie humaine... Notre société capitaliste – ne parlons que de ce que nous vivons – est pourrie depuis le premier jour ; il est temps de proclamer le capitalisme ce qu'il est : un attentat sous faux drapeau permanent, perpétré par des menteurs ne croyant nullement dans les règles qu'ils édictent, comme en sera convaincu quiconque s'intéresse, notamment, à la réalité, l'essence inavouable de notre système financier fondé sur la création monétaire ex-nihilo par ces faux-monnayeurs que sont les banquiers (ces ordures nous facturant fort cher la fausse monnaie déposée sur nos comptes…). Et son évolution coïncide, je trouve, de plus en plus avec la parole apocalyptique de Jean - et, ajouterais-je en cette période de tragédie grecque... avec l'apocalypse monétaire dont nous parle cet étonnant commentateur de Jean : Pierre Jovanovic – dont je conseille à chacun la lecture.
Ces petits cons déterreurs de dormeurs du val me semblent de parfaits sous-produits de l'infrastructure, obéissants jusqu'à la complaisance au plan social, suprême cachette du Roi de la Terre (la première étant le fond de notre âme).
J'espère que ces très intransigeantes considérations élargissant un peu le sujet ne heurteront personne, et que ma condamnation de l'humanisme comme principe ultime du péché ne passera pas pour une tentation misanthropique – tentation très actuelle, ainsi que Patrice l'écrivit quelque par sur ce blog.
Bien cordialement à tous.
PL
[ PP à PL - Tout dépend du contenu que l'on donne au concept "humanisme". S'il s'agit d'anthropolâtrie, c'est le phénomène que vous décrivez : le "drame de l'humanisme athée", cf aussi Lubac. Mais "humanisme" a pu être pris dans d'autres sens. ]
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Écrit par : Petit Lulu / | 04/08/2015
TACTIQUE
> C'est moi, ou le satanisme, au sens chrétien du terme, me semble tout aussi présent, si ce n'est davantage, dans les rayons des supermarchés, dans les smartphones, ou même les discussions à la sortie de la messe, que dans la provocation de quelques jeunes (et moins jeunes) paumés ?
"Quelle que soit son orientation, ta tâche principale restera sensiblement la même. Qu'il commence par considérer son patriotisme ou son pacifisme comme partie intégrante de sa religion. Puis, poussé par le parti-pris, s'il en vienne a penser que c'est la part la plus importante. Puis, petit à petit, amène-le au stade où la religion ne sera plus qu'un aspect de la "cause", où le christianisme est surtout estimé parce qu'il apporte d'excellents arguments à l'appui de l'effort de guerre britannique ou du pacifisme."
'Tactique du diable', CS Lewis.
PJ
[ PP à Pierre Jova - Parfaitement exact. Et la citation de Lewis est admirable. ]
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Écrit par : Pierre Jova / | 04/08/2015
@ DV
> "Le satanisme présenté dans ce site se contente des codes graphiques satanistes : sur le fond il ne s'agit que d'anti-religiosité"
Je ne sais pas ce que vous entendez par satanisme. Moi je me réfère à la Bible et je constate que ces organisations satanistes reprennent parfaitement le programme de Satan : séparer l'homme de Dieu (d'où le nom de "diable"), accuser ceux qui tendent vers une transcendance (d'où le nom de Satan), remplacer l'amour du prochain par un simple pacte de non agression considéré comme "plus humain", etc. Le discours des impies au chapitre 2 du livre de la Sagesse correspond exactement à leur discours. Rien de nouveau sous le soleil. Ce qui m'étonne le plus, pour ma part, c'est qu'ils aient su employer le terme juste, "satanisme", pour se définir.
L'individualisme libertaire, l'idée que les rapports entre les hommes ne peuvent s'appuyer que sur l'affirmation de droits et sur la règle selon laquelle la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres, tout cela va dans le même sens : une société où chacun est en concurrence avec tous les autres, où la fraternité, le service gratuit et le dévouement sont suspects, où le pouvoir et la richesse sont réservés aux plus forts. Là où l'amour chrétien est rejeté, pourquoi ne pas voir la marque de Satan ?
Guadet
[ PP à Guadet - Vous avez raison, mais votre angle d'analyse n'est pas le seul possible : on peut aussi (ce que j'ai fait) envisager la question comme la manifestation d'une sous-culture incohérente, dont le site mentionné est un exemple. ]
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Écrit par : Guadet / | 04/08/2015
AZIMUTÉS
> Les autres tombes qui sont profanées, ce sont celles des soldats musulmans morts pour la France ainsi que les monuments aux morts des batailles.
Ces tombes de soldats musulmans sont profanées par des azimutés de propagande islamiste pour lesquels France=croisés, bien plus que par des racistes dont on exagère le nombre alors qu'on ne les voit pas en Ukraine.
A ne pas confondre avec les "simples" imbécillités comme celle faite à Pamiers : sur l'inscription "morts pour la France", on a barré le mot "France" pour écrire "rien !!!"
Soit il s'agit d'un idiot qui voulait montrer sa condamnation des tactiques qui mènent à des hécatombes et a choisi pour cela un moyen vulgaire.
Soit il s'agit du geste de qq'un pour lequel la France n'est rien mais je penche plutôt le premier cas.
www.ladepeche.fr/article/2013/07/25/1677618-pamiers-le-monument-aux-morts-profane.html
Même chose à Gaillac.
Vous avez aussi, comme à Arc les Gray, le "simple" résultat d'années passées au dénigrement de la France et à son assimilation à un "pays de collabos":
www.estrepublicain.fr/actualite/2013/08/23/arc-les-gray-profanation-a-la-croix-gammee
Sans oublier le "nique la France" qui fleurit de plus en plus, inadmissible mais résultat autant du dénigrement précité -ils ont écouté ce qu'on leur a dit !- que de la politique (?) d'alignement de la France sur les Etats-Unis, premiers producteurs mondiaux d'islamistes.
A chaque fois, tout ce que les élus trouvent à dire, c'est parler "d'attachement aux valeurs de la république", le mot France n'est pas prononcé et par "république" nous savons qu'ils n'entendent pas du tout "res publica", plus personne ne le sait.
Il suffit de voir le clip de Zone d'Expression Populaire intitulé "nique la France" :
1/un tel titre et de telles paroles sont le signe qu'ils n'appellent pas à la "res publica"
2/quelques personnes d'origine maghrébine dans ce groupe mais surtout des vieux croûtons de la gauche internationaliste (qui n'ont tjs pas compris que l'anarchie qu'ils appellent de leurs vœux est proche de l'absence de règle du libéralisme et donc la principale cause des malheurs qu'ils dénoncent).
Pour se consoler on peut dire qu'il y avait une foule immense à Gaillac pour protester.
Je crois qu'il y a des paumés, des "azimutés de l'islamisme", une poignée d'idiots, beaucoup plus de manipulateurs et surtout une atmosphère de déliquescence générale.
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/08/2015
@ PP
> Je pensais que vous parliez du satanisme au second degré. Sinon je ne suis pas d'accord avec vous : je ne vois pas comment on peut être sataniste aujourd'hui et ne pas se moquer de ceux qui croient en Dieu, et ne pas refuser Dieu ; il n'y a pas d'incohérence là-dedans.
La prégnance d'une "sous-culture incohérente", aujourd'hui, n'est-elle pas d'ailleurs le résultat d'un rejet de la transcendance ?
Historien de l'Art, je m'efforce toujours, dans mes livres et mes conférences, de démontrer qu'il n'y a pas d'art sans transcendance. Et je vois bien que ça passe très mal. Ce qui est normal puisque le monde culturel d'aujourd'hui ne pense que divertissement et érudition. Tout ce qui est élévation de l'esprit est mal vu. Il ne s'agit pas seulement de Dieu. Mes travaux parlent d'artistes qui ne sont pas toujours croyants mais qui ont toujours une ambition de la transcendance, ambition qui n'est absolument plus comprise et qui est même violemment rejetée. Voyez Le Corbusier qui se fait traiter de fasciste !
Ceux qui se revendiquent satanistes me semblent au contraire parmi les rares personnes lucides et cohérentes du monde actuel.
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Écrit par : Guadet / | 05/08/2015
UN LIVRE
> Un conseil de lecture qui je pense peut permettre de répondre à toutes ces questions. Il est intitulé : "La révolte est-elle juste?" par Bernard de Castera dans la collection 'matières à penser" aux éditions 'edifa/mame', 2009. Je viens de le découvrir, je n'ai pas encore eu le temps de tout digérer,tant il est riche ( à mon sens). Peut-être cela semblera du archi connu pour certains. Pour ma part, c'est vraiment tout neuf. A mon un humble avis cet ouvrage est exceptionnel. Il est d'un abord très facile, mais montre que la révolte est un concept essentiel pour comprendre la culture européenne depuis la Renaissance ( je pense même que l'on pourrait remonter un peu au delà).
En lisant cela vous comprendrez j'en suis sur, pourquoi le monde occidental est fasciné par la mort, ce qui rejaillit dans toute notre culture qu'il s'agisse de la philosophie ( les Lumières, Descartes, Nietzsche, Stirner, Proudhon, Marx...), pourquoi la pornographie ( Reich, le freudo-marxisme soluble dans le capitalisme), la fascination de notre culture pour la laideur ( musique ( jusqu'au psychédélisme, voire pire) peinture, les différents mouvements littéraires des siecles passes et actuels), le regard sur la science, l'économie ( l'impossibilité du bien commun dans le libéralisme), la question de la justice, de la solidarité, le nihilisme, le Marquis de Sade, l'avortement...
Je vous en donne le plan:
1- les raisons de la colère ( sur la révolte)
2- de la culture de la révolte a la culture du néant ( mort de Dieu, nihilisme)
3-a la recherche de la justice ( si Dieu n'existe pas tout est-il permis, justice ou liberté?)
4-justice et culture de vie ( la vie est elle juste, opium du peuple, la vie a t elle un sens)
Il ne coûte que 14,5 euros.
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Écrit par : ND / | 05/08/2015
NIHILISME
> Cet acte très violent, très radical, qui interroge la communauté, est peut-être aussi une manière pour ces jeunes de se révolter contre la transmission des valeurs qui viennent de leurs ascendants, dont la plupart sont, par la force des choses, morts. Cela touche au coeur de leur histoire propre.
Il s'agit bien ici d'une manifestation rigoureusement nihiliste qui vise à être dans le rejet, la révolte, et qui va très loin dans cette symbolique. C'est en somme la haine de la tradition qui s'exprime là : haine de la religion, haine des institutions, haine du système global...
Qu'est-ce que la société actuelle leur donne comme espoir, à ces jeunes ?
Et donc, on peut comprendre, mais avec du mal quand cela prend une telle forme délinquante.
Je pense qu'il faudrait discuter, si c'est possible, avec ces jeunes, et les accompagner, non pas psychologiquement, mais "moralement" (sans pour autant leur parler tout de suite de religion...) ; bien sûr, dans les commentaires qui précèdent, ainsi que dans votre contribution, Patrice de Plunkett, des explications ont été avancées qui donnent la très juste mesure de cet événement. A force, on commence à être habitués, hélas.
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Écrit par : jem / | 06/08/2015
LÂTRIE
> C'est évidemment à l'anthropolâtrie que je songeais. Soit cet humanisme sans Dieu qui est train d'égarer l'humanité, et dont le cardinal de Lubac identifie la tragédie. Dieu seul est humaniste d'une certaine manière...
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Écrit par : Petit Lulu / | 06/08/2015
@ Nicolas et PP
> Je dois reconnaître que mon propos était très elliptique.
Mais Nicolas a vu juste me concernant : cette proximité immédiate du chef des apôtres donnant sa vie en témoignage, et d'une scène païenne de zoophilie (je sais que c'est un mythe, ne me prenez pas pour une buse quand-même) me gêne énormément. Les papes postérieurs ont décidé de garder ces portes -qui ne sont pas un chef-d'oeuvre, Filarète n'étant pas loin de là comparable à ses contemporains : grand bien leur fasse ! (Ils se contenteront de fondre le bronze de la couverture du Panthéon : "ce que les barbares n'ont pas osé faire, les Barberini l'ont fait").
Mais cela ne dédouane pas pour autant ces papes "Renaissants" qui, tout comme leurs prédécesseurs et successeurs, étaient chargés d' "affermir dans la foi". Ce n'était pas précisément le lieu ici de donner dans l'étalage et la vanité d'une culture sourdement mais véritablement anti-chrétienne.
Savoir ce qu'est un mythe antique, reconnaître son sens, reconnaître ses différents degrés de lecture peut être d'une très grande élévation. Mais cela nécessite un certain "background". Les pélerins pour qui ces portes ont longtemps été comme des "Evangiles des illettrés" auraient pu recevoir un message moins brouillé.
Le répertoire iconographique chrétien n'est pas pauvre à ce point, qu'il faille chercher parmi les histoires les moins reluisantes des dieux antiques des motifs "décoratifs". Ce n'est pas de la pudibonderie, c'est une question de mettre les choses à leur vraie place. Or sur ces portes, dans une telle syntaxe, le message chrétien est vraiment faussé. Alors oui, pour moi, il s'agit d'une sorte de profanation. Et oui, dans cette accumulation pédante de savoir antiquisant des papes Renaissants, je vois une sorte de sous-culture.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 06/08/2015
COMPROMISSION
> à Fernand Naudin,
Ce que vous décrivez, avec ces "papes renaissants", adeptes de la pédanterie antiquisante, n'est-ce pas un exemple de la compromission mondaine qui affecte plus ou moins le christianisme à différente époque ?
Les Apôtres attendaient du Christ qu'il boute les Romains hors d'Israël, mais il fait rengainer son épée à Pierre.
Une fois que l'Eglise devient pagano-chrétienne, c'est-à-dire formée de chrétiens issus majoritairement des païens, elle s'installe dans le moule de l'Empire romain. Ainsi, la Passion de saint Maurice et de ses compagnons, dont l'historicité est incertaine, composée par l'évêque Eucher de Lyon au Ve siècle, porte la marque d'une église qui s'identifie à l'Empire. Il place dans la bouche des martyrs des discours élogieux sur le service dû à l'empereur, même s'ils désobéissent par devoir chrétien à l'autre devoir de tuer d'autres chrétiens. Alors que dans l'autre version connue des historiens, dite la Passion anonyme parce que l'auteur en est inconnu, qui est plus ancienne, les soldats martyrs désobéissent à l'ordre de sacrifier aux idoles, et ils tiennent un discours nettement moins élogieux sur l'empereur, et parlant même de vanité à son égard. Ainsi, l'exemple d'Eucher nous montre que la tentation de l'installation dans ce monde, ici en l'occurrence dans l'Empire romain, est forte.
Eusèbe de Césarée montre la même chose, en faisant du vrai cirage de pompes, ou de sandales, de l'empereur Constantin. Il le présente comme une sorte de Christ sur terre, un évêque "de l'extérieur" au service de la bonne cause par ses armes. Et ce dernier ne se prive pas de son construire un tombeau entouré de douze autres tombeaux, comme s'il était un sorte du Christ terrestre avec ses Douze.
Les Othoniens, cette dynastie du St Empire Romain Germanique (le nom de cet empire à lui seul est significatif), n'hésitent pas à se prendre pour Melkisedek, le fameux prêtre-roi de l'Ancien Testament, à qui Abraham donne du pain et du vin, et que la lettre aux Hébreux présente comme une figure du Christ.
Un autre empereur germanique, je ne suis plus sûr du quel, dont les historiens ont trouvé les listes de son ost, c'est-à-dire ses troupes qui se ressemblent en vertu du droit féodal, avait en grande majorité pour soldats... des moines.
La parabole du semeur, au cours du Moyen Age, a reçu une interprétation visant à conforter l'ordre social. Parmi les Hommes sauvés et qui donnent du grains, ceux qui en donneront trente, ce sont les paysans, parce qu'ils sont de petite naissance, ceux qui en donneront soixante, ce sont les nobles, parce qu'ils sont de haute lignée, et ceux qui en donneront cent, ce sont les clercs, à cause de leur vocation.
Les historiens soupçonnent également certaines abbayes médiévales d'avoir usurper des titres de propriété de terres et d'en avoir expulsé les paysans, en grattant sur les parchemins des dons de terres fait par les puissants pour écrire autre chose et ajouter ces autres terres...
Les conquistadors espagnols, semant la mort et la désolation parmi les Amérindiens, se réclamaient de Saint-Jacques, le "mata-indios', le "tueur d'indiens", précédemment le "mata-moros", "le tueur de maures".
Fabrice Hadjadj, à propos ce type de faits (d'une gravité très variable évidemment suivant les cas) parle de sécularisation par confusion (par distinction de la sécularisation par séparation qui la sécularisation de la société au sens le plus courant). Je trouve l'expression très intéressante.
Finalement, la pédanterie des papes du XVIe siècle apparaît comme une petite chose à côté de tout cela !
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Écrit par : Aurélien Million / | 07/08/2015
EGLISE ET XVe SIÈCLE
> Papes du XVe. Je ne connais pas trop. L'ouvrage que j'ai recommandé incrimine dans l'apparition de la culture de la révolte en Europe le fait par certains d'être allés par delà le Moyen-Age scolastique chercher les penseurs de l'Antiquité à l'époque de la Renaissance.
Quand j'ai dit un peu plus tôt, je pensais à la querelle des universaux et autres questions du même registre.
Quand Bernard de Castera parle des auteurs de l'Antiquité sollicités à l'époque, il trouve à ceux qui ont fait cela comme successeur tout désigné René Descartes. Puis la suite se déroule logiquement. Les Lumières, le Romantisme, Hegel, etc.
Je suis en train de lire "le mythe de la violence religieuse" de William Cavanaugh. On voit apparaître le terme de "religion" dans le sens actuel aux environs de 1600. Par exemple "cujus regio, ejus religio" ne serait apparu qu'en 1600 sous la plume d'un juriste allemand et non en 1555 avec la paix d'Augsburg. On trouve les premiers écrits qui tendent à donner son sens actuel au mot "religion" chez Nicolas de Cues, ami du Pape Pie II, au XVeme (chapitre intitulé "l'invention de la religion en Occident"). Puis suit tout une série d'auteurs et on arrive à Descartes, etc...
J'avais il y a fort longtemps de cela fait un pèlerinage à Rome. Dans l'équipe de préparation se trouvait un séminariste, ayant fait des études d'architecture et ayant vécu quelques temps sur place. Il m'avait montré et vous pourrez le vérifier par vous-même, il y a effectivement des choses décalées, par exemple sur le Baldaquin de Saint-Pierre même. Vous y trouverez, si j'ai bon souvenir sur le pilier au fond à droite, à hauteur d'homme, une salamandre, en relief qui n'a rien à faire là. Elle a l'air de se promener. De la même manière les médaillons que l'on trouve au bas des mêmes piliers représentent le visage d'une femme dans les douleurs de l'enfantement; son visage se crispe au fur et à mesure puis redevient serein si on suit le tout dans le bon sens. Il m'avait dit qu'à l'époque il arrivait que les architectes s'amusent. C'est bien le commerce des indulgences pour construire Saint- Pierre qui a irrité Martin Luther. J'avais échangé lors de ce pèlerinage toujours avec ce séminariste sur les Papes de cette époque. Je lui avait mentionné Alexandre VI, Jules II, etc... Il m'avait répondu qu'il était vrai qu'ils avaient fait ce que l'on sait, mais que si la personne qui l'exerce n'en est pas forcément digne, la fonction elle l'est. Et il m'avait remarquer que malgré tout c'était eux qui avaient sauvé l'Eglise, par exemple en convoquant le concile de Trente.
ND
[ PP à ND, sur Luther :
- à en croire les chercheurs actuels, le commerce des indulgences n'a pas d'abord irrité Luther sur le plan théologique mais seulement quant à sa mise en œuvre en Allemagne sur l'ordre d'Italiens. C'est seulement après le début du schisme - déclenché pour d'autres raisons - que Luther a donné à la critique des indulgences une portée théologico-ecclésiologique fondamentale. (Cf. pp. 170-171 dans le 'Martin Luther' de Heinz Schilling, éd. Salvator).
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Écrit par : ND / | 07/08/2015
@ Aurélien Million
> Il faut voir les faits historiques dans leur contexte, et se rappeler que le Christ et l'Église n'ont jamais prôné l'opposition a priori ou le manque de respect à l'égard du pouvoir temporel. Si des rois ou des empereurs se sont comparés à David ou d'autre grands personnages de la Bible, il faut voir que ça a pu être un moyen de civiliser des modes de gouvernement barbares.
C'est une pratique trop courante mais perverse et mensongère que de mettre côte à côte des informations qui, même si certaines sont historiques, sont mal interprétées parce que coupées de leur contexte, sans rapport entre elles, en situation anachronique et en définitive sélectionnées pour servir un préjugé. Ce n'est pas comme ça qu'on peut faire une histoire sérieuse dont on puisse tirer des enseignements.
Ce n'est pas un scoop qu'il ait existé des ecclésiastiques malhonnêtes ou avides de pouvoir, et certains princes tentés d'instrumentaliser la religion, mais il ne faut pas exagérer les choses.
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Écrit par : Guadet / | 08/08/2015
LUTHER
> Je vous remercie de votre remarque. J'ai écrit "irrité", j'ai même failli écrire "irrité à juste titre par la façon dont les indulgences étaient administrées à son époque." Le problème c'est qu'il a rejeté le tout en bloc: la réalité spirituelle avec les pratiques de son temps dans ce domaine.
Votre remarque m'interpelle, car au fond je me figurais le protestantisme comme un tout plus cohérent que cela; je pensais que la lecture de l'Epitre aux Romains, les maximes "sola", le rejet des indulgences, etc... formaient quelque chose de bien cohérent.
La lecture du livre de Cavanaugh m'a inspiré une réflexion. Il écrit : "l'incapacité à définir la religion a été décrite comme étant ´presque un article de dogme méthodologique ´ dans le domaine des études religieuses." Il n'y a donc pas de définition de la religion entendue au sens moderne, comme étant une activité séparée du domaine séculier. Aussi il n'y aura jamais de définition de... la laïcité. Pas de définition, pas d'énonciation. Pas d'énonciation pas de raisonnement ( syllogisme). Sauf à procéder comme le font les théologiens catholiques avec Dieu.
De ce fait les débats sur la laïcité seront toujours irrationnels, tout particulièrement en France, il est inévitable, que la laïcité risquera sans cesse d'être une quête de l'apparence, ainsi que l'a instrumentalisée le FN.
Je vous ai également dit qu'à mon avis le retour à l'Antiquité au moment de la renaissance n'est pas la seule source de l'apparition de la révolte en Occident. Bernard de Castera n'aura pas voulu complexifier trop la question. Un autre ouvrage m'a permis d'avoir la confirmation de ce que j'avançais: c'est bien la querelle des
universaux qui est derrière cette
question.
Le problème est très bien expliqué dans un ouvrage intitule "le psychique et le spirituel" par le Père Denis Biju-Duval aux éditions de l'Emmanuel. On remonte à Guillaume d'Ockham, et on arrive à Auguste Comte en passant par Descartes, etc... À noter: Luther était intéressé par Guillaume d'Ockham.
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Écrit par : ND / | 08/08/2015
LIVRE
> L'énigme de satanistes qui déclarent ne croire en l'existence d'aucun dieu.
J'ai enfin retrouvé le passage intéressant de l'ouvrage que j'ai cité qui selon moi répond à cette énigme.
"Le révolté ´oppose le principe de justice qui est en lui au principe d'injustice qu'il voit à l'œuvre dans le monde [...] En même temps qu'il refuse sa condition mortelle, le révolté refuse de reconnaître la puissance qui le fait vivre dans cette condition. Le révolté métaphysique n'est donc pas sûrement athée, comme on pourrait le croire, mais il est forcément blasphémateur. Simplement, il blasphème au nom de l'ordre, dénonçant en Dieu le père de la mort et le suprême scandale.' Dans cette perspective, le révolté apparaît comme l'ultime défenseur de l'ordre et accusateur d'un dieu qu'il croit auteur de la mort ou impuissant face à celle-ci. Colère désespérée contre une certaine idée de la divinité, cette révolte sans se confondre avec l'athéisme, proclame cependant la mort de ce dieu et milite pour sa disparition, jusqu'à faire de l'athéisme théorique et pratique le fondement de la politique. Jamais plus qu'au XXeme siècle, la politique n'a été si proche de la métaphysique et de la théologie- ou de la négation de celles-ci." Bernard de Castera, la citation entre ´ ´ est de Camus dans l'Homme révolté.
Ce que Bernard de Castera fait remarquer, c'est qu'à la source de toute révolte, il y a un sentiment de l'injustice qui en tant que tel n'est pas forcément mauvais et que l'on retrouve même dans la Bible. Les jeunes qui ont profané ces tombes ont à mon sens commis une sorte de blasphème nihiliste. Il s'agit de refuser tout: dieu, la métaphysique, la morale, les règles de la vie en société dans une dynamique de transgression...etc. A la fin il ne reste rien, nihil. Ce refus trouve son origine lointaine dans un sentiment de justice que Camus appel l'ordre. Mais à la fin ça tourne mal. Les motivations gothiques invoquées et Satan ne sont que des moyens de masquer ce blasphème. Ce qui est sur c'est que ces jeunes n'ont probablement pas conscience de toutes les idées qui sont derrière leur geste, et dont l'origine lointaine remonte, selon moi, au Moyen-Age finissant. Même s'ils sont très probablement parfaitement responsables de leurs actes, il n'en mesurent probablement pas toute la signification. C'est un des aspects de ce que l'on appelle la culture de mort.
Enfin petit détail intéressant, Bernard de Castera fait remarquer que le mot de "nihilisme", même s'il n'avait pas encore le sens qu'il prendra par la suite, est apparu pendant la Révolution française dans la République des droits de l'homme qui ne se voulait "ni théiste ni athée", c'est à dire encore une fois "rien". Il serait intéressant à mon sens de rechercher à l'époque révolutionnaire les traces des origines de la laïcité à la française qui a éclos fin XIX. Il me semble en effet avoir lu des articles d'Henri Hude sur le site de LP qui dépeignait la culture de la tolérance à laquelle beaucoup de laïcards sont attachés comme une culture du néant...
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Écrit par : ND / | 08/08/2015
PRÉCISION
à Guadet
> Vous m'avez mal compris mais c'est probablement ma faute. Il est difficile d'aborder un tel sujet.
Tout d'abord pour commencer, des rois et des empereurs ne sont pas contentés de se comparer à David, mais à plus beaucoup plus grand que lui...
Les informations que j'ai indiquées, je les tiens toutes pour historiques, du moins en l'état de mes connaissances nécessairement perfectibles et toujours à réformer(ancien étudiant en histoire).
Je ne pense pas avoir été malhonnête en donnant tous ces faits, très divers et couvrant des périodes très différentes. Pour la clarté, j'aurais du me limiter à un ou deux exemples, afin d'éviter de faire un catalogue qui a rendu mes intentions peu claires, mais je voulais simplement souligner que les compromissions courent toutes l'Histoire du peuple chrétien. Ce n'est pas un scoop en effet, mais en mesure-t-on bien l'ampleur ?
Un des articles de P. de Plunkett était consacré aux efforts souvent infructueux de plusieurs papes et de nombreux jésuites pour faire cesser la mise en esclavage des habitants du Nouveau Monde. Preuve, à la fois que l'histoire de l'Eglise n'est pas ne se réduit pas à une interminable trahison de l'Evangile et que la chrétienté du Moyen Age finissant n'était pas si chrétienne que cela, sans que cette affirmation me permette de me mettre au dessus des hommes du passé. Ou plutôt je le peux, mais à la façon du nain haussé sur les épaules de géants.
Et s'il faut nuancer, alors nuançons, par exemple sur les conquêtes espagnoles en Amérique. Il y a, bien entendu, eu des crimes atroces commis par les conquistadors dans de nombreuses parties du continent. Mais, au cours de mes études, j'ai été surpris d'apprendre que H. Cortès, le conquérant du Mexique central, une fois passées les violences de la conquête de l'empire aztèque, s'est appliqué à atténuer les souffrances des peuples conquis. Il a empêché la venue des inquisiteurs pour faire venir les franciscains à la place. Et lesdits franciscains se sont faits si proches des Amérindiens que ceux-ci les ont affectueusement surnommés "motolina", c'est-à-dire "pauvres" en nahuatl. H. Cortès s'opposait aussi à l'enseignement de l'espagnol, pour éviter la déculturation, et promouvait un enseignement conjoint du latin et du nahuatl à la place.
Voilà, je pense avoir rétabli un peu l'équilibre.
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Écrit par : Aurélien Million / | 14/08/2015
@ Aurélien Million / | 14/08/2015
> Merci pour cette mise au point.
Pour moi, un historien chrétien doit absolument s'abstenir de se poser en juge. C'est seulement ainsi qu'il peut entrer en relation avec nos ancêtres, les comprendre et en tirer des leçons. Dans mes différents travaux et ouvrages, j'ai toujours pu éviter l'écueil trop fréquent de dénigrer certains personnages ou certaines idées pour mieux en valoriser d'autres. Une valeur est d'autant beaucoup plus lumineuse qu'elle n'a pas besoin de l'obscurité pour apparaître. Les marques de la faiblesse et de la méchanceté de l'homme sont assez évidentes pour qu'on laisse un peu celles du passé brûler dans l'oubli. À quoi bon faire mémoire des multiples mesquineries révolues ? Seulement, je le crains, pour se mettre en valeur soi-même aujourd'hui. C'est la grande occupation de la caste supérieure actuelle.
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Écrit par : Guadet / | 16/08/2015
@ Guadet
> Evidemment qu'il ne faut pas juger, ni en historien ni en chrétien (d'ailleurs, malgré mon intérêt très vif pour l'histoire, je ne me désigne pas comme "historien"), et, bien sûr, qu'il ne faut pas ressasser les erreurs et les fautes de gens morts depuis belle lurette.
Cependant, il faut bien pouvoir les évoquer et les étudier vu que certains construisent des légendes dorées sur une partie du passé,légendes dorées qui ne correspondent pas à la réalité, pendant que d'autres tombent dans le travers inverse en construisant des légendes noires.
Et il faut pas oublier que les fautes du passé, réelles ou imaginaires (d'ailleurs bien souvent les fautes imaginaires j'ai remarqué), pèsent sur l'image que les gens ont de la religion. On entend parfois dans des conversion des gens dire : "oui la religion pourquoi pas... et puis en fait, non, quand on voit toutes les guerres que ça a causé..." Il est donc bien utile de se pencher dessus (enfin les erreurs et fautes réelles) pour les examiner et essayer de comprendre.
Quant à ceux qui utilisent les erreurs et fautes du passé, imaginaires ou avérées, pour mieux valoriser leur époque, évidemment que je n'en fais pas partie vu que nous sommes dans une époque complétement folle et de destruction intense à tous les niveaux : société, économie, espèces animales et végétales, langues, cultures... Bref, une époque pire que les autres !
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Écrit par : Aurélien Million / | 18/08/2015
@ Guadet
> Et quels genre de travaux menez-vous ?
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Écrit par : Aurélien Million / | 18/08/2015
GIRARD
> René Girard a bien expliqué le problème de la violence en général, et dans l'Eglise en particulier. Cette violence vis-à-vis de victimes innocentes décroît au fur et à mesure que les hommes prennent conscience du message évangélique, qui imprègne peu à peu en profondeur l'histoire de l'humanité. Cf. par exemple la deuxième partie du livre de Girard "Le Bouc émissaire".
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Écrit par : jem / | 18/08/2015
@ Aurélien Million
> Je travaille sur l'histoire de l'architecture de l'époque contemporaine.
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Écrit par : Guadet / | 19/08/2015
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